- Mar Jan 19, 2016 8:08 pm
#176194
Je me suis toujours demandé pourquoi il y avait des gens avec qui j'accrochais en l'espace d'une seule phrase, et d'autres qui semblaient sortir d'une autre planète. Du coup j'ai toujours fait des efforts pour aller vers eux, pour sympathiser, discuter, voir comment ces groupes fonctionnaient. Mais c'est comme discuter avec un trou noir, les mots n'ont pas les mêmes sens pour l'un et l'autre, pas la même portée, et pas la même valeur. Leur esprit n'accroche pas sur les perches que je lance, et je pense que les leurs doivent m'être tout aussi invisibles. C'est un dialogue de sourds où chacun répond tout le temps à côté de la plaque, et c'est très chiant. Nos mots et nos anecdotes perdent en puissance et on a l'impression d'en faire des tonnes alors qu'avec nos amis ça passe facilement.
Il se trouve qu'hier j'ai écouté d'une oreille distraite une conversation entre des gens comme ça. Je les connais depuis des années sans rien connaître de leur vie, et surtout sans avoir réellement saisi à quel point nous étions différents. Tous leurs sujets de conversation m'ont semblé rasoirs, ils rigolaient à des blagues moisies, et même le rythme des phrases et leur musicalité me semblait étrangère. C'est à ce moment que j'ai pris conscience de la chose.
En fait je pensais que ces gens étaient tout autant de personnalités intéressantes à découvrir, d'amitiés à nouer, d'occasions manquées, et que c'était peut-être en partie de ma faute. En réalité, je n'ai rien perdu du tout et j'avoue que je me trouve plutôt con de ne pas y avoir pensé avant. C'est comme se dire que sur les 3 milliards de femmes sur Terre, il y a forcément la bonne, alors qu'en pratique on n'a de toute façon pas accès à l'intégralité (pour des causes géographiques ou bien de statut tout simplement).
En fait, on n'a pas le même sens de l'humour, humour qui est la résultante d'un bagage culturel spécifique. C'est tout bête, et j'arrive sûrement avec un wagon de retard mais vaut mieux tard que jamais. C'est étrange mais maintenant que je le sais, je me sens comme libéré d'un poids. C'est comme si je pouvais me permettre de prendre les choses à la légère en arrêtant de m'acharner. Si le courant passe tant mieux, sinon tant pis.
Néanmoins tout cela soulève une piste de réflexion :
comme les femmes n'ont pas de sens de l'humour propre, alors est ce que celles avec qui j'accroche tout de suite possèdent un entourage (famille/amis/copain) sur qui elles se sont moulées, possédant le même humour que le miens, et avec qui je suis susceptible de m'entendre ?