- Sam Juin 28, 2008 10:18 am
#52496
On dirait bien que je me retrouve à devoir défendre une position qui n'est pas vraiment la mienne, mais c'est ma faute après tout, alors pourquoi pas, je vais continuer à jouer les avocats du diable. Ce qui suit n'est donc qu'un jeu, et non le reflet fidèle de mon opinion
Valmont : [quote]J'ai aussi été éduqué dans l'idée qu'il faut goûter de tout. Même si on n'aime pas. Juste goûter, pas finir le plat. C'est à mon avis d'autant plus valable pour la culture.
C'est légitime, du moins tant que l'on parle d'un esprit jeune, encore en formation ; mais arrive un moment où la constante remise en question de ses idées ou de ses goûts par ce penchant à l'éclectisme devient suspecte : on est incapable d'affirmer ses aversions, incapable de trancher, parce qu'on est tout simplement incapable de devenir quelqu'un - entre autres en s'opposant aux codes culturels du milieu dans lequel on a tout au début choisi d'évoluer.
Et puis "goûter de tout" et se servir de la culture de façon très impersonnelle, comme, par exemple, d'un réservoir de sujets de conversation, apprécier de la même manière - en y plaçant les mêmes enjeux - la littérature, la gastronomie et la pop anglaise, est-ce que ce n'est pas en définitive - et ce malgré tout le bénéfice qu'on imagine en retirer - refuser de hiérarchiser, d'établir des relations de valeur entre les choses, bref, se cantonner confortablement dans l'indétermination ? On aime un peu tout et n'importe quoi du moment que c'est estampillé "de bon goût" par l'élite vers laquelle on louche, on garde sous le coude une ou deux faiblesses censément inavouables (la série B, le catch...) mais qui jouent bien plus efficacement le rôle de "petite touche personnelle" que,au hasard, la passion des poètes élisabéthains, nettement moins exploitable en soirée. Et pour les dégoûts, on épingle quelques cibles faciles, de préférence relevant de sphères dont on veut à tout prix se tenir éloigné : Marc Lévy ou la Tektonik.
En fait de curiosité, d'ouverture d'esprit et d'éclectisme, tout ce qu'on a à l'arrivée, c'est cette soupe tiède qui n'est jamais qu'une autre espèce de conformisme où la culture se trouve réduite à servir d'alibi social : "se cultiver" c'est seulement devenir capable de parler d'un peu de tout avec n'importe qui. On ouvre L'Idiot avant de s'endormir, et non pour se mettre en danger. On lit indifféremment Céline et Camus parce que tout de même c'est bien écrit et que l'histoire est intéressante. On a Camille et les variations Diabelli sur son Ipod.
On est un peu tout et n'importe quoi, on se dilue dans l'universalisme.
Valmont : [quote]J'ai aussi été éduqué dans l'idée qu'il faut goûter de tout. Même si on n'aime pas. Juste goûter, pas finir le plat. C'est à mon avis d'autant plus valable pour la culture.
C'est légitime, du moins tant que l'on parle d'un esprit jeune, encore en formation ; mais arrive un moment où la constante remise en question de ses idées ou de ses goûts par ce penchant à l'éclectisme devient suspecte : on est incapable d'affirmer ses aversions, incapable de trancher, parce qu'on est tout simplement incapable de devenir quelqu'un - entre autres en s'opposant aux codes culturels du milieu dans lequel on a tout au début choisi d'évoluer.
Et puis "goûter de tout" et se servir de la culture de façon très impersonnelle, comme, par exemple, d'un réservoir de sujets de conversation, apprécier de la même manière - en y plaçant les mêmes enjeux - la littérature, la gastronomie et la pop anglaise, est-ce que ce n'est pas en définitive - et ce malgré tout le bénéfice qu'on imagine en retirer - refuser de hiérarchiser, d'établir des relations de valeur entre les choses, bref, se cantonner confortablement dans l'indétermination ? On aime un peu tout et n'importe quoi du moment que c'est estampillé "de bon goût" par l'élite vers laquelle on louche, on garde sous le coude une ou deux faiblesses censément inavouables (la série B, le catch...) mais qui jouent bien plus efficacement le rôle de "petite touche personnelle" que,au hasard, la passion des poètes élisabéthains, nettement moins exploitable en soirée. Et pour les dégoûts, on épingle quelques cibles faciles, de préférence relevant de sphères dont on veut à tout prix se tenir éloigné : Marc Lévy ou la Tektonik.
En fait de curiosité, d'ouverture d'esprit et d'éclectisme, tout ce qu'on a à l'arrivée, c'est cette soupe tiède qui n'est jamais qu'une autre espèce de conformisme où la culture se trouve réduite à servir d'alibi social : "se cultiver" c'est seulement devenir capable de parler d'un peu de tout avec n'importe qui. On ouvre L'Idiot avant de s'endormir, et non pour se mettre en danger. On lit indifféremment Céline et Camus parce que tout de même c'est bien écrit et que l'histoire est intéressante. On a Camille et les variations Diabelli sur son Ipod.
On est un peu tout et n'importe quoi, on se dilue dans l'universalisme.