- Ven Juil 06, 2012 7:01 pm
#123938
Comme il est frustrant, de lire ici les récits des rencontres que l'on ne fera plus. Je ne suis pas pessimiste. Pas malade, je ne suis aucunement un cul-de-jatte, ni atrophié, encore moins défiguré, pauvre, ou contagieux, non. Pire : je suis en couple. Deux ans, sans aborder une inconnue dans le but de la séduire, sept cent trente jours, sans sortir pommadé, huilé, coiffé, bichonné comme un selle français à la parade. Pire ! Deux ans sans parade. Bref, écorché. (Ceci est à prendre au troisième degré)
J'ai lu souvent, que même fiancé, l'homme se devait de séduire encore. Evidemment. Mais aujourd'hui, je me demande ce que signifie, justement, séduire lorsqu'on est en couple. (Précisons ici, que je suis parfaitement heureux dans le mien, et que ce pamphlet de dramaturge averti qui s'égosille n'est pas un appel, mais un discours tranquille).
Voici trois anecdotes récentes.
[size=150]Ma collègue[/size]
Je ne faisais rien d'autre qu'être assis, et observais la fenêtre aux rideaux opaques fermés. J'imaginais le paysage que j'aurais pu y voir si, beaucoup plus courageux, j'avais décidé de les ouvrir : mais il ne faut pas rêver. L'été dans le sud est trop épuisant pour se résoudre à quelque décision que ce soit. Aussi, je ne bougeais pas.
Et puis, il y avait la main de ma collègue, posée sur mon genou. Depuis plusieurs minutes. Cette dernière parlait, et faisant mine d'être passionnée par des banalités. Elle semblait vouloir me convaincre qu'elle avait oublié cette extrémité là, posée innocemment, sur mon genou.
En outre, ma jeune collègue avait une autre spécificité que cet égarement des extrémités : il s'agissait d'une capacité incroyable à venir se coller contre moi lorsque, debout, je me penchais pour consulter l'écran d'un ordinateur. Les premiers temps, elle feignait de venir s'intéresser aussi à l'écran, se penchait, toute proche, me frôlant à peine. Puis elle s'était peu à peu engaillardie : avec courage elle avait franchi le cap de la joue contre la joue - que j'esquivais avec naturel et sans remarque. Ce fut peut être mon erreur : elle a cru, je suppose, que j'étais aveugle. Alors l'escalade a continué.
Ce jour là, assis, immobile, contemplatif, je mesurais mon erreur. Curieux d'abord, de cette main qui s'attardait, je décidais d'attendre : combien de temps oserait-elle rester là, devant mon absence de réaction ? Plusieurs minutes enréalité, jusqu'à ce que je me lève.
Alors ce midi là en quittant l'hôpital, sur le vaste pallier mouillé je lui ai dit : "il pleut trop, ma fiancée va venir me chercher avec un parapluie".
Elle a cessé de me tripoter.
[size=150]Aimante Marguerite[/size]
(autre situation, femme différente)
Le lendemain, ou le surlendemain peut être, dans le cheminement qui m'a conduit, excédé, frustré, plus encore, démuni ! à écrire ce post, je m'apprêtais à refermer la porte du service en catimini, lorsque une voix, trop connue, m'interrompit dans cette fuite.
- Docteur ? Je peux vous parler ?
Je ne suis pas encore docteur, et je n'aime pas parler. Et pourtant, je le fais si bien. Mais jamais, jamais ! lorsque je suis appliqué à m'échapper en catimini. Je me retournais cependant, un sourire aimable et crédible - aidé par mon amusement- aux lèvres.
- Oui, Madame Marguerite (ce n'est pas son nom évidemment) ?
- Voilà, eh bien, lorsque je sortirai de l'hôpital, vendredi, il me faudra un bon généraliste. Vous n'auriez pas l'intention de vous installer comme généraliste, par hasard ?
- Vous me l'avez déjà demandé, Madame. Non je ne serai pas généraliste.
- Vous quittez le service bientôt je crois.
- Oui, mercredi.
Notons ici, que cette patiente avait pour habitude de me suivre dans les couloirs régulièrement, et d'opérer à d'ingénieuses planifications de trajectoires afin de me croiser environs cinquante fois par matinée.
- Euh, docteur, je pensais que nous pourrions, dans ce cas, nous revoir à l'extérieur. Je retourne dans mon appartement, et pas chez mais parents. On se rencontrerait en tout bien tout honneur, bien sûr.
Je blêmissais. Immobile, encore, toujours. J'attendais la suite, comme Alain Delon au fond de sa cellule, attendant le jour où la guillotine teinterait pour lui, dans "Deux hommes dans la ville".
Madame Marguerite continua, et la guillotine teinta :
- Oh, je sais, on dit que les relations médecin-patient, c'est interdit. Mais vous savez... Enfin, on pourrait se voir un peu. Je m'appelle Marguerite Machin, j'habite dans [tel] arrondissement, et je suis dans l'annuaire !
Elle terminait par un sourire radieux, séducteur, enjoué, plein d'espoir et de promesses.
La tête de Alain Delon avait roulé, inerte. La mienne avait affiché un nouveau sourire, aimable, moins crédible, aucunement amusé. Et peut-être un peu triste. Pour elle : face à la falaise vertigineuse qui séparait ses espoirs et ma vision de la situation, devant, aussi, l'effort qu'elle avait fait pour franchir le pas. Sur le chemin de mon appartement, je ressentais pourtant cette fierté, cette bouffée de puissance que l'on ressent après les témoignages spontanés de la gente féminine.
Je repartais ce midi là, et je racontais l'anecdote à ma fiancée, comme j'avais raconté celle de la main sur le genou, comme je raconte les autres. Elle, de son côté, me fait part des compliments qu'elle reçoit volontiers dans la rue, tentatives, remarques, pitreries et autres bouffonnades de prétendants immolés sur l'hôtel de la Déesse Ego.
[size=150]Lorsque Margot dégrafait son corsage...[/size]
La semaine suivante, devant un nouvel hôpital, je marchais en direction du parking entouré de mes trois nouvelles collègues. L'une, était belle. La seconde, aussi. La troisième non. Je ne disais rien, m'interrogeant sur ce que penseraient les féministes de mes préoccupations du moment, à savoir : ce qu'était, en cet instant là, occupée à cuisiner ma belle fiancée - qui par ailleurs travaille autant que moi - comme elle avait l'habitude de le faire - et avec, mesdames, un très grand plaisir : aimer cuisiner et ne pas s'en lasser au quotidien est la qualité première de toute femme ayant des qualités. Bref.
Mes pensées soudain furent coupées brusquement par une vivace mélodie, que je jugeais jolie. Bientôt, tout notre petit groupe s'arrêta, se demandant quelle était la source de cette dernière, jusqu'à ce que, très tardivement, je ne comprenne qu'il s'agissait en fait de... la sonnerie de mon téléphone portable. Evidemment, le temps que je le saisisse au fin fond de mon sac à main pour femme très masculin (selon ma fiancée, je n'ai de mon côté jamais été très convaincu de ce dernier point), il était trop tard. C'est alors que la seconde de mes collègues, belle dans le style poupée de porcelaine, et nantie dans le style dernière née d'une dynastie de médecins établis dans une certaine ville prisée de la côte, mais par ailleurs, extrêmement agréable à côtoyer et très travailleuse, s'exclama : "J'adore ! Qu'est-ce que c'est ? Quel morceau déjà ?". Questions à laquelle, je ne trouvais pas la réponse. Elle continuait alors : "Il faut que je la réécoute ! Donne-moi ton numéro, je te fais sonner !". Un peu gêné par le regard que s'échangèrent les deux autres, qui nous laissèrent pour marcher devant, je le lui donnais.
N'eut-été l'application avec laquelle elle me proposait ensuite de me conduire en voiture jusque devant chez moi, j'aurais pu interpréter l'interaction comme ne relevant pas de son désir vif de profiter de mon anatomie : c'est pourtant ainsi que je l'interprétais.
_________________________
Si ce n'avaient été qu'elles ! Mais, globalement, dans chaque nouvel environnement que je côtoie, il se trouve au moins une demoiselle, touchée par la grâce de Dieu, ou de l'un ou l'autre de ses apôtres je crois, pour venir essayer vainement de butiner autour de moi des fleurs défendues. De cela, je ne me plains pas. Peut-être qu'un jour, ça me manquera, et je cultiverai, en souriant légèrement, le souvenir.
Mais alors, dans ces conditions, où, est la séduction ? La séduction de ma compagne, évidemment. Mais pour la gente féminine en général ? Lorsque je fréquentais plus assidûment le forum, j'avais intégré ce message : "Continuer à séduire. Même et surtout, pendant une relation très sérieuse. Pour la garder."
Et concrètement, je me demande : comment est-ce possible ? Je suis trop fidèle pour entrer dans une dynamique volontaire de séduction avec toute autre personne que ma fiancée. Parmi les femmes que je peux considérer comme des amies, toutes sont en couple, car avec toute autre, la situation, inévitablement, se trouble sensiblement.
Séduire, en couple ? Oui. Mais comment ? Comprenons que l'objectif n'est pas de séduire à tout prix, au contraire. Mais de comprendre dans quelle mesure la séduction est utile en couple.
J'ai lu souvent, que même fiancé, l'homme se devait de séduire encore. Evidemment. Mais aujourd'hui, je me demande ce que signifie, justement, séduire lorsqu'on est en couple. (Précisons ici, que je suis parfaitement heureux dans le mien, et que ce pamphlet de dramaturge averti qui s'égosille n'est pas un appel, mais un discours tranquille).
Voici trois anecdotes récentes.
[size=150]Ma collègue[/size]
Je ne faisais rien d'autre qu'être assis, et observais la fenêtre aux rideaux opaques fermés. J'imaginais le paysage que j'aurais pu y voir si, beaucoup plus courageux, j'avais décidé de les ouvrir : mais il ne faut pas rêver. L'été dans le sud est trop épuisant pour se résoudre à quelque décision que ce soit. Aussi, je ne bougeais pas.
Et puis, il y avait la main de ma collègue, posée sur mon genou. Depuis plusieurs minutes. Cette dernière parlait, et faisant mine d'être passionnée par des banalités. Elle semblait vouloir me convaincre qu'elle avait oublié cette extrémité là, posée innocemment, sur mon genou.
En outre, ma jeune collègue avait une autre spécificité que cet égarement des extrémités : il s'agissait d'une capacité incroyable à venir se coller contre moi lorsque, debout, je me penchais pour consulter l'écran d'un ordinateur. Les premiers temps, elle feignait de venir s'intéresser aussi à l'écran, se penchait, toute proche, me frôlant à peine. Puis elle s'était peu à peu engaillardie : avec courage elle avait franchi le cap de la joue contre la joue - que j'esquivais avec naturel et sans remarque. Ce fut peut être mon erreur : elle a cru, je suppose, que j'étais aveugle. Alors l'escalade a continué.
Ce jour là, assis, immobile, contemplatif, je mesurais mon erreur. Curieux d'abord, de cette main qui s'attardait, je décidais d'attendre : combien de temps oserait-elle rester là, devant mon absence de réaction ? Plusieurs minutes enréalité, jusqu'à ce que je me lève.
Alors ce midi là en quittant l'hôpital, sur le vaste pallier mouillé je lui ai dit : "il pleut trop, ma fiancée va venir me chercher avec un parapluie".
Elle a cessé de me tripoter.
[size=150]Aimante Marguerite[/size]
(autre situation, femme différente)
Le lendemain, ou le surlendemain peut être, dans le cheminement qui m'a conduit, excédé, frustré, plus encore, démuni ! à écrire ce post, je m'apprêtais à refermer la porte du service en catimini, lorsque une voix, trop connue, m'interrompit dans cette fuite.
- Docteur ? Je peux vous parler ?
Je ne suis pas encore docteur, et je n'aime pas parler. Et pourtant, je le fais si bien. Mais jamais, jamais ! lorsque je suis appliqué à m'échapper en catimini. Je me retournais cependant, un sourire aimable et crédible - aidé par mon amusement- aux lèvres.
- Oui, Madame Marguerite (ce n'est pas son nom évidemment) ?
- Voilà, eh bien, lorsque je sortirai de l'hôpital, vendredi, il me faudra un bon généraliste. Vous n'auriez pas l'intention de vous installer comme généraliste, par hasard ?
- Vous me l'avez déjà demandé, Madame. Non je ne serai pas généraliste.
- Vous quittez le service bientôt je crois.
- Oui, mercredi.
Notons ici, que cette patiente avait pour habitude de me suivre dans les couloirs régulièrement, et d'opérer à d'ingénieuses planifications de trajectoires afin de me croiser environs cinquante fois par matinée.
- Euh, docteur, je pensais que nous pourrions, dans ce cas, nous revoir à l'extérieur. Je retourne dans mon appartement, et pas chez mais parents. On se rencontrerait en tout bien tout honneur, bien sûr.
Je blêmissais. Immobile, encore, toujours. J'attendais la suite, comme Alain Delon au fond de sa cellule, attendant le jour où la guillotine teinterait pour lui, dans "Deux hommes dans la ville".
Madame Marguerite continua, et la guillotine teinta :
- Oh, je sais, on dit que les relations médecin-patient, c'est interdit. Mais vous savez... Enfin, on pourrait se voir un peu. Je m'appelle Marguerite Machin, j'habite dans [tel] arrondissement, et je suis dans l'annuaire !
Elle terminait par un sourire radieux, séducteur, enjoué, plein d'espoir et de promesses.
La tête de Alain Delon avait roulé, inerte. La mienne avait affiché un nouveau sourire, aimable, moins crédible, aucunement amusé. Et peut-être un peu triste. Pour elle : face à la falaise vertigineuse qui séparait ses espoirs et ma vision de la situation, devant, aussi, l'effort qu'elle avait fait pour franchir le pas. Sur le chemin de mon appartement, je ressentais pourtant cette fierté, cette bouffée de puissance que l'on ressent après les témoignages spontanés de la gente féminine.
Je repartais ce midi là, et je racontais l'anecdote à ma fiancée, comme j'avais raconté celle de la main sur le genou, comme je raconte les autres. Elle, de son côté, me fait part des compliments qu'elle reçoit volontiers dans la rue, tentatives, remarques, pitreries et autres bouffonnades de prétendants immolés sur l'hôtel de la Déesse Ego.
[size=150]Lorsque Margot dégrafait son corsage...[/size]
La semaine suivante, devant un nouvel hôpital, je marchais en direction du parking entouré de mes trois nouvelles collègues. L'une, était belle. La seconde, aussi. La troisième non. Je ne disais rien, m'interrogeant sur ce que penseraient les féministes de mes préoccupations du moment, à savoir : ce qu'était, en cet instant là, occupée à cuisiner ma belle fiancée - qui par ailleurs travaille autant que moi - comme elle avait l'habitude de le faire - et avec, mesdames, un très grand plaisir : aimer cuisiner et ne pas s'en lasser au quotidien est la qualité première de toute femme ayant des qualités. Bref.
Mes pensées soudain furent coupées brusquement par une vivace mélodie, que je jugeais jolie. Bientôt, tout notre petit groupe s'arrêta, se demandant quelle était la source de cette dernière, jusqu'à ce que, très tardivement, je ne comprenne qu'il s'agissait en fait de... la sonnerie de mon téléphone portable. Evidemment, le temps que je le saisisse au fin fond de mon sac à main pour femme très masculin (selon ma fiancée, je n'ai de mon côté jamais été très convaincu de ce dernier point), il était trop tard. C'est alors que la seconde de mes collègues, belle dans le style poupée de porcelaine, et nantie dans le style dernière née d'une dynastie de médecins établis dans une certaine ville prisée de la côte, mais par ailleurs, extrêmement agréable à côtoyer et très travailleuse, s'exclama : "J'adore ! Qu'est-ce que c'est ? Quel morceau déjà ?". Questions à laquelle, je ne trouvais pas la réponse. Elle continuait alors : "Il faut que je la réécoute ! Donne-moi ton numéro, je te fais sonner !". Un peu gêné par le regard que s'échangèrent les deux autres, qui nous laissèrent pour marcher devant, je le lui donnais.
N'eut-été l'application avec laquelle elle me proposait ensuite de me conduire en voiture jusque devant chez moi, j'aurais pu interpréter l'interaction comme ne relevant pas de son désir vif de profiter de mon anatomie : c'est pourtant ainsi que je l'interprétais.
_________________________
Si ce n'avaient été qu'elles ! Mais, globalement, dans chaque nouvel environnement que je côtoie, il se trouve au moins une demoiselle, touchée par la grâce de Dieu, ou de l'un ou l'autre de ses apôtres je crois, pour venir essayer vainement de butiner autour de moi des fleurs défendues. De cela, je ne me plains pas. Peut-être qu'un jour, ça me manquera, et je cultiverai, en souriant légèrement, le souvenir.
Mais alors, dans ces conditions, où, est la séduction ? La séduction de ma compagne, évidemment. Mais pour la gente féminine en général ? Lorsque je fréquentais plus assidûment le forum, j'avais intégré ce message : "Continuer à séduire. Même et surtout, pendant une relation très sérieuse. Pour la garder."
Et concrètement, je me demande : comment est-ce possible ? Je suis trop fidèle pour entrer dans une dynamique volontaire de séduction avec toute autre personne que ma fiancée. Parmi les femmes que je peux considérer comme des amies, toutes sont en couple, car avec toute autre, la situation, inévitablement, se trouble sensiblement.
Séduire, en couple ? Oui. Mais comment ? Comprenons que l'objectif n'est pas de séduire à tout prix, au contraire. Mais de comprendre dans quelle mesure la séduction est utile en couple.