- Lun Mai 27, 2013 9:36 pm
#134436
J'y suis allé ce week-end. C'est un film inclassable car il n'y a pas vraiment d'histoire, on suit (de loin, sans véritablement entrer dans sa vie intime) les pérégrinations de Jep Gambardella, chroniqueur culturel qui court de mondanité en mondanité dans une Italie vieillissante, oligarchique, malade, où quelques repus tournent en vase clos aux soirées des uns ou des autres, rivalisant de vulgarité pour mieux cacher leur ennui.
La mise en scène est très sophistiquée, une constante chez Sorrentino, mais alors que dans certains de ses films précédents (cf.
Le conseguenze dell'amore) cela pouvait passer pour un artifice des plus horripilants, ici les travellings sont au service du propos, soulignant la vacuité de cette ploutocratie romaine où les personnages principaux passent leur temps à faire semblant en faisant bla bla bla bla bla (je pense à cette scène très savoureuse où l'une des femmes du groupe explique fièrement à son auditoire que sa vie est riche de sens, qu'elle est épanouie dans sa vie familiale, et là Jep lui assène ses quatre vérités avec une justesse glaciale. Extraordinaire!).
Le film fourmille d'idées sur les rapports sociaux, le travail, la vie ecclésiastique, la famille, l'amour... mais finalement tout se résume à une chose:
la grande bellezza. C'est-à-dire ce moment parfait après lequel Jep Gambardella a couru toute sa vie, ce moment qu'il attendait pour pondre un nouveau livre (son unique roman a été écrit quarante plus tôt), en quête d'une plénitude semblable à celle que lui avait procuré le regard énamouré de la naïade pour laquelle il succomba un siècle plus tôt... sensation qu'il ne retrouva jamais. Alors reste le bla bla bla bla bla et quelques souvenirs. Sublime!
[color=#8000BF]Nothing says goodbye like a bullet...[/color]
Philip Marlowe