- Lun Fév 27, 2012 12:15 pm
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[size=150]Partie IV : Do your believe in soulmates ?[/size]
Ou comment je suis tombé dans un marécage bolivien le lendemain du "on s’est loupé" de Britanny.
Les mariés de l’adieuNous l’appellerons Qina - oui, Qina, puisque Lima c’est déjà pris - histoire de rester fidèle à la voyelle finale de son prénom. Nous visitions le même musée, elle à l’endroit et moi à l’envers – c’est pas que je sois réfractaire à l’autorité (quoique) c’est simplement que je l’avais déjà fait en entier et que je remontais la rivière tel un saumon culturel évitant les bancs de japonais en goguette guidée..
Une pièce du palais se trouve être une micro-chapelle, décorée du sol au plafond. On n’y entre que par un palier bordé d’un parapet en fer forgé, 3m2 grand maximum. Je me pâme devant ces peintures magnifiques – un peu chargées tout de même – quand une visiteuse se poste à côté de moi et prend le mur d’en face en photo avec son téléphone.
Bon, vous commencez à vous douter de ce qui va suivre, pas vrai ?
Les photos sont autorisées, pas les flashs, voilà donc une approche toute trouvée. Je ne vous mets pas le dialogue, puisque cette fois j’ai la mémoire qui flanche.
Je lui demande si ça rend bien, vu que les flashs sont interdits et enchaîne sur le fait que j’utilise un appareil jetable. La discussion s’élargit sur le musée, en général, Florence, un mec attend dernière nous je nous fais donc sortir du petit palier pour aller dans la pièce voisine et continuer la discussion.
Sourires, questions pas si personnelles (tu viens d’où ?) le tout en anglais. Quand je lui dis que je suis français, Qina me dit "je parle français" avec un accent qui n’a rien de bolivien mais qui est tout à fait craquant. Tout ça est fort sympathique mais elle quitte Florence le lendemain. C’est quoi cette manie ? Faudrait peut-être que je pense à séduire une florentine, non ?
Je lui propose qu’on prenne un verre après le musée, elle est enthousiaste mais elle doit rejoindre une amie qui vit ici. Là, je flaire la chienne de guerre bloqueuse de queue, mais peut-être que Qina se révélera pivot plutôt que cible si son amie est accueillante et à mon goût... Je prends son numéro, problème, elle n’a pas pris de forfait international, donc il faudra qu’elle m’envoie un sms avec le portable de son amie. Cela sent le énième coup foireux, je badine encore un peu puis lui fais la bise (allez, disons que c’est un ancrage pour qu’elle sache que j’ai la peau douce et que je sens bon
).
On repart chacun dans notre direction… et je me dis que sauf à la recroiser dans le musée, c’est mort vu ces sempiternelles barrières technologiques (
connecting people, tout ça). Mais je m'en fous, c'est ce qu'on appelle le détachement - et la modestie qui va avec.
L'école de la seconde chanceOn arrête là ? Cela serait pas mal, mais comme nous l’avons vu plus haut, le musée est un lieu clos où l’on se croise et se recroise… je décide donc que si je la croise vers la fin du musée (je vais le refaire à l’endroit pour sortir, vous suivez ?) je jouerais une fois de plus sur le facteur "quelle coïncidence" et lui proposerai un RDV instantané.
Et ce n’est même pas à la fin que nous nous retrouvons, mais à deux pas de notre chapelle – oui, c’est tout un symbole. Elle m’explique qu’elle revenait faire des photos du lieu, vu qu’en parlant avec moi elle a zappé. Je lui dis que je l’accompagne. A ce moment de l’interaction, malgré notre bon contact, j’ai un peu l’impression de faire le pot de colle (je débute dans le métier, n’oubliez pas !) et en même temps je me dois de prendre un certain dirigisme sur l’échange – ce que j’ai d’ailleurs fait en nous faisons quitter le petit palier de la chapelle au début de la rencontre. Nous finissons donc le musée, ensemble, elle va en faire un deuxième, je l’accompagne histoire de continuer à discuter.
Taquinage, questions, le tout en anglais émaillé de quelques phrases en français, c’est pas mal du tout mais j’ai déjà fait le musée où elle se dirige, et quelques mètres avant notre destination, elle mentionne pour la première fois son copain…
Q : My friends were going to West Indies, my boyfriend wanted to go with them but I choose to come here, and it’s so cold...
J’invoque l’esprit du
Game en brûlant quelques mannes intérieures et décide d’ignorer son bouclier humain pour rebondir uniquement sur le voyage de ses amis (merci les théories de la séduction).
On arrive à proximité des guichets, et je lui dis que je passe un bon moment avec elle mais qu’elle a peut-être envie de faire la visite seule. Elle me dit que non, ça ne la dérange pas que je vienne. J’insiste en lui disant que parfois les filles, ne sachant pas dire non, abusent de la politesse – le tout avec un ton léger évidemment, il ne s’agit pas de sombrer dans la demande de validation.
Q : no! if it’s good for you it’s good for me!
Allez hop, encore un peu de culture (pour l’anecdote, c’est le musée où a eu lieu ma rencontre magique avec Valentina). Je teste l’ouverture aux contacts physiques : elle boite dans les escaliers, et il y a des marches à monter. Je lui tends donc mon bras, paume vers le ciel, et elle s’appuie brièvement sur mon bras (recouvert par mon manteau) plutôt que sur ma main… OK, patience.
Après le musée, elle propose de m’accompagner à mon hôtel (je lui ai dit que je voulais me changer). C’est un détour de 200 mètres (c’est ça d’avoir choisi un hôtel central
) donc ce n’est pas un détour, par contre c’est un énorme signe d’intérêt. J’accepte et chemin faisant je lui dit que je l’accompagnerai au sien, où elle a RDV avec cette fameuse amie-surprise. Arrivé à la réception, l’hôtesse présente (avec qui j’ai des relations disons, contrastées - mais ça c’est une autre histoire) me dit que si elle m’accompagne dans ma chambre elle doit présenter une carte d’identité, provocant ainsi des exclamations mutuelles, de moi parce que je lui ai dit de m’attendre à la réception (pas de k-i-n-o, pas de cassage de dos
) de Qina pour des raisons que chacun peut imaginer et de l’hôtesse elle-même sur le mode "I’m sorry, I don’t want to be rude but if something happens I’ll be in trouble". Une vraie scène de film ce moment…
Je ne relève pas la gêne de Qina (parce que si je relève elle va encore me parler de son mec) et la rejoins à la réception non sans avoir pris soin d’utiliser la magie du bidet italien (pour mes pieds, pas pour mes couilles bandes de…).
Elle est en retard pour son RDV et a la bonne idée d’appeler via la réception pour joindre son hôtel, où l’attend son amie. Succès, la copine doit nous rejoindre. Nous continuons donc à discuter au salon. Son amie arrive et se montre agréable. De plus, elle dit qu’elle est vraiment pressée (un travail universitaire à finir pour le lendemain, retardé par des problèmes de virus). Cela semble vrai, et elle nous emmène dans un bar de son choix, près de l’hôtel de Qina - ce qui me plait moins, ça sent le blocage de queue mais bon, ma cible est claudiquante - pour que nous profitions de l’
aperitivo. Je rigole avec elle, lui pause des questions, bref, tout le monde est à l’aise.
Jungle FeverUne fois dans le bar, l’amie-surprise ne prend même pas de conso et nous laisse en tête à tête au bout de cinq minutes. Permettez-moi d’exprimer ma joie.
A ce moment là, ça fait cinq heures qu’on est ensemble… S’en suit un moment surréaliste – qu’on pourrait presque appeler un RDV instantané - où Qina me montre les photos de ses amies (smartphone bonjour) en précisant qu’elles sont toutes refaites – ah, les joies de l’Amérique du Sud – sauf elle. Elle, parlons en : petite (trop pour moi), une énorme casquette-bonnet de fille sur la tête, elle a presque l’air asiatique, et pulpeuse sans être grosse – pour ce qu’en j’en vois, ses jambes étant la seule partie moulée de son anatomie - je vous rappelle qu’à ce moment il fait un froid de canard, même en Italie.
Bref, ma partenaire est charmante, mais elle ne ressemble en rien à ses photos. Je lui dis que je ne la reconnais pas, que les photos sont retouchées, le tout de manière taquine et enjouée. Après pas mal de temps, elle finit par me dire qu’elle a été modèle (fausse pudeur et démonstration de valeur peu fine
) et que ces photos ont été prises par des pros. J’en rajoute une couche et lui dis d’enlever sa casquette-béret-bonnet-whatever. Elle s’exécute, et j’avoue qu’à ce moment je suis moi-même surpris : ça change complètement son visage, révélant un front très haut et une énorme chevelure noire tout ce qu’il y a de plus féminine. Elle est bien plus séduisante qu’elle n’en avait l’air, je comprends que je commence à être pris à mon propre piège… En même temps, quel plaisir d’être charmé !
T : it’s incredible
Q : what ?
T : it changes you a lot
Q : really ?
T : with that hat you look almost chinese
Q (surprise) : chinese ?
T : yeah, chinese or indian, but without it you look sooooo latina
Q (rougissante) : thaaannk you
Je m’égare, alors, tâchons de faire la synthèse.
Au final, on a passé plus de dix heures ensemble – comme quoi trois heures ce n’est pas forcément trop long.
Il y a eu une montée en puissance depuis le ton badin de la rencontre et des musées à celui, beaucoup plus sensuel de l’
aperitivo. Je me suis efforcé d’être un minimum sexué, notamment en affirmant souvent "les femmes font ceci, les hommes font cela" ce qui m’a souvent valut la réponse joueuse de "i see what you mean, but you can’t generalize". A la fin c’était devenu une private joke entre nous, comme d’autres choses. Grosse complicité, j’ai joué aussi sur le "c’est incroyable qu’on se soit retrouvé dans le musée, et avec ces histoires de téléphone on ne se serait sûrement jamais revu" et comme en fille typique Qina prétend croire à la destinée…
J’ai droit à
Do you believe in soulmates ? et à
Do your believe in marriage ?Bien sûr, lors de la dicussion "Soulmates", la miss s'est empressée d'élargir "soulmates can also be in friendship".
Considérons cela comme une défense liée à son statut de femme en couple.
J'ai aussi droit à
I've never met someone as clever and as charming at the same time...
Mais, il y a un mais, ou plutôt deux. Son mec, qui vit en Bolivie - alors qu’elle va peut-être rester trois ans en Europe pour ses études, mais ce n’est pas encore sûr- car au risque de paraître AFC, ça m’embarrasse de l’embarrasser, elle, par rapport à ça. Et surtout, le baromètre Dylan (faut bien que ça serve les greluches qu’on rien à dire
). Oui chers lecteurs, quel est ce fameux baromètre ?
J’ai bien en tête [size=200][url=http://www.spikeseduction.com/forum/modes-et-travaux-vt9709.html]ça[/url][/size] :
[quote="animal"][quote]Elle me laisse toucher ses mains (prétexte du vernis) et ne semble pas gênée, mais elle ne cherche pas à prolonger le contact.
Ca, c'est un signe de désintérêt.
Et hélas, s’il s’avère que j’ai réduis la distance, Qina malgré une culture sud-américaine supposée tactile (c’est un cliché de ma part ?) ne me touche pas du tout. OK, elle n’assume peut-être pas, mais nous sommes assis en trois/quart, et quand je lui demande si je peux m’asseoir à ses côtés elle accepte, nos genoux se touchent un peu, puis dans la minute qui suit elle se recule de trente centimètres. Et ça, ce n’est pas encourageant. Vient alors ce moment qui restera dans les annales comme un pouce impérial tourné vers le bas :
Q : so, what will be the first thing you’ll remember about this day
T intérieurement : oh putain, c’est un appel ça, non ?
T : the first thing ? The fact that I wanted to kiss you but I did’nt dare [
oui, vous avez le droit de me jeter des cailloux virtuels
]
Q ne dit rien (son visage reste étonnamment neutre, je suppose qu’elle masque quelque chose, de la déception ou du soulagement ?)
T : and the other will be blablabla je m’en rappelle plus et on s’en fout.
Quelques minutes/secondes plus tard :
Q : maybe if I was single, things would be different...
Mouais, je pause ma main sur son épaule...
Q (subitement fébrile): i think i should go
T : what ?
Q : i don’t know, i feel so much tension suddenly, i don’t know why
T : maybe it’s because you need this (et là je prends son visage entre mes mains, j’avance mon visage pour l’embrasser mais elle tourne la tête, paniquée)
Q : no! no! I can’t do that, I’m sorry I’m... I’m old-school girl!
Ben voyons, je suis tombé sur la seule fille fidèle de la planèt... oups, pardon, il y en a parmi vous qui ne sont pas célibataires, on oublie, j’ai rien dit les gars.
Je suis membre du Club, donc je ne prends pas la mouche face à cette résistance après tout très honorable – enfin… non, je dis rien - oui très honorable.
T (apaisant) : it’s ok
Q (agitée et démonstrative): i’m sorry
T : come on, we had a great day together, no pathos please
Q : no pathos ?
T : yes, pathos is a french word, I explain it to you
Q (intriguée et calmée) : ...
T : when some french critics see a movie where everybody has problem, and everybody cries, and it so sad, useless sadness, you know
Q (elle hoche la tête) : ...
T : and they don’t like it, cause they thought it’s a pity, they say it is pathos
Q : oh, I see
T : so no pathos please, OK ?
Q (souriante, comme une enfant qu’on vient de consoler) : ok...
Elle arrête de s'agiter et s'enfonce dans les coussins, l’interaction reprends, puis je la ramène à son hôtel. Là, échange d’adresse électronique, on parle et on parle, puis on se prend dans les bras l’un de l’autre pour se dire au revoir, elle m’embrasse sur la joue, de ses baisers affectueux qui, comme dirait un de mes potes, sont des baisers de bouche que l’on ose pas donner et qu’on décale sur la joue ou dans le cou – enfin ça, c’est ce que me dit mon ego, ça pourrait bien être des baisers qu’on donne pour se donner la bonne conscience de consoler un prétendant éconduit en étant "affectueuse" avec.
Je m’en vais, elle continue à me parler depuis la porte de son hôtel, je fais demi-tour – j’aurais du retenter ma chance à ce moment là
– et je mets fin à l’interaction parce que si je ne le fais pas, ça va durer, et il arrive un moment où je préfère être celui qui s’en va. Cette discussion sans fin, si complice soit-elle, n’a pas de sens, sauf celui d’une tension sexuelle inassouvie.
C’était un moment incroyable, une belle rencontre, mais j’ignore si je dois voir ça comme un succès ou un échec. Et qu’en restera-t-il à part des souvenirs ?
Ce soir, le vent est tombé dans les rues de Florence. La brume a pris sa place...