- Sam Sep 06, 2008 9:17 am
#57943
[quote="Arch"][quote="Haze"] Moi je pense que, des Camus, des Rimbaud, il doit sans doute y en avoir dans des chambres de bonnes parisiennes. Des mecs géniaux qui broient du noir toute la journée et qui se voient fermer les portes unes à unes au profit de sombres merdes qui, elles, répondent aux exigences du marché.
Attention Haze, tu ne fais ici que projeter ton fantasme de l'artiste maudit. Avoir du talent, ça n'est pas toujours lié au contexte dans lequel on écrit. C'est bien pour ça que Céline et Beigbeder sont souvent critiqués. Pour des mauvaises raisons.
Le contexte actuel est très particulier. Je pense sincèrement ce que je dis. On parle de livres, mais on pourrait très bien parler de musique. Dès lors qu'un artiste sort des sentiers battus et, de fait, se retrouve en dehors des mécanismes du marché, sa médiatisation est difficile. Seuls les connaisseurs accèdent à leurs oeuvres. Qu'il s'agisse de Jazz, de Rap underground ou de Rock.
Beigbeder est, à mon sens, extrêmement surcôté. La question qu'il faut se poser est simple : pourquoi nous ne disposons pas, aujourd'hui, du nombre de talents formidables dont nous disposions hier ? Et quand je parle d'hier, je parle d'un temps que les moins de 20 ans, comme moi, ne peuvent pas connaître.
Souvent, les écrivains les plus talentueux d'aujourd'hui sont mis au ban des médias parce qu'ils sont trop provocateurs et borderline pour y apparaître (Nabe, pour ne citer que lui). Et puis, en allant plus loin, est-ce qu'un type comme Desproges aurait droit de dire tout ce qu'il disait il y a plus de 20 ans maintenant ?
Le système médiatique aujourd'hui, en France, est essentiellement financier. La rentabilité et le profit sont au centre des considérations. Dès lors que l'on parle de talent, il s'agit nécessairement de dire qu'un artiste incarne un succès potentiel auprès du public. Mais je tiens à t'accorder que, quelle que fût l'époque, les artistes les plus géniaux étaient bien souvent les plus décriés par leurs contemporains.
Maintenant, comment expliquer que les films les plus vus (grosses productions américaines souvent sans intérêt, films narcissiques de la nouvelle vague, petites comédies...), les livres les plus lus (Lévy, Werber, Gavalda, Harry Potter et consorts), les disques les plus écoutés soient d'une médiocrité affligeante ?
Sachant qu'à l'air du "tout-média", le poids que représente ces "oeuvres" est bien trop conséquent pour que le consommateur, euh.. pardonne moi, le lecteur/spectateur lambda se tourne vers des oeuvres de qualité.