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Modérateurs: animal, Léo

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By TucH
#94906 Cet article m'a fait connaitre Louis Pauwels : http://www.centrostudilaruna.it/pauwels-ladmirable.html et apprécier [url=http://www.evene.fr/citations/auteur.php?ida=2950&p=3]ses formules[/url].

Quid du livre phare pour mieux connaitre son oeuvre ?

Pliskin, tu sais toi ?
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By Pliskin
#95106 [quote="TucH"]Cet article m'a fait connaitre Louis Pauwels : http://www.centrostudilaruna.it/pauwels-ladmirable.html et apprécier [url=http://www.evene.fr/citations/auteur.php?ida=2950&p=3]ses formules[/url].

Quid du livre phare pour mieux connaitre son oeuvre ?

Pliskin, tu sais toi ?

Commence par " Ce que je crois", un monument de réflexions ;-)
By Scott Fitzgerald
#96241 A lire aussi : Le Matin des Magiciens, co-écrit avec Louis Bergier. Sous couvert d'essais journalistiques, c'est le récit de son itinéraire spirituel, d'une enfance couvée par un père laicard, ouvrier progressiste "de gauche", à la découverte de l'irrationnalisme (alchimie, paganisme, etc) sous l'égide de Gurdjieff. Il y développe notamment sa conception du "réalisme fantastique". C'est un gros livre assez bizarre, à mi-chemin entre l'essai, la confession autobiographique, le livre d'histoire, la critique littéraire, etc.

A comparer avec Le XIX eme siècle à travers les âges, de Philippe Muray.
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By jazzitup
#97511 Je viens de lire "L'apprentissage de la sérénité". Puissant et bourré de citations puissantes.

On y lit aussi des choses très étonnantes, comme un agnostique qui récite chaque jour le Notre Père.
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By Maurice
#148089 Je découvre à mon tour Louis Pauwels et je dois dire que je suis bluffé par son Comment devient-on ce que l'on est ? Petit bavardage philosophico-littéraire qu'on appelle "Essai" depuis Montaigne, très agréable à lire en ce sens qu'il vous donne envie de déployer vos propres ailes. Livre gonflé de culture fort éclectique et d'expériences de la vie. Livre éminemment français, je suppose. Deux petits extraits en relation avec d'autres thématiques abordés concomitamment dans le forum (le livre est une sorte de biographie désinvolte et philosophique absolument pas dénué de profondeur, bien au contraire !)

P 39-40.

[quote]Aujourd'hui, je continue de croire à la culture populaire. Mais la culture populaire s'oppose à la culture de masse (de masse militante comme de masse consommatrice). Quand la société est massiste (marchande ou marxiste ; également massiste), il n'y a pas de culture à proprement parler. Il y a propagande ou il y a commerce, c'est tout. Dans les sociétés, qu'elles soient libérales ou collectivistes, où l'économie est tout le destin, il n'y a pas de culture. (...)
En chaque être, le besoin de tirer de sa glaise, le beau, le bien, le dansant et le chantant. Pousser aussi loin que possible la célébration de la vie, pour donner un sens au destin avant la mort et au-delà de la mort. Affirmer l'être comme un défi à l'entropie - à l'indifférentiel. (...)
Il n'y a pas de culture populaire universelle. Il y a des peuples et des cultures : des cultures populaires enracinées dans un sol et une histoire. Ce qui coupe du passé déshérite l'avenir. Ce qui détruit les particularismes détruit le génie. Le sans passé, c'est le sans avenir. Et le sans limites est une prison.


p 50

[quote]Nietzsche a dit qu'il lui aurait fallu mettre des barrières autour de sa doctrine pour empêcher les cochons d'y entrer. Mais il n'y a jamais de barrière assez haute. Toute pensée élevée donne des ailes aux cochons.


p 56-57-58

[quote][Marc Aurèle] note "Aujourd'hui, je me suis défait de tout embarras. Et cet embarras ne m'était pas extérieur, mais intérieur. C'étaient mes opinions." Voyez ce chef d'un monde qui se dépouille de toute opinion, pour s'établir, hors des siècles, dans le transparence du guide intérieur. Qu'est-ce que notre regard sur les choses du siècle ? Et que valent les opinions qui nous en viennent ? Ce n'est pas ce que nous regardons qui compte, c'est le lieu, en nous-mêmes, d'où nous regardons. (...)
Il a écrit : "C'est une citadelle que l'intelligence libérée des passions". Reparlons un peu des opinions. Il faut être assez intelligent pour avoir toutes les opinions à la fois, c'est-à-dire aucune. L'intelligence, c'est ce qui se passe quand rien n'empêche l'intelligence de fonctionner. Les opinions sont un embarras, comme l'a vu Marc Aurèle. Mais les passions sont une catastrophe. Dans notre époque féminine, nous croyons que rien n'est plus beau que d'avoir des passions. Féminisme et juvénilisme sont pour les passions. Virilité et maturité sont contre les passions. Toutes les passions sont méprisables. Je dis : toutes. (...) Et si vous prétendez qu'on ne peut pas vivre sans passion, eh bien, ayez la passion de n'avoir pas de passions.

[img]http://www.livre-po-cher.com/catalog/images/romanbio/commentdevienton.jpg[/img]
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By Maurice
#148233 Je viens de finir donc mon livre de Louis Pauwels, et il fait partie de ces auteurs que sans ce site, sans ce fil de discussion pour être plus précis, je n'aurais jamais eu l'idée de lire.

Ce livre est l'ouvrage le plus puissant que j'ai lu depuis... disons un certain Homme idéal d'un certain Stéphane Edouard (et je le pense sincèrement : en dépit de quelques tics de langages qui nuisent à un style déjà bien né, je considère l'Homme idéal comme un authentique ouvrage d'écrivain prometteur que je devrais bien relire, lui aussi. Il y a du Balzac chez notre Stéphane, et son dossier sur Hollande me le confirme bel et bien, Balzac qui en son temps avait écrit une sorte d'Homme idéal, et qui s'appelait Physiologie du Mariage - que je me suis juré de lire un jour... ça fait vingt-cinq ans qu'il traîne dans ma bibliothèque : les choix de lecture s'annoncent très difficiles pour la saison littéraire du printemps qui approche ! Et décidément il est bien regrettable d'avoir dépassé ses quarante ans et de n'avoir qu'une seule vie.)

Tout comme l'Homme idéal, tout comme nombre d'ouvrages français répondant au genre de l'Essai, Comment devient-on ce que l'on est ? présente un plan lâche et s'autorise à aller par sauts et gambades, pour paraphraser Montaigne. Cependant, cet ouvrage va crescendo, partant du biographique pour aboutir à une philosophie politique et morale d'excellente tenue du haut d'un regard embrassant 2500 ans d'histoire européenne.

En 200 pages, vous avez des clés pour une compréhension du monde dans lequel nous vivons et une Morale et une Politique basées sur un idéal aristocratique doublée d'une compréhension implicite de Nietzsche, à savoir que ce livre est une magnifique introduction à l'œuvre de Nietzsche sans qu'il l'affirme explicitement (ses pages sur le christianisme sont admirables et mériteraient d'être lus par tout honnête homme).

Le chapitre 4 concerne directement notre site de Séduction et a pour titre : "Passion, je te connais, va-t'en !". Ce sont parfois des idées que j'ai déjà lues dans L'Amour et l'Occident de Denis de Rougemont (autre vieille lecture à réactualiser... grrr...). Quelques citations qui vous donneront, j'en suis sûr envie d'en lire plus.

[quote]Je tire une observation de mes expériences. C'est que la durée moyenne d'une passion amoureuse, c'est trois ans, suivis de deux ans de déchirement. Après la rupture; quatre à cinq ans de chagrin. C'est long. Il arrive aussi qu'on ne s'en remette pas. J'ai connu des infirmes à vie. Ils feignaient de ne pas l'être. Ils s'étaient bricolé des prothèses. Mais ils étaient bel et bien infirmes. Je parle d'hommes. Les hommes ne cessent jamais tout à fait d'aimer qui ils ont passionnément aimé, même mal. Les femmes, si. Peut-être que les hommes, qui ne se quittent jamais entièrement eux-mêmes, ne parviennent pas à comprendre qu'une femme, dont ils ont fait une part d'eux-mêmes, les quitte. Mais quand la femme cesse d'aimer, elle est implacable. Elle cesse totalement. C'est ce que dit le proverbe arabe : "Trois choses ne laissent pas de trace : l'oiseau dans l'air, le poisson dans l'eau et l'homme dans la femme." Cela exprime l'inquiétude du jaloux, mais on peut l'entendre plus prodondément.

[quote](...) s'il y a un jugement solide, vous serez plutôt jugé sur l'abus que vous avez fait du mot "amour". Vous serez jugé sur vos mensonges et vos sensibleries camouflées en grand sentiment. Votre amour de l'humanité, qui n'était l'amour de personne. Votre amour des animaux, qui était du goût pour les belles bêtes et le besoin de familiers, tout simplement. Et enfin, et surtout, pour avoir appelé Amour le désir, Amour l'excitation. Amour, la curiosité. Amour, l'amusement. Amour, l'attachement affectueux (qui est déjà beaucoup, mais n'est pas l'Amour). Amour, l'habitude agréable. Amour, la peur de l'ennui. Amour, la crainte de la solitude. Le langage du cœur et des sens est riche et précis. Ce que vous éprouvez pour quelqu'un est définissable sans l'Amour. Sans l'Amour, cas extrême, chose rare et sacrée, mot limite à ne prononcer qu'exceptionnellement. (...) Convaincre les hommes et les femmes (plus difficiles, les femmes) qu'il y a du ridicule et de l'escroquerie à abuser du mot. Que le respect de soi et d'autrui commande d'utiliser, en toutes circonstances, les mots exacts, les qualifications sincères. (...) Certainement l'Amour existe. Mais il est rare. (...) A la rigueur, employons-le pour le sentiment qui attache les parents aux enfants. Là sont les immensités. Là sont les profonds soulèvements, les grandes inquiétudes déchirantes et les douleurs sans nom.

[quote]Passons à un autre sujet. Chacun se promène dans le monde amoureux avec sa petite mythologie portative, n'est-ce pas ? Je vais vous confier la mienne. C'est avec elle que je me suis embarqué pour la passion. [size=85](Et, j'ajoute, que c'est aussi avec l'Amour fou de Breton, comme il le confie en amont, ce qui fut tout à fait mon cas à 20 ans. L'Amour fou de Breton est un livre à ranger dans la catégorie des livres dangereux pour un esprit non formé, dans ce fil des livres à éviter que je vais laisser couler, car en réalité, chacun doit avoir ses lectures et son cheminement, pourvu qu'il apprenne à éviter d'être l'esclave d'un seul livre)[/size].
Je connais par cœur quinze lignes de Giraudoux. (...) Les voici :
"La femme est rare. La plupart des hommes épousent une médiocre contrefaçon des hommes, un peu plus retorse, un peu plus souple, s'épousent eux-mêmes. Ils se voient eux-mêmes passer dans la rue, avec un peu plus de gorge, un peu plus de hanches, le tout enveloppé de jersey de soie, alors ils se poursuivent eux-mêmes, s'embrassent, s'épousent. C'est moins froid après tout, que d'épouser un miroir. La femme est rare..."
Alors, là, Giraudoux s'élance dans le lyrisme et pourtant, c'est tout à fait l'éprouvé. Ecoutez :
"La femme est rare, elle enjambe les crues, elle renverse les trônes, elle arrête les années. Sa peau est de marbre. Quand il y en a une, elle est l'impasse du monde... Où vont les fleuves, les nuages, les oiseaux isolés ? Se jeter dans la femme... Mais elle est rare... Il faut fuir quand on la voit, car si elle aime, si elle déteste, elle est implacable. Sa compassion est implacable. Mais elle est rare."
Eh bien, j'ai vécu ce sentiment-là. J'ai eu cette vision, ou cette révélation. Cela a pénétré mon esprit et ma chair. La vraie femme. Celle qui nous vient du fond des âges. Celle qui rayonne à l'autre extrémité de la création. Je peux vous dire cela d'une manière plus directe. Deux races de femmes. L'une nombreuse, et l'autre en voie de disparition. Les femmes dans lesquelles on se branle. La femme avec qui l'on fait l'amour. Et avec qui faire l'amour, c'est se refaire de l'enfance. La vraie femme : celle qui connaît les secrets des eaux, des pierres, des plantes, des bêtes. Celle qui fixe le soleil et voit clair dans la nuit. Celle qui possède la clé de la santé, de la paix transparente, des harmonies. La sorcière blanche, la fée aux larges flancs humides, au visage d'ange flamand, aux longs cheveux blonds, aux yeux clairs, qui attend l'homme pour recommencer avec lui le paradis terrestre... Avec elle, toute la terre s'organise en féérie. Avec elle, il y a de l'immortalité dans l'air... (Vous voyez que je délire autant que Giraudoux, mais c'est pourtant ça, je vous assure, c'est pourtant ça.) Le désir qu'elle inspire est vide de tout démon. Plonger en elle vous réensemence et vous révèle que la grande jouissance est chaste. La vraie femme, la femme rare. Celle que les anciens gnostiques appelaient la "femme de l'homme" et "la rosée de lumière". Ils nommaient l'autre, qui est légion, "la femme de la femme"... Ma mythologie portative rejoignait peut-être un grand mythe : le mythe des deux femmes originelles, Eve et Lilith. (...) Il y avait aussi cette mythologie dans la pensée, dans la chair de Michelet quand il écrivait son livre admirable, La Sorcière. La sorcière brûlée, c'est la vraie femme, "la femme de l'homme", la femme de la religion primitive que l'on pourchasse, que l'on détruit, afin d'en effacer à jamais le souvenir, pour que l'homme ne possède plus que la fausse femme, son insatisfaisant double en creux, et cesse de croire en un paradis possible sur terre... Si j'ai vécu et souffert la passion, c'est avec le sentiment de toucher un secret, une immémoriale vérité oubliée.
Je ne vois aucune inconvénient à ce que vous trouviez dingues ces propos. Mais je voudrais ajouter quelque chose. Je me demande si une part de l'impression d'affadissement de la vie, que l'on ressent, ne vient pas de ceci : "La plupart des hommes épousent une médiocre contrefaçon d'eux-mêmes. Ils se poursuivent eux-mêmes, s'embrassent, s'épousent." Or combien s'est aggravé ce que remarquait Giraudoux dans les années 30 ! Quelle poussée d'uniformisation depuis ! La mode "unisex" n'affecte pas seulement l'apparence, mais le fond. Et nous ne la ressentons pas comme une mode, mais comme un mouvement fatal. La femme réduite à une médiocre contrefaçon de l'homme est de plus en plus manifeste et omniprésente. Il nous en vient une impression de décoloration du monde accentuée et définitive.

Le passage clé du livre, clé aussi pour la compréhension de l'œuvre de Nietzsche (oubliez Deleuze...) :
[url]http://www.revue3emillenaire.com/blog/comment-devient-on-ce-que-lon-est-par-louis-pauwels/[/url]

Un article de présentation de l'œuvre de Pauwels : [url]http://www.centrostudilaruna.it/pauwels-ladmirable.html[/url]

Bref, un ouvrage chaudement recommandé pour tous ses trésors et l'ouverture qu'il donnera à votre esprit. Oui, le meilleur ouvrage que j'ai jamais lu du dernier quart du XXème siècle. Trouvable à un prix dérisoire sur internet.
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By Maurice
#148234 Ah et aussi ceci, qui tend décidément à montrer que la théorie du genre est du marxisme qui ne dit pas son nom, un énième avatar du gramscisme, bien qu'il semble être un chewing-gum théorique sans doute détaché de ce pour quoi il a été bâti à l'origine de part l'implosion phénoménale de son monstrueux géniteur (un peu comme ces virus qui demeurent actifs quand bien même ils seraient tués), avatar d'autant plus gluant, collant, qu'il se prétend scientifique :

[quote]Voyez aussi quel taux élevé de croyance implique l'idéologie marxiste. Engels écrit L'Origine de la famille afin que cette structure humaine fondamentale devienne réductible au matérialisme historique. Les différences de mentalités et de comportement entre les sexes seraient, nous dit-il, apparues à l'âge néolithique. Parce que l'humanité invente l'élevage et l'agriculture, qui engendrent la propriété privée, cause unique des inégalités. Quand nous en aurons fini avec la propriété, il n'y aura plus ni hmmes, ni gfemmes, mais l'absolue éfalité originelle. Amen, amen

Sur Gramsci, lire ce livre ou se référer à la page wikipedia consacré au penseur italien...
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By Ventel
#148243 [quote="Maurice"]Disons un certain Homme idéal d'un certain Stéphane Edouard (et je le pense sincèrement : en dépit de quelques tics de langages qui nuisent à un style déjà bien né, je considère l'Homme idéal comme un authentique ouvrage d'écrivain prometteur que je devrais bien relire, lui aussi. Il y a du Balzac chez notre Stéphane, et son dossier sur Hollande me le confirme bel et bien, Balzac qui en son temps avait écrit une sorte d'Homme idéal, et qui s'appelait Physiologie du Mariage - que je me suis juré de lire un jour... .

Si tu passes par ici, Stéphane, pourrais-tu nous dire pourquoi tu ne te lances pas dans l'écriture d'un roman ? (Ça pourrait être un projet intéressant, non ?)
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By Maurice
#148244 Ventel. Ce sont là des choses personnelles que tu demandes.
SI je dis que Stéphane est un écrivain, c'est que déjà il a écrit un livre. Livre que je trouve intéressant et dans lequel je vois un vrai talent. Ensuite, c'est sa vie quand même, non ?
Et puis tout n'est pas que roman dans l'écriture, et on peut être grand écrivain sans avoir écrit un seul roman.
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By Stéphane
#148246 Puisqu'on est "entre nous", je vous livre une demi-confidence.

Je suis bien conscient des imperfections de [url=http://www.spikeseduction.com/produits-seduction-relooking/homme-ideal-seduire-la-femme-qui-vous-plait]L'homme idéal[/url]. Mais naïvement, ou plutôt -devrais-je dire-, stupidement, je croyais que l'écriture d'un livre se faisait à 4 mains (ou du moins trois et demi) avec un éditeur, censé travailler, lui aussi, un petit peu.

Alors, tout à fait connement, j'ai livré ce que vous avez lu comme un simple premier jet, écrit d'une traite (un peu comme j'écris ce post), persuadé qu'il me reviendrait lardé de corrections, critiques intelligentes et axes d'amélioration. C'était un 1er octobre.

Le 1er février suivant, après 4 mois sans aucune nouvelle, j'ai reçu un exemplaire "prototype" par la poste, qu'ils s'étaient contentés d'imprimer sans rien changer, avec 72h pour faire les corrections typographiques. J'en ai signalé certaines 3 fois, la "chef de produit" responsable de mon livre n'a pas été foutue de les reporter dans la version finale. Comme la virgule en trop dans la toute première phrase, par exemple.

1 mois plus tard, il était en vente. A l'identique.

4 mois plus tard, je reçois une lettre complètement dépersonnalisée m'annonçant qu'il allait sortir en poche, sans me demander mon avis.

J'ai demandé 3 fois combien d'exemplaires avaient été vendus. A ma 4ème demande, j'ai reçu une réponse très sèche disant en substance qu'ils n'avaient pas à me répondre mais le faisaient "par gentillesse" :roll:

Les (grandes ?) maisons d'édition, c'est, pour ceux qui connaissent leurs classiques : "Have a cigar, you're gonna go far"

[video]https://www.youtube.com/watch?v=hMr3KtYUCcI[/video]

C'est (trop) conscient de cette amère réalité que j'accompagne maintenant des jeunes auteurs dans le labyrinthe infernal des premières éditions, et que je leur apprends à [url=http://www.spikeseduction.com/pro/se-faire-editer]négocier comme des loups affamés[/url] car, en face, c'est pas le meilleur des mondes...
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By Ventel
#148248 Outch...
Je comprends mieux maintenant...

À moins d'avoir déjà un pied dans le monde littéraire (comme un Armin Maalouf, un Beigbeder ou un Onfray), je crois qu'il est tout à fait vain (et mal calculé) pour un auteur non reconnu, d’envoyer son manuscrit à des maisons comme Grasset, Gallimard ou le Seuil ; car soit, ils vous répondent avec une lettre de refus après 6 mois d'attente (en sachant qu'ils n'auront lu que 3 lignes du chapitre 21 de votre bouquin) ou soit ils vous proposent des contrats peu intéressants avec des consignes données à la va-vite (le cas de Stéphane).
Harmattan est pas mal dans le genre aussi. L'auteur ne touche pas un seul centime tant que le premier tirage (2000 exemplaires) n'a pas été vendu (bizness bizness).

Une petite maison qui me semble encore honnête (et à l'écoute de ses jeunes talents), c'est le Dilettante (qui se situe à la place de L'Odéon). D'après les commentaires que j'ai pu trouver sur internet, ils lisent tout ce qu'ils reçoivent et répondent avec une lettre assez "vexante" si le manuscrit était merdique. La maison mise sur la sincérité et préfère vous dire si vous êtes bien à côté de la plaque plutôt que de vous cacher la vérité avec une formule type : "Votre projet ne correspond pas à notre ligne éditoriale".

*****

Puis, ce n'est pas le tout d'être édité par une maison d'édition, je pense qu'il faut affronter (ou encaisser?) les critiques des dark-vadors du net qui viendront systématiquement cracher sur votre travail sous prétexte que le style était trop lourd, que le ton était condescendant, que le prix était trop conséquent, ou que la chute n'était pas assez consistante...
En 2011, j'ai vu certaines critiques de L'homme Idéal sur Amazon... et autant dire que les gens ne se retenaient pas... La jalousie, la méchanceté, et le mépris fusaient à gogo dans la rubrique des critiques...
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By Stéphane
#148249 Détrompe toi Ventel, j'ai eu un très bon contrat près du double de ce que se voit proposer un auteur pour son premier livre.

[quote]En 2011, j'ai vu certaines critiques de L'homme Idéal sur Amazon... et autant dire que les gens ne se retenaient pas... La jalousie, la méchanceté, et le mépris fusaient à gogo dans la rubrique des critiques...

Oui c'était stupéfiant de connerie. On me reprochait d'avoir acheté les 100 témoignages positifs avec une conférence gratuite, alors que j'avais dit "pour venir à la dédicace (gratuite), il faut simplement avoir acheté le bouquin, et donné son avis dessus".

Vous allez me trouver aigri, froid, condescendant, etc., mais je dis l'exacte vérité, n'ayant cette capacité toute féminine à s'aveugler en y substituant ce qu'on voudrait y voir.
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By Léo
#148250 [quote]Oui c'était stupéfiant de connerie. On me reprochait d'avoir acheté les 100 témoignages positifs avec une conférence gratuite, alors que j'avais dit "pour venir à la dédicace (gratuite), il faut simplement avoir acheté le bouquin, et donné son avis dessus".

+1, je m'en souviens très bien
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By Banedon
#148262 [quote="Stéphane"]
Oui c'était stupéfiant de connerie. On me reprochait d'avoir acheté les 100 témoignages positifs avec une conférence gratuite, alors que j'avais dit "pour venir à la dédicace (gratuite), il faut simplement avoir acheté le bouquin, et donné son avis dessus".

Vous allez me trouver aigri, froid, condescendant, etc., mais je dis l'exacte vérité, n'ayant cette capacité toute féminine à s'aveugler en y substituant ce qu'on voudrait y voir.

+1, j'ai d'ailleurs témoigné et ai eu le plaisir d'assister à la conférence, en avril 2011 si ma mémoire est bonne
C'est d'ailleurs après avoir rencontré Stéphane lors de cette conférence que j'ai décidé de me lancer et que je me retrouve aujourd'hui à avoir fait plusieurs relookings et assisté à une vingtaine de séminaire mais là je m'égare :lol:
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By Maurice
#155470 [quote="Scott Fitzgerald"]A lire aussi : Le Matin des Magiciens, co-écrit avec Louis Bergier. Sous couvert d'essais journalistiques, c'est le récit de son itinéraire spirituel, d'une enfance couvée par un père laicard, ouvrier progressiste "de gauche", à la découverte de l'irrationnalisme (alchimie, paganisme, etc) sous l'égide de Gurdjieff. Il y développe notamment sa conception du "réalisme fantastique". C'est un gros livre assez bizarre, à mi-chemin entre l'essai, la confession autobiographique, le livre d'histoire, la critique littéraire, etc.

A comparer avec Le XIX eme siècle à travers les âges, de Philippe Muray.

Le Matin des Magiciens est un livre étonnant, je confirme. Etonnant et très stimulant... riche d'une richesse foisonnante. J'en suis à la page 300, et je suis saisi d'un vertige : comment a-t-on pu passer du scepticisme du monde scientifique au début du XXème siècle concernant la science de l'atome au plus brillant compte-rendu de l'idéologie nazie qu'il m'ait été donné de lire.

Je dis "idéologie nazie", mais en réalité, il s'agit bien de ce que je pensais déjà depuis 10 ans sans vraiment pouvoir l'étayer complètement : il s'agit bien plutôt d'une religion avec une construction mythologique se voulant scientifique et basée sur les affirmation de Hans Hörbiger. Il est tout de même étonnant qu'en histoire son nom ne soit jamais cité, ni qu'on n'enseigne à titre informatif cette religion. Dès lors, on pourrait reprendre la leçon de Pauwels et Bergier :

[quote]C'est en cela que certaines séances au procès de Nuremberg étaient dépourvues de sens. Les juges ne pouvaient avoir aucune sorte de dialogue avec les responsables qui d'ailleurs avaient pour la plupart disparu, ne laissant au banc que les exécutants. Deux mondes étaient en présence, mais sans communication. Autant prétendre juger sur le plan de la civilisation humaniste des Martiens. C'étaient des Martiens. Ils appartenaient à un monde séparé du nôtre, de celui que nous connaissons depuis six ou sept siècles. Une civilisation totalement différente de ce qu'il est convenu d'appeler la civilisation s'était établie en Allemagne en quelques années, sans que nous nous en rendions clairement compte. Ses initiateurs n'avaient plus sur le fond aucune sorte de communication intellectuelle, morale ou spirituelle avec nous. En dépit des formes extérieures, ils nous étaient aussi étrangers que les sauvages d'Australie. Les juges de Nuremberg s'efforçaient de faire comme s'ils n'achoppaient pas sur cette effarante réalité. Dans une certaine mesure, il s'agissait bien, en effet, de jeter le voile sur cette réalité, afin qu'elle disparût dessus, comme dans les tours de prestidigitation. Il s'agissait de maintenir l'idée de la permanence de l'universalité de la civilisation humaniste et cartésienne, et il fallait que les accusés soient, de gré ou de force, intégrés dans le système. C'était nécessaire. Il y allait de l'équilibre de la conscience occidentale, et l'on entend bien que nous ne songeons pas à nier les bienfaits de l'entreprise de Nuremberg. Nous pensons simplement que le fantastique y a été enterré. Mais il était bon qu'il le soit, afin que des dizaines de millions d'âmes ne soient pas empestées. Nous ne faisons nos fouilles que pour quelques amateurs, avertis et munis de masques.

En même temps, on peut regretter cet enfouissement. Le problème de l'homme occidental, avec son universalisme humaniste et cartésien, pour reprendre les termes ci-dessus, c'est qu'il se refuse à voir qu'il existe des civilisations totalement et irréductiblement différentes avec lesquelles un véritable dialogue est totalement impossible et qu'on devrait laisser en autarcie en n'ayant strictement aucun rapport avec elles : nous restons avec notre mentalité de colon, de petit malin qui se croit le plus fort, de touriste en short pensant comprendre l'autre en allant à sa rencontre dans le meilleur des cas (alors que pas du tout), ou de crétin pensant qu'on est sur la terre pour faire du bizness... L'homme occidental tend à réduire le Bien à son bien, le Mal à son mal et si quelqu'un appartenant à une autre civilisation lui parle de bien, de mal, de justice, de religion, de dieu, de droit, de croyance, de culte, de loi etc, il pense qu'il s'agit de la même chose que son bien, son mal, sa justice, sa religion, son dieu, son droit, sa croyance, son culte, sa loi etc. Alors qu'il suffit d'étudier les textes de référence de cette civilisation autre pour en sortir complètement stupéfaits, effarés et alarmés.
Nous avions été avertis une fois dans les années 30 et 40, nous persistons à ne pas tenir compte de l'avertissement (bien au contraire !) et je pense que nous allons payer très cher notre morgue et notre condescendance dans un avenir relativement proche. Fin de cette parenthèse.