- Jeu Fév 05, 2015 7:14 pm
#164239
Bonjour à tous,
L'histoire qui va suivre ne représente rien émotionnellement pour moi, mais je souhaitais quand même avoir vos opinions par curiosité.
Etant actuellement en train de monter une startup, il m'arrive d'aller travailler dans un bar à deux pas de chez moi. Un bar de hipsters, avec que du mobilier en bois, et du très bon vin.
Un jour que j'y étais, une fille vient me voir pour me demander si je peux me décaler d'une table vers la gauche, afin qu'elle puisse accueillir ses 2 amies en mettant une chaise supplémentaire.
J'accepte et me décale. Puis j'ouvre mon ordinateur et me lève pour sortir fumer une cigarette. 30 secondes plus tard, elle sort également avec une cigarette et son verre à la main. Pas de bol, j'avais laissé le mien à l'intérieur, l'amorce était toute trouvée.
[quote]
M: you're more clever than me (je balbutie un peu, c'est un de mes défauts, ce qui me pousse à répéter)
E: haha you didn't bring your glass blablabla
M: blablabla
Le froid étant... mordant, je rentre et elle me suit. Je me mets à travailler. Ses copines étant en retard, elle engage la conversation sur des banalités, mais ne me pose aucune question personnelle, car voyant qu'elle voulait discuter, j'ai pris le dialogue en main et lui ai posé plein de questions. Elle est russe, vient de Saint Petersbourg mais ses parents d'une petite république soviétique, est mariée et a un enfant en bas âge. Je tape le nom de cette république dans Wikipedia (je m'intéresse à la Russie). Son mari et elle viennent de quitter Londres pour emménager à Paris.
Côté style, elle est très sobre (quasiment que du noir), et ne m'attire pas plus que ça, mais a quand même de la présence, fut-elle celle d'une statue. J'apprends qu'elle travaille pour un fabricant de chaussures en cuir dont j'ai oublié le nom (gamme de prix : 300-600 euro, j'ai encore le bookmark dans mes favoris).
Avant qu'elle ne me révèle son métier, j'essaie de deviner. Je fais 3 belles tentatives puis donne ma langue au chat.
A ce moment là ses amies arrivent. Je les laisse, tournant complètement mon corps vers mon ordinateur, non sans avoir balancé 2-3 vannes légères dont je ne me souviens pas.
15 minutes plus tard, elle amène la discussion sur moi ("le mec qui a très gentiment accepté de se décaler"), ce qui me pousse à tourner la tête vers elles. C'est là qu'elle en profite pour me demander ce que je fais dans la vie. Je lui parle de mon job principal, et de la startup. Le tout avec beaucoup de détachement, en restant purement factuel (le projet fait ci et ça, ça sortira en mars, etc). Elle me demande quelques détails sur le concept.
Pendant toute l'interaction j'ai gardé une frame de mec complètement détaché et qui est là pour travailler. C'était moitié sincère (j'avais vraiment du travail ce soir-là), moitié bullshit (en pleine crise de confiance et sortant d'une rupture, je ne pensais pas avoir mes chances avec une russe mariée et mère, ni avec une fille tout court). A plusieurs reprises, je me penchais exprès vers l'avant avec un sourire plein de déférence.
Plus tard je dois partir : j'ai de la famille qui arrive de l'aéroport et je dois leur donner mon appartement et les y installer (je dormais chez un copain ce soir-là). Je dis au revoir au staff, que je connais bien, puis je dis au revoir aux filles.
[quote]
M: bye, I gotta go
E: oh already (avec un air de dépit, je l'ai vu, j'en suis sûr)
M: yeah, it's ok, I'll see you around (en fronçant les sourcils et en m'éloignant)
Deux heures plus tard (il est presque 23h), la famiglia installée, je repars au bar pour un dernier verre avant le dodo. Elle est toujours là. Je ne lui parle pas, m'installe au bar et discute avec un des barmen autour d'un verre.
15 minutes plus tard, elles se lèvent pour payer. En sortant, elle me remarque :
[quote]
E: oh, you're back
M: yeah, I gave them my flat and I'm heading to my buddy's place
E: blablabla
M: you have a nice ring, show it to me
E: (enlève sa bague et me la tend)
M: really nice, I like the (blablabla de description de la bague)
En lui rendant la bague, je laisse ma main dans la sienne et continue à lui parler en la regardant dans les yeux. Elle ne retire pas la sienne, j'en profite pour déblatérer 2-3 conneries, pendant que nos mains sont l'une dans l'autre, devant ses 2 copines, à qui je dis "arrêtez de me regarder, je vais stresser". En fait je voulais voir si et quand elle allait la retirer, mais elle ne l'a pas fait. C'est là qu'elle me propose de prendre mon téléphone pour mettre son Facebook dedans. Je retire ma main de la sienne, lui tends mon téléphone et elle s'exécute.
Dans une maladresse sans nom, je dis (reconstitution floue) :
[quote]
M: I would like to meet your kid, bring her here next time
E: haha no she would jump all around the place
M: would she make more noise than those guys? (un groupe de rugbymen qui chantaient des chansons paillardes à tue-tête)
E: probably yeah
M: lol it's OK
E: (anecdote sur sa fille)
M: blabla
E: blabla I gotta go
M: bye
Le lendemain je parcours ses photos Facebook : elle a mon âge, est mariée à un français. Je repense alors aux analyses de Stéphane sur la vie amoureuse d'une femme : sur les plus anciennes photos, elle est toujours entourée de plus de mecs que de nanas, est systématiquement en voyage, dans une boîte ou un bar, et a plus tendance à porter des décolletés. Sur les photos plus récentes, moins de boîtes et bars, plus de maisons de campagne et d'appartements, moins de mecs, et la famille de son mari qui apparaît. Point commun entre toutes les photos : elle n'y sourit JAMAIS. L'image de la fille russe qui se marie avec un "occidental" par "sécurité" percute également dans mon esprit.
En écrivant le post j'ai pensé à l'hypothèse de la fille qui veut se faire un réseau parce qu'elle vient de débarquer. Peu plausible, vu qu'elle a déjà un job plus que décent, et son mari aussi (il bosse dans l'IT).
Pour synthétiser :
Qu'en pensez-vous ?
L'histoire qui va suivre ne représente rien émotionnellement pour moi, mais je souhaitais quand même avoir vos opinions par curiosité.
Etant actuellement en train de monter une startup, il m'arrive d'aller travailler dans un bar à deux pas de chez moi. Un bar de hipsters, avec que du mobilier en bois, et du très bon vin.
Un jour que j'y étais, une fille vient me voir pour me demander si je peux me décaler d'une table vers la gauche, afin qu'elle puisse accueillir ses 2 amies en mettant une chaise supplémentaire.
J'accepte et me décale. Puis j'ouvre mon ordinateur et me lève pour sortir fumer une cigarette. 30 secondes plus tard, elle sort également avec une cigarette et son verre à la main. Pas de bol, j'avais laissé le mien à l'intérieur, l'amorce était toute trouvée.
[quote]
M: you're more clever than me (je balbutie un peu, c'est un de mes défauts, ce qui me pousse à répéter)
E: haha you didn't bring your glass blablabla
M: blablabla
Le froid étant... mordant, je rentre et elle me suit. Je me mets à travailler. Ses copines étant en retard, elle engage la conversation sur des banalités, mais ne me pose aucune question personnelle, car voyant qu'elle voulait discuter, j'ai pris le dialogue en main et lui ai posé plein de questions. Elle est russe, vient de Saint Petersbourg mais ses parents d'une petite république soviétique, est mariée et a un enfant en bas âge. Je tape le nom de cette république dans Wikipedia (je m'intéresse à la Russie). Son mari et elle viennent de quitter Londres pour emménager à Paris.
Côté style, elle est très sobre (quasiment que du noir), et ne m'attire pas plus que ça, mais a quand même de la présence, fut-elle celle d'une statue. J'apprends qu'elle travaille pour un fabricant de chaussures en cuir dont j'ai oublié le nom (gamme de prix : 300-600 euro, j'ai encore le bookmark dans mes favoris).
Avant qu'elle ne me révèle son métier, j'essaie de deviner. Je fais 3 belles tentatives puis donne ma langue au chat.
A ce moment là ses amies arrivent. Je les laisse, tournant complètement mon corps vers mon ordinateur, non sans avoir balancé 2-3 vannes légères dont je ne me souviens pas.
15 minutes plus tard, elle amène la discussion sur moi ("le mec qui a très gentiment accepté de se décaler"), ce qui me pousse à tourner la tête vers elles. C'est là qu'elle en profite pour me demander ce que je fais dans la vie. Je lui parle de mon job principal, et de la startup. Le tout avec beaucoup de détachement, en restant purement factuel (le projet fait ci et ça, ça sortira en mars, etc). Elle me demande quelques détails sur le concept.
Pendant toute l'interaction j'ai gardé une frame de mec complètement détaché et qui est là pour travailler. C'était moitié sincère (j'avais vraiment du travail ce soir-là), moitié bullshit (en pleine crise de confiance et sortant d'une rupture, je ne pensais pas avoir mes chances avec une russe mariée et mère, ni avec une fille tout court). A plusieurs reprises, je me penchais exprès vers l'avant avec un sourire plein de déférence.
Plus tard je dois partir : j'ai de la famille qui arrive de l'aéroport et je dois leur donner mon appartement et les y installer (je dormais chez un copain ce soir-là). Je dis au revoir au staff, que je connais bien, puis je dis au revoir aux filles.
[quote]
M: bye, I gotta go
E: oh already (avec un air de dépit, je l'ai vu, j'en suis sûr)
M: yeah, it's ok, I'll see you around (en fronçant les sourcils et en m'éloignant)
Deux heures plus tard (il est presque 23h), la famiglia installée, je repars au bar pour un dernier verre avant le dodo. Elle est toujours là. Je ne lui parle pas, m'installe au bar et discute avec un des barmen autour d'un verre.
15 minutes plus tard, elles se lèvent pour payer. En sortant, elle me remarque :
[quote]
E: oh, you're back
M: yeah, I gave them my flat and I'm heading to my buddy's place
E: blablabla
M: you have a nice ring, show it to me
E: (enlève sa bague et me la tend)
M: really nice, I like the (blablabla de description de la bague)
En lui rendant la bague, je laisse ma main dans la sienne et continue à lui parler en la regardant dans les yeux. Elle ne retire pas la sienne, j'en profite pour déblatérer 2-3 conneries, pendant que nos mains sont l'une dans l'autre, devant ses 2 copines, à qui je dis "arrêtez de me regarder, je vais stresser". En fait je voulais voir si et quand elle allait la retirer, mais elle ne l'a pas fait. C'est là qu'elle me propose de prendre mon téléphone pour mettre son Facebook dedans. Je retire ma main de la sienne, lui tends mon téléphone et elle s'exécute.
Dans une maladresse sans nom, je dis (reconstitution floue) :
[quote]
M: I would like to meet your kid, bring her here next time
E: haha no she would jump all around the place
M: would she make more noise than those guys? (un groupe de rugbymen qui chantaient des chansons paillardes à tue-tête)
E: probably yeah
M: lol it's OK
E: (anecdote sur sa fille)
M: blabla
E: blabla I gotta go
M: bye
Le lendemain je parcours ses photos Facebook : elle a mon âge, est mariée à un français. Je repense alors aux analyses de Stéphane sur la vie amoureuse d'une femme : sur les plus anciennes photos, elle est toujours entourée de plus de mecs que de nanas, est systématiquement en voyage, dans une boîte ou un bar, et a plus tendance à porter des décolletés. Sur les photos plus récentes, moins de boîtes et bars, plus de maisons de campagne et d'appartements, moins de mecs, et la famille de son mari qui apparaît. Point commun entre toutes les photos : elle n'y sourit JAMAIS. L'image de la fille russe qui se marie avec un "occidental" par "sécurité" percute également dans mon esprit.
En écrivant le post j'ai pensé à l'hypothèse de la fille qui veut se faire un réseau parce qu'elle vient de débarquer. Peu plausible, vu qu'elle a déjà un job plus que décent, et son mari aussi (il bosse dans l'IT).
Pour synthétiser :
- rit aux blagues pourries : oui
- relance dans les blancs : oui
- pose des questions personnelles : oui
- offre son contact : oui
- elle sourit : oui et non (cf. les photos Facebook)
- accepte le contact physique : oui
Qu'en pensez-vous ?
« Quelle malédiction a frappé l’Occident pour qu’au terme de son essor il ne produise que ces hommes d’affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l’on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu’en Allemagne ? Est-ce à ces dégénérés que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l’abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d’hommes. »
E. Cioran
E. Cioran