- Mer Mai 30, 2012 10:30 pm
#122551
Il y a tout de même une nuance sémantique entre industrialiser et produire.
- Jeu Mai 31, 2012 6:03 pm
#122577
[quote="Rose Selavy"]Tu sais, c'est devenu bon ton de cracher sur les romans populaires. Regarde ceux qui crachent dessus: ils veulent souvent faire croire ainsi qu'ils l'aiment, la littérature, et qu'ils sont au dessus de ces balivernes alors que justement, Marc Lévy est fait pour eux...
Marc Lévy et ses lecteurs ne font pas de mal à la littérature. Mieux, ils restent à leur place, ils ne font pas semblant, ils n'organisent pas des colloques pour dire des conneries sur Baudelaire.
En France, nous manquons de Marc Lévy ( histoire bien ficelée pour quadras et midinettes) et nous avons trop de Beigbeder ( fake).
Pour le terme de gauchiste progressiste, tu peux appeler ça comme tu veux, mais in fine tu penses que le monde se porterait mieux si tout la populace s'endormait sur un grand livre, alors que cela serait tout simplement la mort de cette littérature là.
C'est marrant Rose, parce qu'il y a un vrai quiproquo là. D'abord, parce que je ne souhaite pas que la populace s'endorme sur un grand livre. Encore que ce sujet prête à discussion, parce que d'un côté peut-être le souhaite-je inconsciemment, admettons, et de l'autre, si j'écrivais ici le fond de ma pensée relative au "peuple", ce serai sans doute mon dernier post, malgré la relative bienveillance d'animal (je parle de sa bienveillance envers les forumeurs, pas envers les swastikas).
Ensuite et surtout, parce que je ne suis pas, mais alors pas du tout un littéraire. Mon domaine de prédilection, c'est la musique. Quand j'étais petit (avant dix ans) je lisais Agatha Christie. Après les dix-onze, j'ai basculé dans la SF et la fantasy. Lovecraft, Herbert, Tolkien, Moorcock (quel imposteur celui-ci), Leiber et Dick. En somme, rien d'autre que de la littérature populaire au sens de "non noble", bien que parfois exigeante. Le premier "classique" que j'ai lu de mon plein gré - traduire "hors scolarité" - est la quadrilogie des Jeunes Filles, sur laquelle je me suis penché à force d'entendre Stéphane en chanter les louanges. Et effectivement, en lisant ces quatre livres, j'ai pris une énorme claque stylistique, je n'avais rien lu d'aussi bien écrit depuis Levis-Strauss (quand je te dis que je ne suis pas littéraire). Sans parler du fait qu'il y a une punchline par page.
Donc, cette idée d'une éducation des masses est complètement opposée à ma sensibilité d'irréductible esprit critique. Eduquer, c'est dresser. Dresser, c'est le mal. Et évidemment, nous avons tous été éduqués, que nous le voulions ou non.
Je trouve que ta position est un brin condescendante : ils lisent Lévy, mais ils ont l'intelligence de ne pas chercher plus. Mooouuui... En fait, tu les méprises tout autant que moi. Ce qui me touche, c'est d'avoir eu à subir le voisinage de gens médiocres toute ma vie, des gens pour qui ma pourtant très relative subtilité était une bizarrerie. Finalement, en presque une année de fréquentation de ce site, avec les rencontres IRL d'une poignée de membres, j'ai rencontré plus de gens intéressants qu'en dix années d'études.
Je ne veux pas que les "ploucs" lisent de beaux livres, je veux qu'ils arrêtent de me casser les couilles avec leurs merdes. Car s'ils assument leurs goûts, ils n'acceptent pas pour autant les tiens/les miens. Quand tu passes dix ans à être celui qu'on qualifie de "philosophe" uniquement parce que tu vis sans télévision et que tu ne te mets pas une race tous les week-ends sur du son pourri mais qui plait au plus grand nombre (populaire, tu disais ?), tu apprends à être en colère contre ces gens à qui tu ne feras pas écouter Tool, mais qui eux te font écouter le Petit Bonhomme En Mousse - je sais, là je suis dur. Mettons à leur crédit qu'ils ne sont pas les seuls à t'imposer ça activement : puisqu'ils consomment, leurs plaisirs sont ceux dont la publicité et la norme viennent nous rabattre les oreilles. En même temps, selon le milieu (médiatique), la norme c'est aussi Balzac et Flaubert, mais là je digresse. Avoir des goûts humbles ne relève par forcément de l'humilité, et n'implique pas forcément une personnalité tolérante.
Bref, les "beaufs" aussi sont sélectifs et prosélytes à leur manière. Dans ton sujet verrouillé sur l'imbécilité, tu avouais toi-même haïr - ce mot est fort, n'est-ce pas ? - les "cons". Je pense que tu es dans une position étrange en disant "au moins ils savent ce qui est à leur niveau". Essaierais-tu d'adoucir ton mépris par la condescendance ?
Pour finir, je ne suis pas souvent d'accord avec toi, mais j'ai néanmoins plaisir à débattre avec toi. J'aimerai bien te rencontrer IRL - annonce publique vu que ta messagerie est out, sans doute pour te protéger de la fange des médiocres.