Modérateurs: animal, Léo

By Synchronn
#113911 Faire table rase de "sa vie" est une sensation qui survient quand l'on ne se sent pas à sa place ou on tente de fuir ses craintes, échecs, peurs...

Cependant il arrive qu'elle se manifeste quand cela va bien.
C'est assez difficile à expliquer car, en prenant mon cas, il y a une envie d'autre chose qui reste collée dans un coin de mon cerveau. L'insatisfaction chronique, la peur de vieillir,les semaines qui défilent, cette zone de confort qui confine mais qui sécurise.

Le tableau n'est pas tout rose mais j'aime ma copine, mon boulot est intéressant et paye suffisamment pour ne pas me priver, il y a des évolutions sur toutes dimensions de ma vie mais cela ne me transcende pas. Je n'ai pas envie de faire évoluer mes acquis, faire évoluer les cartes que j'ai en main mais redémarrer la partie avec un nouveau jeu en main.

On peut trouver des produits de substitutions, partir en vacance, faire le con en moto, se taper une nouvelle nana, changer de taf, d'appartement, de jean, voir un psy, sauter à l'élastique, se former à autre chose ...c'est cynique mais tout ça n'est au final pas bandant!

Merde, ça vous arrive de vivre cette sensation? Vous faites quoi pour l'assouvir ou l'oublier?
By Scaff
#113918 J'ai déjà eu cette envie, mais plus quand ça allait mal.

Par contre, si tout raser pour tout reconstruire peut sembler séduisant, je pense qu'il y a des alternatives. Peut-être te manque-t-il un centre d'intérêt qui te passionne vraiment, pour lequel tu es prêt à t’investir à fond.

De la façon dont tu présente les choses, tu as déjà beaucoup. Surtout que ce sont des choses que la plupart des gens cherchent à avoir. Difficile de tout raser non ? A te lire, j'ai l'impression que tu y es quand même attaché, c'est pour ça que je me dit que ce tu as, tu le veux, mais il manque quelque chose.

Du coup, il ne s'agit pas seulement de faire évoluer ses acquis, mais d'y ajouter de nouvelles dimensions. Pour ce qui me vient à l'esprit, être parent ça change la donne à mon avis et ce n'est pas juste une "évolution", c'est une nouvelle dimension (a mes yeux en tout cas). Autre idée, la religion ou plutôt la spiritualité, quelque soit sa forme ?

Après, il s'agit d'un avis personnel et des nouvelles dimensions que je pourrai ajouter à ma vie (pas tout de suite pour devenir parent bien sûr), chacun peut en trouver d'autres.
By Rose Selavy
#113920 [quote="Synchronn"] mais j'aime ma copine, mon boulot est intéressant et paye suffisamment pour ne pas me priver

Cela ne peut suffire à aucun homme digne de ce nom.
T'as des passions dans la vie ? ( expression la plus superflue du siècle )
By WillOu
#113930 N'aurais tu pas simplement la crise de la trentaine ?

Je comprends ce que tu mentionnes, je suis passé par cette phase il y a deux ans, avec une grosse déprime j'avoue.

Je me suis relevé et vois les choses différemment.

Je sais que le fait d'avoir passé cette épreuve est du en bonne partie au fait d'avoir connu ce site ainsi que vos messages qui m'ont fait voir dans une autre direction auquelle je n'aurais jamais pensé me tourner .

D'ailleurs, je vous en remercie tous encore une fois.

Tiens, je vois que tu es pas si loin de moi, si cela te tente d'aller se boire un pot lorsque je serais de passage vers Compiègne.
ByThe Man Outside
#113940 Excellent sujet, qui aurait peut-être sa place en développement personnel d'ailleurs, tant il touche quelque chose que je crois profond.

[quote="Synchronn"]
C'est assez difficile à expliquer car, en prenant mon cas, il y a une envie d'autre chose qui reste collée dans un coin de mon cerveau.


C'est plutôt bon signe, non ? Cela signifie que la "comforteresse" ne réussit pas à te contenir, que tu es toujours connecté à ce je-ne-sais-quoi primal, à la fois animal et spirituel, une envie de se réaliser pleinement... j'ai du mal à trouver les mots justes :oops:

Et puis, même si ta situation est correcte, elle semble routinière. Ton travail et ta copine te conviennent, néanmoins le cerveau humain est très sensible à la nouveauté - et à son absence. A l'origine notre espèce est conçue pour s'adapter, réagir en permanence à des modifications de l'environnement, façon chasseur-cueilleur, alors de même qu'on peut se lasser d'un excellent plat si l'on en mange tous les jours, une situation agréable mais répétitive conduit sur le long terme à la mollesse voire à la dépression.

Les extras que tu mentionnes peuvent diminuer cette routine, mais ils restent des extras, un soupoudrage. Le psy peut être plus profond, si on trouve un bon praticien.

Après, cela pose la question du contentement. Ne jamais se satisfaire de ce qu'il a est une des caractéristiques de l'Homme. Ce qui entraîne deux attitudes extrêmes, en gros inventer (des médicaments, des théories, la NASA) et faire la guerre - je schématise pour faire court. C'est aussi ce qui nous amène sur ce site, s'améliorer, repousser nos limites etc.

Le paradoxe c'est que le sage sait se contenter de ce qu'il a, et qu'en même temps atteindre cette "sagesse" passe par une évolution, plus ou moins volontaire, donc une insatisfaction au départ. De plus, être dans une situation merdique et ne pas chercher à en sortir ne me paraît en rien relever de la sagesse. Certains diront que la pertinence est de savoir se situer entre les deux extrêmes de l'acceptation et de l'insatisfaction.

Je le répète, je crois qu'il y a autre chose derrière. Aujourd'hui, j'ai un travail super sympa (j'écris cette réponse depuis mon poste), des collègues plus qu'agréables, un lieu de travail idéal, mais... mais... quand j'étais petit je rêvais d'être Indiana Jones alors que là je passe mes journées dans un bureau :shock:

Envie d'aventure, de voyage, de vivre intensément tel un héros de film ou de roman, envie de SENS aussi... tout ça parle à quelque chose qui relève du sauvage en nous, sauvage au sens "énergie originelle indomptable", un truc Jungien en quelque sorte.

J'espère ne pas être trop mystique :mrgreen:
By Synchronn
#113941 J'avoue que ce passage dit du "coup de moue" fait super bizarre ! Je l'ai déjà eu l'année dernière, les 2 premiers jours quand je suis arrivé au Japon, un mal du pays terrible (ça te touche physiquement et mentalement).

Ça revient, ça repart, beaucoup de choses justes ont été dites et je crois que cette envie d'être "Indiana Jones" comme le dit The Man me parle. Vouloir l'aventure quand tu bosses devant un pc...C'est peut être une soupape de sécurité qui signale un trop plein d'envies non-identifiées. Pour les passions, elles sont là, même si le temps que j'y consacre est terriblement plus faible que pendant mes années scolaires.

Faut que je me bouge le cul !

Ps: Willou, ça marche, préviens moi.
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By wu-weï
#113942 Le but de ce message n'est pas de balayer d'un revers de la main les excellents arguments de The Man outside, mais de pousser plus loin la discussion :

Qu'il y a-t'il de psychologiquement déséquilibré à aspirer à une vie exhaltante et passionante?
Qu'il y -t'il de "fou" à avoir envie de se réaliser pleinement et de le tenter?

:wink:
ByThe Man Outside
#113961 wu-wei, je... euh... :oops: je suis flatté mais ce n'est pas bon pour la disparition de mon égo :wink:
Tu es sur Versailles non ? J'habite dans une ville voisine, on pourrait prendre un verre à l'occasion - genre je copie la proposition de WillOu à Synchronn :mrgreen:

Pour répondre brièvement, je dirais que ce qui est déséquilibré c'est de rester dans une vie insatisfaisante.
Ce qui est "fou" dans le fait de vouloir se réaliser pleinement, c'est que bien que la société nous bombarde de messages type "accomplissez-vous" et de numéro spéciaux de Psychologies Magazine (dont une page sur deux est une pub) consacrés à l'épanouissement et au bonheur, cette même société (j'inclue les médias autant que nos familles, la "doxa" en somme) véhicule un discours alimentant la peur et les pensées limitantes du genre "vu la conjoncture, contentes toi de ce que tu as", "vivre de sa passion c'est un truc réservé aux enfants d'artistes" et autre "ça pourrait être pire", "ne sortez pas de chez vous c'est dangereux". D'ailleurs ça me fait penser à [url=http://www.youtube.com/watch?v=PBT5nAqMwvs]cette chanson[/url] qui m'a toujours fait mourir de rire et qui est tellement réaliste.

Il y a donc une belle part de folie à se libérer de ses chaînes, acte finalement très sain. La sobre beauté des paradoxes...
By WillOu
#113962 [quote="The Man Outside"] J'habite dans une ville voisine, on pourrait prendre un verre à l'occasion - genre je copie la proposition de WillOu à Synchronn :mrgreen:


Attention, il y a copyright et mes droits d'auteur non mais !! :lol:

@Synchronn

Ne serait pas lié à un tout que tu traines dans ton inconscient , avec l'ajout des périodes de soleil qui diminuent et ce qu'il m'a semblé lire sur un autre de tes messages vis à vis du boulot ?

Peut être es tu sur une sorte de routine ? Ton corps et esprit ont tout simplement envie de changement. C'est de cette manière que j'interprète tes propos ci dessus : envie d'aventure, marre d'être le derrière sur une chaise .. tes passions que tu aimerais faire et dont ton emploi du temps te bride .

Pour ma part, je comprends ce que tu ressens coté travail, j'ai quasiment été tout le temps dehors et/ou en mouvement.

Depuis dix ans, je suis en emploi de bureau.

Lors de mon gros coup de déprime d'y a deux ans, je n'avais pas ce que l'on peut nommé par "vie comblée".

Célibataire très endurci ( au contraire d'une partie qui devient l'inverse ( petite touche d'humour )), j'ai mal digéré mon échec des tests pour être conducteur de trains, pas trop de moyens, travail où je subissais un stress élevé du fait de sa complexité, je suis parti droit dans le mur.

J'ai plongé en même temps de connaitre ce forum . Certes aujourd'hui, des choses ont changées, je vois la vie autrement:

- toujours le même travail que je fais toujours aussi bien mais j'ai appris à faire un détachement avec moins d'empathie;

- décider de prendre des périodes pour mes passions : quelques semaines où je suis à fond dedans ( par exemple le vélo en période chaude et modélisme ferroviaire, expo de trains en période froide );

- certes, toujours ce calme plat coté amoureux, mais ayant coupé les ponts avec des personnes dont le moral ne revenait pas au beau fixe, cela pourrissait le mien au fur et à mesure du temps. Je recherchais toujours en bon rebond guy ou AFC , un retour qui ne serait jamais arrivé ( merci à ce site de m'avoir ouvert les yeux ).

Je reste pleins d'espoirs qu'un jour,lorsque les femmes arrêteront de me confondre avec Quasimodo quand je me promène vers Notre Dame de Paris, d'en trouver une qui me corresponde.
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By ManOrAstroman
#113964 J'ai été en couple récemment. Pendant 4 ans. Je ne sais pas trop si je l'ai aimé tant que ça, ou si c'était par confort.

Et puis, aussi, je venais par-ci par-là, ici, ou sur d'autres lectures traitant la séduction, en me disant "un jour il faudrait que je me mette au Street, ma vie aussi est dans la rue, je le sens en moi".

Parfois j'avais le droit à des samedis soir de liberté, où je sortais dans les bars avec des potes en me disant "ça serait bien que j'entreprenne de séduire cette jeune femme au bar"... puis je rentrais chez moi seul, un peu déprimé, mais soulagé d'être en couple en disant à ma copine le dimanche "tu m'as trop manqué". J'avais trouvé là une forme d'équilibre.

Sauf qu'au final, je n'ai rien fais complètement. Ni en couple, ni célibataire, ni moi-même. Je n'ai jamais abordé en Street pendant cette période, où je n'ai fais que boire les samedis pour me motiver à vibrer.

Une fois au pied du mur de la rupture, je n'avais plus le choix : où je devenais moi, mais vraiment moi, ou je continuais à vivre sans moi.

La conclusion est que prendre son destin en main n'est parfois possible que dans l'adversité en acceptant/assumant le déséquilibre.
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By wu-weï
#113983 "Je crée un déséquilibre interne, volontairement
afin que le côté yang soit le dominant
"

Shurik'N d'IAM[url=http://www.youtube.com/watch?v=ASPviuMBxXU]L'école du micro d'argent[/url]

Je suis pas loin de Versailles. Vu les stalkers => MP
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By Eick
#113992 Je ressens toujours une note de scepticisme quand on induit la religion dans un sujet comme celui-ci.
Tu comprends Wu-weï? Partir dans l'idée que la croyance trouve toujours une explication aux moindres maux d'une personne. Est-ce qu'on est vraiment objectif quand on dit à quelqu'un que son Yang doit dominer son fort intérieur ? C'est assez abstrait comme concept. Est-il prouvé qu'on détient bien un Yang en soi ? ... On pourrait très bien introduire directement des termes psychologiques qui sont prouvés, non?
Je sais que tu soutiens le Taoïsme mais pourrais-tu me renseigner sur cette philosophie, Wu-weï ? (à propos du sujet)
J'ai un peu le même syndrome que l'auteur du sujet. J'ai beau changer mon rythme de vie et faire de nouvelles rencontres, j'ai toujours un sentiment d'insatisfaction et de lassitude.
Si on écoute les histoires à propos des grands sages asiatiques qui arrivent à se passer de leurs envies tout en éliminant l'insatisfaction, on se demande si l'être humaine en est réellement capable. N'est-ce pas là un mythe ou un fantasme infranchissable ?
Est-il vraiment possible d'atteindre un degré de conscience ou l'on peut renoncer à toute forme d'attachement ?

...
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By Dje
#113997 La volonté de tendre vers le néant préconisée par le Tao est présentée comme un objectif à atteindre, tandis que le yin et le yang relèvent plus d'un concept philosophique sur les instincts qui nous animent. Le détachement dont parle le Tao est très différent du détachement dont on parle ici.

Le Tao présente un détachement accompli par la recherche du néant. L'abandon de toute ambition est la clé de voûte de cette pensée. Lorsqu'on abandonne son envie d'obtenir quelque chose qu'on ne possède pas (notion abstraite ou concrète, une expérience de vie ou un objet), alors on atteint le détachement véritable : l'absence d'envie dans un contexte où le paysage est plat, vide.

Dans ce sujet au contraire, on parle du détachement accomplit par l’opulence. C'est à dire que baignant dans les belles choses (toujours abstraites ou matérielles), tu es tellement satisfait en général qu'une petite contrariété n'a aucun poids. Tu te protèges des choses qui te blessent parce que tu n'as pas le temps de t'en soucier, pas parce que tu ne t'en soucies pas dans l'absolu.

La philosophie locale, du moins ce que j'en ai compris, n'est pas de renoncer à la passion. Maintenant, si tu as l'impression de vivre une vie de qualité, et donc passionnée, et que malgré tout tu t'emmerdes, alors il y a certainement des squelettes dans tes placards, Eick.
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By wu-weï
#114001 La citation est juste une image, une allégorie.
Je ne sais pas comment ça s'explique en psychanalise ou en psychologie. Je ne suis pas assez calé.

[quote]Si on écoute les histoires à propos des grands sages asiatiques qui arrivent à se passer de leurs envies tout en éliminant l'insatisfaction, on se demande si l'être humaine en est réellement capable. N'est-ce pas là un mythe ou un fantasme infranchissable ?

Je pense que oui, c'est un mythe. Historiquement il a été institutionnalisé par le culte et le rite. Or, les textes disent qu'il n'y a pas de rite ni de culte. Les textes disent mêmes que c'est la manière la plus basse d'avoir une croyance.

[quote]Est-il vraiment possible d'atteindre un degré de conscience ou l'on peut renoncer à toute forme d'attachement ?
On peut toujours convaincre son ego et flatter son narcissisme en se glorifiant d'avoir renoncé à tout.

En revanche, le Tao est décrit comme une voix (la voix qui parle) d'inspiration onthologique.
En psychanalyse, ça ressemble fortement à l'inconscient.
En gros, pour tenter d'établir une passerelle de sens, le Tao (la chose qui est à la source de toutes choses) serait l'inconscient et la voix du Tao, celle de l'inconscient : inaudible ou presque, insitinctive, intuitive, ancrée au plus profond de nous, et plus forte même que la raison puisqu'à l'origine de nous-même.

La pensée de Lao Tzu décrit longtemps avant Freud ou Charcot et Lacan cet inconscient qui se manifeste.
Les 81 chapitres, décrivent et commentent cette manifestation, décrivent la façon de l'écouter ou pas et est une proposition de raison pour accorder raison et intuition, conscient et inconscient.

Et contrairement à bien des écrits "religieux", il n'y a aucun interdit/permis.
Le mode de gestion d'un Etat, d'une économie, de la guerre y sont même décrits.
Ce sont plus les conseils d'un vieil Homme s'étant retiré du monde qu'un dogme.
Le dogme est d'ailleurs décrit comme vil puisqu'il enferme l'Homme dans un rite et une pensée figée.

[quote]Est-il prouvé qu'on détient bien un Yang en soi ?
Scientifiquement, il n'est pas prouvé qu'on détienne un conscient, un inconscient et un subconsient en soi.
Freud lui-même parle d'une allégorie explicative de la psyche dans ses correspondances. :wink:

Les deux (psychanalyse ou Taoïsme) restent une proposition d'explication de la nature humaine, de ses passions, de ses pulsions, de ses manifestations. Elever l'un l'autre au rang de religion est un non-sens.
L'une est philosophique, l'autre est scientifique (avec des conséquences sur la philosophie).
..enfin bon, je caricature...la science psychanalytique a évolué, et heureusement.
Ceci dit, elle reste une explication empirique qui ne prend spas corps physiquement.
Et au final, c'est une explication et une croyance (qui évolue). :wink:

Ceci dit, l'autre soir je lisais le sujet sur mon téléphone et je pensais à une chose : la confrontation que nous pouvons vivre entre l'image de ce qui devrait nous rendre heureux, et une petite voix qui nous dit que nous n'en sommes pas satisfaits même après avoir acquis ce qui "devrait" nous rendre heureux.