Modérateurs: animal, Léo

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By wu-weï
#118279 Pour moi, face à un mensonge, le point de rupture, la frontière entre acceptable et innaceptable est simple : Est-ce que ça me nuit?

La question qui me vient ensuite est la suivante : puis-je le gérer?
Ensuite, c'est la qualification autour de mensonge par sa motivation : exemple : utilitariste, calomnieux, embellissement, ommission, manipulation, jeu de dupe.

Pour développer :

La séduction est un jeu de dupe, une partie de poker, une succession de (petits) mensonges et de manipulations réciproquement consenties socialement par les parties en présence.
C'est un jeu normalisé consciemment ou inconsciemment, mais normalisé tout de même.

Une barrière, une LMR, un faux-prétexte (voir un DVD ensemble chez moi/elle), dire qu'on en veut pas l'embrasser alors que c'est exactement ce que l'on va faire dans l'instant qui suit sont autant de petits mensonges entre la forme déclarative et l'intention.
Un soutien-gorge est un mensonge, un porte-jarettelle est un mensonge, des talons sont un mensonge si on croit que l'on ne doit dire QUE la stricte vérité nue et que rien d'autre n'est honorable.

Ne pas gérer le mensonge, le refuser, c'est manquer d'intelligence ou s'occulter une part de la réalité.
C'est se priver de la sublimation, du plus qui ajoute.

Ne pas vouloir accepter la déception d'après la découverte d'un mensonge, c'est ne rien risquer, ne rien tenter, ne rien gagner.
C'est vivre dans un monde plat, rassurant parce que rassuré, sans discernement puisque tout est "vrai" (#valid argument 0-1), sans tonalité, sans couleur, sans goût, sans saveur et surtout...sans soi-même.

Refuser ou nier le mensonge, c'est nier toute la saveur des relations humaines et leur relief.
Par rapport à un absolu où il y aurait zéro mensonge, c'est pour cette raison que tout le monde ment, aprce que tout le monde se lève le matin en espérant vivre "quelque chose".
ByThe Man Outside
#118280 wu-weï, t'es en grande forme ce matin. 8)

Je ne peux que plussoir à ce post lyrique.
ByEquus
#118281 Oui, enfin, y'a mensonges et mensonges. Même quand c'est pour embellir ou dans la volonté de protéger (les gens peuvent mentir mais être de bonne foi), ça peut faire du mal, parfois de manière détrounée.

Je ne suis pas très citation, mais juste pour me la raconter, je vais citer celle-ci que j'aime beaucoup, de Paul-Claude Racamier :

"Oui je pense avec force et avec ténacité à la victoire de la vérité qui se libère sur les mensonges qui purulent ; de l'authentique sur le toc ; de la connaissance qui se gagne sur l'imbécillité qui se pavane ; et des charmes de la créativité libidinale sur les miasmes inféconds de la perversité !"
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By Dje
#118282 wu-weï, tu nous parles d'un clin d'oeil de second degré qui va avec chaque échange entre personnes qui se comprennent sans avoir à se dire platement les choses. Sur le principe, ce n'est pas un mensonge puisqu'il n'y a pas volonté absolue de tromper (ou un bête mensonge de forme consistant à éloigner le candide).

Le problème véritable, c'est le mensonge qui a pour but de tromper. C'est celui là qui nuit, qui blesse l'homme une fois découvert, et qui peut briser la relation de confiance irrémédiablement. C'est celui qui a pour but d'occulter la nature de la personne à laquelle on s'attache, avec pourtant beaucoup de précautions. C'est lui qui, arrivé devant le constat du jeu d'acteur de l'autre, nous pousse à partir et à chercher ailleurs quelqu'un qui sera au lieu de singer.

Si la vérité n'avait pas d'importance, on ne chercherait pas à démonter le mensonge. Si connaître la volonté de l'autre au delà de ses mots et de ses actions n'était pas le plus important, on n'agirait jamais en contradiction de ce que les femmes disent ou font. Donc, quoi qu'on en dise, la vérité est importante. On passe outre jusqu'à un certain stade parce que le mensonge n'a pas d'impact.

Mais lorsque l'autre ment à propos de son moi profond, lorsqu'il se ment, alors la vérité a de l'importance. Et détecter ce mensonge est à mon sens une priorité absolue.
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By wu-weï
#118283 Il y a donc une graduation dans le mensonge. :wink:
Ca n'est pas mensonge vs vérité sans rien entre les deux.
Il ya donc des mensonges "socialement acceptables" et d'autres qui ne le sont pas.
En fait, ça pose une autre question que celle du seul mensonge, celle de la morale à la fois dans un cadre collectif et individuel, donc des valeurs.

Je ne crois pas à La Vérité.
Je crois à la réalité.

La réalité est toujours subjective parce que sujette à perception.
L'acceptable, le "moral", La Morale dépendent de chacun (la perception, le conditionnement, l'environnement, etc).
C'est certainement un des points qui nous définissent.

Où est la limite, l'acceptable? Ca dépend de chacun.
C'est à chacun de trouver sa réponse, sa limite.

Mais dire , sans nuance, que l'on ne ment jamais, ou que l'on n'accepte pas le mensonge, est faux.
C'est, en soi, un mensonge. :wink:
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By Dje
#118284 [quote="wu-weï"]Il y a donc une graduation dans le mensonge. :wink:
Ca n'est pas mensonge vs vérité sans rien entre les deux.
Il ya donc des mensonges "socialement acceptables" et d'autres qui ne le sont pas.
[quote="Dje"]C'est une erreur de penser qu'on agit soit en accord avec la moralité, soit pas. On n'est pas entièrement en phase avec elle, tout comme on n'est pas entièrement attiré ou rebuté par quelqu'un. Le moral et l'amoral cohabitent, et chacun occupe la part laissée par l'autre.
;)

La problématique que je me pose découle de ce constat.

Puisque chacun a sa propre définition de l'acceptable...
Puisque chacun a sa propre définition de l'inacceptable...
Puisque chacun a sa propre marge de manœuvre entre la conscience d'agir de manière inacceptable et le fait simple de ne pas agir de cette manière...
Comment anticiper le moment où la réalité se chargera de nous dévoiler ce qu'on n'avait pas su détecter jusque là ? Comment savoir, avant d'être frappé des conséquences du mensonge (celui qui compte, pas celui dont on se moque), si l'être qui touche du doigt notre vulnérabilité saura être digne de cette confiance ?

Vérité ou mensonge, c'est sans importance. Tu l'as dis, la question est de savoir si le mensonge nous dépasse. Si c'est le cas, peut-on seulement s'en préserver ?
Est-on condamné à être frappé de l'inacceptable ?

[size=80]Mais peut-être que j'accorde trop d'importance à la sincérité et la singularité profondes des gestes qu'on m'adresse.[/size]
ByThe Man Outside
#118287 [quote="wu-weï"]Mais dire , sans nuance, que l'on ne ment jamais, ou que l'on n'accepte pas le mensonge, est faux.
C'est, en soi, un mensonge. :wink:

Ou, tout du moins, une erreur.

Le mensonge en lui-même est une information : dis-moi comment tu mens, je te dirai qui tu es. 8)
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By wu-weï
#118288 Tu peux détecter des incohérences qui te mettent la puce à l'oreille.
Anticiper? Pas vraiment. Enfin, "anticiper après coup" est un non-sens.

La problématique face à un mensonge est plutôt la suivante : face à une déclaration, dans quelle position se met-on?
Fait-on totalement confiance (jusqu'à la caricature : aveuglément), partiellement confiance ou pas du tout confiance?

Derrière la confiance que le l'on accorde à autrui (c'est bien nous qui accordons notre confiance, on ne nous la vole/braque pas), dans quelle position se met-on?
En danger, en vulnérabilité, en conservant assez de distance, en ne prenant pas ou peu de risque?

Sur la route, ce n'est pas parce que le type qui roule devant toi ne semble avoir aucune raison de piler que tu ne gardes pas une distance de sécurité. Pourquoi serais-ce différent dans la vie?

Pourquoi est-ce qu'il faudrait faire aveuglément confiance à tous?

Je vais l'écrire "à la manière des sites de développement personnel" :
Si vous voulez faire confiance à tout le monde et que personne ne vous mente, c'est que vous ne savez ou voulez pas le détecter et que vous ne savez pas le gérer. Vous avez une insécurité, une incompétence et vous demandez aux autres de la gérer pour vous. :wink:

Après on vend un truc. :mrgreen:

La confiance, ce n'est pas un chèque en blanc.
Ca se prouve, ca se gagne, ca se perd aussi.

[quote]si l'être qui touche du doigt notre vulnérabilité saura être digne de cette confiance ?

C'est un oxymore.
Quelqu'un digne de ta confiance ne peut pas toucher ta vulnérabilité ou alors il n'en était pas digne et, tu t'es trompé.

C'est l'équation du danger : quelqu'un digne de confiance ne peut et ne doit pas être une menace dont tu ne peux pas te prémunir.
Là, ça pose plein de questions personnelles et intimes.
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By wu-weï
#118290 [quote="The Man Outside"][quote="wu-weï"]Mais dire , sans nuance, que l'on ne ment jamais, ou que l'on n'accepte pas le mensonge, est faux.
C'est, en soi, un mensonge. :wink:

Ou, tout du moins, une erreur.

Le mensonge en lui-même est une information : dis-moi comment tu mens, je te dirai qui tu es. 8)

Ok pour la correction. C'est plus juste.
La façon dont les gens mentent (même un peu) est souvent plus intéressante que ce qu'ils disent ou déclarent.
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By Dje
#118292 [quote="wu-weï"][quote]si l'être qui touche du doigt notre vulnérabilité saura être digne de cette confiance ?
C'est un oxymore.
J'aurais dû dire "sait être digne de cette confiance" (puisqu'il n'est pour nous que ce qu'on sait) ou "saura rester digne de cette confiance" (puisque notre évaluation de ses choix à venir dépend de notre connaissance de ses réelles valeurs)

[quote="wu-weï"]Quelqu'un digne de ta confiance ne peut pas toucher ta vulnérabilité ou alors il n'en était pas digne et, tu t'es trompé
Ouais.
Et ça s'est produit plusieurs fois.
Moi pas aimer, moi pas vouloir recommencer.
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By Elan
#118297 ça n'arrive pas non plus tous les jours. à prendre trop de distance de sécurité on ne s'autorise pas à vivre certaines choses qu'on se rappellera pourtant avec plaisir. perso je ne pars jamais du principe qu'on me raconte des salades.
quelqu'un qui ment au point d'être démasqué, la question est alors de se demander comment on réagit.
ByThe Man Outside
#118300 [quote="Elan"]à prendre trop de distance de sécurité on ne s'autorise pas à vivre certaines choses qu'on se rappellera pourtant avec plaisir. perso je ne pars jamais du principe qu'on me raconte des salades.

Un jour, j'ai connu quelqu'un qui fonctionnait comme le narrateur de [url=http://www.youtube.com/watch?v=iaysTVcounI]cette chanson[/url].

Quel que soit le nom qu'on lui donne (pervers narcissique, hystérique, L-S-E) c'est une très bonne école. Dure, mais bonne, comme celle du Hokuto. :twisted:

Dorénavant, je pars toujours du principe que ce qu'on me raconte est potentiellement faux mais que ça ne me coûte rien de le croire, parce que dans le fond je m'en branle. :mrgreen:
ByEquus
#118316 C'est trop épuisant de se dire qu'une personne puisse raconter de la merde. Je pense que faire confiance "a priori" est plus simple, plus naturel, plus sain. Ça ne signifie pas de gober tout et n'importe quoi, mais si mon interlocuteur ment, et bien, c'est son problème.

Mais si je m'en rends compte, alors en effet, c'est à moi qu'il appartient de réagir (ou de laisser passer selon la situation).

Enfin, je dis ça, mais c'est de la branlette, on sait bien que dans la réalité, ça ne se passe pas toujours comme ça... ;)
By Valmont
#118606 En parlant de vérité, il faut avant déterminer le contexte. Admettons que vous ayez un accident de voiture, alors que vous roulez légèrement trop vite d'après les conditions de circulation. Nul doute que si un policier vous demande à quelle vitesse vous roulez, il vaut mieux mentir légèrement.