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Modérateurs: animal, Léo

By john dilinger
#148790 La très récente rencontre que je m'apprête à raconter n'en est pas vraiment une. J'avais déjà croisé Adèle pour la première fois il y a 5 ans en rendant visite à une amie.
Nous étions tous les deux en classes préparatoires, nous nous étions vus, à peine parlé, mais je me souviens qu'elle avait eu un grand sourire en me voyant.
Elle m'avait plu, mais j'étais en couple à l'époque.
Nous nous étions ajoutés sur facebook (je ne sais plus si c'est elle ou moi qui avait initié) et nous disions bonjour à chaque fois que nous nous croisions dans la cour des classes prépa (elle, toujours avec ce grand sourire avenant).

L'originalité de cette histoire est qu'elle est sortie de mon appartement (fraîchement emménagé à Paris) dans la matinée de samedi, 2 jours après que nous nous soyons revus, 5 ans après s'être littéralement perdus de vu. Comme si nous avions simplement mis sur pause le début d'intérêt que nous avions eu l'un pour l'autre 5 ans auparavant.

Attention lecteur, en lisant l'histoire que je m'apprête à raconter, tu t'apprêtes à vivre :
- du suspens
- des rebondissements
- du langage des femmes (beaucoup de langage des femmes)
- du dead man walking*
- du cock blocker*
- de l'AFC
- de la résistance de dernière minute
- du shit test*

Bientôt adapté au cinéma avec Jude Law dans le rôle de JD et Scarlett Johansson dans le rôle d'Adèle :wink:

* L'équipe de sous-titrage s'excuse de ne pas avoir trouver d'équivalent français pour ces noms.
By john dilinger
#148796 Il y a 5 ans, Adèle était une jeune fille à l'état d'esprit très artiste. En plus de ses études, elle était chantait et jouait de la guitare. Son ambition était de devenir architecte.
Quelques mois après l'avoir saluée chez une amie, elle réussissait le concours d'une école d'architecture, ce qui l'autorisait à suivre un parcours dans cette école.
Dès lors, il y a toujours eu au moins quelques centaines de km de distance entre nous et l'opportunité de prendre un verre ensemble ne s'est jamais présenté.
Comme j'aimais bien sa personnalité atypique et ses projets, je ne l'ai jamais supprimé de mes contacts. Ce qui fait que je suivais de loin les beaux événements qui ponctuaient sa vie avec beaucoup de sympathie pour cette artiste que je ne reverrai sans doute jamais.

Cinq ans plus tard, la miss est désormais diplômée de son école d'architecture mais n'a rien perdu de sa personnalité.
Cheveux teints en rouge, coupés courts, donnant l'impression de s'être coiffée avec une tondeuse à gazon.
Une manière à la fois élégante et relâchée de s'habiller (quand elle s'est levée ce samedi matin, elle m'a avoué que ce trop grand débardeur pourpre en coton qu'elle portait directement sur son soutien-gorge en dentelle noire lui servait de pyjama en plus de lui servir de top).

Ce qui m'a donné l'opportunité de la recontacter tant de temps après est un statut qu'elle venait de postait au début du mois de mars. Elle passait bientôt un concours à Paris et demandait si des Parisiens avaient de la place pour l'héberger elle et sa sœur.

Vous savez ce qu'on a dit ici sur la grande différence du nombre d'opportunités entre un homme et une femme (toute chose étant "égale" par ailleurs) ? Maintenant imaginez que ce n'est pas une mais 2 filles en même temps qui demandent d'être hébergées ? Il était évident qu'une dizaine de ses contacts allait sauter sur l'occasion pour lui proposer un lit voire plus si affinité.

Coïncidence, je venais d'emménager dans mon super appartement et avait (tout juste) assez de place pour les accueillir.
Et je dois avouer que j'avais peut-être quelques idées derrière la tête au moment de lui proposer.
By john dilinger
#148866 Je lui envoie un message privé le jour-même en demandant de ses nouvelles, ce qu'elle devient. Je rajoute que j'ai effectivement un appartement à Paris mais qu'il est si petit que je préférerais qu'elle attende de meilleures propositions de son côté.

Je ne sais pas pourquoi j'avais posé cette sorte de barrière. Une façon de montrer que j'étais détaché et que ce n'était pas grave si ce n'était pas moi le gagnant de la course aux hébergeurs.

Elle me remercie avec enthousiasme et me demande aussi de mes nouvelles, si j'ai gardé contact avec des connaissances communes.
La conversation ne s'éternise pas.

Quelques jours plus tard elle me confirme qu'elle a trouvé un autre appartement pour sa sœur et elle, plus grand, mais qu'elle me remercie une nouvelle fois de lui avoir proposé.
Pour changer de sujet, elle me demande si je suis en contact avec Baptiste.

Baptiste ? Baptiste était dans la même prépa que Adèle et moi et a de plus atterri dans la même école que moi.
J'aurais pu, à partir de là, par défaut, en faire un ami. Mais le peu d'affinités de caractère n'a jamais suffit à nous lier d'avantage.


On discute de tout et de rien, de la différence vie pro/vie étudiante (elle travaille déjà, je commence dans un mois), de sa ville dans laquelle elle s'ennuie, puis de son projet qui la passionne : la transformation d'un ancien bâtiment industriel en lieu d'Art.
Comme ce projet semble la passionner, je lui demande de m'en dire un peu plus et de m'envoyer son projet.

La discussion dévie sur un badinage plus sexué.
Au lieu du vulgaire "lol" ou commun "haha", j'avais commencé, pour m'amuser, à écrire "Rires." dans les messages qu'elle m'envoyait que je trouvais drôles.
Elle avait pointé du doigt cette originalité et je m'étais senti un peu con. Comme quelqu'un qui tente d'initier une mode et qui voudrait qu'elle se diffuse discrètement, mais qui se fait prendre la main dans le sac au dernier moment.
J'ai donc rapidement expliqué que j'avais vu une amie faire ça et que je trouvais ça classe. Mais qu'en fait, chez les hommes, ça devait sans doute faire un peu gay.

[quote]M : T'en penses quoi, toi ? Est-ce que tu as eu l'impression que j'avais changé d'orientation depuis que j'ai écrit "Rires" ?
E : Bon, pour être honnête, non. Mais en théorie, le mec gay, il est inaccessible donc voulu.
M : Faut pas être bien dans sa tête pour tomber amoureuse d'un gay o_O (aussi beau soit-il)
E : La frustation c'est un moteur. Bon, après, de toutes façons je tombe amoureuse toutes les 2 minutes mais ça passe très très très très vite.
M : Ah, mais tu dois être une des rares filles honnêtes à m'avouer ça !(Sur la frustration.)
E : Mais c'est vrai. C'est terrible mais vrai.
Bon, il faut que je retourne travailler, mais peut-être à Paris?
M : Peut-être

C'est amusant, plus tôt dans la conversation, elle m'avait déjà dit que, durant son séjour, on se croiserait "peut-être au hasard" à Paris.
Ce désir très féminin de vouloir absolument voir des choses se produire mais qu'elles restent tout de même le fruit du hasard. Au lieu, de manière plus masculine, créer des opportunités.

Avec le recul, je me dis que ce "hasard" qu'elle mettait en avant était peut-être une perche qu'elle me tendait pour que je crée, justement, une opportunité.


Je me souviens alors que je fête ma pendaison de crémaillère le soir-même de son départ, donc, sans vraiment croire qu'elle acceptera, je lui propose de décaler son départ d'un jour pour y participer.
Elle me répond avec enthousiasme qu'elle est contente que je lui propose, mais qu'elle me tiendra au courant.

A la fin de la conversation, elle me glisse la remarque qu'on s'est sans doute plus parlé en cinq minute ici qu'en un an de prépa.
Je réponds que c'est vrai avec un smiley amusé, mais derrière mon écran, je prends cette remarque comme le signe d'une bizarrerie sociale, donc quelque chose d'un peu répulsif...

JD, JD, qu'attendais-tu honnêtement d'une fille à qui tu as à peine parlé quand tu en avais l'occasion, et que tu recontactes sur facebook 5 ans plus tard ?
Laisse tes fantasmes de jeunesse tranquilles et va plutôt découvrir de nouvelles femmes.


Deux jours plus tard, elle m'envoie ce message :
[quote]Jeudi soir prochain (le soir de son arrivée à Paris) ça te dit d’aller boire un coup avec Baptiste ?
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By animal
#148870 [quote="john dilinger"] Je rajoute que j'ai effectivement un appartement à Paris mais qu'il est si petit que je préférerais qu'elle attende de meilleures propositions de son côté.

Brillant. Tu rentres dans la course mais tu refuses la compétition et tu restes détaché.
[quote]Ce désir très féminin de vouloir absolument voir des choses se produire mais qu'elles restent tout de même le fruit du hasard. Au lieu, de manière plus masculine, créer des opportunités.

Avec le recul, je me dis que ce "hasard" qu'elle mettait en avant était peut-être une perche qu'elle me tendait pour que je crée, justement, une opportunité.[/i]

Oui, c'est juste une manière de te faire comprendre que c'est à toi de provoquer les choses, dans lesquelles elles n'ont bien entendu aucune responsabilité, puisqu'elles sont soit le fait du hasard, soit le fait d'un salaud.
By john dilinger
#149138 J'accepte bien entendu sa proposition (une femme intéressée vous facilite la tâche (1)).

Au cours de la discussion je relance le sujet de la pendaison de crémaillère. Ah, malheureusement elle ne pourra pas venir.
Je continue de badiner avec elle puis on termine la discussion.

4 jours plus tard, elle me demande mon numéro de téléphone (une femme intéressée vous facilite la tâche (2)).

5 jours après sa demande de numéro, elle me demande si j'ai trouvé un endroit pour le verre avec Baptiste (une femme intéressée vous facilite la tâche (3)).

Je crois que je fais encore aujourd'hui preuve d'une naïveté insondable, car je ne réalise que maintenant à quel point elle m'a tendu des perches pour que l'on se voit lors de son séjour.
Je ne pensais tout simplement pas possible de séduire une femme via facebook après 5 ans d'absence. Je réaliserai un peu plus tard qu'il s'agissait en fait surtout d'un très bon timing.


Je lui donne le lieu et on se dit à demain.

===

Le lendemain, j'arrive au bar avec quelques minutes de retard (involontaires) et voit Adèle devant le comptoir en train de commander. Nos regards se croisent, on se sourit.
Je vais vers elle et on se dit bonjour comme si on s'était vu il y a à peine quelques jours.

Cette facilité avec laquelle on s'est parlé presque sans interruption, avec enthousiasme au moment de se voir était à la fois étonnante et agréable.
Il y avait une sorte d'alchimie naturelle de caractère. Je n'aime pas trop ce mot qui pour moi appartient plus au langage féminin pour vouloir dire autre chose mais c'était quelque chose de ce genre que je ressentais ce jour-là.


On prend les verres et on va au fond de la salle rejoindre sa sœur Mathilde. Baptiste n'a pas terminé sa journée de travail et nous rejoindra plus tard.

Je salue Mathilde et constate qu'elle est aussi désirable.

Avec cette pensée, je me rends compte que je commence à avoir les yeux plus gros que le ventre.
Décide-toi JD, c'est Mathilde ou Adèle mais pas les deux. Les fantasmes ont des limites !

La "petite conversation" que j'ai avec les deux soeurs me permettra de faire un choix facilement.
En discutant de tout et de rien, il y a des mots-clefs qui raisonnent plus facilement que d'autres dans l'oreille d'un homme disponible :

[quote="Mathilde"] bla bla bla mon copain bla bla bla

Le choix est fait, concentre-toi sur Adèle puisqu'elle est sans doute célibataire (je pensais l'avoir senti par sa convivialité avec moi et sa manière de me toucher).

[quote="Adèle"] bla bla bla mon copain bla bla bla

Ah, tant pis...
By john dilinger
#149205 [poste inutile]

Ah ! J'enrage de ne pas pouvoir coucher la suite d'une manière assez travaillée sur le clavier !

Malheureusement je dois rendre un rapport urgent avant si je ne veux pas me faire taper sur les doigts par mon groupe de travail !

C'est toujours toujours dans les moments où on a le moins de temps pour écrire qu'on a le plus d'idées.

[/poste inutile]
By john dilinger
#149340 Au moment d'entendre ce mot de la bouche de mon architecte perdue de vue, j'ai du avoir le regard perdu dans le vide durant une demi-seconde, à me faire à l'idée de la situation.
Il s'agira donc de passer une soirée bien entourée, sans chercher vraiment à aller plus loin, avec deux sœurs très sympathiques. Et Baptiste. Ah oui, Baptiste.

Baptiste finit par nous rejoindre. Nous nous saluons et je prends de ses nouvelles.

Comme je le disais plus haut, malgré notre parcours scolaire en commun, je ne connais quasiment rien de Baptiste.
Rien si ce n'est un comportement de gentil garçon et un succès que j'ai cru comprendre très mitigé auprès des femmes. Je sais donc par avance qu'on sera très loin de faire un concours de b*** face aux deux nanas.


Adèle m'apprend ensuite que son hébergeur les invite à une soirée dans un bar ce soir et que nous sommes aussi invités (pas par lui mais par elles, les filles sachant par avance que l'homme qui les invite à une soirée n'osera pas émettre d'objection à ce qu'elles incrustent d'autres personnes fussent-ils des hommes).
Nous les rejoignons donc à l'autre bout de Paris.

La soirée est en fait une soirée entre étudiants en architecture.
En arrivant, Adèle et Mathilde nous présentent Benoit, leur hébergeur pour les quelques jours à Paris.
Benoit a un look de hypster, des lunettes de hypster, une chemise moche mais dont il pense sans doute qu'elle fait hypster. Bref, Benoit est un stéréotype sur pattes. Mais pire que tout, il paraît que Benoit enseigne (et oui).
Dès le début, je l'avais déjà trouvé un peu con.

Nous nous asseyons à une table avec Adèle et Baptiste. La soeur semble occupée par Benoit et un ami à lui. Les yeux des deux mecs ont d'ailleurs quelque chose de lubrique.
Je comprends leur appétance mais me dit qu'il y a des moyens plus classes de la manifester.
Je ramène mon attention à la table et constate que Baptiste se plaint de sa misère affective. Wahou, je ne sais pas par quelle transition il est arrivée à ce point-là. J'écoute.

Baptiste trouve qu'il est trop gentil avec les femmes et qu'elles ne lui rendent pas comme elles le devraient. Sa dernière petite-amie l'aurait quitté parce qu'elle l'admirait trop.
Baptiste ne comprend pas vraiment les femmes. Il pense qu'il devrait se comporter comme un salaud avec elle, que ça marcherait mieux.
J'évite tout commentaire.

Adèle, par contre, tente de le rassurer. Que c'est un chic type et qu'il n'a pas trouvé la bonne. Mais qu'elle comprend cette histoire d'admiration insupportable.
Elle-même, qui a un copain architecte, a du mal à supporter qu'il soit plus talentueux qu'elle.

Ce commentaire un peu étrange me met la puce à l'oreille sur l'état de leur relation.

Baptiste finit par déclarer, déprimé, qu'il préfère s'en aller. C'est qu'il bosse tôt demain.
Adèle lui dit au revoir avec la promesse de se revoir demain soir pour une autre soirée.

Nous nous rasseyons avec Adèle et la conversation, guidée par Baptiste, continue sur le domaine des relations.
Je raconte avec humour l'histoire de cette jeune russe qui m'a littéralement harcelé pendant des semaines. Elle me confie alors l'état de sa relation avec Arthur.
[quote]Il ne m'a même pas souhaité bonne chance pour le concours que j'ai passé hier. On a beau avoir vécu pendant 2 ans ensemble, je me dis que cette fois, sauf s'il me fait une très belle surprise, il va avoir beaucoup de mal à se rattraper.

Ayant fait langage des femmes, 3e langue (j'étais même plus assidu qu'en allemand), je comprends alors que son copain est un "dead man walking" et qu'elle m'indique sa disponibilité.

On passe faire un tour au comptoir commander un autre mojito, ce qui était un peu absurde car nous étions déjà sur un autre plan de conscience, moi en tout cas (il m'en faut peu...)
L'alcool aidant, je laisse aller une main derrière sa nuque, l'air de rien, pendant qu'on continue de parler. Elle aussi a l'air de faire comme si de rien n'était.
Grâce à sa coupe de cheveux à la Jean Seberg, je caresse alors entre mes doigts ce morceau de peau duveteux, parcelle d’érotisme caché.

L'érotisme est un mécanisme qui s'adapte à travers les époques et les cultures. A une époque, c'était les chevilles, une autre, le décolleté. L'érotisme exploite toujours des ressources insoupçonnées.
Ce soir-là, c'était cette partie du corps généralement cachée par les cheveux longs, entre la naissance des cheveux et la première vertèbre saillante, que je trouvais particulièrement sensuelle.


Adèle sourit le regard dans le vide. Il règne à ce moment-là une situation propice au baiser.
By john dilinger
#149417 A ce moment-là, Benoit vient nous voir. Ou plutôt la voir, puisqu'il s'approche de son oreille et lui murmure quelque chose sans me prêter attention, alors que j'ai encore la main sur sa nuque.

Elle secoue la tête comme s'il venait de lui raconter une blague débile. Il part. Ca m'intrigue.

[quote]M : Qu'est-ce qu'il t'a raconté ?
E : Rien. (Ca m'intrigue vraiment.)
M : Il t'a bien dit quelque chose.
E : Non rien... une connerie.
M : Allez, ça m'intéresse.
E : Non il... il a dit que je méritais mieux qu'un ingénieur.

What ?

Ce n'est pas le genre de sujet avec lequel on peut facilement me taquiner. Je sais malheureusement trop bien le manque de glamour lié à ce titre.
Non pas que ça m'ait empêché de m'amuser comme je le voulais de mon côté. Mais me rappeler que j'appartiens à une catégorie constituée d'une majorité de frustrés me met toujours un peu mal à l'aise.

Mais alors, en plus, rajouter qu'on peut trouver "mieux qu'un ingénieur", parce que môssieur est prof d'architecture...


Le niveau d'alcool est descendu d'un coup.
Adèle voit mon mécontentement et tente de me rassurer en expliquant qu'il a l'alcool con.

In vino veritas, pour moi c'est juste qu'il est con.

On retourne s'asseoir tous les deux à une table.
Le Benoît en question arrive un peu plus tard avec une bière en cadeau pour Adèle.

Et uniquement à Adèle alors qu'il voit que je suis assis avec elle, décidemment il accumule.
J'en ai pas fini avec toi mon bonhomme...


On discute de tout et de rien, puis du boulot. Il me demande ce que je fais, comme si de rien n'était. Je lui réponds.
J'en profite pour jouer avec lui.

[quote]M : Benoît, au fait, qu'est-ce que tu penses des ingénieurs justement ? (Il ne pouvait pas savoir qu'elle avait lâché le morceau.)
B : Bah, j'pense que c'est des gens hyper importants. Genre, c'est eux qui construisent le monde, tout ça.
M : Ah, je sais pas mec. Tu sais, des fois je me dis que, en un sens, vous valez mieux que nous (sourire et regard à Adèle, qui se cache le visage et rit doucement de son côté).
Benoît met quelques secondes, mais finit par percuter.
B : Mais non, mais j'sais pas mec. T'es un gars intelligent, pourquoi t'as choisi de faire ça ?
M : Pourquoi j'ai choisi de faire ça...? Bon, je vais t'expliquer (un discours que j'ai fini par rôder pour justifier de mon attrait pour les sciences).
Quels sont selon toi les ressources fondamentales de l'homme aujourd'hui ? (Question rhétorique qui attendait juste un "j'sais pas")
B : Bah, l'alcool, le sexe.
M : Euh nan... en plus il y en a 4...
B : Bah encore le sexe, et encore l'alcool. (Rire gras)
M : (Soupir intérieur) Nan mais tu sais quoi, t'as raison. Tu sais je regrette ma vie des fois. Mon rêve c'était de faire architecte, mais j'ai pas eu les couilles.
B : (L'ironie ajoutée à l'alcool semble lui faire bugger le cerveau)...Non, mais tu peux pas dire ça...

Benoît blémit, ne sachant pas si je suis vraiment désespéré ou si je me fous de sa gueule. Adèle regarde la scène et cache comme elle peut son rire.
Il finit, vexé, par partir mutique en prenant soin de prendre la bière en cadeau avec lui.

Adèle se laisse aller à rire en me sermonant gentiment à propos du pauvre Benoît.

C'est alors fort d'un excès de virilité que je me laisse aller à la draguer de manière plus franche.
Je lui dis d'abord que vu ce qui a l'air de se dérouler entre Banoit et Mathilde, Adèle peut dormir chez moi pour laisser sa soeur tranquille avec son hébergeur.
Elle comprend, rit, me dit que je suis un malin, mais qu'elle ne peut pas faire ça.

J'insiste de manière un peu plus lourde. En continuant le prétexte de laisser Mathilde et Baptiste tranquilles, puis en me voulant plus "honnête" et disant que c'est pour dormir avec une présence féminine.
Elle me regarde avec de gros yeux, puis c'est la valse des prétextes :
[quote]Mais non, je ne peux pas.
Puis,
[quote]J'ai un copain, je ne peux pas faire ça.
Puis...
[quote]Je ne peux pas partir comme ça devant ma soeur, qu'est-ce qu'elle penserait ?

Je rends les armes. Je n'arriverai pas à la ramener chez moi.
Il est 3h du matin, Mathilde s'approche de nous en disant qu'ils comptent continuer la soirée dans un club.
Ma défaite avec Adèle m'a trop vidé de mon énergie pour avoir envie de les suivre. Je leur souhaite de s'amuser en expliquant que je dois y aller.

[quote]Adèle : Ah, tu y vas du coup ?
Moi : Oui, je préfère rentrer.
Adèle : (Le regard dans le vide) Ok, c'est dommage.
Moi : Pourquoi ? Tu aurais voulu que je vienne ?
Adèle : Je sais pas...
Moi : Je ne suis pas en état d'y aller. Mais tu préfères me suivre ou les rejoindre ?
Adèle : Je sais pas...

Mathilde l'appelle, j'ai honte d'insister d'avantage, je leur souhaite une nouvelle fois une bonne soirée et m'éloigne dans le froid d'un Paris encore légèrement hivernal.
Je n'ai même pas la force d'attendre le Noctilien et opte pour le premier taxi qui passe à ma portée.
By john dilinger
#149453 Je referme la porte du taxi, avec pour seul soulagement de la soirée le fait d'être enfin protégé de ce froid.
Pour le reste, j'ai honte de moi.

Ma tentative de séduire cette amie, perdue de vue depuis 5 ans, en couple, n'était déjà pas bien honorable.
Mais mon échec la rendait encore plus amère...

Le chauffeur m'extirpe de mes pensées nauséabondes en me demandant mon adresse. Je la lui donne.
Le chauffeur de taxi est en fait une chauffeuse, ce qui me paraît assez rare pour être souligné. Chinoise d'origine (mais ça on s'en fout).

C'est la première fois que je tombe sur une femme. Il m'a toujours semblé que la profession était profondément masculine.
Telle la coiffeuse qui propose à son client une alternative à la lecture d'un Marie-Claire, elle commence à me faire la conversation. C'est-à-dire un monologue avec un accent asiatique sur la météo et la dangerosité du quartier.
Ça aussi, un chauffeur de taxi qui me fait la conversation, c'est une première.

Je n'ai pas souvent pris le taxi dans ma vie, à Paris en tout cas. Mais les rares fois où je me suis retrouvé cloisonné dans cette cabine roulante, cet isolement un peu gênant avec le conducteur me donnait toujours l'impression d'être dans une sorte de confessionnal.
Une situation similaire durant laquelle j'avais ressenti la même amertume m'avait d'ailleurs poussé à me confier au chauffeur, qui s'était révélé de très bon conseil.
Et puis, après tout, une fois le trajet terminé, je ne reverrai jamais cette femme.

D'ailleurs, à travers le rétro-viseur, elle m'observe et me demande si quelque chose ne va pas.
Il ne m'en faut pas plus pour déballer ma mésaventure de ce soir.

Cette fille, croisée rapidement durant les études, revue 5 ans plus tard, avec qui j'ai cette relation amicale que je pensais ambiguë.
Puis ma tentative de séduction maladroite, soldée par un refus de sa part.
Je parle aussi de la soirée prévue pour le lendemain chez l'hébergeur, avec les deux sœurs. Et que, vu le comportement lourd que j'ai eu avec Adèle, il vaut mieux que je n'y mette pas les pieds.

[quote]T : Il faut que tu ailles à cette soirée.
M : Ah bon ? Mais j'ai été super lourd avec elle. Elle doit m'en vouloir de lui avoir fait des propositions.
T : Pas du tout ! Elle ne peut pas t'en vouloir. Tu es un homme, c'est normal d'avoir des envies.
M : Vous voulez dire qu'elle n'est pas vexée ?
T : Bien sûr que non ! Elle n'était pas disponible mais je suis sûr qu'elle est contente de savoir qu'elle t'intéresse. Par contre, si tu n'y vas pas, elle interprétera que c'était juste coucher avec elle qui t'intéressait, et là elle t'en voudra.
M : Mais alors qu'est-ce que je fais ? J'y vais, et je ne m'excuse même pas ?
T : Non, tu n'as pas à t'excuser ! Vas-y et fais comme si il ne s'était rien passé !

Bien que j'ai du mal à croire ce qu'elle me dit, j'ai malgré tout l'impression que cette femme est pleine de bon sens.
Le taxi arrive devant devant chez moi, je la remercie et promets de suivre son conseil.

Je referme alors la grille de l'ascenseur qui me montera jusqu'à ma chambre avec une impression d'apaisement, de culpabilité évanouie.
Si elle me confirme l'invitation, j'irai à cette soirée et je ne reviendrai pas sur mon comportement de la veille.

===

Le lendemain, à midi, Adèle m'envoie un texto.
Elle s'excuse du comportement de Benoit la veille et me demande si je veux tout de même venir ce soir.
Je lui réponds qu'elle n'a pas à s'inquiéter et accepte avec plaisir l'invitation.
Elle ajoute qu'on pourrait prendre un verre avec Baptiste, juste avant. Ce que j'accepte aussi avec plaisir.
Elle me demande des précisions sur l'heure à laquelle je peux être dispo, puis me propose qu'on se retrouve à 19h en me laissant décider du lieu. Lieu que je lui donne quelques minutes plus tard.
Elle confirme en me disant que Baptiste nous rejoindra.

Le soir en question, à 18h30, ayant pensé que j'aurais assez de temps, je me retrouve à la laverie avec un sac de linge rempli.
Je me rends compte alors qu'avec cette idée saugrenue, je vais forcément arriver au retard au verre avec Baptiste et Adèle, sauf si je leur propose de me rejoindre chez moi.

Et là... j'ai tout d'un coup eu une illumination.
J'ai subitement vu de manière très claire un ensemble de perches que m'avais tendues Adèle et que ma culpabilité due à mon comportement de la veille m'avait bêtement occultées.

(Jeu : A votre avis, de quoi je parle ? ;) )