- Mar Avr 26, 2011 12:19 pm
#108400
[quote="Memphis"]
Les arguments de ton texte sont intéressants. Mais ne faut-il pas être capable de s'aimer avant de verser dans "l'humanisme" ? Ce qui ne veut pas dire non plus être narcissique, bien sûr. Mais il me semble difficile d'éprouver de l'empathie, de l'intérêt, d'avoir envie d'un réel partage avec les autres si on n'a pas un minimum d'estime pour soi-même, non ?
Je ne suis pas sûr non plus qu'un humaniste soit quelq'un à la recherche de "ce qui le fera vibrer". Ce n'est pas la définition généralement acceptée de ce terme, mais c'est un autre débat.
Entre l'oeuf et la poule.
C'est peut être mon cynisme, mais en plus de considérer que chacun à une dose d'amours propre (ne serait ce qu'un peu) je crois en plus, qu'on en a trop. "On" en a tellement, qu'on se permet d'exiger, sous entendu, parce qu'on le mérite (que ce soit avec le boulanger, le médecin, la fille assise sur un banc, ses études, au boulot )
Qu'on le fait savoir ou pas, est une autre histoire. Parce que même le "gentil garçon", finalement, quand on le presse, on se rend compte que ses intentions sont loin d'être pures et que lui aussi a des exigences "parce qu'il le mérite".
Or, tout ceci, forme un système fermé. Un d'mes profs de psychologie, en nous faisant un cours sur le suicide, nous expliquait un beau paradoxe: Bien que les outils de communication explosent de toute part, nous n'échangeons plus avec personne. Ce qui provoque frustration, et une manne financière quasi infini pour les psy.
Et dans le cas pour x ou y raisons on aurait un amours propre au raz des pâquerettes, ce n'est pas non plus un drame. (En avoir zéro, est par contre un problème qu'aucun de nous ne pourra résoudre si personne a un DESC en psychiatrie. Et je dis ça, sans plaisanter)
Depuis quelques temps, je parle à des inconnus. Et ce que je me rends compte, c'est que les personnes ont réellement envie de donner, et de recevoir, qu'ils crèvent d'envie que quelqu'un s'intéresse à leur vie.
Et par effet domino, leur bonheur se communique, on passe quelques minutes en bonne compagnie, et peu à peu cela nous transforme. C'est pourquoi je trouve l'article d'Axel, réellement puissant. Finalement quels sont les profils qu'on rencontre le plus souvent ? Les aspirateurs qui vident leur entourage de leur vitalité, et les apothicaires, ils ne donnent que s'ils reçoivent et toujours dans les même proportions.
Maintenant, il n'y a pas que les interactions sociales où cela joue.
Le fait de trop s'aimer, et l'exigence que cela entraîne, font que beaucoup de personne ont qu'une idée en tête: Réussir dans la Vie, au lieu de réussir dans leur vie. Du coup, un échec est vu comme une perte, et un succès comme un gain. Le fait d'avoir telle voiture, ou faire telle étude est vu comme un succès ou un échec, indépendamment de la personne.
C'est pour ça que je parle de vibrer. Il y a quelques années j'avais lu "Mektoub" de Coehlo
et une de ces métaphores me revient en pleine face ces temps-ci, car elle prend un sens nouveau: Un maître demande à ses élèves de prendre en main chaque objet qu'ils ont chez eux. S'ils sentent que l'objet n'a pas de vie propre, ils doivent le jeter.
Au départ, je pensais que c'était encore un truc mystico-religieux-sectaire. Mais maintenant.. Maintenant je comprends.
C'est comme si la vie était une galerie d'art, et que le but du jeu, était de marcher et ne s'arrêter non pas là où tout le monde s'arrête parce que l'oeuvre est connue, mais là où le tableau nous parle. Certains méritent qu'un arrêt de 2 minutes, d'autre des semaines et des semaines de contemplation.
Et ces trois points: amours propre-curiosité envers les personnes-curiosité pour trouver ce qu'il nous fait vibrer, sont en interaction, ils se nourrissent créant un cercle vertueux. Pas besoin d'avoir un amours propre infini, si on peut choisir des activités qui nous font réellement vibrer.
Du coup la gentillesse n'a pas de quoi être mis dans l'équation, ce qui colle bien plus avec la réalité. Des types gentil, avec le coeur sur la main, ne sont pas tous des personnes fades.