- Ven Oct 09, 2009 10:41 am
#83751
Voilà un sujet complexe...
En ce qui me concerne, j'ai été journaliste en presse écrite pendant quatre ans, dans la presse spécialisée (dans un secteur aujourd'hui sinistré). L'expérience a pas mal fait évoluer ma vision de la presse.
Pour te répondre Melchisédek, actuellement je m'informe uniquement en ligne, surtout en consultant les sites des grands titres nationaux (à l'exception du site du Monde, qui me donne toujours l'impression d'être vide par rapport à ceux de ses concurrents).
Quelques blogs spécialisés sont également d'un bon niveau. J'aime beaucoup certains journaux anglo-saxons, dont on ne retrouve pas d'équivalent dans la presse française, tant au niveau du style que de la variété et de l'intérêt des sujets abordés , comme [url=http://www.wired.com/]Wired[/url]par exemple pour l'information technologique.
Une tendance qui m'horripile, c'est cette manie des journalistes politiques français à ne parler que des petites phrases et autres scandales liés à la vie privée des hommes politiques, alors que leur sujet devrait être le débat d'idées.
Je ne regarde pas la TV et n'écoute pas la radio, pour une raison simple, j'aime choisir les infos qui m'intéressent. Concernant la presse régionale, mis à part quelques exceptions comme Ouest-France ou les petits journaux locaux sympas à lire pour avoir les infos de son quartier, je n'y trouve rien qui m'intéresse.
Sinon, pour revenir sur la complémentarité Web/presse écrite, je pense que le Web va de plus en plus supplanter la presse écrite pour l'information brute. Ce sont les agences de type AFP qui feront le gros du boulot d'investigation sur le terrain.
Il ne faut pas se leurrer, peu de gens sont prêts à payer pour ce type d'info, qui sera de toute façon reprise gratuitement un peu partout une fois diffusée quelque part. Mis à part les journalistes de l'AFP et les webmestres de quelques gros sites portails, financés par la pub, rares sont ceux qui parviendront à vivre uniquement en rapportant des faits bruts. Portant il y a un vrai travail derrière, investigation, recoupements, nécessité de protéger ses sources, tout ce qui justifie le métier des journalistes professionnels. Ça me perturbe de penser que leur boulot se retrouve financé majoritairement par la pub, de manière plus ou moins directe selon les supports.
Là où il y a un gros vide actuellement, c'est sur l'information creusée, mise en perspective, analysée en recoupant différents points de vue. Ça demande du temps et des moyens, et ça, c'est un modèle que peu de patrons de presse aujourd'hui privilégient.
Dommage, car je suis convaincue qu'il y a du monde prêt à payer pour ce type d'information, voire même pour une bonne presse d'opinion, tant que celle-ci annonce clairement la couleur. En revanche, je ne suis pas sûre que le support papier soit le meilleur pour ce type d'info, pour deux raisons : la première, c'est que le coût du papier, de l'impression et de la diffusion est loin d'être négligeable et ça, ça diminue d'autant les moyens accordés aux journalistes pour mener des enquêtes. La deuxième, c'est que le papier est un support figé : il y a des contraintes de mise en page qui ne permettent pas toujours de fournir toute l'information désirée, on ne peut pas mettre des liens, vidéos, commentaires pour appuyer et enrichir l'information fournie.
Sinon il reste un type d'info pour laquelle il y aura toujours du monde prêt à payer, c'est l'information technique ou économique très pointue, en particulier dans des secteurs d'activité très concurrentiels. Mais bon, on s'éloigne du journalisme classique là (tant qu'à faire, j'aurais pu citer aussi la presse féminine à lire dans le train, mais comment dire...)