- Ven Juin 08, 2012 3:09 pm
#122857
[quote="Dje"]La palme du (lol)troll est décernée à TMO pour avoir fait dérailler ce sujet en trois phrases, sans même se servir des outils Godwin
Comme tout lauréat recevant sa palme, j'ai préparé un petit discours.
Je suis très ému, je voudrais remercier mon producteur, mais aussi tous les petits enfants chinois qui ont fabriqué les boites en matière fossile dans lesquelles vous mettrez le DVD du film après l'avoir lu dans votre ordinateur, ordinateur qui ne fonctionnerait pas sans Terres Rares, TR dont les gisements sont très majoritairement chinois.
Allez, dans l'ordre, dans le désordre, et au risque de répéter certaines choses écrites précédemment par d'autres :
1/ Je suis ravi de voir qu'en moins de 48h, deux lignes ont engendré l'apparition d'un topic de deux pages, sur lesquelles on assiste à un débat de qualité, malgré une légère (mais inévitable ?) tension. Une belle illustration de l'effet papillon. J'ajoute que le temps que vous avez passez connecté correspond à une consommation d'électricité à 80% d'origine atomique, donc j'ai entrepris quelque chose qui vous a amené à générer du PIB en même temps qu'une consommation d'énergie non-renouvelable. Intéressant,
isn't it ?
2/ coug, je n'incite pas les "entrepreneurs" à partir, mais nous y reviendrons. Par contre, explique-moi pourquoi ça serait une connerie de le faire puisque tu te vantes toi-même d'être parti ?
3/ oui, des tire-au-flanc, il y en a dans le privé et dans le public. Oui, l'esprit d'aventure (d'entreprise,
sic) est plus apparent dans le privé, encore faut-il distinguer PME, grands groupes internationaux et professions libérales, entre autres... Pour avoir travaillé dans les deux secteurs, je trouve ces sempiternelles opposition un peu basses du front. Oui, certains de mes anciens collègues de la fonction publique sont clairement influencés par l'idée d'une sécurité de l'emploi. D'autres font 60h par semaine et ne prennent pas leur congés (qui ne seront du coup pas payés, contrairement au système du privé et malgré le fait que les salaires dans le public soient plus bas pour les cadres). Question d'éthique
personnelle.
4/ oui, malgré tout cela, et malgré la réalité fiscale chère à coug, "fonctionnaire" c'est comme "salarié", une bonne grosse généralisation. Les PDG du CAC 40 sont salariés, vous le savez. Entre une caissière de Casino et Monsieur Naouri, quel est le point commun, sinon d'être sur le papier "salarié" du groupe Casino ? Idem dans la fonction publique : entre ma conseillère Pôle Chômage qui n'entrave que dalle et une Sous-Directrice de la Ville de Paris qui a fait l'ENA et dont les décisions impactent des milliers de personnes, quel point commun, sinon une croix dans la case "CSP fonctionnaire" ? Théorie du catalogue, le retour.
6/ si vous en déduisez que mon but dans la vie c'est d'être pauvre et de clamer que "l'argent ça ne sert à rien", vous avez tort.
7/ la richesse, ça peut se mesurer de plusieurs manière. Croyez-vous vraiment que l'institutrice ne crée pas de richesse ?
a/ si on considère que l'école sert à reproduire les inégalités, alors elle aide au maintien du système, donc à la protection des richesses des plus riches. Banco.
b/ si on croit que l'école est un outil d'émancipation, alors elle fabrique des cerveaux, donc de possible créateurs de richesses. Banco.
8/ nous atteignons le coeur du débat : macro-éco, micro-éco, quelle importance ? Je préfère me tourner vers l'histoire, parce que si macro-économie veut dire "le regard le plus large possible à un instant T" (aspect spatial, ok) alors on peut faire encore plus "macro". Oh oui, vous le sentez, ce vent qui vient du paléolithique et passe par la ruelle des sciences humaines... Une ruelle qui sent un brin la miction d'ailleurs, faudrait que tous ces étudiant y aillent mollo sur la trappiste. Pour trancher le sempiternel et imbuvable débat "sans nous, travailleurs, vous les patrons n'auraient pas de richesses - ouais, et sans nous, patrons, vous les travailleurs n'auriez pas de travail", revenons aux fondamentaux.
Il y a bien longtemps, le vie apparut dans les océans. Peut-être même venait-elle des étoiles - en même temps, notre planète venant elle même des étoiles, ce n'est guère original, passons. Les petits poissons, les moules (blague Bigard inside) et autres sauriens grimpèrent sur la terre ferme tel un marin ivre mort après une chute involontaire dans un port (faudra que je lui dise d'y aller mollo sur le mauvais vin à celui-là) et quelques jours plus tard (blague bigot inside) les panthères, les singes et les hommes cohabitaient dans une paix relative, toutefois troublée de morsures, attaques à coup de massues et autres piqures mortelles inhérentes aux lois du règne animal. Car l'homme, au risque de vous hérissez le poil (blague kératine inside) est bel et bien un animal, quelles que soient ses particularités (la Bourse en étant une).
Bref, on ignore l'exacte apparition de la propriété privée - on ne peut exclure une part privative dans la vie des tribus itinérantes de chasseur cueilleurs - mais on sait très bien, nous le savons tous, vous comme moi, qu'à l'origine de l'activité humaine il y a... roulements de tambours... trompettes... solo de basse... je m'égare... il y a... (blague Elie Semoun inside)... L'ACTIVITE. Ouais, t'as bien lu mon coco. L'homo sapiens produit de la richesse en se bougeant le cul. Du feu en frottant deux silex, des enfants en forniquant tel un bonobo dépressif, des maisons en faisant sécher des briques de terre humides, un bon repas en courant après des herbivores dans la savane, herbivores eux-mêmes cuits grâce au feu fait grâce à l'action de frottement évoquée plus haut (les silex, pas la fornication bande de petits coquins) et à celle de s'être bougé le cul pour ramasser du petit bois, BREF toute modification de l'environnement résulte d'une action. Une action, une activité, bref être actif.
Maintenant, l'argent est un étalon. Si la vie sociale se résume à des équations, l'argent n'est rien d'autre (et j'insiste sur ce RIEN D'AUTRE) qu'un signe "égal". L'argent, c'est "="
Il n'a pas de valeur en soi. Il n'a de valeur que dans sa circulation. L'argent a de la valeur quand on s'en débarrasse. Et contre quoi s'en débarrasse-t-on ? Contre le FRUIT d'une ACTIVITE humaine. Une idée (un brevet, un article pour SpikeSed) c'est tout autant le fruit d'une action (penser) qu'une chaise, un repas, une technique de protection personnelle,
whatafuckingever. Que les évolutions culturelles amène aujourd'hui des peuples à doter l'argent d'un pouvoir divin d'auto-engendrement (cf le Marché, dédicace à Clarence qui, j'en suis sûr, fera un retour fracassant sur ce topic
) c'est un aléa idéologique. Le monde performatif : si je prends un bout de bois sans valeur symbolique ni concrète (il ne sert à rien) et que je réussi à persuader mes congénères qu'il cache le pouvoir du fils caché de Jack Mes... pardon, de Jésus, alors il y a fort à parier que la possession de ce bout de bois fasse de moi le leader "naturel" (joke séduction inside) de ma horde. Et à la rigueur, j'autorise les capitalistes le plus durs (Clarence ?) à me rétorquer que si le mec à réussi à convaincre sa tribu de la valeur de son bout de bois, il a bien mérité de devenir le chef puisqu'il a démontré un art de la persuasion au-dessus du lot.
Tout ça pour dire que si on accumule des richesses, plus ou moins centralisées, c'est parce que des gens se bougent ou se sont bouger le cul. Un ouvrier sans patron a toujours sa force de travail. Un patron sans ouvrier a toujours sa force de travail, mais pas l'outil (les subordonnés) pour en démultiplier le résultat. L'argument habituel étant "oui, mais le patron il a accumulé de la richesse par son mérite, il a donc le droit d'
employer les gens" je répond
a/ nous vivons dans un monde d'héritier (Dassault, Bouygues, Lagardère)
b/ l'accumulation de capital d'un entrepreneur vient de la vente d'un produit à plein de clients, donc il existe l'alternative de la mutualisation. Quand un célèbre roi de France se veut le mécène des arts, il le fait avec l'argent prélevé sous forme d'impôt à son peuple, même aux plus modestes. Si les gens avaient l'intelligence de mutualiser, ils pourraient devenir mécènes à leur tour en sautant un intermédiaire (dédicace à Bertrand Cantat).
9/ puisqu'on en revient aux impôts, qui évoquent généralement dans l'esprit des gens "impôt sur le revenu", "impôt foncier" et autres prélèvements bolchéviques, je rappelle que tout le monde paye la TVA sur sa baguette de pain, que vous soyez RSAïste, chômeurs ou multimillionnaire.
10/ bref, je n'incitais nullement les entrepreneurs à partir. Simplement, à force d'entendre les gens se plaindre, ça lasse. On critique les assistés, mais Stan, dans quelle université fais-tu tes études d'économies ? Une université publique, dans la construction et le fonctionnement ont été payés par les impôts de tous. Et quand tu auras fini, ces études, que tu auras bien profité du modèle "providentiel" français, prêcheras-tu pour la libéralisation du marché et la privatisation des universités ?
Idem, pour Dassault : qui achète des avions de chasses ? Des particuliers ? A part quelques émirs, non, il n'y a que les états qui investissent là-dedans. Et Dassault nous explique que la France est un pays communiste, qu'il faut moins d'état. Sans état, ce crétin fera faillite.
Et si vous viviez dans un endroit où il n'y avait aucune infrastructure, ni route, ni eau courante, est-ce que les frais de création d'intreprise ne seraien pas supérieur ? Quelqu'un a pris l'exemple de Stéphane : quand il arpente le macadam parisien sur un vélib' ("offert" par Decaux en échange d'espaces publicitaires) il profite de l'infrastructure parisienne financer par le contribuable et l'Etat/la collectivité, depuis les grands tracés Haussmanniens jusqu'à l'entretien des trottoirs.
Donc, ce pour quoi il serait bon de partir à l'étranger, ce serait plus l'image de l'entrepreneur (héros moderne) que le régime fiscal. Et Rose l'a dit, il n'y a pas que le portefeuille qui joue dans l'attachement à un lieu.
11/ moi aussi je trouve que les prélèvements sont injustes et mal utilisés, c'est sur les solutions qu'on ne sera pas d'accord. Donc, comme lolalola, je vous invite à regarder "Les Nouveaux Chiens de Garde". Et aussi regarder
Let's Make Money et
We feed the World. Et aussi lire [url=http://blog.mondediplo.net/-La-pompe-a-phynance-]le blog de Frédéric Lordon[/url]. Et bien sûr, comprendre. Je vous encourage à méditer sur votre définition du PIB. L'humain ne devrait-il pas être au centre de nos préoccupations ?
12/ ce qui m'amène aux "assistés". Vous voulez en faire quoi, les pendre ? Moi ça ne me choque pas, je suis pour la liberté d'expression bien qu'assisté moi-même (enfin, non-assisté précisément, vu que Paris met six mois à verser les indemnités chômage), mais faut avoir le courage de vos idées... D'ailleurs, qui sont les vrais assistés ? Un élu qui cumule trois mandats trois salaires et trois retraites alors qu'il ne peut accomplir ces mandats qu'en déléguant ? Vous voyez la caissière du coin se faire embaucher dans trois hypermarchés et dire à deux de ses employeurs "là je serai à mon autre taf, mais je vais demander à mon assistant de venir me remplacer, je lui dirais comment on utilise la caisse. N'oubliez pas mon salaire, hein patron. Et aussi celui de mon assistant, puisqu'il produit un travail bien réel... Au fait, patron, vous êtes libre à diner demain, j'ai une soirée au Carlton ?".
Les jetons de présences, c'est pas de l'assistanat ? Les femmes de Neuilly qui n'ont jamais travaillé, n'élèvent pas leurs enfants puisqu'elles ont des nounous, c'est pas de l'assistanat ? Les revenus passifs de l'actionnariat, c'est pas de l'assistanat ? Allez reconstruire un pays qui a été rasez par l'armée "américaine", pour une boite "américaine" ce n'est pas de la concurrence déloyale en rupture avec les accords de l'OMC ? Faire construire des tours par des sans-papiers indiens
expendable, pour Dubaï, ce n'est pas de l'assistanat ? Tout est question de définition.
Vous en reprendrez bien une couche : l'humain ne devrait-il pas être au centre de nos préoccupations ?
Si t'as lu jusqu'au bout, t'es un vrai, t'es un chaud.
La bise à tous.