Séduction & dynamiques sociales : articles, analyses et questions

Modérateurs: animal, Léo

By UnfixedCat
#124356 Dans "About a son", bien avant la génération internet, Kurt Cobain emploie ce terme à maintes reprises pour désigner les marginaux , les anormaux, ceux qui se prennent des tartes dans la cour de l'école, typiquement les types avec qui il voulait être ami.
By Rose Selavy
#124359 [quote="UnfixedCat"]Dans "About a son", bien avant la génération internet, Kurt Cobain emploie ce terme à maintes reprises pour désigner les marginaux , les anormaux, ceux qui se prennent des tartes dans la cour de l'école, typiquement les types avec qui il voulait être ami.

Là, Cobain désigne autre chose: les divers, les singuliers. Les gamins qui ont une sensibilité trahissant les aspirations de la populace. Untel se passionne pour la poésie, untel pour l'astronomie etc...et se font insulter de baltringue.

Nabokov:
[quote]La couleur d’un credo, d’une cravate, des yeux, des pensées, des manières, des propos, est assurée de rencontrer quelque part dans le temps ou dans l’espace l’hostilité fatale d’une populace qui hait cette teinte particulière. Et plus l’individu est brillant, plus il est près du bûcher. Etranger rime toujours avec danger. Le doux prophète, l’enchanteur dans sa grotte, l’artiste révolté, l’écolier différent des autres, tous partagent le même péril sacré.

Ce sujet est un bon exemple pour mettre en garde ceux qu'ils veulent fixer les mots, leurs attribuer un sens définitif. Alors que les mots voyagent et expriment des réalités diverses, mais l'esprit demeure.

Animal nous dit qu'il désigne, à l'origine, les fous. Mais un gamin de 12 ans qui lit de la poésie, c'est un fou, un malade pour le reste de sa classe.

Et un homme qui pense qu'en lisant 30 articles il va devenir un séducteur, il est vraiment fou, enfantin.
ByThe Man Outside
#124388 Rose vient de marquer un gros point avec ce post extrêmement pertinent. Sans vouloir le prendre à rebrousse poil, je vais nuancer un brin.

A la base, le geek c'est un type particulier de mec bizarre. Plutôt introverti, "passionné" d'informatique, souvent rôliste, parfois fan de metal, toujours lecteur d'heroïc-fantasy et de SF, très intellectuel. Rarement sportif, en tout cas jamais à l'aise dans les sports collectifs, et globalement rejeté/moqué par ses camarades de classes, garçons comme filles, qui le considèrent comme un grand enfant (c'est connu, les autres collégiens/lycées sont parfaitement mature) et un weirdo. [url=http://www.youtube.com/watch?v=gLBwSPl6500]Les gens ayant tendance à s'acharner sur les timides de la cour de récréation[/url] parce qu'il n'y a pas de groupe sans bouc émissaire, c'est la spirale pour le geek qui se réfugie dans ses trucs de geek.

Il a une estime de lui pourrie, ce qui n' empêche pas d'éventuellement compenser en gonflant son ego de son expertise dans les domaines suscités, et d'avoir des débats houleux avec ses semblables (quelle est la meilleure manip pour cracker tel ou tel jeu, faut-il mieux être un demi-orc dans Dark Sun ou un paladin dans Ravenloft, Dimmu Borgir est-il un groupe commercial, Terry Pratchett est-il un génie ou un imposteur, etc). Comme il est poly-monomaniaque (copyright TMO :mrgreen: ) et que l'intellect l'emporte sur le corps (voir mon article sur l'AFC/obsessionnel) il accumule un grand savoir, fut-il factuel, dans les domaines qui le passionnent. D'où un glissement sémantique. :arrow:

Geek devint synonyme d'expert/érudit et de passionné. Mais, personne n'ayant vraiment oublié l'usage original du mot, on ne peut l'employer à tort et à travers. Quand un économiste passe sur un plateau télé, on ne le présente pas comme un geek de droite de l'économie ( :mrgreen: ) mais comme expert en tel ou tel truc (marché, prospectives, mon cul, etc).
De même, qui penserait à qualifier de geek le fan de foot qui collectionne les maillots de ses équipes favorites (ou de [url=http://www.dailymotion.com/video/xh001_despo-ruti-arretez_music?search_algo=2]SON[/url] équipe favorite) ? Personne, parce qu'apprendre le nom de chaque joueur du championnat ne cadre pas avec l'héritage du geek.
Cela pourrait bien changer. Bientôt, untel se dira geek du MMA, un autre geek du marathon, de la menuiserie, cascadeur geek, geek de la breakdance...

Pour le reste, je suis d'accord avec Rose et même particulièrement charmé par son post. Ce forum pourrait taxé de "prise de tête", par exemple parce qu'on y trouve un sujet qui critique la paresse comportementale (et donc intellectuelle) des gens qui vont dans "des endroits de merde"...
By Laureline
#124453 J'ai une profonde tendresse pour les geeks, nombre de mes amis en sont, je partage ma vie avec quelqu'un dont c'est l'une des caractéristiques et en suis sans doute une moi-même.

Ce qui pose problème, c'est effectivement l'asymétrie des échanges quand la discussion tombe sur l'un de leurs domaines de prédilection. Les personnes qui connaissent peu ou mal celui-ci en sont de fait exclues. La situation est du même ordre quand on se retrouve malgré soi impliqué dans une discussion entre vieux amis qui partagent leurs souvenirs et leurs private jokes. Difficile alors de trouver sa place...

Une discussion technique m'intéresse quand je veux apprendre quelque chose, mais avec des amis on ne souhaite pas vraiment se retrouver dans la position de l'élève qui écoute, sauf en cas de besoin ou si l'on est dans une disposition d'esprit qui s'y prête. En outre, si certains savent partager et transmettre leurs connaissances de façon légère et plaisante, cela reste rare, et sans légèreté c'est très vite fatiguant. Sincèrement, qui aime lire des fiches techniques ou des comparatifs de téléphone? Et pourtant bien souvent les discussions d'experts s'en rapprochent, même dans des domaines a priori ludiques.

Il y a aussi une petite chose que j'ai constatée, si les personnalités geek parlent facilement de leurs passions, des sujets extérieurs, qui ne touchent que rarement l'intime, c'est nettement plus rare qu'ils parlent d'eux. C'est encore plus fréquent quand la personne concernée est un homme. Alors qu'ils sont prolixes sur l'informatique, les débats législatifs, la science, dès que l'on pose une question sur eux-mêmes, le malaise pointe, voire on se heurte à un mur. Tout se passe comme si une extrême pudeur les contraignait à se mettre en retrait, à se juger bien peu intéressants par rapport à ce dont ils parlaient avant. L'humain c'est tabou?

Je m'en suis étonnée il y a peu auprès de mon compagnon, qui évoque rarement ce qui est de l'ordre du ressenti ou de la vie sentimentale avec ses amis. Comparativement, je connais bien mieux mes amies dans ces domaines que lui certains des siens.
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By Dje
#124454 [quote="Laureline"]L'humain c'est tabou?
Non, c'est juste que tu touches du doigt deux choses :
- le manque de fierté (rien à raconter puisqu'ils ne s'intéressent à rien en dehors de leur obsession)
- le manque de connaissance de soi (rien à raconter puisqu'ils n'ont rien vécu en dehors de leur obsession)

[quote="Laureline"]Je m'en suis étonnée il y a peu auprès de mon compagnon, qui évoque rarement ce qui est de l'ordre du ressenti ou de la vie sentimentale avec ses amis. Comparativement, je connais bien mieux mes amies dans ces domaines que lui certains des siens.
Cf point numéro 2.
By Laureline
#124497 [quote]- le manque de fierté (rien à raconter puisqu'ils ne s'intéressent à rien en dehors de leur obsession)
- le manque de connaissance de soi (rien à raconter puisqu'ils n'ont rien vécu en dehors de leur obsession)

Je ne suis pas tout à fait de ton avis. Je ne connais pas de geeks monomaniaques (là c'est clair que je fuis), au contraire ceux et celles que j'ai croisés s'intéressent à énormément de domaines, et la curiosité d'esprit est un trait répandu parmi eux. Et ça en fait justement des gens intéressants, dès lors que l'échange est possible (débats ou dialogues plus légers, peu importe). Tant qu'on est pas dans l'exposé scientifique ou la discussion d'initié, l'échange est plaisant. Beaucoup sont par ailleurs modestes et ne cherchent pas à étaler leurs connaissances, par peur parfois d'ennuyer leurs interlocuteurs. J'ai vu cette attitude plusieurs fois chez des personnes extrêmement brillantes, mais effectivement, avec une très mauvaise estime d'elles-mêmes.

Par contre je te rejoins davantage sur le deuxième point, c'est vrai que dans plusieurs cas on a un peu l'impression que le savoir est un refuge et que la vie réelle leur fait peur ou les ennuie. Mais bien souvent il y a une fragilité émotionnelle, une solitude plus ou moins bien vécue derrière tout ça. Ça, ils n'en parlent jamais (ou très difficilement).

Sûr que parler de ce qui va pas ne fait pas bon ménage avec la séduction, mais parfois s'ouvrir à des amis aide, c'est un premier pas. Là on n'est pas dans le cas de la personne qui se plaint et veux se faire plaindre sans cesse, c'est exactement l'inverse... Et parler de soi, ça peut simplement être évoquer des souvenirs, une histoire, des envies, donner son avis sur un sujet hors de ses domaines de connaissance...

J'ai du mal à comprendre cette espèce de fausse pudeur chez des personnes intelligentes, qui se croient dénuées d'intérêt alors que ce n'est pas le cas. Est-ce par peur de déplaire? Est-ce un tel risque que ça?
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By Elan
#124500 Là on sort du domaine du geek pour aller vers les personnes qui sont juste plus sensibles que la moyenne.

C'est notamment très courant dans la recherche scientifique et les métiers y ressemblant, une sensibilité exacerbée c'est presque nécessaire pour passer ses journées au milieu d'équations et de trucs quand même très froids sans en avoir marre au bout de 10 minutes. Comme tu peux avoir ta dose d'émotions à travers ça, pourquoi s'embêter à aller la chercher dans l'interaction avec les autres ?

De temps en temps tu te retrouves quand même devant des vrais gens, et alors la moindre interaction peut être vécue comme relativement forte (idem quand il ne se passe rien pour la sensation d'ennui carabiné). Pas besoin donc d'en faire des caisses pour être satisfait de la relation, les autres par contre peuvent trouver ça très froid.
On n'est pas égaux dans la sensibilité émotionnelle, certains peuvent avoir l'impression d'ouvrir leur cœur et de parler d'eux alors que l'autre en face se contente de "faire la conversation" (cauchemar de l'interaction s'il en est).

Moins qu'une peur de déplaire c'est peut-être une vraie pudeur et une peur d'avoir des retours trop lourds à gérer émotionnellement, ou bien la sensation que la discussion est suffisamment riche comme ça.

La croyance limitante derrière est qu'on peut se contenter des émotions auxquelles on est habitué et qu'on n'a pas besoin d'en avoir davantage.
En vérité, davantage d'émotions, de moments d'intimité (quand les barrières tombent) et une plus grande diversité des façons d'apprécier la vie c'est toujours bon à prendre.
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By Dje
#124501 [quote="Laureline"]Est-ce un tel risque que ça?
D'après toi, qu'est-ce qui est le plus difficile à digérer ? D'être rejeté en ayant voulu plaire, ou de l'être en revendiquant avoir choisi de ne pas plaire (sinon à ses semblables parias) ? Mécanisme de défense, c'est tout.

"Si les gens ne voient pas au travers de la (ma) couche superficielle, ce sont des cons. D'ailleurs, j'aime pas les gens."
Discours usé jusqu'à la garde.
By Rose Selavy
#124510 [quote="Laureline"] J'ai du mal à comprendre cette espèce de fausse pudeur chez des personnes intelligentes, qui se croient dénuées d'intérêt alors que ce n'est pas le cas.

[quote="Rose Selavy"]
Il désigne ces types qui se drapent dans leurs connaissances pour masquer bien souvent une incompétence, voir un manque cruel de sensibilité. Ils ronflent et se protègent avec un hermétisme de pédant.

Non seulement ils sont chiants quand ils parlent ce qu'ils aiment, mais sur n'importe quel autre terrain ils se ferment et se sentent illégitimes.

Manque de sensibilité, donc absence d'empathie...Et une conversation sans empathie mutuelle, on appelle ça un monologue à tour de rôle.
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By Jester
#124617 C'est un peu énervant cette chasse au geek.

Je pense que c'est du à un ras le bol assez compréhensible de Stéphane, les geeks en questions constituants probablement 90% de sa clientèle...

Moi je peux discuter pendant des heures des mérites de telle distribution Linux, des bénéfices comparés de tel ou tel language de programmation (perl foreva!) mais je peux aussi discuter en profondeur du Taoisme (et de pas mal de traditions spirituelles), expliquer ma passion pour l'escrime ancienne, vous raconter la plupart des livres d'Hugo et Zola et vous parler d'écologie, d'indépendance énergétique et de survie dans la nature...

Geek? Complètement, mais cela ne représente qu'une partie de ma culture et je suis capable de choisir un jean et un t shirt ou une chemise à ma taille et négocier une ristourne au passage.

Bref.

D'autant plus agaçant cette lutte permanente contre le geek qu'on voit très souvent des posts "Quel est la meilleure plate-forme de blog" etc....

Et oui, nous les geeks, nous faisons tourner votre monde numérique dont vous êtes tous si dépendants. Think about it. (Think different!)
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By lolalola
#124618 bam:
[url]http://vieuxfelin.com/2012/07/26/le-paradoxe-erotique-de-sheldon-cooper/[/url]

histoire de sortir de l'argumentaire geek sur la discussion sur les geeks (l'effet larsen du geek, en somme. ouais, j'ai le droit, c'est moi qui ai lancé le sujet :) )
By ILM
#124623 [quote="Jester"]D'autant plus agaçant cette lutte permanente contre le geek qu'on voit très souvent des posts "Quel est la meilleure plate-forme de blog" etc....

Et oui, nous les geeks, nous faisons tourner votre monde numérique dont vous êtes tous si dépendants. Think about it. (Think different!)
Le problème du geek, ce n'est jamais sa technicité ou son savoir, c'est son incapacité à communiquer et à s'adapter à son public. En fait, le principal remède du geek en voie de guérison, c'est d'apprendre quand il doit la fermer. Un type qui connait les voitures de long en large et en travers, c'est le meilleur ami de tout le monde parce que dans ça démarre pas, on est bien content d'avoir son numéro. Si en plus il est sympa et ouvert, il sera connu comme le mec cool qui est fort en bagnoles. Par contre, si en soirée il ne fait que déballer ses réflexions sur le mérite de l'injection directe, eh ben il sera pas invité à beaucoup de soirées, et on l'appellera Mains-dans-le-cambouis, le geek du diesel. La chasse au geek, comme tu dis, ne s'applique qu'à ce dernier.
By Synchronn
#124626 En fait la discussion est biaisée depuis le début.

Comme le rappel TMO, peu importe l'origine du mot geek, ou son évolution sémantique, le geek dans l'imaginaire (et la réalité) social, est représenté par un puceau en t-shirt, associal, fan de mangas et de jeux vidéos, utilisant son pc pour faire des trucs bizarres. (cf la perception sociale et l'effet de halo qui renforce nos opinions).
Et lola part dans une autre direction, parlant de passionné et de technicien...

Mais avec la nouvelle génération, cela évolue surement car l'informatique est au cœur de notre société. Pour un tout nouveau trentenaire comme moi, un geek = cas soc.

Quand on me dit geek : je vois ça

[url=http://imageshack.us/photo/my-images/641/sanstitreont.jpg/][img]http://img641.imageshack.us/img641/630/sanstitreont.jpg[/img][/url]
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By lolalola
#124627 Pour dire les choses autrement, un geek (et par extension un mec relou qui drague) c'est un peu comme quelqu'un qui ferait des calembours en français à son correspondant anglais alors qu'il sait très bien que l'autre ne comprend pas.
Il le fait parce que le correspondant anglais "est la pour apprendre" et ça lui donne une "légitimité" pour se conduire comme ça. Evidemment, quelqu'un d'intelligent se met "au niveau", c'est à dire qu'il trouve le meilleur moyen de communiquer avec l'autre, sachant que l'anglais peut être très intelligent, c'est juste qu'il ne parle pas bien français.
Idem pour les nanas.
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By lolalola
#124628 [quote]Quand on me dit geek : je vois ça
Mouais, pour moi c'est surtout un gros nerd ascendant no-life.