- Jeu Mai 24, 2012 3:48 pm
#122378
Pour ceux que ça intéresse, j’écris ce FR en écoutant [url=http://www.youtube.com/watch?v=pKlbBgQHPqo]The Eternal[/url], le seul album de Sonic Youth qui me soit à peu près tolérable. Un peu lénifiant passé le premier morceau, toutefois. Je sens que je vais me lasser...
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I Le vert et le verbe[/size]
C’est samedi après-midi, je traverse un quartier de Paris célèbre pour ses couples sans enfants promeneur de chiens, j’ai RDV avec Equus, le soleil brille et je croise plusieurs femmes fort enthousiasmantes.
Après un petit détour par une de mes boulangeries préférées, me voilà qui remonte la rue des Archives avec une viennoiserie pistache-chocolat dans une main et un sac Gibert-Joseph dans l’autre (vous savez, le piège du développement personnel comme disait kero). Je croise alors une trentenaire, un peu petite mais avec un je-ne-sais-quoi… Du chien ? Echarpe violette, écouteurs rouges autour du cou, échange de regard. Je m’arrête, je me retourne, ce manteau c’est vraiment n’importe quoi, ce sac en tissu avec une fleur en relief dessus aussi, ça lui donne un style étudiante/bohème mais vu son âge je dirait qu’elle est prof ou doctorante. En tout cas, elle présente des signes de disponibilité - elle prend son temps, lève la tête vers des détails architecturaux, vu que les parisiens et autres working people ne savent généralement pas le faire, c’est assez important pour être souligné – et je me dis "cette fille a envie d’être abordée".
Je m’élance, petit trot caractéristique du TMO, etc. en modulant ma vitesse pour la rattraper entre deux bancs occupés et non devant eux et leurs occupants (je suis timide, voyez). Arrivé à ses côtés, je jette les grappins et ouvre les sabords :
TMO : Mademoiselle ?
Jo : oui ?
TMO [sourire]: bonjour
Jo : bonjour
TMO : excusez-moi de vous aborder comme ça, je suis en train de manger, ce n’est pas du tout poli, mais voilà, je vous ai croisé et vous m’avez plu, j’ai aimé votre style
Jo [circonspecte] : oh, merci, c’est gentil
TMO : écoutez, là j’ai RDV à [nom du café] avec un ami
Jo : ah je connais ce café, c’est le café de John Galliano
TMO : euh, je n’en ai aucune idée…
Jo : sisi, il y allait souvent à une époque
TMO [avec le sourire du mec qui s'apprête à faire une démonstration de valeur pas fine sur le fait qu'il était à la Cité de la Mode et du Design deux jours avant]: vous vous intéressez à la mode ?
Jo : non, pas du tout, je n’aime pas la mode [genre, t’es pas une fille comme les autres ]
TMO : non, je ne vous crois pas, vous êtes une fille, donc vous vous intéressez à la mode
Jo [sourire] : non non, mais j’aime bien son travail, j’aime bien le personnage [genre, t’es antisémite ? ]
TMO : ok. Dites, vous avez un accent, vous venez d’où ?
Jo : je suis irlandaise
TMO : irlandaise ? Excellent. Vous êtes là en vacances ou vous habitez ici ?
Jo : je travaille ici
TMO : et ça fait longtemps que vous êtes ici ?
Jo : sept ans
TMO : waow ! vous connaissez bien Paris alors
Jo : oui, j’aime bien ce quartier, j’aime bien me poser en terrasse à [tel café] mais maintenant c’est dur de trouver de la place, c’est un peu… victime de son succès comme on dit
TMO : oui, surtout quand il fait beau comme ça, les premiers jours de printemps
Jo : c'est vrai
Elle commence à faire mine de partir
TMO : c’est indiscret de vous demander ce que vous faites à Paris ?
Jo [elle s’arrête] : je donne des cours d’anglais.
TMO [grand sourire] : forcément. Bon écoutez, je vais être en retard
Jo : oui, moi aussi j’ai RDV [ben voyons, t’avais pas l’air pressée cocote, ça sent la fausse contrainte de temps]
TMO : je prends votre RDV et on prend un verre ensemble dans la semaine, ok
Jo : j’ai perdu mon téléphone il y a deux mois et je ne l’ai pas encore remplacé
TMO [levant les yeux au ciel]: nooooon
Jo : et je connais pas le numéro de mon fixe
TMO [je surjoue] : noooon…
Jo : mais je vais prendre votre numéro
TMO [taquin]: non mais vous n’allez jamais m’appeler
Jo : mais si...
TMO : bon, ok 06 …
Elle le note sur un feuille volante, je vois ma vie défier devant moi puisque je sais que c'est mort… puis elle répète pour vérifier. Je répète en anglais
Jo : Perfect !
TMO : my french accent is quite bad, you know
Jo : j’aime bien votre accent
TMO : oh
Jo : je ne vous aurais pas dit ça si vous étiez allemand
TMO [rire] : haha, je comprends. Mais sérieusement ça m’embête que vous ayez mon numéro et moi pas le votre…
Jo : je vous appelerai
TMO [faussement lyrique] : I’m suspended in light
Jo [un peu moqueuse parce que j’en fais trop]: oh! really
TMO : normalement, comme dit, l’homme propose et la femme dispose
Jo [sourire kama-sutra] : j’aime bien ce proverbe
TMO : non, c’est vrai, c’est ce que disait ma prof de tango
Jo [interest is suddenly increasing] : ah, vous avez fait du tango ?
TMO : deux ans
Jo : et pourquoi vous avez arrêté ?
TMO : franchement, je fais trop de choses, à un moment il faut trancher
Jo : oui, je comprend, moi c’est pareil je fais trop de choses
TMO : bon, j’y vais. Bonne journée, à bientôt
Jo : bon RDV, et bon appétit [j’ai toujours ma viennoiserie à la main]
Précision, à un moment, elle m’a demandé si j’étais parisien, mais je ne sais plus exactement quand. Plutôt dans le début, quand je lui demandais si elle vivait ici. Je lui ai aussi fait le coup du
TMO : au fait, je manque à tous mes devoirs, je m'appelle TMO, et vous ?
Je lui tend la main, elle marche, on se serre la main.
Jo : Jozy
TMO [elle voit l'horreur sur mon visage]: ...
Jo : c'est pour Joséphine
TMO [cri du coeur] : je préfère Joséphine
Jo : et bien Joséphine alors
Bref, après cette interaction je suis ravi, plein d’enthousiasme et j’ai la bouche pleine, en un mot : modjo !
Je suis tellement content que j’en oublie qu’en fait je n’ai pas son numéro ! Sachant qu’une fille qui rappelle véhicule – ou croit véhiculer – le message "je suis tellement en chienne que je suis prête à rappeler un mec qui m’a abordée dans la rue" mes chances de la revoir sont de une sur… non, de zéro en fait.
M’en fout : modjo !
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I Le vert et le verbe[/size]
C’est samedi après-midi, je traverse un quartier de Paris célèbre pour ses couples sans enfants promeneur de chiens, j’ai RDV avec Equus, le soleil brille et je croise plusieurs femmes fort enthousiasmantes.
Après un petit détour par une de mes boulangeries préférées, me voilà qui remonte la rue des Archives avec une viennoiserie pistache-chocolat dans une main et un sac Gibert-Joseph dans l’autre (vous savez, le piège du développement personnel comme disait kero). Je croise alors une trentenaire, un peu petite mais avec un je-ne-sais-quoi… Du chien ? Echarpe violette, écouteurs rouges autour du cou, échange de regard. Je m’arrête, je me retourne, ce manteau c’est vraiment n’importe quoi, ce sac en tissu avec une fleur en relief dessus aussi, ça lui donne un style étudiante/bohème mais vu son âge je dirait qu’elle est prof ou doctorante. En tout cas, elle présente des signes de disponibilité - elle prend son temps, lève la tête vers des détails architecturaux, vu que les parisiens et autres working people ne savent généralement pas le faire, c’est assez important pour être souligné – et je me dis "cette fille a envie d’être abordée".
Je m’élance, petit trot caractéristique du TMO, etc. en modulant ma vitesse pour la rattraper entre deux bancs occupés et non devant eux et leurs occupants (je suis timide, voyez). Arrivé à ses côtés, je jette les grappins et ouvre les sabords :
TMO : Mademoiselle ?
Jo : oui ?
TMO [sourire]: bonjour
Jo : bonjour
TMO : excusez-moi de vous aborder comme ça, je suis en train de manger, ce n’est pas du tout poli, mais voilà, je vous ai croisé et vous m’avez plu, j’ai aimé votre style
Jo [circonspecte] : oh, merci, c’est gentil
TMO : écoutez, là j’ai RDV à [nom du café] avec un ami
Jo : ah je connais ce café, c’est le café de John Galliano
TMO : euh, je n’en ai aucune idée…
Jo : sisi, il y allait souvent à une époque
TMO [avec le sourire du mec qui s'apprête à faire une démonstration de valeur pas fine sur le fait qu'il était à la Cité de la Mode et du Design deux jours avant]: vous vous intéressez à la mode ?
Jo : non, pas du tout, je n’aime pas la mode [genre, t’es pas une fille comme les autres ]
TMO : non, je ne vous crois pas, vous êtes une fille, donc vous vous intéressez à la mode
Jo [sourire] : non non, mais j’aime bien son travail, j’aime bien le personnage [genre, t’es antisémite ? ]
TMO : ok. Dites, vous avez un accent, vous venez d’où ?
Jo : je suis irlandaise
TMO : irlandaise ? Excellent. Vous êtes là en vacances ou vous habitez ici ?
Jo : je travaille ici
TMO : et ça fait longtemps que vous êtes ici ?
Jo : sept ans
TMO : waow ! vous connaissez bien Paris alors
Jo : oui, j’aime bien ce quartier, j’aime bien me poser en terrasse à [tel café] mais maintenant c’est dur de trouver de la place, c’est un peu… victime de son succès comme on dit
TMO : oui, surtout quand il fait beau comme ça, les premiers jours de printemps
Jo : c'est vrai
Elle commence à faire mine de partir
TMO : c’est indiscret de vous demander ce que vous faites à Paris ?
Jo [elle s’arrête] : je donne des cours d’anglais.
TMO [grand sourire] : forcément. Bon écoutez, je vais être en retard
Jo : oui, moi aussi j’ai RDV [ben voyons, t’avais pas l’air pressée cocote, ça sent la fausse contrainte de temps]
TMO : je prends votre RDV et on prend un verre ensemble dans la semaine, ok
Jo : j’ai perdu mon téléphone il y a deux mois et je ne l’ai pas encore remplacé
TMO [levant les yeux au ciel]: nooooon
Jo : et je connais pas le numéro de mon fixe
TMO [je surjoue] : noooon…
Jo : mais je vais prendre votre numéro
TMO [taquin]: non mais vous n’allez jamais m’appeler
Jo : mais si...
TMO : bon, ok 06 …
Elle le note sur un feuille volante, je vois ma vie défier devant moi puisque je sais que c'est mort… puis elle répète pour vérifier. Je répète en anglais
Jo : Perfect !
TMO : my french accent is quite bad, you know
Jo : j’aime bien votre accent
TMO : oh
Jo : je ne vous aurais pas dit ça si vous étiez allemand
TMO [rire] : haha, je comprends. Mais sérieusement ça m’embête que vous ayez mon numéro et moi pas le votre…
Jo : je vous appelerai
TMO [faussement lyrique] : I’m suspended in light
Jo [un peu moqueuse parce que j’en fais trop]: oh! really
TMO : normalement, comme dit, l’homme propose et la femme dispose
Jo [sourire kama-sutra] : j’aime bien ce proverbe
TMO : non, c’est vrai, c’est ce que disait ma prof de tango
Jo [interest is suddenly increasing] : ah, vous avez fait du tango ?
TMO : deux ans
Jo : et pourquoi vous avez arrêté ?
TMO : franchement, je fais trop de choses, à un moment il faut trancher
Jo : oui, je comprend, moi c’est pareil je fais trop de choses
TMO : bon, j’y vais. Bonne journée, à bientôt
Jo : bon RDV, et bon appétit [j’ai toujours ma viennoiserie à la main]
Précision, à un moment, elle m’a demandé si j’étais parisien, mais je ne sais plus exactement quand. Plutôt dans le début, quand je lui demandais si elle vivait ici. Je lui ai aussi fait le coup du
TMO : au fait, je manque à tous mes devoirs, je m'appelle TMO, et vous ?
Je lui tend la main, elle marche, on se serre la main.
Jo : Jozy
TMO [elle voit l'horreur sur mon visage]: ...
Jo : c'est pour Joséphine
TMO [cri du coeur] : je préfère Joséphine
Jo : et bien Joséphine alors
Bref, après cette interaction je suis ravi, plein d’enthousiasme et j’ai la bouche pleine, en un mot : modjo !
Je suis tellement content que j’en oublie qu’en fait je n’ai pas son numéro ! Sachant qu’une fille qui rappelle véhicule – ou croit véhiculer – le message "je suis tellement en chienne que je suis prête à rappeler un mec qui m’a abordée dans la rue" mes chances de la revoir sont de une sur… non, de zéro en fait.
M’en fout : modjo !