- Jeu Fév 13, 2014 9:19 am
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Je tourne la poignée, la porte émet un grincement solitaire qui se répercute au milieu de cette pièce vide. La poussière vole sous l'effet de l'appel d'air. En passant le doigt sur la table basse, je laisse une empreinte qui vient rappeler que je ne me suis pas trouvé ici depuis longtemps.
J'entreprends d'ouvrir les volets et de laisser filtrer la lumière afin de redonner un peu de lustre à cette salle abandonnée. Mon vieux fauteuil club en cuir couleur tabac m'attend, toujours fidèle au poste. Je me sert un fond de Nikka et m'installe confortablement pour conter ce début d'histoire.
Une fois n'est pas coutume, je m'y prend très tôt...vraiment très tôt car il ne s'est encore rien passé.
Depuis le mois de janvier, je suis devenu chef de projet dans l'entreprise où auparavant je n'étais qu'employé. J'ai donc acquis un nouveau statut et il m'a été demandé de recruté une personne afin de me seconder.
Après pas mal d'entretiens, mon choix se porte sur C... Son profil et son expérience sont les plus à même de m'aider positivement dans ma tâche. De plus, et là peut-être que mon inconscient m'a joué des tours même si il me semble avoir choisi avec un œil professionnel, C... est jolie, semble intéressante et elle enthousiaste à l'idée de travailler avec nous.
Ne commençant que fin février, je lui avais proposé de m'appeler dans le cas où elle souhaiterait que l'on soit au point avant cette date, chose qu'elle a fait hier.
Elle arrive apprêtée et je lui propose de se voir en fin de soirée autour d'un café plutôt que dans nos locaux (sans chauffage). Nous discutons donc travail et accordons nos violons sur la manière de voir les choses. Un moment, un des habitués du lieu, amène un vieux synthétiseur et commence à entamer une mélodie chantée en arabe. Cela nous fait sourire et fait dévier la conversation sur nos voyages respectifs. La discussion est fluide, je ne peux m'empêcher de la trouver charmante et son esprit me plaît. Bien sûr, cet esprit n'a été qu'effleuré.
Le rendez-vous dure maintenant depuis une heure. C'est elle qui recadre le dialogue sur le travail. Je paie, et nous engouffrons dans le métro. Elle me demande alors comment je suis arrivé à ce poste. Je lui décris donc mon parcours atypique
(là, je pense avoir fait une erreur car je perds un peu de mystère). Nous embrayons sur l'art car nous sommes tous deux de formation artistique-graphique. Elle me parle de ses expériences à l'étranger qui sont vraiment intéressante de part sa manière d'appréhender les choses, ce qui me séduit un peu plus. Je lui parle des miennes
(et, encore une fois, je pense en dire trop) quand vient le moment de nous séparer.
C'est elle qui descend avant moi. Nous nous disons au-revoir. Point de bise ni de serrage de main ou quoique ce soit d'autre, juste un sourire et la promesse de se revoir...quand son travail commencera.
Voilà où en est cette non-histoire. cette demoiselle me plaît, c'est sûr. J'aime son style, son esprit mais il n'en reste pas moins que ce sera une future collègue. Je n'ai pas remarqué de signes d'intérêts
(en même temps, je ne les vois que trop rarement), mais mon instinct me pousse à aller voir plus loin. Cependant, je crains de tenter quelque chose car cela pourrait nous mettre en porte-à-faux par rapport au boulot...
Une dernière lampée, mon récipient est maintenant vide. Le bruit du verre résonne lorsque celui-ci vient se poser sur la table basse. Il est temps de refermer les volets. La pièce plonge dans le noir, la porte grince. La clé tourne dans la serrure. La pièce est vide à nouveau.