- Dim Aoû 03, 2014 9:10 pm
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[size=150]La visite[/size]
J'avais donc rendez-vous avec Danae ce dimanche du mois de septembre. L'ironie de l'histoire veut ce jour tomba au beau milieu d'un atelier Classic. J'avais eu la chance de participer au dernier atelier Classic animé par Alexandre.
Rien de bien fantastique ne s'est produit le samedi soir. J'avais, malgré les très bons conseils de Alexandre, une si faible énergie ce jour-là et une si maigre expérience des boites de nuit que la partie pratique de l'atelier s'est révélée... non concluante.
Mais peu importe, après avoir passée la nuit chez une amie qui m'hébergeait pour l'occasion sur Paris, je retrouverais Danae au musée.
J'arrive le lendemain via le métro de la ligne 1 avec, pour les gens qui me connaissent, le retard habituel de quelques minutes. Je l'avertis.
Elle m'attend sous la Pyramide de verre. C'est bon. Elle n'a pas annulé.
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C'est une Danae enchantée que je retrouve dans le hall. Une fois les tickets pris, elle n'attend plus que de me faire la visite.
Je crois qu'un court-circuit a envahi brièvement mon cerveau à ce moment-là. Une idée qui m'a traversé l'esprit et qui me disait : « Est-ce que tu as effectivement réussi à déloger ta banquière de son bureau pour la faire faire te visiter ce musée ?
Oui, je crois bien que tu as réussi. Je ne sais pas comment, mais c'est en train de se produire, en ce moment. »
J'avais eu ces premiers "court-circuits" les premières fois que je me suis mis à aborder des inconnues à 17 ans. Il y avait quelque chose qui tenait du fantastique à ce moment-là. Presque du super-pouvoir
Il était possible de rencontrer puis revoir une totale inconnue...
Wouah...
Il faut le temps que le cerveau s'habitue à un tel paradigme.
(Non, en fait, j'ai toujours eu quelques court-circuits, mais peu importe.)===
Arrivé en région parisienne il y a à un an, c'était la première fois que je visitais le Louvre et il n'y aurait pas pu y avoir meilleur guide que Danae ce jour-là.
Se pliant à mon envie de voir d'abord les peintures classiques, nous nous dirigeons vers l'aile Sully.
La visite se révélera plus passionnante que je ne l'avais imaginé.
Nous nous arrêtons devant un tableau de Ingres.
[quote]
E : Il n'y a rien qui te choque dans ce tableau ?
M : Il est beau.
E : Regarde bien.
M : ... Le dos est extrêmement long !
E : Oui, bien vu. Et regarde ses cuisses.
M : Elles sont disproportionnées...
E : Oui. C'est ça tout l'Art de Ingres. Il sait rendre beau le disproportionné, lui donner une harmonie.
[img]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4a/Jean_Auguste_Dominique_Ingres,_La_Grande_Odalisque,_1814.jpg[/img]
[quote]E : Regarde maintenant ce portrait de Mademoiselle Rivière.
M : Maintenant que tu me le dis, il y a un truc. Ça ne se voit pas tout de suite, il faut faire attention.
E : Sa poitrine, beaucoup trop petite. Son bras trop massif. Et ses yeux, beaucoup trop larges.
M : C'est incroyable. Cette femme serait monstrueuse dans la réalité. Comment est-ce qu'il fait ?
E : Ahhh, ça...
[img]http://fr.questmachine.org/picture/ingres_riviere_1297282416.jpg[/img]
Ses yeux avaient brillé durant ses explications. De nouveau, je ressentais cette forte émotion de la prendre toute entière, de la capturer. Cet oiseau des Beaux-Arts ne devait pas m'échapper.
Je ne m'étais pas non plus rendu compte que cette visite au musée l'avait faite commencer à me tutoyer. Ça s'est fait si naturellement que ça ne m'a pas surpris.
Je voulais l'embrasser. Je ne savais pas quand, mais il fallait que je le fasse.
A cette simple idée, le sang se retirait de ma peau, mon cœur battait, et la montée d'adrénaline qui suivait dressait devant moi une barrière infranchissable.
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Je ne me suis même pas rendu compte que nous avions changé de salle, et nous étions alors en train d'observer d'anciens meubles décorés.
Elle me montre un détail en s'accroupissant. Je m’accroupis avec elle et regarde plus en détail.
Pour m'aider à voir dans la même direction qu'elle, elle rapproche sa joue de la mienne jusqu'au contact.
Je me relève doucement, très enivré. Elle me suit. Je prends son menton dans ma main, me penche.
Embrasse la commissure de ses lèvres.
[quote]E : ... qu'est-ce que tu fais ?
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
[...]
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
[...]
Tu seras un Homme, mon fils.