- Dim Juil 22, 2012 1:48 am
#124338
[quote="Stéphane"][quote="The Man Outside"]autre chose à faire que de tirer sur une ambulance, non ?
Personne ne lui tire dessus, tu n'es pas dans un manif d'étudiants d'extrême gauche là.
Intéressant ta théorie du retour de bâton des 40 ans, tu peux développer ?
TMO, minorité visible de Spikeseduction ?
[size=85]C'est sympa d'accueillir parmi vous un mec qui n'idolâtre pas Steve Jobs (d'ailleurs, très intéressant article sur les usines Foxconn dans le Monde Diplomatique du mois dernier) mais ce serait bien de ne pas m'imaginer en train de défiler avec les membres du Nulle Part Ailleurs ou les globalement
loosers de la Fédération anarchiste... Cela fait quelques années que, comme Elan sa crise d'adolescence, j'ai quité les bancs de la fac. D'ailleurs, les étudiants rêvent plus facilement d'argent après avoir fait quelques jobs de merde...
Ma remarque portait sur l'atmosphère de la première page, je viens de lire la seconde où la conversation prend une tournure différente. Permettez-moi de battre ma coulpe.
Sur la crise d'adolescence : elle est utile et logique au regard de la société dans laquelle nous vivons*. Celui qui ne se pose pas de question, où ira-t-il ? Il y aurait deux cas de personnes sans crises d'adolescence :
1/ ceux pour qui rien n'a été problématique. Des parents parfaits (sic) et qui ne se sont pas révélés faillibles par rapport à l'image idéalisé qu'il en avait (cf. le guliver, once again) ou alors que l'enfant n'a jamais idéalisé (mais comment ?). Pas de question d'orientation professionnelle alors que les choix se font ridiculement tôt dans l'univers scolaire, pas d'angoisse existentielle face à la contradiction entre un corps accédant aux fonctions sexuelles mais encore infantile socialement et intellectuellement... aucun doute sur soi, pas d'angoisse relative à la sexualité, aux filles... Pas de conduite à risque dans une situation de forte pulsionnalité (la sève qui monte, qui monte) alors que la société cadre de moins en moins et qu'il nous faut chercher nos limites pour apprendre sur nous même. Admettons, après tout il est deux heures du matin, je suis prêt à croire en Dieu...
2/ ceux qui vont mal mais sont dans le déni...
Ce n'est pas parce qu'on a "fait" sa crise d'adolescence qu'on est à l'abri de la
midlife crisis, mais si en plus on n'en a pas eu... Ce serait comme un enfant qui ne traverserait pas la phase du "non", il y a quelque chose qui cloche. Et si vous me dites "peut-être qu'il y a des enfants hyper-matures" je vous réponds "oui, et généralement ils sont en grande souffrance". On développera demain si vous voulez, là je suis cané.
*
[size=85]1/ oui, la crise d'adolescence peut prêter à rire, vu que l'intellectuel "de droite" la voit comme un caprice d'enfant gâté occidental. C'est en partie ce qu'elle est.
2/ cette "crise" (notons qu'en chinois "crise" et "opportunité" s'écrive avec le même idéogramme) est utile, car elle correspond à un moment de construction du psychisme face à la puberté. De même que Freud considère le délire du psychotique comme une tentative de réinvestir le monde (même si c'est l'arrache), on peut considérer l'angoisse adolescente, son hyper-sensibilité comme le signe plutôt encourageant (même si chiant pour les parents) d'une psyché qui fait avec ses tiraillements. S'il ne se passait rien, il faudrait s'inquiéter,
par les temps qui courent. Ce qui m'amène au point suivant :
3/a/ avant, il n'y en avait pas, parce qu'il y avait des rituels (bizutage, service militaire, travail et abandon de la culotte courte) et c'est la destruction de ces rituels (structurant la société et donc l'autorité du groupe) qui ouvre la porte à la crise d'adolescence et à son prolongement, puisque l'adolescent devient une cible marketing, un segment supplémentaire dans les marchés de consommation. Discours Zemmour, tout à fait pertinent mais incomplet.
3/b/ avant, il n'y en avait pas, parce que les hommes restaient des enfants toute leur vie. Au Japon, on dit "apprendre à obéir apprend à commander". C'est très vrai, sauf quand on en reste au premier point toute sa vie. Le discours nostalgique "avant les gens devenaient adultes sans crise" est un discours partiellement crétin qui n'aborde qu'une seule partie de la réalité : certains restaient les "enfants" de la république toute leur vie. Je vous renvoie aux hiérarchies concentriques : le père règne sur la famille, le patron règne sur l'ouvrier et le politique règne sur le citoyen. Le mec pour qui devenir adulte consiste à aller se faire exploiter (luttes des classes
inside) ne devient pas automatiquement adulte de ce fait, ce serait même le contraire de mon point de vue.[/size]