Sans musique la vie serait une erreur, alors autant en écouter de la bonne (et avec le bon matériel)

Modérateurs: animal, Léo

By Anthony
#178067 Si d’autres amateurs chevronnés pouvaient ne pas forcément être d’accord avec mes précédentes sélections de 5 albums par style, peu de chances néanmoins qu’ils critiquent ouvertement la qualité des disques cités. Il en ira sûrement différemment avec la catégorie death metal.

En effet, cette famille possède elle-même beaucoup de sous-genres, au point de voir des passionnés de death metal écouter des groupes radicalement différents au final. Bien sûr, il y aura des points communs (les qualifiant donc de "death metal") que les néophytes percevront facilement et qui rendront ardue leur appréciation de ce style : violence à tout crin, vocaux atroces éructant des textes morbides, ambiance oppressante, avec à première "vue" très peu de points d’ancrage pour toute forme de mélodie. Mais si on rentre dans les détails, on s’apercevra que le style regorge de cases : death metal old school, brutal death metal, death metal prog, death metal mélodique (typique de l’école scandinave), death metal technique, etc.

Personnellement je ne suis pas super fan du death metal trop bourrin, que je trouve.. trop bourrin justement, genre Cannibal Corpse, Suffocation, Cryptopsy, Immolation, Nile, etc. Je trouve au death metal old school certains charmes, comme en témoignent Morbid Angel, Obituary, Entombed, les dernières sorties de Carcass, les excellents The Chasm ou les premiers albums de Death. Idem pour le death mélodique avec Amorphis, At The Gates, In Flames, Amon Amarth, Children Of Bodom ou Arch Enemy. Bref, je vais surtout parler ici de ce que je préfère dans le death metal, à savoir lorsqu’il est agressif mais surtout progressif et virtuose.


[img]http://f.tqn.com/y/heavymetal/1/L/V/7/1/-/death-human.jpg[/img]
Death : Human - 1991

Death est l’un des pères fondateurs du style, et naquit en 1983 sous le nom de Mantas, lorsqu’ils étaient encore de jeunes ados rebelles voulant faire le maximum de bruit possible dans leur garage. 8 ans, quelques démos cradingues et 3 albums plus tard, le leader Chuck Schuldiner a bien changé, son statut d’instrumentiste se retrouvant plusieurs étages au-dessus et ses attentes devenant différentes. Il en résulte ce chef d’œuvre absolu du genre, à la croisée des chemins entre death old school, technique et progressif. Ca reste très très agressif, mais les compositions deviennent totalement torturées, fourmillant de détails rythmiques, tiroirs et chausse-trappes. Des intermèdes mélodiques sont dispersés çà et là et l’on s’y raccroche comme on peut avant la prochaine explosion de riffs et de batterie frénétique. On remarquera également la qualité des textes, chose présente chez Death dès l’album précédent. Un enregistrement très riche, très complexe, une mine d’or qu’il faudra excaver à force d’écoutes attentives et répétées. Mais vous serez remboursés au centuple.
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=uZvI1mXY3QQ


[img]http://www.metal-archives.com/images/3/8/8/388.jpg[/img]
Cynic : Focus - 1993

Sacrément difficile de décrire ce premier disque de Cynic : mélange de death metal, de jazz-rock et de musique atmosphérique ? Les premières impressions sont en tout cas très étranges. Là encore, l’auditeur a énormément d’efforts à fournir en termes d’écoutes et de découverte, surtout lorsqu’il est habitué aux codes du death metal, car ici tout vole en éclats. Mélanges d’éructations et de voix robotiques, riffs acérés, plages atmosphériques étonnantes, dans un tout foutrement syncopé, avec une basse en mode électron libre et un batteur inspiré… en 1993 c’était un véritable « o.m.n.i. ». Ou comment démontrer que le death metal ne s’adresse pas qu’aux assoiffés de décibels, de tempos à 200bpm et de hurlements. Et pourtant, c’est une tuerie.
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=20JmtcNnTGU


[img]http://rymimg.com/lk/f/l/7ace9b8572cc862a0ae7f384e3c4eb72/2656494.jpg[/img]
Atheist : Unquestionable Presence - 1991

Atheist fut l’un des pionniers de l’évolution du death metal. Dès 1988, alors que la Floride entrait en ébullition et s’échinait à produire des groupes de plus en plus extrêmes, Atheist décidait qu’il était plus cool de foutre un maximum de bordel non pas dans le son, mais dans les structures. Il en résulte une musique agressive et ultra-alambiquée, qui atteint à mon avis son apogée sur cet album, qui prône la constance dans l’inconstance : le but affiché ici est de trouver un certain équilibre entre successivement accrocher l’auditeur puis le perdre en route. Beaucoup d’écoutes sont à prévoir pour digérer ce salmigondis de riffs de toutes sortes, et beaucoup de plaisir à l’arrivée. Un indispensable dans la catégorie what the fuck.
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=nDoaGlrTdwA


[img]https://consequenceofsound.files.wordpress.com/2008/06/opeth-watershed.jpg[/img]
Opeth : Watershed - 2008

Habituellement le classique des Suédois tout indiqué est "Blackwater Park", sorti en 2001. Mais j’ai porté mon choix pour ce top 5 sur cet album, qui représente finalement toutes les ambiguïtés d’Opeth poussées à leur maximum : dualité voix claire et grunt typiquement death metal, dualité douceur et agression pure, et dualité entre riffs hypnotiques voire répétitifs mais très complexes, avec d’un coup des changements multiples et fulgurants. Un groupe vraiment à part, et un album de toute beauté où leurs influences progressives des années 70 transparaissent le mieux tout en laissant encore une part belle à un death metal forcené qui disparaîtra sur les albums suivants.
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=MgV-bCxE6ZI


[img]http://loudblast.org/wp-content/uploads/2014/05/loudblast-cross-the-threshold-ep-300x300.jpg[/img]
Loudblast : Cross The Threshold - 1993

Et pour finir on fait cocorico avec les -relativement- célèbres Lillois, qui nous avaient gratifiés en 1993 d’un magnifique mini-album (à l’illustration émoustillant l’ado que j’étais), et je n’ai pu m’empêcher de citer ici. Leur death metal est plus old school donc pas d’originalité particulière ici, on est loin des expérimentations décrites ci-dessus. Cependant, ces compos ciselées va en laisser plus d’un sur le carreau, car tout en défouraillant sévère, elles savent proposer des lignes mélodiques qui rentrent bien dans le crâne. Efficace, entraînant, on fait les cornes avec les deux mains et on secoue la tête, please.
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=C-Kn05vLLWE
By Anthony
#178377 Voici selon moi 5 albums de metal progressif à posséder.
Accordons-nous d'abord sur ce qu'est le metal prog. Comme on l'entend souvent, le style n'est pas vraiment caractérisé par des morceaux dépassant les 7-8 minutes avec des solos partout. Ce qui définit le metal prog est une structure qui échappe aux conventions pop/rock couplets refrains (conventions ABABCBB), avec des rythmes complexes ; il s'agit ni plus ni moins que d'adapter le développement d'un morceau de musique classique avec des instruments rock. Un morceau de 3 minutes peut être prog, si sa structure fait ABCDEF. Ensuite, il est vrai qu'on retrouve dans le prog (rock ou metal) de fortes affinités avec des pluies de solos et des morceaux-pavés (10, 15, 20, voire 40 ou 60 minutes), mais ce ne sont pas des conditions suffisantes.

Ensuite, le classement proposé ici est, comme celui de death metal, sujet à débat. Parfois les frontières sont floues, tous les titres d'un album cité ne sont pas forcément progressifs à proprement parler, mais il s'agit plutôt d'appréhender l'ambiance du disque dans sa globalité.


[img]http://www.u-zine.org/cover/DTimages.jpg[/img]
Dream Theater : Images And Words - 1992

Dream Theater n'a certainement pas inventé le metal progressif. Déjà ce style est "simplement" un dérivé plus hargneux du rock progressif en vogue dans les années 70, et les premiers groupes à avoir expérimenté cette approche structurelle mêlée à l'énergie du heavy metal étaient Fates Warning, Crimson Glory ou encore Queensrÿche (on a aussi tendance à oublier Mercyful Fate, dont les 2 premiers albums donnent le tournis, toutefois ils sont classés par habitude dans le heavy metal ou à la rigueur dans la 1st Wave of Black Metal). Une autre branche se dessine également durant la seconde moitié des années 80, avec une approche plus violente : Watchtower, Atheist ou Psychotic Waltz.
Les New Yorkais de DT ont parachevé la création du mouvement en calquant l'habitude née dans les années 70 de faire du clavier un instrument d'importance égale à la guitare dans le rock (Rainbow, Deep Purple, etc.), ce qui, dans le heavy metal de la fin des années 80, relevait davantage de l'hérésie que de l'idée de génie. Finalement, en combinant ce qui existait déjà ailleurs mais en mode éclaté, ils réussirent à imposer leur style comme étant un standard de "metal progressif".
Leur second album, "Images & Words", bénéficiant d'une promotion sur MTV, fit une percée dans les charts et le groupe fut perçu comme une alternative antinomique à l'hégémonie du grunge qui saturait déjà les ondes. Une autre guerre faisandée "technique VS feeling" était sur le point d'éclater. Car la technique instrumentale, ce disque en regorge et la disperse à tous vents avec structures asymétriques à souhaits, breaks en cascade et solos azimutés. D'aucuns diraient que ça manque d'émotion, cf tout le baratin habituel sur jouer "LA" note plutôt que dix mille. Comme si virtuosité et feeling étaient forcément incompatibles ; Dream Theater prouve exactement le contraire tout au long de ce formidable album, maintenant devenu une telle pierre angulaire du mouvement qu'il a engendré une multitude d'équivalents (et ça continue encore aujourd'hui). Du pêchu Pull Me Under jusqu'au poignant Learning To Live, un large éventail d'émotions s'ouvre devant nos oreilles, lesquelles trouveront peut-être le son du synthé parfois un peu daté. Musicalement ce disque est une merveille, un cadeau des cieux, la référence ultime du metal progressif, même si celui-ci ne se limite pas qu'à cette forme d'expression.
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=XvUzTheN-J0


[img]https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/c/c0/Iron_Maiden_-_Seventh_Son_Of_A_Seventh_Son.jpg[/img]
Iron Maiden : Seventh Son Of A Seventh Son - 1988

Drôle de choix pour un top sur le metal prog, pourrait-on dire. Mais Iron Maiden, ayant réussi la prouesse dans les années 80 de se renouveler quasiment à chaque album, termine sa folle première décennie d'existence avec un immense disque puisant directement sa substantifique moëlle dans un heavy prog à ses balbutiements, existant officiellement depuis 2 ou 3 ans à peine. Il en résulte un concept-album, qui, même s'il comporte encore de nombreux gimmicks heavy metal, s'adonne aux joies des structures tordues et des signatures impaires.
Tous les musiciens du groupe sont à leur top sur "Seventh Son Of A Seventh Son", les compos défilent à coups de lignes de chant passionnées, de rythmiques enlevées et précises, de solos inspirés. Les fans hardcore du groupe leur ont tourné le dos à l'époque, mais qu'importe, l'accomplissement artistique est bel et bien là, dans toute sa splendeur. Il existe certainement d'autres disques plus typiquement progressifs que celui-ci, mais lorsqu'un collectif tel qu'Iron Maiden se frotte au style à l'époque de sa fougueuse jeunesse, c'est un feu d'artifice et il était impossible pour moi d'occulter ce chef d'oeuvre sous prétexte qu'il ne rentre pas exactement dans la case appropriée.
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=zCjQqKCLkis


[img]http://img15.hostingpics.net/pics/601136tyranny.jpg[/img]
Shadow Gallery : Tyranny - 1998

Ces Américains étaient dans les années 90 les seuls concurrents sérieux de Dream Theater. Toutes les autres formations affiliées à ce style s'efforçaient d'album en album de reproduire l'excellence d' "Images & Words" ; parfois cela donnait quand même de très bonnes choses (Vanden Plas ou Eldritch par exemple) mais l'ombre des New-Yorkais venait toujours nuancer la qualité de la musique produite. Il en allait différemment avec Shadow Gallery. Sans nullement essayer de s'approprier le style très flashy de DT, ils avaient déjà tracé leur voie dès 1992 dans une direction différente : voix très douces et lyriques, flûtes, claviers plus éthérés, atmosphères souvent feutrées, laissant toutefois une place aux guitares pour quelques explosions de shred.
"Tyranny" est leur troisième album (concept, donc qui raconte une histoire au fil des titres), et à vrai dire toute leur discographie est un vrai régal (contrairement aux groupes précités) même si la production de leur premier effort a plutôt mal vieilli. J'ai choisi "Tyranny" car il représente à mon sens le meilleur de ce que le groupe a apporté au genre, cette espèce de constant funambulisme entre musique enlevée, virtuose, et parties douces et mielleuses. Là encore, impossible d'opposer technique et feeling tant les deux sont savamment entremêlés. Un groupe de multi-instrumentistes à suivre si vous appréciez cet extrait à sa juste valeur :
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=XzbKbQQQDAU


[img]https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/b/b0/The_spectre_within_(Fates_Warning_album_-_cover_art).jpg[/img]
Fates Warning : The Spectre Within - 1985

Retour aux sources obligatoire pour comprendre, avec Fates Warning. Aucune utilisation de claviers ici, il s'agit de heavy metal toutes guitares dehors fortement influencé par Iron Maiden ou Judas Priest ; mais sur cet album tout devient plus complexe, et le résultat obtenu ressemble à une sorte de proto-metal prog, du Dream Theater les claviers en moins. Mais le côté précurseur de ce disque n'est pas la raison principale de sa présence dans cette liste : cet album est tout simplement terrible, un vrai festival de puissance, de mélodies combinées à des rythmes tordus et versatiles emboîtés dans des architectures savantes.
Le style de Fates Warning a probablement mal vieilli pour la plupart des jeunes oreilles biberonnées à la sur-production d'aujourd'hui ; réglez votre horloge interne sur 1985, écoutez ce qui se faisait à l'époque : quelque chose d'aussi chiadé et abouti, tout en étant à l'aube d'une nouvelle branche musicale, ne courait pas les rues.
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=P3TImZgT5jA


[img]http://www.progarchives.com/progressive_rock_discography_covers/325/cover_2633152992008.jpg[/img]
Symphony X : The Divine W ings Of Tragedy - 1997

Le style de Symphony X est à la croisée de plusieurs chemins : power metal (voir une prochaine liste), shred fortement influencé par Yngwie Malmtseen (voir une autre prochaine liste), mais globalement ça reste du metal progressif, du moins tel que Dream Theater l'a défini, c'est-à-dire celui le plus répandu à l'époque. Compos rapides, gros riffs qui tachent, échanges de solos guitare/claviers, pluie de contretemps, quelques structures totalement libres, et quelques passages où l'on souffle, notamment dans les superbes The Accolade (avec sa superposition d'instruments lors du break) ou Candlelight Fantasia. Mais globalement ce disque est une gifle de metal puissant et syncopé, et qui reste encore presque 20 ans plus tard une référence dans le domaine.
La présence de "The Divine W ings Of Tragedy" dans ce top reste discutable, dans le sens où beaucoup d'autres groupes auraient mérité leur place : Tool, Porcupine Tree, Tesseract, A.C.T ou Meshuggah. Mais je reste très old school dans mes choix, et cet album de Symphony X est un ravissement trop souvent passé sous silence par les jeunes générations de métalleux. Et accessoirement je ne suis pas trop fan de ce que l'on appelle le "Djent".
Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=S2CISHqGzCg
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By ref
#179287 [video]https://www.youtube.com/watch?v=slO8lwP6nuQ[/video]
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By ref
#179501 [video]https://www.youtube.com/watch?v=6iEr06iSH4o[/video]
By solaris
#179502 Anthony et Ref, il faut vraiment que vous vous programmiez un jour une venue à la grande kermesse du Hellfest à Clisson.
By Anthony
#179586 J'ai fait 5 Hellfest en 10 ans, je commence à connaître ^^
Par contre là j'ai fait le tour je crois. Et niveau populace plus ça va moins ça va. Ca devient étouffant.
By solaris
#180071 [quote="Anthony"]J'ai fait 5 Hellfest en 10 ans, je commence à connaître ^^
Par contre là j'ai fait le tour je crois. Et niveau populace plus ça va moins ça va. Ca devient étouffant.
Tu as aussi le Motocultor Festival.
Je n'ai jamais fait mais il semble d'après des connaissances qui font régulièrement les deux festoches que cela soit resté un peu plus roots que le Hellfest.
https://www.motocultor-festival.com/wordpress/home/