- Jeu Sep 26, 2013 1:21 pm
#138303
Nous y sommes. Après 9 mois de "geekage" intensif, à travailler 80 heures par semaine pour construire le site web de ma startup, voici le bilan que j'en ai tiré. Si d'autres souhaitent se lancer dans cette aventure, ils peuvent prendre les éléments suivants comme des garde-fou, auxquels ils auront tout loisir de penser, un soir où ils souhaiteraient prendre du recul sur leur situation.
- consacrer l'intégralité de son temps de veille à travailler, et ce sur plusieurs mois, est néfaste pour la santé sociale (pléonasme oui, mais une fois en situation on l'oublie très facilement).
- conserver ce faisant une relation saine avec sa copine est quasiment impossible. Sauver les apparences peut arriver sous certaines conditions (qui tiennent plus de l'enchaînement matériel que d'autre chose), cependant la chute n'en sera que plus amère.
- cela pour une raison simple : à travailler ainsi, un homme se transforme peu à peu en monstre. Pas dans le sens de la méchanceté gratuite, mais dans le sens de quelqu'un qui devient incapable de la moindre empathie.
Oui, vous avez beau avoir les meilleures intentions du monde et filer l'amour fou avec une fille que vous aimez, au démarrage de votre projet, et bien passer 12 ou 13 heures par jour, sur plusieurs mois, devant un ordinateur à coder du PHP, tout en gardant un oeil positif et enjoué sur le reste du monde, est tout bonnement impossible. En tous cas, cela s'est révélé impossible pour ma part.
En somme, démarrer une startup est un travail de célibataire. Si vous ne l'êtes pas, alors vous allez le devenir. Il faut choisir. J'ai cru pouvoir me soustraire à ce choix, et le parpaing de la réalité s'est écrasé sur la tartelette aux fraises de mes illusions, pour citer Boulet. On pourrait se dire "équilibre vie pro/vie perso", mais je vous enjoins à vous fixer l'objectif de déplacer une montagne, en découvrant au fur et à mesure ce à quoi la nouvelle montagne est censée ressembler, pour imaginer la possibilité d'une "vie perso" à côté.
On le répète à l'envi (et même plus), ici même : pour être séduisant, il faut être intéressant. Mener une vie intéressante, riche, penser avec intérêt à de multiples choses. Laisser l'abeille que vous êtes bûtiner à toutes les fleurs que sont les "choses de la vie", sans arrière-pensée et avec le plaisir de la chose, pour la chose. En vous lançant dans une startup, fût-ce avec un associé - comme c'est mon cas, vous n'êtes plus une abeille. Vous êtes un bulldozzer. L'intégralité de votre temps de veille est entièrement focalisé vers votre production.
Déceler le(s) moment(s), la fine démarquation entre la légitimité que vous avez de vous consacrer tout entier à un travail titanesque, et la "fuite dans le travail" que peut représenter un tel investissement, est fort difficile, car justement, vous n'avez plus d'oeil que pour votre activité et ne disposez plus du recul nécessaire. Le problème n'est pas que vous n'avez pas les bonnes réponses. Le problème est que vous ne pensez même plus à vous poser les questions. Les gens ne vous intéressent plus, tout simplement, et votre personnalité change.
Sans doute, des gens, peut-être même certains d'entre vous, sont parvenus à gérer cette ligne. A trouver un équilibre entre la consécration de leur être tout entier à leur travail, à certaines périodes, et à la construction, à l'entretien, de leur vie personnelle et sociale, à d'autres.
Je n'y suis pas parvenu, pour ma part.
Ce journal racontera donc l'histoire à venir d'un mec qui, comme tant d'autres avant et après lui, a payé cher sa leçon de vie. En passant, je suis loin d'être unique, le nombre de startupeurs ayant claqué un burnout après que leur copine les largue suite à une année de no-life, ce no-life fût-il délibéré et dédié à un objectif précis, est tout bonnement impressionnant. Je m'estime chanceux dans l'affaire, car l'entreprise en question ne semble pas en danger, et l'objectif initial, cause importante de ce fatras, a été atteint.
La valeur d'un homme se mesure en particulier à sa capacité à rebondir. Reconstruction. Step by step. Objectif : devenir humain, de nouveau.
- consacrer l'intégralité de son temps de veille à travailler, et ce sur plusieurs mois, est néfaste pour la santé sociale (pléonasme oui, mais une fois en situation on l'oublie très facilement).
- conserver ce faisant une relation saine avec sa copine est quasiment impossible. Sauver les apparences peut arriver sous certaines conditions (qui tiennent plus de l'enchaînement matériel que d'autre chose), cependant la chute n'en sera que plus amère.
- cela pour une raison simple : à travailler ainsi, un homme se transforme peu à peu en monstre. Pas dans le sens de la méchanceté gratuite, mais dans le sens de quelqu'un qui devient incapable de la moindre empathie.
Oui, vous avez beau avoir les meilleures intentions du monde et filer l'amour fou avec une fille que vous aimez, au démarrage de votre projet, et bien passer 12 ou 13 heures par jour, sur plusieurs mois, devant un ordinateur à coder du PHP, tout en gardant un oeil positif et enjoué sur le reste du monde, est tout bonnement impossible. En tous cas, cela s'est révélé impossible pour ma part.
En somme, démarrer une startup est un travail de célibataire. Si vous ne l'êtes pas, alors vous allez le devenir. Il faut choisir. J'ai cru pouvoir me soustraire à ce choix, et le parpaing de la réalité s'est écrasé sur la tartelette aux fraises de mes illusions, pour citer Boulet. On pourrait se dire "équilibre vie pro/vie perso", mais je vous enjoins à vous fixer l'objectif de déplacer une montagne, en découvrant au fur et à mesure ce à quoi la nouvelle montagne est censée ressembler, pour imaginer la possibilité d'une "vie perso" à côté.
On le répète à l'envi (et même plus), ici même : pour être séduisant, il faut être intéressant. Mener une vie intéressante, riche, penser avec intérêt à de multiples choses. Laisser l'abeille que vous êtes bûtiner à toutes les fleurs que sont les "choses de la vie", sans arrière-pensée et avec le plaisir de la chose, pour la chose. En vous lançant dans une startup, fût-ce avec un associé - comme c'est mon cas, vous n'êtes plus une abeille. Vous êtes un bulldozzer. L'intégralité de votre temps de veille est entièrement focalisé vers votre production.
Déceler le(s) moment(s), la fine démarquation entre la légitimité que vous avez de vous consacrer tout entier à un travail titanesque, et la "fuite dans le travail" que peut représenter un tel investissement, est fort difficile, car justement, vous n'avez plus d'oeil que pour votre activité et ne disposez plus du recul nécessaire. Le problème n'est pas que vous n'avez pas les bonnes réponses. Le problème est que vous ne pensez même plus à vous poser les questions. Les gens ne vous intéressent plus, tout simplement, et votre personnalité change.
Sans doute, des gens, peut-être même certains d'entre vous, sont parvenus à gérer cette ligne. A trouver un équilibre entre la consécration de leur être tout entier à leur travail, à certaines périodes, et à la construction, à l'entretien, de leur vie personnelle et sociale, à d'autres.
Je n'y suis pas parvenu, pour ma part.
Ce journal racontera donc l'histoire à venir d'un mec qui, comme tant d'autres avant et après lui, a payé cher sa leçon de vie. En passant, je suis loin d'être unique, le nombre de startupeurs ayant claqué un burnout après que leur copine les largue suite à une année de no-life, ce no-life fût-il délibéré et dédié à un objectif précis, est tout bonnement impressionnant. Je m'estime chanceux dans l'affaire, car l'entreprise en question ne semble pas en danger, et l'objectif initial, cause importante de ce fatras, a été atteint.
La valeur d'un homme se mesure en particulier à sa capacité à rebondir. Reconstruction. Step by step. Objectif : devenir humain, de nouveau.
[size=85]“Knowing your own darkness is the best method for dealing with the darknesses of other people.”
“If one does not understand a person, one tends to regard him as a fool.”
- Carl Jung[/size]
“If one does not understand a person, one tends to regard him as a fool.”
- Carl Jung[/size]