- Ven Mar 28, 2014 5:59 pm
#149492
A 19h20, mon téléphone sonne. La miss est en bas.
Je vais la chercher et remonte en prenant l'ascenseur avec elle.
Ne rien laisser paraître. Jeu de dupes.[quote]M : Tiens, Baptiste n'est pas avec toi ?
E : Non, il nous rejoindra un peu plus tard.
Je lui ouvre la porte de ma piaule et pose deux chaises en face à face, coincées entre le lit et l'évier.
(Même si c'est plus simple, ne pas la faire asseoir sur le lit, qui la rendrait mal à l'aise.)Elle a emporté avec elle un pack de bière, initialement prévu pour la fête de Benoit, à laquelle nous sommes censés aller après.
On verra bien ce que la suite nous réserve.Assis en face à face, nous ne voyons cependant pas d'inconvénient à éventrer le pack pour s'offrir une bouteille chacun.
Je comble tout vide en parlant de la soirée d'hier et en commentant les éléments de mon appartement qui semblent la fasciner.
[quote]E : Benoit tient à s'excuser pour hier.
M :
(je souris) Ah bon ? C'est gentil de sa part. Tu ne l'as pas forcé à le faire au moins.
E : Non non, il sait qu'il a l'alcool con et que parfois il peut dire des choses qu'il regrette.
Une pause.
Les yeux qui se baissent.
Le baiser n'est pas loin. Mon coeur palpite.
Je n'ose pas encore franchir cette barrière. Je la vois se dresser devant moi, fasciné, et préfère attendre encore un peu, le point culminant.
Le silence se brise.
[quote]E : D'ailleurs hier... je dois t'avouer que tu m'as un peu choqué avec tes avances.
Stupeur.
[quote]M : Ca t'a choqué ?
E : Oui, un peu. Enfin... du rentre-dedans on m'en a déjà fait.
Mais toi tu y es allé vraiment fort !
La barrière n'est plus un obstacle joueur. Elle se transforme en mur infranchissable, sévère.
Je suis mis au banc des accusés avec interdiction d'approcher de la victime.[quote]M : Ah bah écoute, je m'en suis pas rendu compte, désolé...
Et alors quoi, tu vas t'arrêter là ? Partir la queue entre les jambes parce que tu as osé exprimer ton désir ?
Cette barrière émotionnelle qui se dresse entre elle et moi a désormais atteind les cimes. Mais je ne peux simplement pas envisager de rendre les armes à ce moment-là.
L'image de Benoît qui, tel un chien qui s'accroupit sur le ventre les oreilles baissées, aurait exprimé sa posture de dominé en s'excusant par l'intermédiaire d'Adèle m'offre le déclencheur nécessaire.Sans un mot, je me lève de ma chaise et approche mon visage à quelques millimètres du sien, ma joue effleurant la sienne.
Je murmure à son oreille :
[quote]M : Et là, je te choque toujours ?
J'embrasse une peau qui rougit et qui brûle.
Sa tête s'abaisse, lentement et avec résignation. Son ton de voix devient extrêmement infantile.
[quote]E : Bah... je sais pas...
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
[...]
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
[...]
Tu seras un Homme, mon fils.