Vos soirées, rendez-vous, aventures, etc.

Modérateurs: animal, Léo

By James ex S
#155478 Le récit qui suit s’adresse sans doute plus à moi qu’à vous puisqu’il me permettra peut-être de faire le deuil (même si je ne crois pas en avoir réellement envie) d’une femme qui est entrée dans ma tête il y a quelques années mais qui n’en est jamais vraiment sortie, faute d’avoir su trouver une autre capable de s’inscrire comme elle l’a fait dans ma mémoire poétique (et elle le fit avec brio).

Une histoire que je n’ai étonnement jamais cherchée à mettre par écrit. Je sais pourtant à quel point tout ça m’aide à comprendre la situation et à me détacher des événements. Depuis le temps… Je crois simplement que je n’ai pas vraiment envie de m’en détacher, je ne sais pourquoi. Enfin si, je sais, puisque cette histoire dure encore aujourd’hui. Même si le lien sentimental qui nous uni est de plus en plus fragile, on ne peut s’empêcher de se relancer l’un et l’autre et je reçois régulièrement un message de sa part lorsqu’elle me croise sur la route ou qu’elle entend parler de moi ou de mes projets.

Sentez–vous libre de réagir mais n’oubliez pas que cette histoire a vu le jour il y a trois ans et qu’en plus d’être dans un état d’esprit particulier à cette époque de ma vie, je n’avais pas tous les outils ni les grilles de lecture que je possède aujourd’hui.
By James ex S
#155481 Je connaissais Julie de vue depuis plusieurs années. Nous avions même, alors que nous n’avions pas 20 ans, joué dans le même groupe de Rock mais à des périodes différentes. J’avais eu la surprise un soir alors que je me rendais au concert de mes anciens camarades de la voir sur le devant de la scène, sa douce voix qui essayait tant bien que mal de suivre les musiciens qui avaient, il en va sans dire, des problèmes de rythme.

Nous avions également partagé une année plus tard la même classe pendant quelques mois sans qu’il ne se passe rien ni que je ne me pose aucune question sur une quelconque attirance à son égard… Mais tout ça remonte bien trop loin pour avoir une importance dans ce qui va suivre.

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Revenons trois ans en arrière. J’effectuais à l’époque mon service militaire à l’autre bout du pays. En enlevant les heures passées dans le train, mes permissions de week-end se résumaient à 24 heures chronométrées avant de reprendre mon paquetage pour retrouver mes camarades.

Julie, que je n’avais pas revue depuis quelques temps, avait acquis une classe de je ne sais où et était devenue à mes yeux une vraie femme. Elle n’avait pas pris trois tailles de soutien-gorge, ni dix centimètres mais elle avait appris à se mettre en valeur et à jouer de ses atouts. Pourquoi est-ce que je la remarquais tout à coup alors qu’elle m’avait été indifférente par le passé. Je n’en avais à l’époque aucune idée mais elle m’attirait suffisamment pour que je lui propose un rendez-vous.

Elle avait la peau pâle, une masse de cheveux roux indescriptible avec laquelle elle arrivait toujours à faire des merveilles. Elle ne correspondait pas aux canons de beauté actuels, ni au style de filles vers lesquelles je croyais être attiré, mais elle savait merveilleusement bien se mettre en valeur. Encore étudiante, danseuse classique à ses heures perdues, Julie était une vraie artiste et cela se traduisait également à travers son style, lui aussi indescriptible mais toujours élégant (et dans un pays où le niveau d’apprêtement moyen n’est pas très élevé, elle faisait tourner beaucoup de têtes). Elle avait toujours un ou deux accessoires parfaitement bien choisis et un rouge à lèvre rouge vif qui faisait ressortir son teint pâle. Elle aimait s’attacher les cheveux pour que l’on voie le tatouage qu’elle avait sur la nuque.

[img]http://1.bp.blogspot.com/_UEr7FY0xNHM/TT8yv58t7pI/AAAAAAAAAZ4/UVoqysOtd5k/s1600/Fullscreen+capture+832010+102528+AM.jpg[/img]
(Ce n’est pas Julie mais elle y ressemble étrangement)

Je lui proposais donc de sortir le seul soir de libre qu’il me restait, le samedi:
Nous nous sommes rendus dans un des seuls bars stylés que je connaissais. Un petit bar à vin calme, qui passait de l’excellente musique et dans lequel il n’y avait que 4 tables. L’endroit était parfait pour éviter le côté « retrouvaille entre amis » et lui témoigner un peu d’intérêt puisqu'elle connaissait bien l'endroit.

Les souvenirs de ce début de soirée sont flous mais un détail avait son importance: elle venait de se séparer il y a peu.

Quelques coups de téléphones m’avait permis d’avoir à disposition pour la fin de la soirée de quoi prendre un bain de minuit. Je lui avais d’ailleurs demandé d’emmener avec elle de quoi se baigner, sans lui en dire d’avantage.
Nous avons discuté, ri, essayé de se couler et la situation aidant, nous nous sommes d’abord rapproché sans pour autant s’embrasser. La sortie de l'eau se poursuivit par une douche à deux. Je la revois encore debout attendant devant la douche, attendant que je l'invite à me rejoindre comme pour de déresponsabiliser de la suite des événements. Quelques minutes plus tard, nos corps et nos lèvres étaient collés l'un à l'autre. Nous fîmes l’amour, d'abord sous la douche puis dehors et finalement une dernière fois à la maison ou elle passa la nuit.

Je la ramenait le lendemain en uniforme avant de repartir faire semblant de faire la guerre. Avant de la quitter, elle me dit:
[quote]E: Merci pour cette belle nuit. Le plus bizarre c'est que ça ne me semble pas bizarre à tes côtés.
By James ex S
#155493 [quote]« Savoir qu'on n'a plus rien à espérer n'empêche pas de continuer à attendre. »
Marcel Proust


Après notre séparation, je me suis toujours dit que nous nous étions rencontrés au mauvais moment...


L’année de notre rencontre fut particulière pour moi puisqu’après avoir trimé pour obtenir mon sésame d’entrée à l’université, j’avais décidé de prendre une année sabbatique pour faire ce dont j’avais toujours rêvé : partir voyager loin, très loin. Je ressentais à cette période, le besoin de couper avec mes racines et j’étais persuadé que plus ma destination serait loin, plus le dépaysement serait important et mieux ce serait. Pour mieux revenir, pour partir définitivement ? A l’époque je ne le savais pas encore… Je planifiais ces voyages depuis plusieurs mois et ils me trottaient même en tête depuis quelques années. Une sorte de secret agenda à ma façon et ce n’était malheureusement pas Julie qui allait changer la donne, bien qu’elle ait essayé à de nombreuses reprises de me convaincre de rester.


Les premiers mois, nous nous sommes donc vus une fois par semaine, le seul jour où j’avais mes permissions, ce qui ne l’empêchait par contre pas de m’écrire ou de m’envoyer des photos d’elle pour être certaine que je ne l’oublie pas entre deux samedis. Les choses ne se sont donc pas précipitées et nous avons appris à nous connaître d’une semaine à l’autre en profitant pleinement des moments passés ensemble. Je savais par contre qu’une fois mes obligations terminées, j’allais m’envoler pour plusieurs mois. Julie le savais aussi, même si elle commençait secrètement à espérer que je change mes plans. (Inutile de préciser que pendant ces quelques mois il n’était pas question d’exclusivité et nous ne nous sommes à aucun moment considérés comme un couple.)


Julie avait bien compris que je me cherchais encore à travers ces voyages. Elle savait que je partais pour couper les ponts avec mes origines, mes connaissances et que j’avais prévu de ne donner que peu de nouvelles. Elle voyait ma détermination et comprit rapidement qu’elle ne faisait pas le poids face à mes projets.
Julie reste à ce jour la fille avec le plus de "F" que j'ai fréquentée. Avant mon départ et pendant mes voyages elle essaya par tous les moyens et usa de tous les stratagèmes pour me garder auprès d'elle ou de me faire revenir. Déclarations enflammées, fausses crises de jalousie à distance, rapprochements de mes amis proches, elle ira même se consoler dans les bras d'un autre après que je sois parti. Je ne pourrais cependant pas lui en tenir rigueur puisque j'aurais moi-même des aventures de mon côté (mais ce passage-là aura son importance plus tard).


A mesure que les semaines passaient et que mon départ approchait, cet embryon de relation devenait de plus en plus intense. Julie avait du goût et de la classe autant dans ses tenues, dans les lieux qu'elle fréquentait, dans le sport qu'elle pratiquait que les personnes qu'elle fréquentait. Elle avait notamment des goûts musicaux incroyables. Je ne pensais pas avoir à apprendre quoi que ce soit d'une fille en ce qui concerne la musique mais Julie avait des références qui me laissaient sans voix et en creusant un peu, elle ne les tenait ni d'un ex ni de personne, ces goûts lui étaient propres et elle me fit découvrir quelques artistes hors du commun lorsque nous nous rendions régulièrement à des concerts.


Nous avions également une connexion sexuelle que je n’ai retrouvée qu’à de très rares occasions. Julie connaissait parfaitement bien son corps pour une fille d’une vingtaine d’années et elle était à l’aise avec sa sexualité. Même si elle n’avait pas besoin de le verbaliser, elle me répétait souvent que ça la perturbait qu’on se connaisse aussi bien et qu’on arrive si facilement au plaisir ensemble. A deux reprises elle essaya de se livrer après des ébats intenses:

Aveuglé que j'étais par mes envies de liberté et d'aventure, je ne me rendais pas vraiment compte à quelle point elle commençait à s'attacher et que moi-même que je commençais à tenir à elle.
[quote]E: J’ai envie de te dire quelque chose James mais je ne sais pas si c’est une bonne idée.
[quote]M: Ne dis pas de bêtise Julie.

Elle commençait à tomber amoureuse et après une longue nuit passé tous les deux, à quelques jours de mon départ, je ne pus la retenir :
[quote]« Je t’aime James, Oh je t’aime »
Je crois, j’en suis même certain, que j’étais réellement dingue d’elle mais il était trop tard pour reculer. A défaut de ne savoir quoi faire, et face à la situation que je redoutais le plus, je me suis muré dans la position de ce que je croyais être le mâle alpha et j’ai poursuivi ma route sans regarder en arrière, non sans lui promettre de lui donner des nouvelles de mes péripéties.



C’est ainsi que j’ai pris mon sac à dos, ma trousse de secours qui remplissait presque un quart de mon sac, la tête encore tournante après les nombreux vaccins que j’avais dus me mettre dans les veines, et que je partis pour plusieurs mois, mes envies de liberté et d’aventure étant à ce moment-là plus fortes que tout.
By James ex S
#155817 26.08.2012: Nusa Tenggara, Indonésie, extrait de mon journal de bord
[quote][…] Etrange rêve avec Julie cette nuit. Je l’adore et nous avons une complicité que j’ai rarement eue auparavant mais je ne ressens pas plus d’attirance que ça. De l’attirance, oui, mais les sentiments amoureux n’y sont pas. Si je réfléchis bien, c’est peut-être parce que c’est la première fois depuis longtemps que j’ai cette complicité que j’ai autant de mal à m’en détacher, mais je ne suis pas amoureux. Il faut que je me rende à l’évidence et que je sorte de ma zone de confort.
Julie est folle et parfois complètement incohérente mais ce côté-là de sa personnalité me plait.
Pourquoi est-ce que je reste à ses côtés : Premièrement parce que j’aime son côté « folle » et qu’elle s’assume totalement. Deuxièmement, parce qu’on prend notre pied comme jamais et que je me sens viril à ses côtés (et pas uniquement sous les draps. Elle sait se comporter comme une vraie femme et aime que je me comporte comme un homme). Et troisièmement, parce que justement je suis bien, dans une espèce de zone de confort et que je n’ai pas besoin d’aller voir ailleurs.[…]

« Zone de confort », je n’avais que ce mot là en tête et c’est une situation que je voulais à tout prix éviter (et pas uniquement dans ma vie sentimentale). Je me rappelle que je ne tenais pas en place à cette époque. J’avais travaillé quelques semaines pour finir de financer mon voyage et je ne supportais pas la routine. J’étais avide de liberté et donc d’une très grande naïveté.
Il en était de même pour mes relations. J’avais besoin d’expérimenter, de vivre des aventures et je ne voulais en aucun cas me mettre en relation et rentrer dans une zone de confort, même si la personne en face était à la hauteur.

Avant d’avoir les clés nécessaires pour comprendre son comportement, j’avais toujours trouvé Julie folle, un peu dérangée et d’une incohérence totale dans certaines situation mais c’est en partie ce qui me plaisait. Avec le recul, je me rends compte qu’elle avait simplement une part très importante de F et que toutes ses incohérences dans son comportement étaient parfaitement logiques.

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Pendant ce temps là, nous communiquions de temps en temps par message (quand je me connectais et que j'avais du réseau) et elle suivait attentivement les quelques nouvelles que je laissais ici et là sur Facebook.

Elle était bloquée ici pour terminer sa formation et me savait sac au dos à l'autre bout du monde. C'est à ce moment là qu'elle commença à développer du ressentiment à mon égard. Mais avant ça, à chaque fois qu'elle se manifestait, j'avais l'impression de voir une enfant faisant des grands signes pour me dire "hé ho, je suis là, ne m'oublie pas!". Elle appela même ma mère, que je lui avais présentée un soir où nous nous étions croisés par hasard, pour lui demander de mes nouvelles.

Elle me fit plusieurs déclarations d'amour par Facebook et par message, faute de ne pas pouvoir me parler directement. Je me souviens très bien de l'une d'entre elles, accompagnée d'une vidéo qui a aussi traîné sur ce site il y a quelques temps.
[video]http://www.youtube.com/watch?v=isTkDSIyc6Q&feature=share[/video]

Elle usa ensuite de plusieurs stratagèmes pour essayer de m'atteindre: elle commença par sympathiser avec les deux dernières filles avec qui j'avais eu une aventures et elle firent plusieurs fois des soupers et sorties ensemble. Elle se rapprocha ensuite d'un groupe d'amis que je fréquentais régulièrement et passa plusieurs soirées en leur compagnie. Elle savait que j'allais être au courant premièrement parce ce sont mes amis et également avec les photos des soirées qui traînaient sur Facebook. Elle essaya même de séduire l'un d'entre eux qui, selon ses dires, lui résista.

Ce pote en question m'expliqua la situation dès mon retour de voyage et me promis qu'il ne s'était rien passé, même si elle avait usé de tous ces atouts pour le faire monter chez elle après qu'il l'aie ramenée. J'eus envie de le croire (même si je ne pus m'empêcher d'avoir un petit doute).

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Il y a quelques semaines, autour d'un verre, j'avais posé la question à Julie, feignant de ne pas savoir:
[quote]Pourquoi lui à l'époque, qu'est-ce qui t'attirait tant?
[quote]Je savais qu'il était gentil et qu'il ne me ferait pas de mal".
Avatar de l’utilisateur
By Dje
#155818 [quote]Je savais qu'il était gentil et qu'il ne me ferait pas de mal".
i.e. "Je savais qu'il était inoffensif et prévisible."
By James ex S
#155900 [Je n'ai pas beaucoup de talent pour l'écriture et je pense que ça se voit. Je ne suis pas spécialement bon non plus pour raconter les histoires ([size=75]sauf mes récits de voyages[/size]). Pourquoi prendre du temps et dépenser de l’énergie (puisque l'écriture, ou du moins essayer d'écrire quelque chose d'un minimum stylé, me demande pas mal de temps en d'énergie)?

- En mettant cette histoire par écrit, comme je l'avais fait pour une ou deux histoires qui m'avait marquées, en replongeant dans mes souvenirs, c'est comme si je sortais ces pensées de ma tête pour les emprisonner sur une feuille de papier (ici dans un sujet), comme si je les emprisonnais ici et plus dans mon esprit.

- En mettant des mots sur presque 3 ans de "relation" (le mot est bien mal choisi mais je n'ai pas trouvé mieux) je me rends également compte que tout, du début à la fin est purement et simplement logique, autant son comportement que le mien. Je m’énervais de la voir papillonner autour de mon cercle d'amis (et qu'on me le fasse savoir) alors que j'étais à l'autre bout du monde, je ne comprenais pas pourquoi, ni comment elle pouvait s'intéresser à cet ami et essayer de le séduire, lui qui était mon exact opposé, tout le contraire de moi. Je comprends aussi mieux mes comportements, mon projet de vie qui étaient plus fort que mon attirance pour elle, mon envie de la posséder à nouveau lorsqu'elle commença à me résister...

- Je me rends finalement compte qu'on réécrit souvent une partie de l'histoire comme on aurait aimé qu'elle soit plutôt que comme elle fut réellement. La façon dont on a vécu les moments, ceux qui se sont inscrits dans notre mémoire poétique sont souvent différents des moments qui l'ont marqués elle. Une histoire qui n'était, en réalité, jamais aussi belle que dans nos pensées. On l'idéalise, se rappelant uniquement les bons moments et effaçant de notre mémoire les mauvais.]


En parlant de mauvais moments, ils vont justement arriver. Il s'est passé un an depuis le début de la rencontre. Je termine mon année autour du monde, emménage dans une nouvelle ville et reprends mes études. Les rencontres avec Julie vont être plus espacées puisque que je ne rentre que le week-end (et pas systématiquement) dans la ville ou j'ai grandi. C'est un soir, tard dans la nuit après un concert, que les cadavres que Julie traînait derrière elle vont refaire surface...


L'envie de vous raconter cette histoire jusqu'au bout n'est déjà plus la même...
By Colin06
#155932 Et pourtant, tu te débrouilles bien dans ton récit et j'ai ben envie de savoir la suite (même si c'est triste et que même ça fait pleurer..)
By James ex S
#155935 j'ai pas vraiment saisi c'était ironique ou non mais meme moi je n'ai jamais pleuré pour cette histoire donc ce n'est pas à vous de vous y mettre.

...et si vraiment tu veux verser quelques larmes, attends la suite, c est un peu moins rose.
By James ex S
#155948 Emménager dans une grande ville, prendre un appartement, commencer des études dans une université qui compte plus de 13'000 étudiants, naïvement, je pensais qu’une infinité de possibilités s’offraient à moi. Tout était à découvrir, des nouveaux lieux de sortie, de nouvelles rencontres, des nouveaux cercles d’ « amis », des soirées étudiantes ainsi que toutes les possibilités qui sont données aux étudiants pour socialiser, bref, je rêvais naïvement de grandiose et la simplicité de notre rencontre me déprimait. Je pensais l’avoir séduite trop facilement et la croyais acquise, ce qui ne m’empêcha pas de continuer à la voir. Cette prétention ne dura pas plus longtemps que quelques semaines après mon emménagement.


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Une froide nuit de l’automne 2012. Je pourrais replonger dans mes classeurs, dans un dossier que j’aurais pu appeler « fait divers » pour vous retrouver la date exact de cette soirée mais premièrement je n’en ai pas envie et deuxièmement ça n’a aucune importance pour la suite des événements.

La soirée avait commencé, comme souvent avec Julie, par un concert et s’était prolongée sur un coup de tête dans un lieu que j’appréciais particulièrement à plus de 40 minutes de voiture de là. Il était tard étonnement je me rappelle parfaitement de l’heure, puisque j’eus à la noter à de nombreuses reprises sur des formulaires et autres déclarations : 02h15 un samedi soir, ou plutôt un dimanche matin.


Après une agréable soirée, nous nous dirigeons vers ma voiture garée non loin de là. On s’installe, je lui demande de s’attacher et, juste après avoir mis un bon CD, je démarre. (Je me suis souvent fait la réflexion après cette histoire que je n’avais quand même pas eu de chance cette nuit-là). Les portes de ma voiture se ferment automatiquement à clé lorsque je commence à rouler et dépasse les 15 ou 20km/h. Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Parce qu’au moment de sortir du parking et de m’engager sur la route, je devais rouler à la vitesse du pas, tout juste 10km/h, un homme se jette sur mon capot, frappe contre mon par brise et avant que je n’aie le temps de réagir, ouvre la portière pour s’en prendre à Julie. Il essaie de la sortir de la voiture mais comme elle est attachée il ne réussit pas. Il se penche alors à l’intérieur, la brutalise, et tente de la détacher. Je l’en empêche comme je peux depuis mon siège avant qu’il ne me frappe de toute ses forces au visage. Même si je ramasserais de nombreux coup plus tard, je pense que c’est à ce moment-là qu’il me cassa le nez. Il parvient à la détacher, la sort de la voiture et je le revois la jeter par terre de toutes ses forces.


On en parlait il y a quelques mois sur ce même forum, dans ce genre de cas, on ne se demande pas qu’elle enchainement qu’on a appris à notre dernier cours de Krav-Maga on va bien pouvoir lui faire, on agit. Je suis sorti de la voiture et alors qu’il était sur elle, sans doute en train d’essayer d’en finir je n’ai eu qu’un seul réflexe : non pas lui sauter dessus pour le massacrer (ce qui aurait d’abord été physiquement impossible au vu de ses 10 cm et 20 kilos de plus mais qui de plus se serait retourné contre moi quelques mois plus tard lors du procès. J’ai avant tout cherché à protéger Julie en m’interposant. J’ai donc pris les coups, et ils furent nombreux, à sa place, en lui laissant juste assez de temps pour s’éloigner et se réfugier vers les gens qui accouraient dans la rue après avoir entendu ses cris. Il se calma rapidement avec l’intervention de tiers et certaines personnes qui le connaissaient parvinrent à le calmer et l’éloigner.
Lui rentrera seul chez lui ce soir-là pendant que je conduisais d’abord jusqu’à l’hôpital puis à la police.


Julie était en état de choc, tremblait en ne supportait pas qu’on la touche. Il ne se prononça presque pas un mot sur le trajet qui nous mena aux urgences. J’essayai ensuite de la réconforter comme je pouvais dans les couloirs blancs et sans vie de l’hôpital mais elle ne se laissait presque pas toucher. Une fois chez les forces de l’ordre, je dus me battre pour qu’on ne nous sépare pas pour confronter nos versions. Julie était en état de choc et il était exclu de la laisser seul. Bonne décision ou non, j’en apprendrai énormément pendant nos dépositions, puisqu’il a fallu déposer deux plaintes différentes, les blessures n’étant pas de la même gravité chez elle et chez moi. « Ah mais vous voyez, monsieur, chez mademoiselle ça ne se voit pas alors que chez vous, c’est de l’ordre des lésions corporelles assez sérieuses.» D’une grande finesse la police, d’une grande finesse.

Il y a un moment particulier de notre déposition dont je me rappelle, c’était à la suite d’une des questions de l’officier en face de nous :
[quote]Est-ce que vous connaissiez cet homme avant et si oui, quels étaient les liens que vous entreteniez avec lui ?
Je répondis pour ma part que je le connaissais de vue, je savais comment il s’appelait et que je le croisais fréquemment dans les lieux en commun que nous fréquentions. Je lui expliquais aussi, que je savais qu’il aimait bien Julie, ce qu’il ne daigna pas noter dans le rapport. La réponse du Julie, du moins les quelques mots qu’elle essaya de prononcer en regardant par terre, m’apprirent que c’était un ex, et quand l’officier lui demanda à quand remontait cette relation, elle répondit : « il y a 6 mois (lors d’un de mes voyage). »

La soirée se prolongea donc, malgré nous jusqu’au lever du jour et après l’avoir raccompagnée chez elle, je rentrais soigner mon visage comme je pouvais et dormir quelques heures puisque je savais que nous devions revenir faire une déposition le lendemain.

[img]http://24.media.tumblr.com/tumblr_m8rxf7IoP01rxebiio1_500.jpg[/img]

Vous ne serez pas étonnés si je vous dis qu’à partir de ce moment-là, quelque chose avait changé, mais c’est le lendemain, alors que nous nous étions donné rendez-vous devant le poste de police et à la façon extrêmement froide dont elle me salua que je compris que les choses avaient définitivement changées.
By AdrienC
#155961 Cette histoire prend aux tripes.
J'ai eu mal pour toi lorsque tu as écrit qu'elle t'avait accueillie le lendemain matin de façon très froide. Si tu l'aimais à ce moment là, son attitude a du te faire "plus mal" que les coups que tu as reçu.

Continue c'est palpitant !
By jazzitup_
#155962 [quote]Cette histoire prend aux tripes.

Oui. Merci à toi James. Ton histoire n'a rien de divertissant, mais elle sonne juste avec toutes les zones d'ombres que cela implique.

[quote]et à la façon extrêmement froide dont elle me salua

C'est cruel comme un scalpel et pourtant cette chute ne m'a pas surpris. Je me demande pourquoi, et si la suite va l'éclairer.
By James ex S
#155966 Autant je comprenais parfaitement son comportement le soir même à l'hôpital et à la police et je dus batailler dur pour qu'elle se calme et pour la réconforter, autant je suis tombé des nues le lendemain et c'est avant tout l'incompréhension totale qui m'habitait.

Son comportement dans les semaines qui suivirent fut tout aussi froid et il me fallu quelques temps pour me rendre compte que j'étais confronté à des forces avec lesquelles je ne pouvais pas rivaliser: sa famille et son cercle d'amis.

Cette histoire nous liait définitivement et je savais qu'à partir de ce moment, notre relation ne serait plus jamais pareille. Le fait de l'avoir protéger me donna l'impression d'être encore plus proche d'elle alors que de son côté elle s'éloigna... Mais ça c'est pour la prochaine partie.

Merci pour vos messages.
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By Dje
#156150 [quote="James ex S"]Cette histoire nous liait définitivement et je savais qu'à partir de ce moment, notre relation ne serait plus jamais pareille. Le fait de l'avoir protéger me donna l'impression d'être encore plus proche d'elle alors que de son côté elle s'éloigna... Mais ça c'est pour la prochaine partie.
Il est malheureusement très fréquent que la victime associe, dans son souvenir, son protecteur à l’agression.