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Modérateurs: animal, Léo

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By Andrea
#65223 Je ne serai ni le premier, ni sans doute le dernier à le dire : les fêtes de fin d'année sont toujours l'occasion de passer du temps avec sa famille.

Les grandes retrouvailles familiales sont un moment très curieux à observer. Dans notre société judéo-chrétienne, le lien familial est sacré, et réputé indéfectible. Malgré la marée de contre-exemples que l'on pourrait trouver à cette assertion naïve, il y a quelque chose de fascinant à se rendre compte que l'on se retrouve au beau milieu d'une masse finalement inconnue, et que, des dizaines de personnes présentes, on n'en connaît relativement bien qu'une surprenante minorité.

On se prend à discuter avec des humains d'un autre âge, ou d'autres milieux, à échanger nouvelles personnelles et considérations privées avec des gens que l'on n'a pas vu depuis parfois plusieurs années, et dont il faut même s'assurer du prénom ; et on y trouve, parallèlement à cet étrange sentiment de léger rejet et de recul contraint, une certaine satisfaction à savoir que ces quasi-inconnus sont de notre sang et que l'on est en sécurité parmi eux.


Il faut recommencer cent fois la même conversation, répéter inlassablement détails et grandes lignes de sa situation et de ses points de vue, en s'y montrant chaque fois plus habile et concis à mesure que la patience commune s'épuise en vaines questions.
Tout un chacun sait pertinemment que toutes les réponses se perdront dans les limbes des mémoires sitôt la conversation suivante commencée, mais tout le monde prend plaisir à s'assurer du soutien fraternel.

Je n'ai malgré tout pas pu brider mon irrépressible envie d'analyse sociale. Entre l'amusement cynique éprouvé à diagnostiquer le degré d'ennui des moins habiles, et le calme plaisir ressenti à lire la satisfaction intense du devoir accompli sur le visage ridé de la doyenne de la famille, je n'ai pu m'empêcher de remarquer que beaucoup ont une vie qui, a priori, me répugne.
J'ai par exemple entendu d'un de mes grands oncles à quel point ses deux premières années d'études en droit l'avaient ennuyées, mais que l'intérêt était venu seulement après. De là à conclure que le manque de courage et l'amour-propre l'ont conduit, d'abord à ne pas changer de voie, puis à se convaincre de son intérêt pour celle-ci par manque d'éléments de comparaison, il n'y a qu'un pas, que j'ai refusé de franchir mais dont l'idée même semble cruelle.



Prévues en guise de point final parachevant l'année qui expire doucement dans une orgie de mets et de victuailles variées, ces réunions familiales sont toujours une bonne occasion de faire le bilan.
Elles tombent peu après l'anniversaire de mes vingt ans, le bilan n'en est que plus symbolique. Il est plaisant, bien au-delà de ce que j'aurais pu espérer récemment encore, et j'en suis heureux, plein de confiance en l'avenir.

C'est avec ce sentiment que j'ai contacté hier soir une magnifique blonde, fille d'amis de mes parents, avec qui j'entretiens une relation très peu assidue, mais régulière. En fait, nous ne nous voyons qu'en se croisant grâce à nos parents, lorsque ceux-ci se retrouvent et que nous sommes tous deux présents.
C'est à dire extrêmement rarement depuis que nous ne sommes plus enfants.

[quote]M : Non, décidément, j'aime pas les piercings. J'ai beaucoup de mal à résister à une belle peau de lait harmonieuse. Alors qu'un truc métallique en plein milieu, là, baaah.
E : Rire
M : Ton copain, il en dit quoi ?
E : J'en n'ai plus.
M : Ah, forcément, si je n'ai les nouvelles qu'une fois tous les six mois, j'ai du retard. Raconte ? Sauf si tu préfère parler d'autre chose. Mais je te préviens, en ce moment, je suis d'humeur à en revenir toujours au sexe.
E : Y'a pas que toi.

[quote]M : T'façon, c'est plus branché du tout, le piercing. Maintenant, pour être "in", il faut un chapeau et une cravate. [n'importe quoi]
E : J'ai un bonnet.
M : C'est pourtant vrai que t'en reviens aussi toujours au sexe. Mais je te parle pas de ton soutif, je parle des fringues que tout le monde voit.

[quote]M : Je vois quelqu'un demain, donc je suis rentré par le RER, j'étais chez mes parents aujourd'hui.
E : Ta copine ?
M : Pas "ma" copine, "une".

[quote]M : A propos de sex apeal, je vais bien tôt aller retrouver mon lit. Non, il n'y a personne dedans ce soir. Mais... tu sais quoi ?
E : ... ?
M : C'est la première fois depuis très longtemps qu'on se parle alors que tu es célibataire.
E : C'est vrai.
M : Veux-tu qu'on sorte à Paris un de ces soirs ? La semaine prochaine, par exemple.

Cette fille, bien que légèrement plus jeune que moi - ça me changera - est sublime. Tellement, qu'il est exceptionnel qu'elle soit célibataire, et que ça ne dure jamais longtemps. Je ne pouvais donc pas passer à côté de cette fabuleuse occasion d'égayer mes vacances de cette affaire de choix. Mais à peine avais-je eu le temps de remercier en mon for intérieur l'intuition mystérieuse qui m'avait poussé à la contacter qu'elle adoptait consciencieusement, et avec un automatisme si bien réglé qu'il trahissait éhontément la princesse habituée à diriger sa cour de mâles prétendants, le comportement exigé par son statut de belle adulée.

[quote]M : Veux-tu qu'on sorte à Paris un de ces soirs ? La semaine prochaine, par exemple.
E : Pourquoi pas. Je te tiens au courant.
M : Evite quand même de proposer trois heures avant, j'ai pas tant de liberté que ça dans mon agenda pour les vacances.
E : Genre, t'as un agenda de ministre !
M : Pas assez pour te faire attendre un mois. Mais suffisamment pour te prévenir que prévoir le jour même, c'est chaud.
M : Je te contacte ce week end, on verra.
E : D'accord.

J'ai prêté attention à instaurer après cela un confort soigné, en espérant qu'elle était chez elle dans une atmosphère à peu près aussi intime que celle que dégageait ma pièce éclairée d'une petite lampe et de quelques bougies, et j'ai pensé en m'endormant à tous les pauvres garçons qui, m'a-t-elle confié, lui parlent beaucoup de sexe en ce moment.
Comme c'est étonnant.
Elle est célibataire depuis un mois ; je présume que beaucoup déjà se sont entendu dire "Pourquoi pas, je te tiens au courant".
Sans avoir conscience de l'importance cruciale de reprendre immédiatement l'ascendant. Dommage pour eux.

Et Joyeux Noël.
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By Andrea
#65459 J'ai fait comme je l'avais prévu : je l'ai appelée dimanche dernier.

Une fois dans l'après-midi : pas de réponse. Une seconde fois en fin de soirée, après avoir rallumé mon téléphone en sortant de la Comédie Française (la mise en scène de l'Illusion Comique n'est d'ailleurs pas exceptionnelle, soit dit en passant) et avoir constaté avec dépit qu'elle n'avait pas essayé de me joindre.
Pas de réponse non plus.

Je n'ai pas laissé de messages, mais j'ai essayé de comprendre. Je ne voyais pourtant pas de faille ; mon jeu n'est jamais sans défaut, mais j'étais certain cette fois-là de sa qualité.

Et c'est en venant aux nouvelles sur messagerie instantanée - qu'elle utilise beaucoup - pour reconnaître le terrain que j'ai réalisé ce qui s'était passé.
Quand une fille écrit "I love you" sur son pseudo, c'est suffisamment clair. Je n'ai pas été lui parler, c'était inutile. Elle aurait pu répondre à mon appel, ne serait-ce que par politesse.

Quand je disais qu'elle était courtisée, je ne croyais pas si bien dire. Au vu de la situation, j'avais probablement beaucoup trop de retard sur le rival pour pouvoir le rattraper si vite. C'est ce que l'on appelle se faire griller. En trois jours. Dommage pour moi.
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By Andrea
#65848 [quote]Je suis en train de réviser pour mon partiel d'italien, et je pensais à toi, tu as un remède ?

Options > répondre via > sms

[quote]Un gode.

Je ne suis pas toujours très fin quand j'ai du travail ou l'esprit occupé par d'autres problèmes que celui qui se présente. Ce soir, c'était les deux en même temps.


J'ai oublié d'où vient cette phrase, mais il paraît que les vacances sont la plaie du séducteur, tous niveaux confondus. Le jour où je l'ai lu pour la première fois, je n'y ai pas prêté attention. J'ai compris un peu plus tard.
Et plus j'évolue, mieux je comprends.

Cette semaine, ainsi que l'année 2009, commence agréablement. Malgré le travail, jamais plus sérieux qu'en cette période en ce qui me concerne, et les gerçures qui attaquent mes lèvres sans relâche en s'opposant effrontément à l'arsenal de crèmes que j'essaye de penser à utiliser, les filles sont rentrées à Paris, et l'agitation reprend.
Pour moi du moins, un certain nombre de mes congénères ayant la fâcheuse habitude de se cloîtrer comme des nonnes les mois de partiels.

Sarah, dont j'avais pris le numéro fin décembre, est revenue à la vie. Je l'ai recroisé en cours hier, l'interrogeant sur les causes de sa mort clinique brutale dès la première semaine des vacances après un échange téléphonique prometteur.
Problèmes de portable, couplés ensuite à la fin du forfait.
Ce qui ne l'aurait pas foudroyée sur place si elle avait voulu employer un téléphone fixe, mais passons ; la prise de numéro n'était pas suffisamment solide pour tenir jusque là.

Le sms que j'ai envoyé ce soir, le plus joueur possible comme il se doit dans un pareil cas - seule la légèreté peut m'offrir une seconde chance - n'est même pas arrivé à destination. Problèmes de portable, second épisode.
Je la vois demain en cours.
Le même cours que Betty (évoquée il y a quelques semaines) que j'avais complètement oubliée. Il va y avoir du sport.

Mon ancienne fuck-friend, avec qui j'avais rompu le contact après qu'elle ait commencé à me poser des questions gênantes sur notre rapport - je n'ose appeler ça une relation - m'a souhaité une bonne année.
Après des semaines de silence, la perche est bien reçue. Je la contacterai probablement dans les prochains jours.

J'aurais pu croiser Léa, dont j'ai percé le caractère manipulateur et lunatique par des ragots écoutés involontairement, à l'occasion d'un cours facultatif.
J'ai préféré aller prendre un verre avec une amie. Je n'avais aucune raison objective de me rendre à un cours dont je n'avais que peu envie, ni d'inclure Léa dans les paramètres à prendre en compte. Tant pis pour elle.

A moins que je n'oublie quelque sombre recoin de mon cerveau, j'ai fait le tour des informations que je souhaitais confier à mon cher journal.

Merci Anne Frank pour la phrase de conclusion. Les jours à venir promettent d'être intéressants.
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By Andrea
#66060 Ce matin, vers neuf heures et demi, on frappe à ma porte. J'ouvre, elle entre. Je l'embrasse. Quelques minutes plus tard, je l'entraîne vers mon lit.

Elle est venue de Seine-Saint-Denis, nous n'étions encore jamais sorti ensemble auparavant, elle avait un important exposé cet après-midi, et elle n'est pas célibataire.

Et je suis très fier de ce nouveau concept de grasse matinée.
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By Cécile
#66064 [quote]Et je suis très fier de ce nouveau concept de grasse matinée.

En effet, bonne manière de commencer la journée.

La "trêve hivernale" a donc l'air d'être bel et bien finie. :)
By Napoleone
#66070 Rencontrée où la " grasse matinée " ?
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By Andrea
#66081 [quote="Cécile"]La "trêve hivernale" a donc l'air d'être bel et bien finie. :)
Faut croire, oui ;)

[quote="Napoleone"]Rencontrée où la " grasse matinée " ?
A la fac, toujours. Ce terrain de jeu est fantastique.

Pas très original, je sais, mais on ne peut pas tout avoir en même temps :)
By Napoleone
#66082 Tu peux en dire plus ?

Oui la fac c'est magique pour ça :oops:
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By Andrea
#66083 [quote="Napoleone"]Tu peux en dire plus ?
Pas vraiment. Ce serait soit franchement incomplet, donc incompréhensible, soit beaucoup trop long. Par contre, cette partie a été l'occasion de trouver des atouts qui me resserviront.
Le joli coup de freestyle a son revers : c'est, entre autres, à base de trois ou quatre sms par jour depuis bientôt une semaine. J'exagère à peine, et même en n'en répondant qu'à une petite moitié, c'est déjà gonflant.

Cela dit, j'en ai des collectors. Exemple :
[quote]Un corps de jeune femme qui vient tout juste de sortir d'une douche brulante, cela t'intéresse-t-il ?
Pour résumer, le résultat suffit. Pour tout ce qu'il y a eu d'intéressant, ça ressortira dans mon jeu par bribes, un jour où l'autre.
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By Andrea
#66717 La rame de métro entre dans la station. Les portes s'ouvrent, les Parisiens montent et descendent, effectuent leur balai quotidien.

Je pénètre à leur suite dans le wagon. J'ai passé le week end en famille, j'ai passé du temps avec une ex, je suis énergique. Je suis bien.

Je m'adosse négligemment à la porte qui s'est refermée pendant que la rame démarre. Assise sur un strapontin, une blondinette me jette un regard de bas en haut. Elle croise mes yeux, maintient imperceptiblement le contact, détourne la tête.

Une station, puis deux. Je m'assois sur la place laissée libre à côté d'elle. J'ai plusieurs textos à envoyer, et des examens à passer, ce n'est pas le moment, je ne pourrais pas le gérer.
Si elle descend à ma station, le destin sera le plus fort. Sinon, elle ne sera jamais que l'une de ces milliers de rencontres éphémères qui n'auront vécu qu'un instant.

Je descend à Saint Michel, hésite un instant entre la place Saint André des Arts et la fontaine. Elle est descendue à ma suite, et fait mine d'hésiter. Je m'engage vers la sortie de la fontaine, je la sens qui m'emboîte le pas en faisant rouler sa petite valise sur le sol.

[quote]M- Et en plus, tu descends à ma station !!
E- [sourire intrigué]
M- Tu veux ma mort ?! Moi qui suis en pleine période de partiels, je te vois avec une valise, je m'imagine les vacances que tu viens d'avoir ou que tu va passer pendant que je suis coincé à Paris pour bosser, c'est une torture, tu ne peux pas imaginer.
E- [rire] mais je ne reviens même pas de vacances, en plus !
M- Non ? Je suis sûr que tu dis ça pour me faire plaisir... Tu reviens d'où alors ?
E- Tu veux que je te le dise ?
M- Dis-moi.
Elle me regarde, elle me sourit, elle semble vouloir s'investir dans la conversation. Elle me facilite la tâche, la partie est déjà gagnée. Encore faut-il ne pas commettre d'erreur.

[quote]E- Je reviens d'un week end chez ma mère, en plus elle est malade, blabla, et j'ai mes partiels dans deux semaines aussi, c'est pas du tout des vacances.
M- Ah mince, tu viens de perdre d'un coup tout un côté exotique.
E- Ouais, mais c'est plus une torture.
M- C'est vrai. Je vais pouvoir continuer à te parler.

Nous émergeons à l'air libre à côté de la fontaine Saint Michel. Elle remonte un moment le boulevard avec moi. Nous parlons des soirées de l'université Paris Dauphine, des soirées médecines où des filles dansent seins nus et où des couples formés par l'alcool copulent sur la piste de danse, et dissertons des avantages et inconvénients des prénoms composés.

Je me sépare de Sylvie non loin de l'Odéon. J'ai pris son numéro de téléphone, elle a voulu avoir le mien. Je l'appellerai probablement après les examens. Quand cette folie sera passée, et qu'il sera temps de replonger dans une autre.
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By Andrea
#67421 Alors que je râlais contre le manque de virilité et d'esprit d'initiative d'une bonne partie des personnes que je suis contraint de côtoyer, une fille m'a dit :
[quote]Mais Andrea, tout le monde n'a pas ton audace !

Non, certes. Tout le monde n'a pas mon audace.
Je me suis remis en question tous les jours pendant des années, j'ai fait l'effort d'accepter, de demander et de recevoir de l'aide de ceux qui pouvaient m'en apporter, et de m'en servir, j'ai fait des recherches, j'ai travaillé, j'ai lutté, j'ai réfléchi, j'ai expérimenté.
Je suis parti, comme beaucoup, d'un état d'esprit où j'osais à peine respirer bruyamment de peur de déranger pour parvenir à ce que je suis aujourd'hui.
Mais non, certes. Tout le monde n'a pas mon audace.

Les gens disent de ces conneries, parfois...


Pas grand chose à voir - la réflexion m'est en tout cas venu d'une autre situation - mais je songeais tout à l'heure, en marchant seul vers 2h du matin dans les ruelles vides d'une petite ville de banlieue, aux conséquences d'être lucide et d'apprendre de ses expériences.

Je crois qu'un Homme qui n'est pas cynique est un Homme qui n'a pas suffisamment appris de la vie.
By beeenj
#67437 En lisant d'une traite ton journal, j'en viens a me demander comment j'ai pu passer a coté, merci.
En plus on a presque le meme age, je me sens fainéant :wink:
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By Andrea
#67463 De rien.

L'émulation par l'exemple, y'a que ça de vrai ;)
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By Andrea
#67892 En début de soirée, j'arrive chez mes parents. Fatigué, sale, et heureux, comme tous les samedi soirs après le sport.

Je monte l'escalier du sous-sol, j'entends des voix inhabituelles. J'avais oublié qu'ils recevaient un couple d'amis, et je ne pensais pas qu'ils auraient amené leurs enfants. Je grimpe les dernières marches, m'apprête à saluer avant de m'éclipser le temps de me rendre présentable... et reste bouche bée.
Je ne le montre évidemment pas, mais je ne m'en esquive que plus vite. Ce soir, ma mère a invité une déesse dans son salon.

Lorsque je sors de la salle de bain et rejoins la soirée, une vingtaine de minutes plus tard, j'ai l'occasion de mieux détailler Gaïanne.
Outre le prénom magnifique et très original, elle a une longue chevelure brune et soyeuse, de splendides yeux noirs en amandes dont l'effet est décuplé par un subtil maquillage, une bouche sensuelle, et un superbe visage aux traits finement dessinés.
On dirait une elfe.

Elle a quinze ans. C'est horrible. Je ne peux pas, je ne dois pas.

Elle n'a pas dit plus de quelques mots de la soirée, mais ils m'étaient tous destinés. J'évitais son regard, mais je sentais qu'il finissait invariablement par achever sa course délicatement ennuyée sur mon profil.
Je l'ai croisé pourtant, presque par inadvertance. Chaque fois, ses yeux foncés sont resté plongés dans les miens quelques instants, avant de se détourner doucement avec un charmant sourire.

A la fin du repas, alors que j'avais fait tant d'efforts pour occuper l'attention de tous et détourner la mienne de la courbe de sa nuque où j'avais tant envie de poser mes lèvres, elle a jeté un oeil à mon téléphone, qui venait de sonner.
Je lui ai expliqué d'un ton beaucoup trop inspiré l'histoire de la photo que l'on y voyait. Elle m'a montré la sienne.
J'ai demandé si je pouvais lire ses sms. Elle n'a qu'à peine hésité, et sa mère a sonné la révolte : "Même moi, je n'en ai pas le droit !"

Au bout de quelques textes, je me suis aperçu que je commençais à lancer négligemment des commentaires joueurs, auxquels elle riait de bon coeur.
Elle a quinze ans.

Il était 22h ; je me suis levé brusquement, j'ai appelé un ami. J'ai salué tout le monde, et je suis sorti dans le froid pour aller le rejoindre.
J'étais sur le point de céder.
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By Cécile
#67897 [quote]Il était 22h ; je me suis levé brusquement, j'ai appelé un ami. J'ai salué tout le monde, et je suis sorti dans le froid pour aller le rejoindre.
J'étais sur le point de céder.

Je reviens sur ce que j'ai dit. Voilà une belle démonstration du concept de "brave abandon". C'est dommage qu'elle ait été aussi jeune, ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de rencontrer une elfe. Tu la recroiseras peut-être dans quelques années. :wink: