- Ven Déc 26, 2008 12:18 pm
#65223
Je ne serai ni le premier, ni sans doute le dernier à le dire : les fêtes de fin d'année sont toujours l'occasion de passer du temps avec sa famille.
Les grandes retrouvailles familiales sont un moment très curieux à observer. Dans notre société judéo-chrétienne, le lien familial est sacré, et réputé indéfectible. Malgré la marée de contre-exemples que l'on pourrait trouver à cette assertion naïve, il y a quelque chose de fascinant à se rendre compte que l'on se retrouve au beau milieu d'une masse finalement inconnue, et que, des dizaines de personnes présentes, on n'en connaît relativement bien qu'une surprenante minorité.
On se prend à discuter avec des humains d'un autre âge, ou d'autres milieux, à échanger nouvelles personnelles et considérations privées avec des gens que l'on n'a pas vu depuis parfois plusieurs années, et dont il faut même s'assurer du prénom ; et on y trouve, parallèlement à cet étrange sentiment de léger rejet et de recul contraint, une certaine satisfaction à savoir que ces quasi-inconnus sont de notre sang et que l'on est en sécurité parmi eux.
Il faut recommencer cent fois la même conversation, répéter inlassablement détails et grandes lignes de sa situation et de ses points de vue, en s'y montrant chaque fois plus habile et concis à mesure que la patience commune s'épuise en vaines questions.
Tout un chacun sait pertinemment que toutes les réponses se perdront dans les limbes des mémoires sitôt la conversation suivante commencée, mais tout le monde prend plaisir à s'assurer du soutien fraternel.
Je n'ai malgré tout pas pu brider mon irrépressible envie d'analyse sociale. Entre l'amusement cynique éprouvé à diagnostiquer le degré d'ennui des moins habiles, et le calme plaisir ressenti à lire la satisfaction intense du devoir accompli sur le visage ridé de la doyenne de la famille, je n'ai pu m'empêcher de remarquer que beaucoup ont une vie qui, a priori, me répugne.
J'ai par exemple entendu d'un de mes grands oncles à quel point ses deux premières années d'études en droit l'avaient ennuyées, mais que l'intérêt était venu seulement après. De là à conclure que le manque de courage et l'amour-propre l'ont conduit, d'abord à ne pas changer de voie, puis à se convaincre de son intérêt pour celle-ci par manque d'éléments de comparaison, il n'y a qu'un pas, que j'ai refusé de franchir mais dont l'idée même semble cruelle.
Prévues en guise de point final parachevant l'année qui expire doucement dans une orgie de mets et de victuailles variées, ces réunions familiales sont toujours une bonne occasion de faire le bilan.
Elles tombent peu après l'anniversaire de mes vingt ans, le bilan n'en est que plus symbolique. Il est plaisant, bien au-delà de ce que j'aurais pu espérer récemment encore, et j'en suis heureux, plein de confiance en l'avenir.
C'est avec ce sentiment que j'ai contacté hier soir une magnifique blonde, fille d'amis de mes parents, avec qui j'entretiens une relation très peu assidue, mais régulière. En fait, nous ne nous voyons qu'en se croisant grâce à nos parents, lorsque ceux-ci se retrouvent et que nous sommes tous deux présents.
C'est à dire extrêmement rarement depuis que nous ne sommes plus enfants.
[quote]M : Non, décidément, j'aime pas les piercings. J'ai beaucoup de mal à résister à une belle peau de lait harmonieuse. Alors qu'un truc métallique en plein milieu, là, baaah.
E : Rire
M : Ton copain, il en dit quoi ?
E : J'en n'ai plus.
M : Ah, forcément, si je n'ai les nouvelles qu'une fois tous les six mois, j'ai du retard. Raconte ? Sauf si tu préfère parler d'autre chose. Mais je te préviens, en ce moment, je suis d'humeur à en revenir toujours au sexe.
E : Y'a pas que toi.
[quote]M : T'façon, c'est plus branché du tout, le piercing. Maintenant, pour être "in", il faut un chapeau et une cravate. [n'importe quoi]
E : J'ai un bonnet.
M : C'est pourtant vrai que t'en reviens aussi toujours au sexe. Mais je te parle pas de ton soutif, je parle des fringues que tout le monde voit.
[quote]M : Je vois quelqu'un demain, donc je suis rentré par le RER, j'étais chez mes parents aujourd'hui.
E : Ta copine ?
M : Pas "ma" copine, "une".
[quote]M : A propos de sex apeal, je vais bien tôt aller retrouver mon lit. Non, il n'y a personne dedans ce soir. Mais... tu sais quoi ?
E : ... ?
M : C'est la première fois depuis très longtemps qu'on se parle alors que tu es célibataire.
E : C'est vrai.
M : Veux-tu qu'on sorte à Paris un de ces soirs ? La semaine prochaine, par exemple.
Cette fille, bien que légèrement plus jeune que moi - ça me changera - est sublime. Tellement, qu'il est exceptionnel qu'elle soit célibataire, et que ça ne dure jamais longtemps. Je ne pouvais donc pas passer à côté de cette fabuleuse occasion d'égayer mes vacances de cette affaire de choix. Mais à peine avais-je eu le temps de remercier en mon for intérieur l'intuition mystérieuse qui m'avait poussé à la contacter qu'elle adoptait consciencieusement, et avec un automatisme si bien réglé qu'il trahissait éhontément la princesse habituée à diriger sa cour de mâles prétendants, le comportement exigé par son statut de belle adulée.
[quote]M : Veux-tu qu'on sorte à Paris un de ces soirs ? La semaine prochaine, par exemple.
E : Pourquoi pas. Je te tiens au courant.
M : Evite quand même de proposer trois heures avant, j'ai pas tant de liberté que ça dans mon agenda pour les vacances.
E : Genre, t'as un agenda de ministre !
M : Pas assez pour te faire attendre un mois. Mais suffisamment pour te prévenir que prévoir le jour même, c'est chaud.
M : Je te contacte ce week end, on verra.
E : D'accord.
J'ai prêté attention à instaurer après cela un confort soigné, en espérant qu'elle était chez elle dans une atmosphère à peu près aussi intime que celle que dégageait ma pièce éclairée d'une petite lampe et de quelques bougies, et j'ai pensé en m'endormant à tous les pauvres garçons qui, m'a-t-elle confié, lui parlent beaucoup de sexe en ce moment.
Comme c'est étonnant.
Elle est célibataire depuis un mois ; je présume que beaucoup déjà se sont entendu dire "Pourquoi pas, je te tiens au courant".
Sans avoir conscience de l'importance cruciale de reprendre immédiatement l'ascendant. Dommage pour eux.
Et Joyeux Noël.
Les grandes retrouvailles familiales sont un moment très curieux à observer. Dans notre société judéo-chrétienne, le lien familial est sacré, et réputé indéfectible. Malgré la marée de contre-exemples que l'on pourrait trouver à cette assertion naïve, il y a quelque chose de fascinant à se rendre compte que l'on se retrouve au beau milieu d'une masse finalement inconnue, et que, des dizaines de personnes présentes, on n'en connaît relativement bien qu'une surprenante minorité.
On se prend à discuter avec des humains d'un autre âge, ou d'autres milieux, à échanger nouvelles personnelles et considérations privées avec des gens que l'on n'a pas vu depuis parfois plusieurs années, et dont il faut même s'assurer du prénom ; et on y trouve, parallèlement à cet étrange sentiment de léger rejet et de recul contraint, une certaine satisfaction à savoir que ces quasi-inconnus sont de notre sang et que l'on est en sécurité parmi eux.
Il faut recommencer cent fois la même conversation, répéter inlassablement détails et grandes lignes de sa situation et de ses points de vue, en s'y montrant chaque fois plus habile et concis à mesure que la patience commune s'épuise en vaines questions.
Tout un chacun sait pertinemment que toutes les réponses se perdront dans les limbes des mémoires sitôt la conversation suivante commencée, mais tout le monde prend plaisir à s'assurer du soutien fraternel.
Je n'ai malgré tout pas pu brider mon irrépressible envie d'analyse sociale. Entre l'amusement cynique éprouvé à diagnostiquer le degré d'ennui des moins habiles, et le calme plaisir ressenti à lire la satisfaction intense du devoir accompli sur le visage ridé de la doyenne de la famille, je n'ai pu m'empêcher de remarquer que beaucoup ont une vie qui, a priori, me répugne.
J'ai par exemple entendu d'un de mes grands oncles à quel point ses deux premières années d'études en droit l'avaient ennuyées, mais que l'intérêt était venu seulement après. De là à conclure que le manque de courage et l'amour-propre l'ont conduit, d'abord à ne pas changer de voie, puis à se convaincre de son intérêt pour celle-ci par manque d'éléments de comparaison, il n'y a qu'un pas, que j'ai refusé de franchir mais dont l'idée même semble cruelle.
Prévues en guise de point final parachevant l'année qui expire doucement dans une orgie de mets et de victuailles variées, ces réunions familiales sont toujours une bonne occasion de faire le bilan.
Elles tombent peu après l'anniversaire de mes vingt ans, le bilan n'en est que plus symbolique. Il est plaisant, bien au-delà de ce que j'aurais pu espérer récemment encore, et j'en suis heureux, plein de confiance en l'avenir.
C'est avec ce sentiment que j'ai contacté hier soir une magnifique blonde, fille d'amis de mes parents, avec qui j'entretiens une relation très peu assidue, mais régulière. En fait, nous ne nous voyons qu'en se croisant grâce à nos parents, lorsque ceux-ci se retrouvent et que nous sommes tous deux présents.
C'est à dire extrêmement rarement depuis que nous ne sommes plus enfants.
[quote]M : Non, décidément, j'aime pas les piercings. J'ai beaucoup de mal à résister à une belle peau de lait harmonieuse. Alors qu'un truc métallique en plein milieu, là, baaah.
E : Rire
M : Ton copain, il en dit quoi ?
E : J'en n'ai plus.
M : Ah, forcément, si je n'ai les nouvelles qu'une fois tous les six mois, j'ai du retard. Raconte ? Sauf si tu préfère parler d'autre chose. Mais je te préviens, en ce moment, je suis d'humeur à en revenir toujours au sexe.
E : Y'a pas que toi.
[quote]M : T'façon, c'est plus branché du tout, le piercing. Maintenant, pour être "in", il faut un chapeau et une cravate. [n'importe quoi]
E : J'ai un bonnet.
M : C'est pourtant vrai que t'en reviens aussi toujours au sexe. Mais je te parle pas de ton soutif, je parle des fringues que tout le monde voit.
[quote]M : Je vois quelqu'un demain, donc je suis rentré par le RER, j'étais chez mes parents aujourd'hui.
E : Ta copine ?
M : Pas "ma" copine, "une".
[quote]M : A propos de sex apeal, je vais bien tôt aller retrouver mon lit. Non, il n'y a personne dedans ce soir. Mais... tu sais quoi ?
E : ... ?
M : C'est la première fois depuis très longtemps qu'on se parle alors que tu es célibataire.
E : C'est vrai.
M : Veux-tu qu'on sorte à Paris un de ces soirs ? La semaine prochaine, par exemple.
Cette fille, bien que légèrement plus jeune que moi - ça me changera - est sublime. Tellement, qu'il est exceptionnel qu'elle soit célibataire, et que ça ne dure jamais longtemps. Je ne pouvais donc pas passer à côté de cette fabuleuse occasion d'égayer mes vacances de cette affaire de choix. Mais à peine avais-je eu le temps de remercier en mon for intérieur l'intuition mystérieuse qui m'avait poussé à la contacter qu'elle adoptait consciencieusement, et avec un automatisme si bien réglé qu'il trahissait éhontément la princesse habituée à diriger sa cour de mâles prétendants, le comportement exigé par son statut de belle adulée.
[quote]M : Veux-tu qu'on sorte à Paris un de ces soirs ? La semaine prochaine, par exemple.
E : Pourquoi pas. Je te tiens au courant.
M : Evite quand même de proposer trois heures avant, j'ai pas tant de liberté que ça dans mon agenda pour les vacances.
E : Genre, t'as un agenda de ministre !
M : Pas assez pour te faire attendre un mois. Mais suffisamment pour te prévenir que prévoir le jour même, c'est chaud.
M : Je te contacte ce week end, on verra.
E : D'accord.
J'ai prêté attention à instaurer après cela un confort soigné, en espérant qu'elle était chez elle dans une atmosphère à peu près aussi intime que celle que dégageait ma pièce éclairée d'une petite lampe et de quelques bougies, et j'ai pensé en m'endormant à tous les pauvres garçons qui, m'a-t-elle confié, lui parlent beaucoup de sexe en ce moment.
Comme c'est étonnant.
Elle est célibataire depuis un mois ; je présume que beaucoup déjà se sont entendu dire "Pourquoi pas, je te tiens au courant".
Sans avoir conscience de l'importance cruciale de reprendre immédiatement l'ascendant. Dommage pour eux.
Et Joyeux Noël.