Itou

Modérateurs: animal, Léo

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By Maurice
#154877 C'est opération Belle Epoque actuellement !

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Mon Grand Meaulnes, illustré, 1957. 1€, chez mon brocanteur. :mrgreen: (ceci étant, l'édition Larousse peut être intéressante du fait de son appareil critique, bien qu'au fil des éditions, il soit de plus en plus décevant).

[img]http://i.ebayimg.com/00/s/MTIwMFgxNjAw/z/hDwAAOxyIPNTdgDG/$_57.JPG[/img]

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Oscar Wilde, et pourquoi pas ? Presque totalement l'opposé de mon auteur actuel, du moins en apparence (la comparaison des deux Wikipédia sur Oscar Wilde et Paul Bourget, est amusante, tellement tant de choses les séparent).

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[img]http://2.bp.blogspot.com/-CfapJa75-tA/UFF8jjnhBhI/AAAAAAAADT8/H8mHBD2Oiys/s1600/49156.jpg[/img]

Cadeau bonus : Delphin Enjolras, peintre coquin de la Belle Epoque, pour des toiles au prix là aussi relativement abordable (15 000 - 30 000 euro) pour un résultat plus... bandant que Pollock (150 millions d'euro). Remarquez sur quoi est couchée la belle...

[url]http://www.1tourdhorizon.com/2010/05/20-tableaux-les-plus-chers-au-monde.html[/url]
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By Maurice
#154915 Je commence à penser que ce livre (Mensonges de Paul Bourget, disponible gratuitement ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k81087r/f1.image ) est une merveille... Et je ne cite pas tout ce qui m'a semblé intéressant, loin de là !

[quote]" - Surtout, disait ce dernier, ne vous vengez pas. La vengeance sur l'amour, voyez-vous, c'est de l'alcool sur du punch qui brûle. On s'attache aux femmes par le mal qu'on leur fait, autant que par celui qu'elles nous font. Imitez-moi, pas le moi d'autrefois, celui d'aujourd'hui, qui boit, qui mange, qui se moque de Colette, comme Colette s'est moquée de lui. L'absence et le silence, voilà l'épée et le bouclier dans cette bataille. Colette m'écrit, je ne lui réponds pas. Elle est venue rue de Varenne. Porte close. Où je suis ? Ce que je fais ? Elle n'en sait rien. Voilà qui les enrage plus que le reste. Une supposition. Vous partez demain matin pour l'Italie, l'Angleterre, la Hollande, à votre choix. (...)"

Et quelques lignes plus loin...

[quote]"Le pauvre enfant! songea Claude en remontant la rue d'Assas. (...) Il s'arrêta quelques minutes en proie à une visible hésitation. Il regarda le cadran de la guérite de l'inspecteur et put y lire que l'aiguille marquait dix heures un quart.
"Le théâtre commence à huit heures et demie, le temps de changer de costume... Bah !" continua-t-il tout haut en se parlant à lui-même... "je serais trop bête de manquer une nuit pareille... Cocher, cocher (...)"
Le fiacre détala et croisa le coin de la rue Coëtlogon. "Il pleure maintenant, se dit Claude ; s'il me voyait, tout de même, aller chez Colette ?...
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By Maurice
#154922 Je vais sauter le pas. J'ai toujours trop de livres chez moi... même si j'ai réussi à refourguer une encyclopédie en 28 volumes (ouf !).

Je vais acheter une liseuse et vendre la plupart de mes livres qui sont dans le domaine public (sauf ceux que j'aime énormément).
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By Maurice
#155216 A propos de Mensonges, que je viens de finir et que je recommande en tant qu'il constitue une analyse très fine de la femme "F" du Paris de la fin XIXème. Je crois même que c'est un des meilleurs romans que j'ai jamais lus lorsqu'il s'agit de se décrasser le coeur des cochonneries qu'a pu y déposer telle ou telle ex. Utile notamment pour ceux qui n'ont pas trop la tête théorique, comme moi et qui aiment les explications en quelque sorte par l'exemple. Plus intéressant dans un tel cas qu'un Amour de Swann, auquel ce livre fait irrésistiblement penser, en ce sens que le lecteur aux prises avec un mal d'amour, a droit avec Proust à revivre tous les affres par où il est passé, dans une lecture entre délice et torture, ce qui est moins le cas ici.

Et d'ailleurs, en écrivant ceci, je me suis mis à consulter Wikipédia et voilà ce que je trouve :

[quote]Il fréquente aussi assidûment le salon littéraire de la courtisane Laure Hayman (1851 † 1932) qu'il admire et qu'il prend pour modèle dans une nouvelle sous le nom de Gladys Harvey. En octobre 1888, Laure en donne un exemplaire à Marcel Proust, relié avec la soie d'un de ses jupons et dédicacé d’une mise en garde : « Ne rencontrez jamais une Gladys Harvey ». Elle est le modèle supposé d’Odette de Crécy dans À la recherche du temps perdu, comme Paul Bourget peut avoir inspiré le personnage de Bergotte (on cite plus volontiers Anatole France comme source inspiratrice de ce personnage, que Bourget rencontre parfois chez son égérie Mme Arman de Caillavet).

[img]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/30/Julius_Leblanc_Stewart_Portrait_Of_Laure_Hayman_1882.jpg/640px-Julius_Leblanc_Stewart_Portrait_Of_Laure_Hayman_1882.jpg[/img]

Je vous fiche mon billet que cette Laure Hayman, dont voici le portrait ci-dessus est le modèle non seulement des personnage cités ci-dessus, et donc d'Odette d'un Amour de Swann, mais d'un des deux personnages féminins, "F+++" , présent dans Mensonges, voire des deux !

C'est une véritable "Education sentimentale" et à mon sens bien plus intéressante que celle de Flaubert dans le jeu des pouvoirs qui se donne à lire ici, Paul Bourget reliant constamment ses études psychologiques à des études sociologiques qui me semblent plutôt d'actualité en ce qui concerne un certain type de parisienne.

C'est aussi une promenade passionnante dans le Paris de la fin XIXème, entre la petite rue Coëtlogon et la rue de Rivoli, pour faire court. Eh oui... une bonne partie de l'intrigue se passe juste à côté du Fumoir, célèbre par ici, n'est-ce pas ?

***

Un bémol cependant, surtout pour notre époque ultrasensible en ce qui concerne ces questions.

J'ai lu la première édition, que je possède en livre, et qui date de 1887 ; or l'édition disponible à la Bibliothèque nationale date de 1901. Entre les deux, Paul Bourget, lui qui fréquentait les salons juifs avant l'affaire Dreyfus, est devenu antidreyfusard voire antisémite. A ses positions politiques se doublait le fait qu'avant de se marier, il avait eu pour maîtresse une femme mariée juive, tandis qu'il était ami de ce mari, et que cette maîtresse était en quelque sorte protectrice de sa future femme... Bref, un sacré micmac, les curieux iront lire Wikipedia, parce qu'il n'empêche que la vie de Paul Bourget n'est pas la moins inintéressante qui puisse se lire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Bourget

Bref par accident, je suis tombé sur un passage dans l'édition de 1901 qui peut déranger, et je ne garantis pas que d'autres passages du même acabit ne s'y trouve pas.

Voici ce que dit l'édition de 1887 (p 397), c'est Claude qui parle :
"Notre cher Henri Heine l'a dit : L'amour, c'est la maladie secrète du coeur"

Voici ce que dit l'édition de 1901, c'est toujours Claude qui parle :
"Le juif Henri Heine l'a dit : L'amour c'est la maladie secrète du coeur"
[url]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k81087r/f352.image[/url]

Une correction d'un intérêt nul, j'en conviens parfaitement.

*****

Que tout ceci ne vous empêche pas de lire ce Mensonges, roman assez oublié dans la bibliographie elle-même pas mal oubliée de Paul Bourget (un des auteurs français préférés de Nietzsche). Un livre chaudement recommandé, tant pour son intérêt littéraire que pour son intérêt comme livre sur la séduction. Je ne peux qu'être d'accord avec ce qu'en disait Anatole France :

[quote]Ce livre de M. Paul Bourget est une belle et savante étude. Jamais encore l’auteur de Cruelle Énigme, depuis longtemps philosophe et psychologue, n’avait montré un tel talent d’analyse. Notez bien qu’il y a beaucoup plus de choses dans Mensonges que je n’en ai indiquées. Je n’ai parlé que de madame Moraines, parce que, ici, je ne fais pas une étude. Je cause, et la causerie a ses hasards. Dans Mensonges, il y a Colette, une ingénue de la Comédie-Française qui inspire à un homme de lettres une passion « à base de haine et de sensualité » . Il y a aussi dans ce livre, il y a surtout des observations d’une vérité dure. Sans doute, elles ne sont pas neuves et voilà beau temps qu’on les a faites pour la première fois. Mais est-ce que chaque génération ne refait pas nécessairement ce que les précédentes avaient fait ? Qu’est-ce que vivre sinon recommencer ? Est-ce que tous nous ne faisons pas, chacun à notre tour, les mêmes découvertes désespérantes ? Et n’avons-nous pas l’amer besoin d’une voix jeune, d’une parole neuve qui nous conte nos douleurs et nos hontes ? Quand M. Paul Bourget a dit : « Il y a des femmes qui ont une façon céleste de ne pas s’apercevoir des familiarités que l’on se permet avec elles, » n’a-t-il pas dévoilé à nouveau une ruse éternelle ? Quand il a dit : « C’est un plaisir divin pour les femmes que de dire, avec de certains sourires, des vérités auxquelles ne croient pas ceux à qui elles les disent ; elles se donnent ainsi un peu de cette sensation du danger qui fouette délicieusement leurs nerfs, » n’a-t-il pas renouvelé heureusement une observation précieuse ? Quand il a dit : « Les femmes aiment d’autant plus à inspirer des mouvements de pitié qu’elles les méritent moins, » n’a-t-il pas mis à neuf une petite pièce assez importante de la psychologie féminine ?

Son livre, dans lequel on entend l’accent de l’inimitable vérité, est désespérant d’un bout à l’autre. Ce qu’on y goûte est plus amer que la mort. Il en reste de la cendre dans la bouche.

J'ajoute cependant, qu'il peut avoir des vertus de vaccins ou de sérums à ne pas dédaigner. Paul Bourget, le Pasteur de la littérature ? Et pourquoi pas ?

Paul Bourget, Mensonges, édition dite définitive de 1901 disponible gratuitement ici :
[url]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k81087r/f1.image[/url]
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By Maurice
#155219 J'ai déjà commencé à lire Le Matin des Magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier depuis quelques jours déjà.

[img]http://www.babelio.com/couv/484_1741013.jpeg[/img]

Si j'ai quelque chose à dire sur ce livre, j'en parlerai ici :[url]http://www.spikeseduction.com/forum/louis-pauwels-vt7830.html[/url]
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By Bertuccio
#155319 J'ai acheté 5 volumes d'une intégrale de Balzac (pour ne plus acheter les livres de poche de mauvaise qualité).
3 euros pièce.
Ils ont été imprimés en 1960.

[img]http://images-00.delcampe-static.net/img_large/auction/000/236/207/927_001.jpg[/img]

Je vais donc lire cet été :

- Le père Goriot
- Illusions perdues
- Colonel Chabert
- La femme de trente ans
- Splendeurs et misères des courtisanes
- Le curé de Tours
- Melmoth réconcilié
- La Bourse
- La fille aux yeux d'or
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By Maurice
#155324 Bonne lecture !

Ceci étant, si je peux me permettre en ce qui concerne Balzac, ce n'est pas un choix d'achat que j'aurais fait. Soit on achète l'intégrale intégralement, soit on achète du poche de mauvaise qualité (soit encore on le lit en epub) ;).

Ceci étant, ton édition a l'air jolie :)
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By Bertuccio
#155491 [quote="Maurice"]
Soit on achète l'intégrale intégralement, soit on achète du poche de mauvaise qualité (soit encore on le lit en epub).

Je ne suis pas d'accord.
Chacun est libre, selon ses plans et ses envies, de se constituer la bibliothèque qu'il désire avoir.
De mon côté, je préfère savourer 5 volumes de Balzac plutôt que d'avoir une intégrale que je n'aurais probablement pas le courage de finir.

Et puis, il faut aussi se dire que tout n'est pas bon à prendre dans une œuvre complète.
A trop lire le même auteur, on peut en être déçu, et même dégouté.

***
Quelques mots sur le style de Balzac.
J'ai lu quelques titres, et je dois dire qu'ils renforcent l'opinion que j'avais cet auteur : à savoir qu'il est un maitre de la description. Durant des centaines de pages, c'est un flot interminable d'arrêts sur image où il nous décrit assez brillamment des paysages, des personnages, des manies, des caractères, des modes, et des systèmes avec un vocabulaire travaillé et des phrases simples, toujours très joliment formulées.
J'ai trouvé aussi beaucoup de symboles et de stéréotypes très amusants. Ça doit être une spécialité du génie de Balzac de donner vie à des personnages bien arrivistes, profiteurs, vaniteux, et aussi des femmes très sournoises, très sûres d'elles-mêmes, qui savent user de toute sorte de stratagèmes pour manipuler des hommes naïfs.

Seul petit reproche : les textes de Balzac manquent de chapitres et de segmentations. J'aurais aimé lire quelque chose de moins consistant et de plus aéré.
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By Bertuccio
#155492 [quote="Bertuccio"]
Quelques mots sur le style de Balzac.
J'ai lu quelques titres, et je dois dire qu'ils renforcent l'opinion que j'avais sur cet auteur : à savoir qu'il est un maitre de la description. Durant des centaines de pages, c'est un flot interminable d'arrêts sur image où il nous décrit assez brillamment des paysages, des personnages, des manies, des caractères, des modes, et des systèmes avec un vocabulaire travaillé et des phrases simples, toujours très joliment formulées.
J'ai trouvé aussi beaucoup de symboles et de stéréotypes très amusants. Ça doit être une spécialité du génie de Balzac de donner vie à des personnages bien arrivistes, profiteurs, vaniteux, et aussi à des femmes très sournoises, très sûres d'elles-mêmes, qui savent user de toute sorte de stratagèmes pour manipuler des hommes naïfs.


C'est mieux avec les prépositions. :mrgreen:
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By Bertuccio
#155511 Si vous avez envie de lire un chef-d'oeuvre de la littérature, et que vous n'avez pas le temps pour bouquiner pendant des heures, je vous conseille une nouvelle du 19e : La mort d'Ivan Illitch de Tolstoï.
Elle se lit vite (une petite heure), et la traduction est pas dégueulasse.


http://www.maismac.net/leon_tolstoi_-_l ... ilitch.pdf
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By Stan
#155600 [img]http://pmcdn.priceminister.com/photo/un-homme-jeune-de-charles-consigny-974464800_ML.jpg[/img]


[quote]Joséphine (...) était une petite brune mignonne, l'air candide, un peu ailleurs — elle est vite devenue notre amie. Joséphine était douce, rigolarde, détachée, quand elle riait une fossette se creusait dans sa joue, ses yeux scintillaient. elle vivait à basse altitude, un peu présente et déjà loin. Ses résultats étaient convenables, mais elle n'avait guère d'ambition ni de rêve particulier, de niaque, elle laissait la niaque aux filles vulgaires qui travaillaient comme des ânes pour intégrer une école de commerce puis entrer chez l'Oréal avant dépouser un cadre dynamique semi-chauve, semi-gras, ennuyeux et inculte.
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By Stéphane
#155601 [quote="Stan"][img]http://pmcdn.priceminister.com/photo/un-homme-jeune-de-charles-consigny-974464800_ML.jpg[/img]


[quote]Joséphine (...) était une petite brune mignonne, l'air candide, un peu ailleurs — elle est vite devenue notre amie. Joséphine était douce, rigolarde, détachée, quand elle riait une fossette se creusait dans sa joue, ses yeux scintillaient. elle vivait à basse altitude, un peu présente et déjà loin. Ses résultats étaient convenables, mais elle n'avait guère d'ambition ni de rêve particulier, de niaque, elle laissait la niaque aux filles vulgaires qui travaillaient comme des ânes pour intégrer une école de commerce puis entrer chez l'Oréal avant dépouser un cadre dynamique semi-chauve, semi-gras, ennuyeux et inculte.
Marrante, ta citation. Le livre est intéressant, sinon ?
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By Stan
#155602 J'aime bien. C'est autobiographique, c'est désinvolte, ça invoque les folies de la jeunesse.
Ce mec dégage vraiment quelque chose, ça se lit facilement, on rentre vite dans sa vie. Après , c'est sûr, on pourra pas caser ça dans le rayon « Grande littérature », mais je suis certain que certains passages — notamment celui-ci — seront susceptibles de te plaire.
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By Maurice
#155606 @ Stan

Se créer soi-même ses valeurs et soi-même sa grande littérature, son Panthéon personnel, sa littérature qu'on jugera grande alors qu'on se donnera le droit de trouver petits certains grands.

Tiens, je me reconnais dans Joséphine (prénom par ailleurs de ma dépuceleuse véritable). Ca, c'est moi aussi : "(...) n'avait guère d'ambition ni de rêve particulier, de niaque, (...) laissait la niaque aux (...) vulgaires "
C'est vrai, je ne suis pas un ambitieux. C'est problématique, mais non, rien à faire, l'organe de l'ambition, on a dû me le retirer avec l'appendicite quand j'avais six ans.