- Lun Fév 21, 2011 2:42 pm
#105802
[quote="TucH"]En 1973 par exemple nous avons "[url=http://www.dailymotion.com/video/xf72uu_marine-le-pen-sur-la-loi-pompidou-g_news]vendu" la France[/url] aux banquiers privés (sous Pompidou, ancien directeur de la banque Rotshild).
Obligation de la France à emprunter sur les marchés privés.
Généralisé à l'Europe ensuite par le Traité de Maastricht - [url=http://www.dailymotion.com/video/x5g8xp_etienne-chouard-et-larticle-104-de_news]article 104[/url].
Et ceci explique beaucoup de choses.
Je n'ai pas pu voir les vidéos qui font l'objet de ce fil, étant au travail et Dailymotion étant bloqué. Je me contente donc de rebondir là-dessus.
Premièrement, la France n'a pas été vendue aux banquiers privés. Au pire, elle a été vendue aux prêteurs dont entreprises, banques, fonds, particuliers (parfois) et autres nations. L'alternative, la seule, c'est de laisser le Trésor emprunter à la Banque de France (qui en contrepartie se trouve obligée d'émettre de la monnaie sous une forme ou une autre), ou en d'autres termes laisser la France s'emprunter à elle-même - ça s'appelle faire tourner la planche à billets. Même comme ça la terminologie est fausse: de même qu'on ne détient pas une entreprise en étant un de ses créanciers mais en étant un de ses actionnaires, on ne détient pas la France seulement en lui ayant prêté de l'argent. Bon évidemment, dans les faits, ça offre un moyen de pression, mais la France n'appartient pas à ceux qui lui ont prêté.
Mais surtout, c'est bien beau de dénoncer le recours à la dette, mais depuis l'euro c'est la seule solution (puisque la France ne contrôle plus la planche à billets - c'est la BCE maintenant qui la gère, pour toute la zone Euro) et puis aussi suggérer que tous les financement auraient du être couverts pas la création de monnaie c'est irresponsable.
Certes, on a beaucoup emprunté. Certes, on paye une fortune en intérêts. Cependant, prenez la mesure des chiffres suivants:
- en euros courants (non ajustés de l'inflation), la dette est passée de 82,8 Md€ en 1979 à 1489 Md€ en 2009 ([url=http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France]source[/url])
- l'inflation cumulée est passée de 819 à 2368 entre les mêmes dates ([url=http://www.france-inflation.com/inflation-depuis-1901.php]source[/url]) soit un facteur 2,89.
- en euros constants, donc, on peut dire que la dette est passée de 239,4 Md€ à 1489 Md€ de 1979 à 2009, (soit +1250 Md€) et avec des prix qui ont augmenté de +189%.
- Je n'ai pas trouvé de chiffres sur la masse monétaire Française de 1979 à 2009, donc je ne peux pas faire de calculs précis. Par contre la masse monétaire (sans rentrer dans les détails prenons la définition la plus large, dite M3) de la France à mi-2010 est de 1705 Md€. ([url=http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=1&ved=0CBgQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.banque-france.fr%2Ffr%2Fstatistiques%2Ftelechar%2Fmonnaie%2F2010-07-france-stat-info-evolution-monetaire.pdf&rct=j&q=Les%20%C3%A9volutions%20mon%C3%A9taires%20France%20Juillet%202010%20stat%20info&ei=8zxiTYijHISq8AOvzMnxCA&usg=AFQjCNGMJMHf4_kBysWIkvDkm44jaqS64A&cad=rja]source[/url]). En d'autres termes, si on avait monétisé la dette, on aurait injecté 1250 milliards dans une économie qui n'en compte que 1705. Ton café à 1€, tu le payerais dans les 1,73€ (le calcul est grossier et approximatif, c'est juste pour donner une idée des ordres de grandeur). Ton inflation cumulée, au lieu d'être de +189%, serait d'environ +400%.
L'avantage, pour le citoyen lambda, c'est que les intérêts de la dette sont payés par l'Etat via ses recettes (ou l'émission de plus de dette, on y reviendra). Celles-ci, au moins partiellement, sont "socialement justes" en quelque sorte, c'est à dire supportées majoritairement par les plus hauts revenus (que ceux qui en doutent examinent la répartition de l'IR par revenus - malgré les niches et tout, c'est quand même les quelques pour cents de plus riches qui payent l'énorme majorité de l'impôt). Si on avait eu recours à la planche à billets, c'est toutes les strates sociales qui auraient eu à supporter uniformément la hausse des prix.
Si la dette explose aujourd'hui, si les intérêts deviennent un boulet majeur, on ne peut pas se contenter de dire que oh non, le recours à la dette c'était vraiment une connerie, on aurait dû continuer à imprimer nos propres billets de Monopoly. Il faut plutôt réfléchir à pourquoi, en France, on a eu besoin d'autant d'argent frais en trente ans. Et là, on peut embrayer sur des politiques de dépenses publiques, le financement externe de dépenses de fonctionnement, le coût du social, etc. C'est un débat bien plus vaste.
Il y a évidemment des gens - une minorité, il faut le dire, mais qui comprend des gens très intelligents, il faut le dire aussi - qui malgré tout pensent que laisser tourner la planche à billets aurait été une meilleure solution. Pour cela, toutefois, ils s'appuient sur des analyses du coût de la dette contre celui de mécanismes de compensation de l'inflation, sur les économies et revenus éventuels provenant du réinvestissement des intérêts de la dette qui auraient pu être économisés, etc. Ils ont plus d'arguments que la simple critique idéologique du "on a vendu la France aux banquiers privés."
En écrivant cela, j'ai trouvé la vidéo sur youtube et je l'écoute en fond. Il part d'un postulat qui est faux: que les banques créent de l'argent à partir de rien en accordant des crédits. Quiconque a vu un bilan de banque sait que c'est une bêtise. La banque a effectivement le droit d'accorder plus de crédits qu'elle n'a de dépôts. Cependant, elle doit se refinancer, c'est à dire emprunter cet argent quelque part, et elle le fait sur les marchés. Comme c'est la même chose pour toutes les banques, de proche en proche on comprend que le secteur bancaire dans son ensemble se refinance, finalement, auprès des banques centrales (ou à la limite des entreprises pour les émissions publiques). En d'autres termes, les banques ne créent pas de l'argent, elles redistribuent l'argent mis à disposition par les banques centrales ou prêté par des tiers.