- Mer Juin 08, 2011 12:34 am
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[url=http://www.youtube.com/watch?v=_KztNIg4cvE][color=cyan][size=150]Sans défense...[/size][/color][/url]
Une semaine.
C'est le temps qu'il m'aura fallu pour redescendre sur terre, à la faveur d'une soirée de retrouvaille entre amis. Du vin, du son, une compagnie agréable...ça m'a aidé à dépasser le mardi soir dernier. Sans ça : je pense que je serai encore en train de songer à ce rêve, à le pleurer quelque part.
En prenant le temps d'en faire un récit, j’évacue le trop-plein d’émotions accumulées: ça n'est plus « qu'une » histoire parmi d'autre. Sous ce format-là, il est beaucoup plus simple de relativiser.
…
C'est terrible à dire, mais le constat que je fais aujourd'hui, à l'aune de cette histoire qui fait écho à d'autres récit que je découvre sur ce forum : c’est que, peu importe l'expérience, la force de caractère dont on peut faire preuve à l'accoutumé ; le jour où l'on rencontre une fille qui nous plait plus - bien plus ! - qu'en temps normal... eh bien toutes les notions, tout ce sur quoi on s'appuie habituellement, est soufflé juste comme ça, dans l'instant.
Et l'on se retrouve subjugué.
…
Je l'ai rencontrée à l'aéroport.
C'était mon vol retour en France, en partant d'Helsinki.
Je l'ai vu arriver dans la salle d'attente à moitié vide, avant l'enregistrement...Elle était accompagnée de son petit ami (du moins, ce que j'imaginais être son petit ami à ce moment-là).
Sublime.
J'ai eu la chance de passer plusieurs mois dans différent pays nordiques pour mon Erasmus (entre la Suède et la Finlande principalement, un saut à Copenhague aussi) ;
même d'après les standards de là-bas, elle était incroyable.
Grande, blonde, belle, affolante...les adjectifs sont nombreux et manquent.
Bref.
Une fille terrible.
A un moment, celui que je prends pour son mec se lève avec les bagages ; elle en profite pour m'interpeller.
"Vous prenez le vol de Paris?"
"Oui, le 20H35"
"Ahhh, moi aussi blah blah...
"
La conversation s'engage ainsi.
J'apprends en l'espace de cinq minutes :
- qu'elle est russe mais d'origine suédoise en partie, par son père (sic)
- qu'elle vient en France faire des études de business
- et accessoirement pour se marier (:shock:
)
A l'embarquement, elle vient s'installer avec moi, me chahute, s'empare de mon ordinateur...
Espiègle, excentrique, elle cherche à monopoliser mon attention.
M'appelle par des petits noms, m'attrape par la main, le bras, tout.
…
Je ne vais pas vous mentir : je perdis rapidement pied.
Je me rendais bien compte que tout ce cinéma n'était qu'enfantillage, immaturité, insolence.
Mais je crois que l'on pardonne plus facilement ce genre d'attitude aux gens qui nous plaisent, beaucoup plus qu'on ne le ferait pour les autres en tout cas...C'est ainsi.
Un jeu s'installa rapidement entre nous, une espèce de complicité fait de regards, de contacts physiques, de fous rires...
Nous flirtions au milieu d'une centaine d'autres passagers assez peu discrètement.
Elle me faisait tourner la tête au milieu d'une centaine d'autres passagers...
Je pense qu'elle avait décidé dès le départ que nous ferions le trajet ensemble dans l'avion.
Elle m'avait choisi, m'a séduit, fin de l'histoire.
J'aurai aimé pouvoir dire l’inverse.
J'aurai aimé pouvoir dire que c'est moi qui, au talent, l'avait choisi entre toutes les filles présentes, puis l'avais séduite, envouté.
Mais non.
J'étais sans défense.
Elle m’a baladé, ce qui est bien la dernière des choses qu’on essaie de nous apprendre sur ce site…
La seule satisfaction que je puisse avoir aujourd’hui, c’est de ne pas avoir été désarçonné au point de tout foutre en l’air.
J’ai même plutôt bien réagi au vu des circonstances…
Je fus à l'aise, détendu, fun.
Je me moquai d'elle ouvertement parfois, la mettant faussement en colère…
Léger.
Je réalise maintenant que si j'étais aussi nature avec elle, c'est parce qu'elle avait réussi à me mettre à l'aise très tôt,
moi.
C’est assez amusant d’identifier chez les autres des ressorts qu’on a l’habitude d’utiliser nous-mêmes quotidiennement
Quelque-part, ça nous conforte dans l’idée qu’on ne fait pas non plus complètement n’importe quoi…(ou alors, on reproduit les mêmes erreurs que tout le monde, oui, ça arrive aussi
).
L'autre hypothèse étant que, ne la considérant pas comme disponible, je me sois comporté alors avec elle de façon bien plus relachée...
J’ai souvent fait allusion par le passé à la notion d’enjeu dans mon journal.
L’enjeu, c’est exactement ce qui peut nous mettre les bâtons dans les roues au moment d’agir.
C’est cette pression supplémentaire que l’on se met car, conscient de la valeur supposée de notre interlocutrice, nous sommes du coup aussi conscient de ce que l’on aurait à perdre en cas
d’échec.
Et qu’y peut-on, au fond ?
Etres humains, on ne peut pas séduire comme des robots, les émotions il faut bien faire avec…
Comme pour la peur, il est naturel de la ressentir ; le tout, c’est d’en garder le contrôle, suffisamment au moins pour que notre comportement n’en soit pas (trop) affecté.
Que l’on puisse défendre sa position, ses chances, au mieux.
Oui, clairement je ne me considérais pas dans la course quand nous avons commencé à discuter elle et moi. Fiancée ? Mariage ? Rien que ça ???...
Une femme, qui dès les premiers instants de la conversation, place un "baise-moi" bien senti, le regard coquin...
Assurément cette femme a un petit grain de folie en elle ( c'est surprenant le nombre d'étrangères qui savent dire des cochonneries, entre autre provocations sexy – au milieu des « bonjour, merci, et au revoir »
).
Du moins, j'aime à le penser personnellement.
…
Alors, que dire?
Une chose est claire : elle et moi n’évoluons pas dans les mêmes mondes (sous-entendu : milieux sociaux). Elle me parlait de ses soirées, de ses sorties, des fréquentations qu'elle avait (jusqu’ici, rien d’anormal)...
Oui, mais !
Des artistes, des sportifs russes, des hommes d'affaires (en gros) !!
What the fuck ??
Bien sur, elle a sans doute exagérée dans les grandes largeurs, pour la frime; raconté un ou deux cracks en passant.
Après tout, c’était complètement invérifiable.
Et puis elle pouvait me dire ce qu'elle voulait, quelles étaient les chances alors pour que l'on se revoie après ce vol de toute manière?
Je sentais juste qu'il y avait un fond de vérité dans tout ça, au-delà de l’évidente envie de se mettre en avant.
Elle devait avoir pour k milles euros de fringues sur le dos.
Le sac à main, les chaussures de marques ! Les bijoux...Cette fille sentait l'argent, le vrai. Celui d'hommes ayant vraiment beaucoup de moyens, pas simplement celui de l'habituelle fille à papa un peu bobo...Sur ce plan-là, j'étais loin de mes cercles habituels...so far away...
A un moment, nous plaisantions sur les produits que les hôtesses faisaient circuler dans l'avion, sur un chariot.
Il y avait de tout, de la boisson énergisante au shampoing-douche, du café Starbuck au petit cadeau-souvenir.
Par jeu, nous faisions la liste de ce que chacun allait offrir à l’autre avant de quitter cet appareil.
"Tu m'offrirai un parfum ?"
"Ouiiiii, bien sur, tu voudrais lequel?
"
"(en désignant les flacons) Celui-ci, encore ça, et ça... et tiens celui-là aussi...
"
Madame me regarde soudain droit dans les yeux, l'air amusée. Elle se saisit de son sac...et en sort une liasse pleine de billets de 50€, comme ça.:shock :
Je suis resté plusieurs secondes sans réaction.
« Mais... t’es sérieuse là ?? On fait que plaisanter hein.
«
« Rooh, je plaisante, tu devrais voir ta tete…
Et non, je ne fais pas parti de la mafia hihihi
»
"...the fuck ??
"
Qu'est-ce qu'une fille avec autant de moyens faisait en classe commerciale ?? Un paradoxe qui me laisse encore perplexe, même une semaine plus tard…
Elle m'a alors expliqué comment elle avait rencontré son fiancé, à quel point ce dernier était timide et avait eu du mal à l’aborder etc.
C'est lui qui lui avait fait tous ces cadeaux, qui lui payait tout (y compris l'avion).
Elle l’avait vu cinq fois en l’espace de seize mois : il la faisait venir plusieurs fois par an pour qu’ils passent du temps ensemble.
Elle m’expliquait tout cela avec un tel aplomb ! passionnée presque; lovée dans MES bras, surtout...
…
Je ne sais pas à quel moment exactement j'ai réalisé qu'elle était
vraiment intéressée... !
Nous avions flirté comme des fous depuis un moment, mais pour moi comme pour elle je pense, ça n'était qu'un
jeu ; elle m'amusait franchement mais je ne pensais pas à plus...
Je ne pensais pas que quoi que ce soit puisse se passer, je ne l’envisageais même pas…
Le doute est un mal qui se suffit à lui-même ; difficile de jamais l’éradiquer complètement, et c’est justement dans ce genre de situation qu’il est facile d’en être de nouveau la victime.
Et pourtant.
Nous étions ensemble, dans un avion qui volait en direction de Paris, elle dans mes bras, me caressant gentiment l’avant-bras : avais-je vraiment besoin de plus pour agir ?
Je ne me souviens plus de l’auteur de ces quelques mots (kero il me semble, ou peut-être wu-wei ? mea culpa à l’auteur
) : il disait en substance que, dès l’instant où la fille avec qui l’on interagissait répondait positivement à nos échanges, se montrait intéressante et intéressée par notre présence, faisait gentiment grimper la tension ambiante; nous étions implicitement validé par cette dernière.
Et cela impliquait, par extension, que nos initiatives aussi l’étaient, validées…
C’est très vrai.
Et ça file un jus énorme de savoir que la route devant soi est bel et bien dégagée. :mrgreen :
Je l’embrassai au milieu de l’une de ses tirades ; en fait, elle cessa de parler dès l’instant où je pris l’initiative de lui faire tourner la tête vers moi...Elle avait le sourire au lèvre.
Terrible.
[color=cyan][size=150]Epilogue[/size][/color]
Nous passâmes le reste du vol à essayer de nous chauffer autant qu’il soit possible de le faire au milieu d’une centaine d’autres passagers.
Dirty.
Le bon côté, c’est que beaucoup d’entre eux étaient somnolent ou plongés complètement dans leurs sommeil.
Le mauvais…
Eh bien, nous avons sérieusement songés à le faire dans l’avion
C’aurait été l’énorme cerise sur le gâteau…
Mais une rapide reconnaissance nous prouva que c’était complètement injouable : les seules toilettes disponibles se trouvaient derrière le petit coin aménagé où les hôtesses de l’air et les stewards avaient la bonne idée de venir se reposer
Ballot.
D’ailleurs, nous nous sommes plus ou moins faits griller par le personnel de bord je pense, vu les regards que certains nous ont jetés sourire en coin lorsque nous avons quitté l’appareil.
« Tu sais, je l’ai eu au téléphone (son mec), il a des problèmes avec son train. Il ne sera à Paris que vers les 00H30 - 1H du matin. »
«Nan mais c’est mort, j’ai de la famille qui vient me chercher.
»(oui, à ce moment-là, je le regrettai sincèrement
)
« Oui, je comprends bla bla… Hmm, du coup je passerai la nuit à l’hôtel je pense,de toute façon mon fiancé en avait réservé un à la base alors... Et direction la province demain ! Mais au fait, tu es le bienvenu si jamais tu passes à ville X ! Je ne sais pas si tu connais, c’est une ville magnifique bla bla…
»
C’est à ce moment-là que nous échangeâmes nos coordonnées respectives (portable, fb, même son mail puisqu’apparemment ils sont moins branchés facebook en Russie)…
Les adieux furent sommaires, se limitant à une étreinte rapide et un petit clin d'oeil : qui embrasserait une inconnue sous le nez de ses parents ? Sérieusement ?
...
Alors voilà. Je finis de rédiger ces lignes, il est une heure trente du matin.
J’ai la certitude quasi-absolue de ne pas revoir cette fille : elle est fiancée, programmée pour un mariage, et qui plus est nous n’évoluons sans doute pas dans les mêmes cercles sociaux (oui, j’ai vu la Belle et le Clochard comme tout le monde, et alors ? De toute façon je ne crois plus aux Disneys, et je suis loin d'être un clochard moi-même hein
).
Un ami me disait récemment, après avoir lu « par mégarde »(
) un échange msn de son plan cul actuel avec son mec (actuellement en...Erasmus ! comme quoi
), qu’il fuirait désormais les filles qui lui donneraient du « je t’aime » à toutes les sauces…
Moi, je me contenterai de fuir celle qui me demandera de l’épouser.
Penser librement.Parler sobrement.