Avoir une vie stylée

Modérateurs: animal, Léo

By jazzitup_
#136156 [quote]Celles que beaucoup ont l'air de se prendre le chou pour arriver à des choses qui "rendent heureux" (je parle des concepts un peu abstrait qui ont été énumérés) alors que c'est souvent des petites choses toutes connes qui foutent le sourire et la patate pour la journée.

Semblables à ces algues, à ces mousses, à ces lichens laborieux qui accrochent aux ruines mêmes leur infini besoin de bonheur, nous chercherons notre joie dans la détresse présente et nous la ferons s'épanouir, comme une plante battue des vents, dans le désert d'un monde flétri.

Croyez bien qu'il s'agit du bonheur, et non du plaisir, ou du bien-être, ou de la jouissance, ou de la volupté.


Georges Duhamel, La Possession du Monde, écrit pendant la guerre de 14. Presque tout le monde a oublié ce sage.
By Laureline
#136204 Alors on va faire simple, il y a tant à dire...

Les moments où je me suis sentie profondément heureuse ont un point commun, ce sont ceux dans lesquels je suis ancrée dans le présent. J'en ai vécu seule, en montagne notamment, pendant une semaine coupée du monde chez des cisterciennes, ou au cours d'une séance de sport pleine d'énergie. Je l'ai aussi vécu en couple (on ne dira jamais assez les bienfaits des fous-rires ou d'un simple échange de regards) ou avec mes proches (les larmes de joie quand une de mes amies m'a annoncé qu'elle attendait son premier enfant), et là le fait de le partager le démultiplie...

Je crois que le bonheur peut difficilement être trouvé dans l'attente, le regret, les projections ou le divertissement (ce dernier donnant plutôt du plaisir). Le plaisir en soi n'est pas négatif et peut aller de pair avec le bonheur, à condition de ne pas céder à la facilité et à l'excès, et ça, c'est difficile (on est ou a tous été un peu toxicos de quelque chose, moi la première).

J'avais entendu lors d'une conférence l'intervenant expliquer qu'il fallait distinguer ce qui dépend de nous, sur lequel nous pouvons agir, de ce qui ne dépend pas de nous. C'est directement hérité des stoïciens, et c'est une manière de concevoir les choses qui me convient.

Je me méfie enfin de l'imaginaire appliqué à sa propre vie : j'aime rêver pourtant, mais ce n'est que quand je dors, donc que mes rêves sont le présent, que je me considère heureuse. Sinon c'est au mieux un moyen de préparer l'action ou de se connaître, au pire un moyen de meubler l'ennui tout en restant dans l'inaction.
Une seule exception pour les (beaux) souvenirs, il faut veiller à s'en constituer pour s'en nourrir une fois que nous serons vieux et moins en capacité d'agir.
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By Jester
#136233 Ah, on commence à arriver à cette distinction plaisir/Bonheur (avec un grand B).

Remarquez bien que pour quelqu'un de vraiment Heureux, les deux se confondent: la vie et ses petits plaisirs sont une source de bonheur inépuisable. Mais je pense que quand on a pas fait une démarche, un travail sur soi, c'est plus dur. Il n'y a qu'a voir le nombre de gens qui ne savent raler, qui sont par exemple en terrasse en train de boire un thé dans un endroit magnifique devant un lac superbe, et qui passent une heure à se plaindre qu'il fait trop chaud (pour ne reprendre qu'un exemple vécu récement).

Arriver à ne pas tomber en permanence dans le commentaire, et la négation, ce détachement, ce lacher prise, c'est un indispensable je pense. Je radote, ou bien?