- Ven Avr 10, 2009 7:02 pm
#72601
Bel exemple de ce que ça donne de lire des pages web en diagonale. Alors prenons les choses dans l'ordre.
1. Crowley n'a pas vécu assez vieux pour connaître le summer of love et ne peut donc pas être imprégné de psychédélisme, mais il a effectivement été très populaire dans les années 70, parce que ses textes (ainsi que sa vie) étaient perçus comme un appel à toutes sortes de transgressions. Crowley était un toxicomane, un allumé complet, un obsédé sexuel, un manipulateur et un charlatan. Reste que ses écrits ont contribué à semer une pagaille réjouissante dans les repères spirituels (y compris ceux de la magie). Il a été, en quelque sorte, celui par qui le scandale arrive.
2. Spare est aussi un allumé complet, dans la prose inbitable duquel nagent quelques intuitions plus intéressantes concernant le fonctionnement de l'inconscient et la bonne façon de lui causer un langage qu'il comprend (les sigils).
3. Carrol et les illuminés de Thanateros, c'est très différent. Avec un titre aussi ronflant, on est déjà dans la relecture et la parodie qui sont la patte de la CM. Ce n'est pas seulement de Crowley ou de Spare qu'ils se réclament, mais de l'ethnologie et du comportementalisme - et ce qu'ils entendent par "magie" est aussi éloigné du sens que donnaient à ce mot les mages de la Renaissance que la médecine moderne l'est de celle du XIVème siècle.
Juger un courant d'après ses bases suppose déjà d'avoir une vision très claire des bases en question, ainsi que de ce que le courant en retient, du discours qu'il y applique et de la façon dont il l'utilise. Autrement, c'est de l'amateurisme. Google est ton ami - mais il ne peut pas tout.
Maintenant, si tu tombes sur des rituels chaotes, tu vas immanquablement te sentir confirmé dans la certitude que ce fatras ne peut pas intéresser des individus "sains d'esprit". C'est normal, dans la mesure où, comme je le disais plus haut, ils ne sont pas pensés pour s'adresser à la raison - qui n'est pas toute puissante - mais à l'inconscient (pas collectif, l'inconscient tout court) dont le langage obéit à une autre forme de logique, ce que te confirmera, par exemple, n'importe quel ouvrage de psychologie comportementale. Savoir le degré d'efficacité de tels procédés m'indiffère, je ne m'intéresse qu'au processus et à la représentation de l'homme qu'il induit.
Je ne crois pas en tout cas que nous ayons la même interprétation de ce que c'est que "se pencher sur un sujet"
Edit : le lien que tu donnes est intéressant, mais il aborde la question sous un angle essentiellement historique et sociologique. C'est en tout cas un bon mémoire de recherche, objectif dans sa relation des faits et dans sa façon de présenter les concepts. Ce que tu peines à faire.
Par ailleurs, si tu avais mieux lu ce fil depuis le début, tu saurais que le fait "d'y croire ou non" n'a pas vraiment de sens ici.