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Modérateurs: animal, Léo

By JulienH
#169970 [quote] J’ai mis un terme il y a peu à ma relation avec Valérie [...] J’y reviendrai.

Donc, j'y reviens, 4 ans plus tard :roll:

Nous avions facilement fait connaissance, par le biais d'amis communs. Immédiatement, en fait dès la première seconde de la première minute de la première rencontre, elle m'a plu. Cela faisait quelques semaines que je tournais en rond sans rien faire, mais à vrai dire, je ne saurais dire si c'est le fait de la rencontrer qui m'a mis un coup de boost, ou si j'allais déjà mieux et donc, étais de nouveau disposé à ouvrir les hostilités. Sûrement un peu des deux.

Même si je lui trouvais quelques menues imperfections, elle me plaisait. Ses yeux étaient d'un bleu très clair, ses cheveux courts et très bruns. Je me surprenais à planer, et les invitations à décoller ne manquaient pas entre ses mains, ses lèvres, ses épaules ... Je me voyais faire tout un tas de trucs avec elle, mais pas seulement sexuels, car je lui prêtais beaucoup de qualités. Ne pas l'idéaliser était un petit challenge.

Elle riait à toutes mes vannes, mieux, y répondait. Et par-ci, par-là, dans une discussion même anodine, en groupe, j'avais relevé quelques indices. Elle était intéressante. Intelligente. Taquine. Et jolie. Elle me plaisait, mais bon ça doit faire 3 fois que je le dis. Elle m'avait fait plusieurs fois des compliments, quelques fois très directs, me posait des questions.

Néanmoins, ça n'est qu'à la troisième rencontre que les choses avancèrent un peu (ça aurait pu aller plus vite, certes). A ce moment nous n'étions alors guère mieux que de vagues connaissances qui s'étaient finalement assez peu parlé. Cependant je me souvenais de son prénom, et elle du mien. A défaut de signes d'intérêt, ne pas avoir de signe de désintérêt est déjà presque un début. Une esquisse de début, disons. Des signes d'intérêt, j'en avais eu, mais pas assez gros à mon goût.

Bref.

Un soir que nous dînions chez ces amis en plus petit comité, dîner comme souvent bien arrosé, notre hôte me lança :
[quote] J'ai vu ton ex copine l'autre jour [quote]Mon ex ?[quote]Sonia ! J'ai fumé une clope avec elle pendant la pause
Comme le dit je ne sais plus quel comique, "Ce qui est bien avec ce prénom, "Sonia", c'est que ça fait pas pute".
[quote]"Mon ex", tu sais, c'est vite dit, on se voyait un peu comme ça quoi
"On se voyait". Ca amusait un autre type.
[quote]Vous vous voyiez ?[quote]Oui, je la voyais, elle me voyait, on se voyait [quote] Et vous voyiez quoi ? [quote]Tu veux que je te dise quoi ? On se voyait de près
Les autres riaient et moi aussi, content de ma vanne. J'aime rire, et surtout faire rire. Et si ça ne marche pas, je peux même me faire rire tout seul. Ne dit-on pas qu'il est important d'être heureux seul ? 8)

Valérie riait aussi mais je me sentais un peu con d'avoir rappelé que j'avais couché avec cette Sonia, une fille sans grand intérêt. Elle était "assistante en ressources humaines", je ne savais même pas ce que ça voulait dire.

Je restai sur le ton de la déconne, mais c'était pas de bol : j'avais fait la connaissance d'une fille qui me plaisait vraiment, et il avait fallu qu'elle soit en quelque sorte, le témoin de mes "atermoiements sentimentaux" avec une paire de seins sur pattes sur laquelle il n'est pas forcément utile que je m'attarde, même si dans les faits, il m'était bel et bien arrivé de m'attarder sur elle. Et elle aussi s'attardait un peu sur moi, d'ailleurs.

Bref on s'était attardés un peu l'un sur l'autre, et j'avais vu ses "ressources humaines" de près.

C'est à peu près tout ce qu'on peut en dire.
By JulienH
#170079 La conversation prenait un tour amusant, en tous cas qui m'arrangeait. Nous voilà à parler de relations de couple, de séduction, de rapports hommes/femmes, de quoi bien rire là encore. Les lieux communs succédaient aux âneries entre deux pseudo-vérités convenues. On me taillait aussi un peu, gentiment, pour avoir ainsi profité de la petite Sonia. Gentiment, mais c'était dit quand même.

Je me contentais d'afficher un air satisfait, et d'écouter en préparant ma riposte. Je cherchais Valérie du regard, la trouvant quelques fois. Elle faisait partie de la moitié des gens qui me défendait (la moitié qui me connaît bien). Cela m'amusait plus que m'énervait.

[img]http://img2.wikia.nocookie.net/__cb20130412022646/glee/images/4/48/Okay_then.gif[/img]

A un moment une fille dit en gros, que "la belle rencontre", c'est pas la peine de la chercher, c'est un truc qui vous tombe dessus, ça ne se décide pas, ça vient le jour où ça vient, qu'on la reconnaît tout de suite, etc. Belle occasion que je saisis au vol.

Je réponds (poliment) que c'est faux, que ça ne vient pas comme ça, que certes deux personnes peuvent se croiser n'importe où n'importe comment, mais que les trois quarts du temps, aucun des deux ne bouge et que donc, ça s'arrête là. Un homme et une femme se regardent une fois, deux fois, trois fois, se plaisent, auraient envie de faire connaissance mais non, il ne se passe rien, etc, etc.

Fake it till you make it, bien sûr que j'en faisais autant, que je flippais devant une inconnue. Mais le reconnaître n'avait rien de vraiment avantageux. Echanges de sourires avec Valérie. Je jubilais.

D'abord ravi d'avoir attiré et même un peu accaparé l'attention, j'en fus ensuite un peu gêné car les questions et réflexions se succédant, je craignais que cela ne dérape, ou que les couples présents ne soient indirectement visés. Et puis bon, moi, jouer au prof de relations humaines ... l'imposture complète. Il était temps de changer de sujet.

Mais globalement j'étais cool, simplement parce que je savais exactement quoi dire, ou que répondre aux questions qu'on me posait. Notamment celles sur mon avenir, dont je commençais à avoir une idée après des semaines de glandouille quasiment ininterrompue.

Quel dommage de ne pas avoir pu ancrer cet état d'esprit de façon durable. Pouvoir être fier de soi, se définir clairement, répondre aux questions sans les esquiver, cadrer son truc, je suis ceci, je fais cela, parce que ceci, parce que cela. Clair, net, précis, si ça te va c'est bien, si ça ne te va pas, tant pis. Mais bon, le timide n'ayant "pas de cap" ... Des principes, des valeurs, de moins en moins variables ou flous. L'affirmation de soi, ça vient doucement, par séquences. Mais pas de vrai cap.

Toujours est-il que ce soir-là, Valérie et moi nous étions rapprochés, nous retrouvant notamment isolés à deux reprises, discutant enfin seul à seul. Trop brièvement cependant. Demander son numéro à ma sœur eut été plus délicat (toujours exagérer un peu), il m'a suffi de lui dire qu'il était dommage que nous ne puissions pas nous voir plus souvent, sans intermédiaire. Ce avec quoi elle était d'accord.

[img]https://mattsko.files.wordpress.com/2014/03/william-powell-wink-gif.gif[/img]

Quand on est cool, donc tout simplement bien avec soi-même finalement, on sent qu'on peut presque tout se permettre. Alors qu'à essayer d'avoir l'air cool quand on ne l'est pas, on se grille pour trois fois rien. Et dans le même temps, on peut très facilement avoir l'air con, sans l'être vraiment. La vie est mal faite :roll: ... C'est vrai, des milliers de gens brillants ont fréquemment l'air con. En matière de séduction plus qu'ailleurs (à part peut être en politique). Je dirais bien que je sais de quoi je parle, mais pour cela, il faudrait que je sois brillant (mais pas forcément Danny, ceci dit).

Bref, je repartais avec le numéro d'une femme qui me plaisait. Imaginer ses fines mains blanches se poser sur moi était grisant. Ca allait arriver, c'était sûr, une simple question de jours. Sensation unique alors, que savoir que l'on a son destin, ou en tous cas bientôt le corps de celle que l'on convoite, entre ses propres mains.

J'aime particulièrement un certain style de femmes, aux yeux clairs, cheveux courts, et bruns c'est encore mieux, élancées, fines, peu apprêtées. Ca a toujours été le cas mais je n'avais pas vraiment relevé le truc, elles étaient mon genre, point. Elles me touchent particulièrement, pour ne pas dire que je les idéalise assez facilement. Le genre un peu mec sur les bords, tant dans l'attitude que la tenue, le langage ... Je les vois moins chiantes, moins compliquées, en un mot plus accessibles.

Il est de bien curieuses coïncidences :roll:
By James ex S
#170087 [quote="Triumph"]Quel dommage de ne pas avoir pu ancrer cet état d'esprit de façon durable. Pouvoir être fier de soi, se définir clairement, répondre aux questions sans les esquiver, cadrer son truc, je suis ceci, je fais cela, parce que ceci, parce que cela. Clair, net, précis, si ça te va c'est bien, si ça ne te va pas, tant pis. Mais bon, le timide n'ayant "pas de cap" ... Des principes, des valeurs, de moins en moins variables ou flous. L'affirmation de soi, ça vient doucement, par séquences. Mais pas de vrai cap.

J'aime beaucoup!

Je fais partie de ceux, comme il y en a sans doute beaucoup, qui lisent ton journal en silence.

Mais ça fait quelques posts que ce que tu écris m'interpelle, sans doute parce que je me reconnais en partie dans tes écrits. Mais j'y reviendrai une autre fois...

Dans tous les cas continue :wink:
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By -Jules-
#170088 [quote="Triumph"]
Quand on est cool, donc tout simplement bien avec soi-même finalement, on sent qu'on peut presque tout se permettre. Alors qu'à essayer d'avoir l'air cool quand on ne l'est pas, on se grille pour trois fois rien.


Une des grosses réflexions du moment, plus d'une fois je me suis pris à surjouer dernièrement, à vouloir faire comme si, mais ca sonne faux ,même la voix n'est plus la même, et biensur il n'y a rien à attendre puisque je pense qu'on crée ainsi involontairement un rempart entre l'autre personne et nous.
By Simon
#170090 [quote="James ex S"][quote="Triumph"]Quel dommage de ne pas avoir pu ancrer cet état d'esprit de façon durable. Pouvoir être fier de soi, se définir clairement, répondre aux questions sans les esquiver, cadrer son truc, je suis ceci, je fais cela, parce que ceci, parce que cela. Clair, net, précis, si ça te va c'est bien, si ça ne te va pas, tant pis. Mais bon, le timide n'ayant "pas de cap" ... Des principes, des valeurs, de moins en moins variables ou flous. L'affirmation de soi, ça vient doucement, par séquences. Mais pas de vrai cap.

J'aime beaucoup!

Je fais partie de ceux, comme il y en a sans doute beaucoup, qui lisent ton journal en silence.



+1 :)
By JulienH
#170133 [quote="-Jules-"] plus d'une fois je me suis pris à surjouer dernièrement, à vouloir faire comme si, mais ca sonne faux
"Sous-jouer" est encore pire.

Il y a deux choses que j'aime par-dessus tout : faire un bon mot (jeu de mot pourri, métaphore décalée, calembour ringard, taquiner, vanner, etc), et danser.

J'ai lu sur un autre topic que les danseurs avaient une certaine réputation. Je ne sais pas si je suis un bon danseur, mais c'est quelque chose que je ne peux pas réprimer. Difficile de rester assis si j'entends une musique entraînante. Je plante carrément la discussion, je me lève, et je danse. Et c'est pareil pour le calembour / la boutade / la vanne : si une occasion se présente, ça fait tilt, je n'y résiste pas. Quitte à m'amuser tout seul de ma connerie, comme dit plus haut.

L'humour, c'est une arme redoutable. Perso je trouve que c'est un lien hyper puissant entre deux personnes. Ton humour, tu ne le sors pas de nulle part : c'est le révélateur de ce que tu as vu, entendu, retenu, vécu ... En clair, le fruit de ta "culture" (aussi modeste soit-elle), de ta sensibilité, etc.

Quelqu'un qui a le même humour que toi, qui comprend ta vanne, tu t'en fais un proche, illico. Il te comprend parce qu'il se reconnaît en toi, quelque part. Et il t'adore. Et s'il ou elle est le/la seul(e) au milieu de 15 autres personnes, et qu'il ou elle est la personne qui t'intéresse, alors c'est encore plus jouissif que faire marrer les 15 car la relation devient privilégiée. Séduction ou pas. Les gens m'aiment bien parce que je les amuse (j'ai pas dit que j'étais un clown).

Où voulais-je en venir, déjà ... :roll: . Ah oui.

En présence d'une femme qui me plaît, j'ai donc souvent sous-joué, en me disant "non, là tais-toi / ne bouge pas, tu vas te griller".

C'est effarant ce qu'on peut devenir con, perdre tout bon sens devant certaines femmes (ou même hommes, d'ailleurs). Jusqu'à craindre leur jugement alors que JUSTEMENT, en tous cas en ce qui me concerne, l'humour, la répartie et le goût de la danse sont des choses que j'apprécie chez une femme ... Donc comment je fais, pour savoir si elle me plaît ou pas, sans oser la vanner ou l'inviter à danser ?

C'est tellement illogique que ça confine à l'absurde. Ne pas chercher à savoir si elle me plaît, non, d'abord chercher à lui plaire. Et même pire : il ne s'agit même pas de lui plaire, mais d'éviter de lui déplaire en dissimulant deux aspects essentiels de ma personnalité, ma façon de vivre. Donc devenir un autre, mais pas en mieux, non, en moins bien. Donc chiant. Donc grillé de facto, alors que c'est ce qu'on voulait éviter. Et comme "le de facto ne sonne toujours qu'une fois" ...

Avoir peur de ne pas plaire à quelqu'un dont on ne sait rien. Se cacher, et ne rien savoir de plus. Ne jamais savoir si elle aurait pu nous plaire, ou pas. Bon, on a bien compris, je crois, la saisissante stupidité de la chose.

Nan mais sérieux. Des fois, je me dis qu'on (oui, me dites pas que je suis seul) mérite ça :

[img]http://i.imgur.com/HfyI2.gif[/img]

Et quand on en prend une, on trouve ça étonnant.

Bref.

On me voit danser et vanner / chambrer facilement, du coup personne ne me considère comme timide. C'est même presque le contraire. "Personne", de mon entourage ; c'est à dire finalement, des gens encore plus timides que moi, pour la très grande majorité d'entre eux. Gageons qu'un mec comme Passe-Partout trouve tout le monde très grand.

Leur avis n'est pas valable, pas fiable. Ceci dit avec toute la bienveillance du monde.

Mais perso, la timidité, j'en ai une autre définition : le timide, c'est le mec qui est resté le "gentil petit garçon à sa maman", qui n'ose pas aller chercher ce dont il a envie. Il a besoin qu'on lui donne la permission. Faire la liste des choses dont j'ai pu avoir envie, mais que j'ai préféré vivre au conditionnel, dix pages n'y suffiraient pas. "Qu'est-ce qui risque de se passer si ...". La remarque d'Animal quelques posts plus haut, sonnait juste.

Comme souvent, une fois bien mis à plat, ça sonne encore mieux.
By john dilinger
#170138 [quote="Simon"][quote="James ex S"][quote="Triumph"]Quel dommage de ne pas avoir pu ancrer cet état d'esprit de façon durable. Pouvoir être fier de soi, se définir clairement, répondre aux questions sans les esquiver, cadrer son truc, je suis ceci, je fais cela, parce que ceci, parce que cela. Clair, net, précis, si ça te va c'est bien, si ça ne te va pas, tant pis. Mais bon, le timide n'ayant "pas de cap" ... Des principes, des valeurs, de moins en moins variables ou flous. L'affirmation de soi, ça vient doucement, par séquences. Mais pas de vrai cap.

J'aime beaucoup!

Je fais partie de ceux, comme il y en a sans doute beaucoup, qui lisent ton journal en silence.



+1 :)
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By -Jules-
#170153 [quote="Triumph"]


C'est tellement illogique que ça confine à l'absurde. Ne pas chercher à savoir si elle me plaît, non, d'abord chercher à lui plaire. Et même pire : il ne s'agit même pas de lui plaire, mais d'éviter de lui déplaire

[img]http://i.imgur.com/HfyI2.gif[/img]



La phrase de la semaine, j'adore, simple et percutant :mrgreen:
By JulienH
#170457 C'est Pantin qui avait écrit sur un autre topic, que le timide n'avait pas de cap.

Le timide n'a pas de cap, ça ne veut pas dire qu'il change tout le temps d'avis. Ca veut dire qu'il n'en a jamais. Non seulement il est incapable d'affirmer vraiment ce qu'il veut, pire, il ne sait pas ce qu'il veut. Ne pas sous-estimer ce mal : c'est la peste et le choléra réunis. Le manque d'inspiration, logiquement, t'empêche de respirer vraiment. Et fait donc de toi un type qui vit sans vivre, qui "sous-vit".

Bref, le timide suit le cap que les autres lui indiquent, ce sont les autres qui le mettent sous "inspiration artificielle". Avec tout ce que ça peut impliquer en termes d'insatisfaction et donc de frustration quand cela ne lui convient pas. Et il ne s'agit pas de petits caps de merde, genre le choix du bar, du resto ou des vacances, non, ça, ça se soigne, c'est que dalle.

Une jeune femme m'a un jour fait ce reproche (indirectement) :

[quote]Il n'a pas beaucoup d'ambition

J'ai mis beaucoup de temps à me remettre de cet affront. Le pot de peinture, tiens, encore un truc que j'avais mal compris. C'est la nature du reproche qui a fait mal. Elle n'a pas dit que j'étais stupide, inculte, grossier ou autre, non.

Même s'il y a sans doute un peu de langage des femmes derrière ces mots (étant peut être question de ma capacité à satisfaire son ambition, à elle), elle pointait cependant du doigt une réalité, jetait du sel sur une plaie qui ne s'était jamais refermée : celle de ma propre vacuité.

Tout est remonté à la surface, cette sensation de vide intérieur, l'impression de ne servir à rien, de piquer la place d'un autre, d'être un usurpateur ... Prendre la place de quelqu'un, le genre de dette qu'on ne peut jamais rembourser. Tout devoir, devoir tout ce qu'on a, tout ce qu'on est, ne rien mériter.

La notion de mérite : l'escroquerie du siècle, que dis-je, du millénaire. Nom de Dieu, mais combien coûte exactement, cette foutue place au Paradis ? Qui décide de qui mérite quoi ? Quel est le prix à payer ? Qui fixe le tarif ?

Que devais-je, et à qui ? Voilà la question que je me suis vraiment posée, la dernière d'une très longue suite, une suite logique, commençant par "à quoi ça sert", jusqu'à "et si tout s'arrêtait", entre beaucoup d'autres. Le genre de question qu'il faut se poser avant la fin, car quand arrive la fin, c'est trop tard, "regrets éternels".

Je n'ai jamais pensé à me foutre en l'air, mais j'ai essayé de me représenter le vide. J'avais rien d'autre à foutre qu'y réfléchir vraiment. Essayer de se représenter le truc, ça fout le vertige au début. Puis on finit par s'y faire, jusqu'à ne plus guère s'en émouvoir. Tout le monde y est promis, moi aussi, un jour j'y serai pour de bon. Et ce jour-là je serai seul. C'est en pensant à ça que j'ai compris que j'étais en fait seul depuis le début.

Il a fallu que je descende très bas pour réaliser que je ne devais rien. Je ne sais pas si j'ai touché le fond, mais c'était quelque chose y ressemblant. Il m'a fallu y retourner plusieurs fois pour que ça fasse "tilt", et du coup, j'ai eu le temps de bien regarder autour de moi. Et je n'y ai vu personne : j'étais tout seul. Je ne parle pas d'aide ou de secours, non, puisque la fin étant ce qu'elle est, tout secours est vain. Je veux dire qu'il n'y avait personne pour me demander des comptes.

Quand je dis que je ne dois rien, je veux en fait dire que je ne dois pas ma vie, car ma vie on me l'a donnée, et ce qui est donné, l'est. Me bourrer le mou à grands coups de "ta vie, c'est la tienne, on s'en fout des autres", ça n'a jamais fonctionné, ça n'est pas comme ça que j'ai été dressé. Il a fallu que je me voie au bout pour que ça rentre. Je dois me voir comme je suis et comme je pourrais être, et non comme je DEVRAIS être. Je ne dois rien ... J'ai voulu me comparer, je l'ai payé, refaire la même erreur me coûterait trop cher.

C'est bizarre, glauque, anormal de penser à sa propre mort, et pourtant il a fallu que j'en vienne là.

J'apprends à réfléchir, et à marcher, aussi. Courir, ça n'est pas à l'ordre du jour.

Voilà.


================


J'ai croisé il y a huit jours une très jeune fille dans les couloirs d'un hôpital. 17 ou 18 ans peut être, de magnifiques yeux bleus. Comme elle semblait perdue, je lui ai donc demandé ce qu'elle cherchait. Elle aurait eu l'air renfrogné, je l'aurais laissée se démerder, sans aucun doute. Mais je n'ai pas pu l'aider. Elle m'a souri en me remerciant "quand même", et je l'ai regardée s'éloigner d'un pas leste.

Cela m'a fait réfléchir - je me demande d'ailleurs, ce qui ne me fait pas réfléchir ...

D'abord, je n'ai pas agi naturellement. Oui, même face à une jeune fille dont je pourrais être le père. Je n'ai ni flippé ni joué au vieux lubrique, mais je n'ai pas été naturel. Elle m'a intimidé, par la clarté de ses yeux et la pureté de son sourire. Je suis sûr que je me suis demandé, inconsciemment, comment elle me voyait. Une gamine de 17 ans. Craindre l'éventualité de lui déplaire, simplement et uniquement parce qu'elle est née avec de beaux yeux. C'est amusant.

J'ai pensé à tout ça sur le trajet du retour. Un ange était passé, me suis-je dit sous l'effet conjugué de l'autodérision que j'emploie volontiers, et de la pilule bleue qu'il m'arrive de prendre sciemment, de temps à autre, avec modération. Ca ne peut pas faire de mal.

Elle, m'aura simplement regardé de ses beaux yeux bleus. Pour arriver là où elle veut arriver, obtenir ce qu'elle veut, trouver ce qu'elle cherche, elle n'a pas grand chose d'autre à faire. Elle n'a même sans doute jamais eu grand chose d'autre à faire. Elle n'aura peut être rien d'autre à faire, jamais. Peut être.

Oui, la pilule bleue ne fait jamais effet très longtemps :roll:
By JulienH
#171587 Après des mois passés à glander voire, il faut le reconnaître, à me laisser aller, je me retrouve presque dans la situation inverse : manquer de temps.

J'ai bientôt fini d'emménager (encore quelques allers-retours) dans une toute petite ville de même pas 10.000hab. Pas très loin de deux agglos moyennes, certes, mais bon, globalement c'est quand même la campagne. Cela implique quelques inconvénients, je pense notamment aux opportunités de rencontre. Mais dans le fond, je me faisais vraiment suer là où j'étais et le "jeu" n'en valait pas la chandelle. Vivre en ville implique tout un tas de contraintes que je supporte depuis trop longtemps. Et puis, tout simplement, j'avais envie de vivre ici. Le coin me plaît.

Et aussi, j'en avais marre de me taper 2 heures de trajet quotidien. 2 heures de complet gâchis : c'est coûteux en temps, en énergie, et financièrement. 2 heures par jour, 10% de mon temps, donc 10% d'une vie finalement, foutus en l'air : c'est beaucoup.

Inutile de parler du bruit, des gens (et des voitures) qui font la queue partout, du prix des loyers, etc ... Même dans une ville moyenne de 200.000hab, ce sont des choses que je ne supportais plus, qui me donnaient l'impression d'être un rouage. Boulot-dodo.

Et là je vais me rendre au boulot à pieds. Le "luxe simple" qui va rallonger mes journées de 2 heures. Ne travaillant principalement que l'après-midi, j'ai également décidé de me lever plus tôt, autour de 6h30. Dimanche inclus. C'est quelque chose que je n'avais jamais fait de ma vie ... Et j'y arrive très facilement, c'est même devenu un plaisir. J'attaque ma journée par 1 heure d'exercices (j'ose pas dire de "sport"), je fais mes petites courses gentiment, en prenant mon temps, je discute tranquille, cuisine un peu (ça reste modeste mais bon), m'arrête à une terrasse avec une revue, un journal ... J'ai l'impression que tout semble m'intéresser, alors que cet hiver, tout me faisait chier ! Curieux. J'ai aussi commencé à m'intéresser à mes finances, car j'ai un peu de sous de côté qui comme moi, dormaient paisiblement depuis des mois.

Je n'ai jamais vraiment compris le terme de "lifestyle", c'est pourquoi je lui ai substitué il y a déjà quelques temps, celui de "qualité de vie". J'ai pas une vie extraordinaire, mais j'essaie d'y mettre un peu de qualité et de réflexion. Avec mes moyens, à mon échelle, sans me fermer ni me prendre pour un autre. Par exemple, je suis bien forcé de manger une fois par semaine avec mes collègues dans cette cafèt' de merde ... Ils sont tous gros et mous, et pourtant s'étonnent que je préfère manger au bureau la petite salade que je me suis préparée. On ne peut pas non plus être intégriste, tout trier, rejeter les gens en bloc parce qu'ils portent des polos 3 fois trop grands ou mangent n'importe quoi ... Après tout je suis des leurs, tout simplement.

Bien sûr, au niveau du temps, il reste à régler le problème le plus chronophage qui soit : les 35-40h hebdo passées au boulot. Boulot devenu définitivement alimentaire. Je m'y ennuie vaguement, il n'est guère valorisant, mais bon, mon emploi du temps me convient, mes collègues sont cools ... C'est pas le bagne non plus.

Toujours le même constat. Je le vis mieux désormais, mais bon, pas facile de discerner si on est simplement à notre place, ou si on vaut "mieux que ça". La réalité est pourtant ce qu'elle est, mais il n'est décidément pas évident de s'y résoudre. La seule façon de savoir si on vaut "mieux que ça", c'est de se le prouver, sinon ça reste du rêve, de la velléité, du vent ... or je ne sais toujours pas par où commencer.

Pour le moment je ne suis qu'une brique qu'on a posée au milieu du mur, et qu'on aurait pu poser n'importe où sans que l'édifice ne vacille. C'est ce que je suis. C'est devenu un sujet moins pesant, moins douloureux, moins vital. Ca ne m'empêche pas d'y penser malgré tout, gentiment.
By JulienH
#172387 Reprise d'une intervention de Sobre n'Soft, lue sur un autre journal :

[quote]
Erotiser :

Nul besoin de parler pour faire évoluer la conversation vers un terrain favorable : dès lors que tu trouves ses lèvres belles, que tu penses aux débuts de sa sexualité au lycée, ton œil se fait rieur, tu souris doucement, tu te détends, l’atmosphère devient érotique. Ne cherche pas la solution dans les mots, elle est dans la contemplation, l'imagination.

Pendant mes premiers rendez-vous, je parlais (très) peu. Voire pas ! Mais j'étais érotisé : l’œil coquin, traînant sur une lèvre, ou le bout d'un sein.
Je ne suis pas non plus un grand bavard, généralement je me contentais de poser des questions un peu "rentre-dedans" (tout est relatif) histoire de ne pas m'embourber dans une conversation chiante, plaisantais sur tel ou tel sujet, ou je taquinais gentiment. Sans réponse ou répartie de leur part, je les cataloguais "ennuyeuses" et subissais dès lors le plus souvent le rendez-vous. Comme si je me disais "à quoi bon ? De toutes façons elle est chiante", alors que de mon côté, je n'étais pas dans mon rôle. J'étais de ce fait, dans le fond, bel et bien chiant, malgré ce que je pouvais bien croire ...

C'est une bonne leçon d'humilité que m'a donné Sobre n'Soft, et je l'en remercie sincèrement (décidément, qu'est-ce que j'aime ce forum).

Etre sexué, ce n'est pas parler de cul, ça je l'avais bien compris. J'avais bien compris aussi que c'était plus une question d'attitude que de paroles. Paraître "décidé", mener la danse me semblait suffisant. Le fait est que cela a pu suffire, oui ... Parfois. Est-ce vraiment cela qui avait marché ? C'est pas sûr du tout.

Car je n'avais jamais mis le doigt là dessus :

[quote] Que veulent les femmes ? Être désirées.

Et quand elle te demande, écarlate, gloussante, pourquoi tu lui souris sans cesse, pourquoi tu la regardes comme ça, c'est gagné. Alors elles parlent de plus en plus vite, sourient en permanence à leur tour, s'interrompent, troublées, te demandent d'arrêter, vous échangez de longs regards coquins. Et tu n'as toujours rien dit ! Tu les as désirées : c'est gagné.

Certes, cela aussi, a pu m'arriver. Mais je n'avais jamais fait le rapprochement avec ma propre attitude, mon propre désir ... Je mettais ça sur sa personnalité, à elle.

Bref, j'aime ce forum :)

Je me suis retrouvé en tête à tête avec deux jolies femmes ces derniers jours : l'une (tout à fait mon genre a priori) a 27-28 ans peut être; et l'autre est plus âgée (42-43 ans sans doute), plus banale, désirable cependant, bref je ne sais pas comment dire en fait, moins fraîche quoi, mais bon il faut dire que la première met la barre haut. Peu importe, finalement c'était l'occasion de tester.

La première travaille chez mon assureur: donc niveau sujet chiant, difficile de faire pire. La deuxième, je lui ai acheté des meubles et donc lâché pas mal de sous. Dans les deux cas, relation client, etc, donc évidemment, biaisée (avec un "i") au départ.

Mais quand même, comment ne pas noter la différence dans leur attitude à mon égard à partir du moment où j'ai commencé à réellement les regarder dans les yeux et à répondre par des "oui oui" ou des "non non" façon "cause toujours". J'étais pas en date, mais faisais comme si.

La deuxième ne voulait même plus me lâcher, me répétant 50 fois les mêmes choses. "Je vous rappelle", ah ça oui elle m'a rappelé, pour rien, trois fois dont une par texto. L'autre (celle qui m'intéresse davantage) a été plus réservée mais le rendez-vous ultra formel a malgré tout bien dévié, une ou deux questions perso qui visiblement ne faisaient pas partie de la "fiche client à remplir", enfin, je ne crois pas. Là elle est en vacances mais il va falloir que je la revoie ce qui ne semble pas très compliqué.

Alors non, elles n'ont pas non plus fondu sous l'effet de mon sourire ultra-brite (avec un "r") et j'aurais pu être plus culotté, certes. Mais je me suis senti vraiment bien face à elles. Confiant.

Je pourrais aussi rajouter ma jeune voisine, en couple d'ailleurs, et l'employée de mon nouveau coiffeur mais bon, ça ferait beaucoup pour un seul post et je vais quand même essayer de ne pas trouver tout le monde désirable ... Heureusement j'ai une collègue femme pour faire baisser la moyenne. Je plaisante (à moitié).

En ce moment je vois tout en rose, que voulez-vous. J'ai perdu du poids alors que je pensais être au taquet, je m'habille comme j'aime, je suis tout bronzé, mes yeux sont toujours aussi clairs, mes cheveux toujours aussi noirs, et je fais toujours mes 7-8 ans de moins que mon âge. Ca, ce sont des faits. Tous ces petits détails font qu'on me regarde différemment. Bon, ce genre d'auto-persuasion, c'est tout de suite moins factuel ... J'ai l'impression que je plais, je me plais à y croire et je m'amuse à en jouer. Je n'avais jamais fait ça ; je veux dire, ce n'est pas à ce jeu que je jouais.

L'impression de découvrir l'eau tiède, un peu.
By JulienH
#173321 J'ai pris deux jours de mes vacances pour rendre visite à mes parents, l'occasion de voir mon petit neveu de 5 ans - en fait j'ai plutôt eu la démarche inverse, avouons-le. En partant il m'a demandé de lui téléphoner quand j'aurais "une amoureuse". Sûrement une vanne à distance commanditée par sa mère (ou sans grand-mère tiens, j'y pense en l'écrivant). Il me dit ça en rigolant, lui il s'en fout, il en a 4. Donc on peut dire qu'il me chambre. Petit morveux.

J'observais mon père, son comportement vis à vis de son petit-fils. Ce qu'il lui dit, etc. J'ai repéré pas mal de choses. C'était émouvant, un peu, éclairant, beaucoup. Mon père est un homme, un "vrai" : du moins c'est la vision que j'en ai eu pendant longtemps car sous certains aspects c'est un putain de sale gosse capricieux. Mais il peut être dur voire très dur. Et en certaines circonstances il a certes fait preuve d'une force et une volonté hors du commun. Je ne les ai pas. Enfin, il faudrait que je traverse ce genre d'épreuves pour le savoir, mais je ne suis pas pressé de le vérifier. Bref.

C'est troublant de voir la faiblesse chez son père, le voir désarmé ainsi. Que de difficultés à simplement communiquer ... avec un gosse de 5 ans ! Quand il s'agissait de montrer les dents face à un gorille de 100kgs pas de problème et là, y a plus personne, c'est amusant. On voit qu'il voudrait échanger avec le gosse, mais il n'y arrive pas. Difficile à décrire mais ça crève assez les yeux.

Pas difficile de l'imaginer dans la même situation, une grosse trentaine d'années plus tôt, alors qu'il avait donc 30 ans de moins, et d'autres chats à fouetter en parallèle. Et c'est encore moins difficile à imaginer quand on entend certaines phrases bien connues ... Des phrases de merde, un peu quand même oui, il faut le dire ... Bah, qu'est-ce qu'on peut dire dans ces cas-là ? Et surtout, qu'est-ce qu'on a à dire, finalement. Ce n'est ni grave ni si important.

Qu'y a t-il de plus fondamental que la relation entre un père et son fils ? Mais rien, me dis-je. Qu'y a t-il de plus beau, de plus intéressant, essentiel, que cette histoire de transmission ?

Et ben, la relation homme-femme passe devant. Pas parce que qu'elle est plus riche ou intéressante. En tous cas, je veux dire, pas de mon point de vue. Mais parce que sans cette relation, celle entre un père et son fils ne peut pas exister, n'est-ce pas ...

Bon sang mais quand est-ce qu'elles nous foutront la paix ?
By JulienH
#174629 C'est en écoutant la Radio à 6h du matin ce Samedi que j'ai appris ce qui s'était passé à Paris. On entendait le témoignage d'une fille en sanglots, qui devra désormais vivre avec ce traumatisme. Alors même qu'elle ne demandait rien, "on" est venu lui gâcher sa vie, en même temps qu'on enlevait la leur à des dizaines d'autres gens.

A t-elle perdu des amis, ce soir-là ? Quel est son boulot, a t-elle un mec, des enfants, quel âge ont-ils ... ? Elle, et les autres, victimes, parents, amis des victimes. Comment vivre normalement, avec "ça" ?

J'ai repensé à cette copine qui avait perdu son frère dans l'accident d'avion Paris-Rio. Elle m'avait raconté qu'un matin elle avait voulu essayer de l'appeler, et qu'en composant le numéro, elle avait réalisé qu'il ne répondrait plus jamais.

Je regrette profondément de ne pas avoir trouvé de sens réel à ma vie : c'est le fil rouge de ce journal. Dieu merci j'ai encore tellement de vie devant moi, j'ai tout pour faire, absolument tout. Il est grand temps de m'y mettre, vraiment. J'ai écrit que je ne devais rien. Bien sûr que si, je dois quelque chose ...

Dire qu'il faut des événements de ce genre pour le réaliser. Triste condition que la nôtre, putain, quel genre de créatures sommes-nous ...

"Nous", simplement parce que le "je" me fait honte ce soir.
By JulienH
#174876 Ce besoin, presque vital, d'entendre "c'est bien ce que tu fais". D'être valorisé, validé. Comment s'en débarrasser ? Ce besoin d'entendre "fais ceci, fais cela". Est-ce qu'on peut s'en défaire ?


Au boulot j'en fais, qualitativement et un peu aussi, quantitativement, trois fois plus que d'autres. On me reproche des trucs que j'estime du domaine du détail : t'as pas coché la bonne case, t'as pas rangé tel dossier au bon endroit, etc. En revanche, rien sur les "retours clients" hyper favorables, par exemple.

On m'a formé dans le but de devenir patron. C'est ainsi qu'on me voyait, c'est un peu le chemin qu'on m'avait tracé. "On", c'est mon père, bien entendu.

J'ai les outils pour l'être. Je vois "global", j'analyse pas trop mal, je vois ce qui compte, et ce qui compte moins. Même avec assez peu de recul sur le métier j'en ai déjà une idée claire, et d'ailleurs, j'ai l'impression que je pourrais faire pas mal de trucs avec un peu de formation préalable.

J'ai les outils, mais le(s) truc(s) vraiment important(s), l'étoffe, l'initiative, la détermination, tout ça, je n'ai pas. A cause de ce foutu besoin de validation. Je suis un exécutant. C'est pas un drame. Mais comme j'ai été formé par un "commandant", ça coince souvent, c'est pas cohérent, mes supérieurs ont du mal à me voir les contrarier avec des arguments, et moi, j'ai du mal à accepter ce que je trouve contraire à ce qu'on m'a appris.

Le mec qui saurait me prendre, utiliser les bons mots, toucher la corde sensible, ce mec, je le suivrais aveuglément. Sans broncher. Juste dans l'espoir qu'il me dise "c'est bien ce que tu fais". Me satisfaire moi-même, je ne sais pas faire, c'est même à se demander si ça m'intéresse. Faire un truc "pour moi" ? Quelle drôle d'idée.

A l'inverse, le mec qui ne sait pas me prendre, et persiste, là ça sera très différent, ce mec me trouvera ingérable, je n'écouterai rien de ce qu'il me dit.

Je dis "le mec" parce que j'exclus les femmes de ce constat, je n'attends rien d'elles, j'ai peut être tort mais bon.

C'est ce qui m'avait freiné au moment de m'engager dans l'armée : mon chef était une tête de con. Si ça avait été un mec valable (à mes yeux), ben j'aurais signé. Il aurait gueulé "chargeeezz" et moi, sabre au clair, j'aurais chargé.

C'est aussi ce qui m'a aiguillé au moment de choisir la coiffure : une rencontre avec un mec passionné, donc passionnant. Si le mec avait été charpentier, j'aurais choisi la charpenterie.

En fait t'as deux types d'AFC : ceux qui recherchent leur mère, et ceux qui recherchent leur père.

:roll:

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Ce week-end j'ai revu un très vieux copain, perdu de vue depuis presque dix ans. Un "petit" verre plus tard, j'avais vécu un bon moment. Une piqûre de rappel. Plusieurs constats, maintes fois évoqués.

En fait, les gens qui comme lui, ont une vie, se foutent de ce que vous faites. Ce qui compte, c'est ce que vous leur apportez. Mon pote se fout de ce que je fais, il se fout de savoir si j'ai de l'ambition ou quoi. Il voit en moi un mec sympa, marrant, ouvert, avec qui on peut discuter de tout et (surtout) n'importe quoi. Jamais il ne lui viendrait à l'idée de me juger ou de nous comparer, il s'en fout.

Et bon sang, qu'est-ce que ces gens sont rares autour de moi. En fait, j'en connais que 3 : lui, et mes deux meilleurs potes. Avec ces gens-là, je suis heureux. Et comme je suis heureux, ben ils m'apprécient d'autant plus. Les autres me tirent vers le bas, pour des conneries, que ce soit au boulot ou dans ma vie, sont lourds, forcément un truc lourd, ça pèse. Quand je les vois, je ne ressors pas regonflé comme avec les 3 autres. Et réciproquement : car dans le fond je me fais chier, et forcément ça se voit, je suis un peu chiant sans doute. Donc ni eux, ni moi, n'avançons.

En Février je repasse des concours, sérieusement cette fois. Je suis un exécutant mais c'est pas une raison pour rester au bas de l'échelle, dans le fond, c'est pas ma place, pas la peine de jouer aux faux modestes, je ne sais pas trop jusqu'où je peux monter mais je sais que descendre si bas ne m'est d'aucun secours ni utilité. J'ai vu.

Tout en bas, c'est pas là qu'on rencontre les gens les plus intéressants. Evidence ? Oui mais qu'on saisit mieux au contact du réel, si ça doit prendre 3 ans, et bien ça prend 3 ans qu'est-ce que tu veux que je te dise, je suis pas un rapide.

Je culpabilisais de ne pas avoir d'ennuis, que tout soit trop facile. Je suis donc allé chercher les emmerdes. Mais c'était pas les bonnes, j'ai pas trouvé les ennuis, j'ai trouvé des gens ennuyeux. C'est un peu grossièrement dit mais ça fait un bon mot.

A un moment il faut bien se décider à être heureux, n'est-ce pas : pour moi ça passera par autre chose que ce qu'on m'avait dit. Phrase obscure mais bon je me comprends.

Et si je l'étais, tout simplement ? Oui peut être bien que je suis heureux (aujourd'hui).
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By la mouche
#174877 T'es comme beaucoup de gens de ta génération, sans passion.
Du coup, aussitôt que vient quelqu'un capable de t'en insuffler, capable de t'encourager et te former, tu te jettes dessus sans distinction et sans observation de ce que tu es.

Il va te falloir faire une chose: choisir. Ca se fera en plusieurs étapes:
1) Ecarter tout ce qui d'emblée te parait trop éloigné de toi, qui ne correspond pas à tes structures intellectuelles, à ta manière de voir/de vivre.
2) Parmi tout ce qui reste, regarde les domaines dans lesquels tu as de l'avance, sur lequel tu as déjà travaillé, sur lesquelles tu ne pars pas du zéro absolu
2bis) Un bon moyen pour savoir ce que l'on aime vraiment est de regarder ce que l'on a toujours fait sans y réfléchir. Ca peut être l'envie de créer, l'envie de synthétiser, la sociabilité, les rapports humains.
3) Tu en choisis quelques uns qui peuvent, ensemble, constituer un métier

Une fois que tu as fait ce choix, tu concentres tes efforts là dessus, ce qui implique d'écarter le reste. Au début, c'est vraiment dur, on a pas envie de se fermer des portes (Fpure n'est pas la seule). Cependant, plus tu deviendras performant dans ton métier, plus tu fréquenteras des gens intéressants et plus tu seras motivé. A force, tu construiras ta passion.

Tant qu'au besoin de validation, il s'arrête quand on se rend compte que plus on en demande, et moins on en a. Du coup, on s'arrête de demander et il arrive tout seul.