- Dim Déc 20, 2009 12:05 pm
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Mantes religieuses, suite[/size]
Mercredi matin, j’étais en train d’enfiler ma blouse blanche tout en constatant que je n’aurais peut-être pas dû tant raccourcir mes cheveux (de plutôt longs - genre la frange qui arrive un peu plus bas que les sourcils - à plutôt courts) et ce sur un coup de tête et avec une paire de ciseaux à ongles (cela fait deux ans que je coupe moi-même mes cheveux au fil de mes pulsions, ainsi que ceux de certains amis car mes pulsions semble-t-il, ont un certain goût), lorsque je reçus ce sms nauséabond, de Noelle bien entendu :
[quote]Coucou toi ! Demain je vais boire un café avec ton frère !
Et là, je me suis dit « définitivement, je passe aux mecs » (je précise que ce n’était pas le fruit d’une volonté certaine mais plutôt l’expression de mon exaspération, hein). Dans la foulée, je lui ai répondu :
[quote]Je te préviens, si tu n’es pas honnête avec mon frère, je te torpille.
Le message intrinsèque étant « si tu fais ça uniquement pour attirer mon attention en me faisant jalouser parce que je me désintéresse de toi, je détruis ta carrière, je disperse tes amis, je disloque ta famille et je vends ton chien - qui au passage est parfaitement ridicule - à un restaurant chinois . » On dirait une dinde, ou un hamster géant qui ne prendrait la graisse que dans les cuisses, son chien. Non mais.
Bien entendu le message n’a pas été compris, et avec le recul j’aurais dû être beaucoup plus clair et exhaustif. Sa réponse est l’expression même de la pire chose qu’elle pouvait répondre « Ne t’inquiète pas, je ne lui ferai de mal pour rien au monde » et le simple fait de le réécrire me donne des fourmis dans la pulpe des doigts - le pouce et l’index, vous savez, ceux qui tiennent le bistouri pendant une opération bien sanglante…
Je ne lui ai pas répondu, je ne veux pas fourrer mon nez dans ce que mon frère pourrait considérer comme ses affaires car les conséquences ne pourraient qu’en être aggravées.
Alors, bien calé dans le grand fauteuil que j’ai installé au creux de mes hémisphères cérébraux, en face de l’écran panoramique qui tapisse la face interne de mon occipital, je prends la télécommande et je zappe.
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Soirée de mercredi soir, la fameuse[/size]
dérive autobiographiqueLa fameuse car les gens, de Nice, Aix, et la moitié de la région, se bousculent vers Marseille pour les seules soirées de cette moitié du globe terrestre (allant de la calotte glacière de l'atlantique nord au bassin méditerranéen) qui en valent vraiment la peine, et que du coup je ne nommerai pas tant c’est évident.
Et les gens se bousculent tant et tant qu’il y a, finalement, beaucoup plus d’incrustes que de membres légitimes ce qui - désolé les gens - nuit gravement à la qualité de la soirée. Avec une mention spéciale pour les élèves des écoles d’ingénieurs, dont on reconnaît l’accoutrement typiquement « Ingé & Coincé, © Les-Gens- Importants » des lieux à la ronde
Bon cela étant écrit, certains sont tout de même forts sympathiques, un en particulier que je suspecte de fréquenter certains sites.
De mon côté j’avoue volontiers avoir été plutôt pitoyable, mais l’hiver aidant il est parfois si doux et chaud de se laisser aller à l’excès… Le lendemain je me suis juré de ne plus jamais refaire la moindre soirée. Deux heures après, cette restriction cédait déjà du terrain et je me promettais de simplement ne pas boire, la prochaine fois.
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Et aujourd’hui ces résolutions désuètes s’envolent et disparaissent, et je pense : [/size]
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«[/size] J’ai 21 ans.
A 9h06 je vois une femme cadavérique, mourir cachée derrière son masque monstrueux de détresse et de destruction ;
à 10h32 je dis à un prof de physique chimie qui aurait pu être le mien il n’y a pas si longtemps, de se déshabiller ; il pâlit et me demande, timidement : euh complètement ? Et vous savez quoi ? Si je réponds oui, eh bien il obéit en tremblant un peu, en évitant mon regard car c’est moi qui porte la blouse blanche.
A 11h22 je soulève les seins d’une jeune femme magnifique, la trentaine, captivante, sûre d’elle et épanouie, pour lui placer les électrodes, et je ne trouve pas ça agréable, parce qu’il y a certaines choses, comme les diarrhées sanglantes d’une mère de famille en phase terminale dans la chambre d’à côté, qui vous rendent insensibles, modestes, vides, avec le sentiment éphémère que tout est futile.
A 12h03 je prends le métro vers la gare, simplement parce que j’aime les gares, et je dévore un Maxi Best Of le regard dans le vague, les yeux posés sur la foule en me disant que j’ai grandi d’un coup, trop vite, aussi vite qu’on ingurgite un Big Mac, aussi vite que les trains passent et le temps trépasse. Puis je fais le tour des distributeurs de boissons, à l’affût d’une rencontre qui du coup ne serait pas si inopinée, et surtout si futile à nouveau, que je m’en retourne vers le métro, vers ma fac et mon studio, où il y aurait eu largement de quoi manger mais il y a des jours comme ça ou sur un coup de tête, on s’empare d’une idée stupide, on s’en délecte assis dans une gare, et on revient apaisé.
Oui il y a des soirées où on boit, d’autres où on travaille, d’autres où on s’amuse, d’autres où on écrit ce journal en culpabilisant parce qu’on devrait travailler, parce qu’on a prévu une autre nuit agitée le lendemain et que pour bien choisir ses futurs stages hospitaliers il faut être bien classé, perpétuellement bien classé, devant les autres, devant tous les autres, et travailler encore, retenir, des pages et des pages, des centaines de pages, certes passionnantes et aussi utiles que la connaissance de ce qui permet de vivre et comment ne pas laisser mourir peut être utile, fondamental.
Mais pour savoir tout ça, il faut l’apprendre.
J’ai une excellente mémoire. Je peux apprendre comme une poésie interminable un livre entier, et le retenir à la virgule près. L’erreur que les gens commettent, c’est de croire que pour autant, c’en est facile. « Si ils le font, c’est que c’est faisable ! » NON. Mais bon sang non, ce n’est pas « faisable » ! C’est même terriblement difficile ! Horriblement difficile ! Ça demande un abandon total de tout ce qui compose sa vie, pour un lâcher prise efficace de toute pensée perturbatrice. Aucun sentiment, une soumission tranquille des émotions à un objectif supérieur. C’est en tout cas comme ça que moi, je le vis. Certains ont une moins bonne mémoire, mais un fonctionnement plus serein.
Je sais que c’est plus facile pour les filles/femmes, qui ont une façon admirable de travailler et de s’abandonner. Rien ne demande plus de courage que la soumission. Certaines qui préparent leur ENC ne font des pauses que pour pleurer.
Puis recommencer…
J’aimerais avoir 28 ans. Enfin chirurgien. Totalement adulte. Indépendant, opérationnel.
Pour autant, je ne rejette pas le présent, j‘aime ma vie actuelle. Je ne sais pas comment je l’appréhenderai plus tard, avec le recul. Me trouverais-je puéril en relisant ces lignes par exemple ? Ou au contraire, serais-je nostalgique de tous les projets et toutes les passions qui me trottent dans la tête ? De ces folies, ces décisions brutales qui m’emmènent à l’autre bout de la ville pour acheter une paire de gants, manger une tartelette aux framboises, ou simplement contempler la mer jusqu’à l’infini et comprendre que finalement, nous ne sommes rien, rien qu’un petit morceau de temps qui s’envole, en souvenir, en coup de vent. [size=200]
»[/size]
Et là, brutalement, je me sens le devoir de raconter quelque chose de plus gai :
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[size=200]Comment se faire pistonner facilement dans un environnement majoritairement féminin ?[/size]L’été dernier, j’ai travaillé en tant que saisonnier dans « l’équipe technique » d’un établissement qui relevait de la ville, rempli, donc, de fonctionnaires. Je m’occupais de réparations intérieures, des poubelles, de l’arrosage… En arrivant là-bas, je ne connaissais personne. Cependant, ayant l’habitude de me mouvoir en environnement féminin du fait de certains de mes stages hospitaliers (+ de 70% de femmes en hôpital, et 90% pour les équipes infirmières), je me sentais bien dans cette ambiance de ragots partagés à l’angle d’un couloir et de glousseries étouffées entre deux cigarettes.
Il faut savoir que les femmes, en groupe dans leur environnement de travail, organisent spontanément et de façon la plus naturelle qui soit, tout un système souterrain d’infra communication (comprendre : si vous faites une gaffe en discutant avec l’une, toutes seront au courant avant même que vous ne compreniez votre gaffe).
Cela pourrait sembler bien terrifiant. Mais en réalité il n’en est rien, car celui qui connaît les accords de cet instrument complexe peut le retourner aisément à son avantage.
Elles veulent des rumeurs ? Des anecdotes croustillantes ? Des observations drôles ou des propos scandaleux ? Donnons leurs-en.
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I) Première étape : se faire remarquer[/size]
La première chose que j’ai organisé, fut mon apparence, l’objectif étant de ne pas passer inaperçu comme l’un des innombrables anonymes se succédant à ce poste au fil des années. En hôpital, lorsqu’un bel inconnu vient rendre visite à tel patient, il faut moins de deux minutes pour que toutes les infirmières soient au courant du fait que « un mec canon est allé voir la 212 ! ». D’où l’importance de la première impression : je voulais être catalogué « mec canon », dans un premier temps.
Les premiers jours, je suis donc arrivé vêtu fidèlement au cliché stéréotypé dit du « mec canon » : haut noir près du cops, manches remontées façon Dior Homme Sport, démarche du bel étalon italien…
De plus, je décidais de faire connaître ma présence de loin, et de m’investir d’une particularité : un étalon, c’est bien, mais un étalon qui siffle de grands airs de périples maritimes, c’est mieux.
Je sifflais, donc.
Rapidement, ce détail me rendit célèbre, et je compris que c’était un réel succès le jour où la vice directrice en me croisant au hasard d’un couloir, s’arrêta avec sa suite pour me dire, un grand sourire aux lèvres :
[quote]Ah tiens, vous ne sifflez pas, aujourd’hui ? C’est bien dommage !
Je décidais donc de passer à l’étape suivante.
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II) Etape deux : faire parler de soi[/size]
Une mission me fut assignée : repeindre les boiseries d’un long couloir très fréquenté par le personnel. Parfait. Je décidais de donner à ces dames une bonne raison d’emprunter ce couloir souvent.
A peine avais-je commencé mon travail, que je recevais des compliments répétés de certaines.
[quote]Oh comme tu fais ça bien !
[quote]Tu es minutieux !
[quote]Comme c’est précis !
Cela confirmait donc que j’avais passé avec succès la première étape. Me creusant la tête, voici comment j’ai abordé la seconde :
Le cliché du « mec canon » était certes utile, mais d’une part il ne me correspondait que partiellement, et d’autre part si je n’agissais pas vite je ne tarderais pas à en percevoir les limites. Il était temps de créer des rumeurs. Il était temps que l’on parle de moi.
C’est le secret.
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Qu’elles parlent de moi, lorsque je ne suis pas là. Devenir un sujet de conversation. [/size]
Il n’y a rien de tel pour faire augmenter sa valeur et le niveau d’intérêt qu’elles nous portent. Ainsi, j’ai d’abord commencé par prendre des poses (de mannequin, pas des pauses de fonctionnaire). Oui, des poses, poses d’artiste appliqué, mimant presque exagérément la très grande minutie dont je faisais preuve pour cette œuvre - laquelle avançait très lentement, au final il m’a fallu deux semaines pour terminer, mais ce fut très bien fait
.
Ainsi je suis devenu petit à petit une personnage bien connu, le « mec canon » pour attirer l’attention, puis « Picasso », et je m’incérais dans l’environnement des lieux comme une petite célébrité, tandis que les autres stagiaires restaient dans l’ombre.
Mais ce n’était pas suffisant.
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J’ai donc pris une décision radicale :[/size]
Un matin, alors que j’installais mon matériel à grands renforts de sifflements et bruits inutiles (un travail qui se fait dans l’ombre et le silence ne vaut pas le tiers d’un travail moins grand mais effectué à la vue de tous) une idée saugrenue a éclose superbement entre mes oreilles, et je l’adoptais sans hésiter. Je passais donc un large et coulant coup de pinceau horizontal contre un linteau qu’il me fallait peindre, puis je me retournais et y appuyais mon postérieur, « négligemment », imprimant donc cette marque caractéristique sur mon pantalon de travail.
Par la suite, à chaque fois qu’une employée passait pour aller prendre sa pause à l’extérieur (je faisais bien attention de travailler avec plus d’ardeur au moment des pauses, pour que tout le monde me voie
), eh bien je m’inclinais pour plus de précision dans mes coups de pinceau, et plus de visibilité sur mes fesses colorées.
L’effet ne tarda pas. Une première me fit remarquer ma maladresse en gloussant, et je jouais les confus, timide presque. Bientôt je notais qu’elles empruntaient exclusivement mon couloir, alors même qu’il existait d’autres trajets plus courts, et me lançaient de grands sourires appuyés.
C’était gagné. Elles ne parlaient pas seulement de moi, désormais, au détour des couloirs, mais de mes fesses. Et ça, c’est mieux que trois magnums de champagne sur votre table en boite de nuit.
Arrivé à la moitié de la durée de mon emploie saisonnier, j’ai été surpris de constater que certains employés me croyaient engagés, au même titre qu’eux. Un matin, une secrétaire vint me montrer surexcitée toutes les pancartes qu’elle venait de faire pour moi, indiquant originalement « Attention, peinture fraîche ». Bien entendu comme seul le personnel empruntait le couloir, depuis le temps tout le monde était bien évidemment au courant puisque chacun me voyait dix fois par jour, mais je jugeais que c’était une très bonne idée. Ainsi mon couloir, qui, il faut le préciser, n’était pas démesurément long au point de justifier toutes ces affiches, se vit ainsi encore plus stigmatisé de ma présence.
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C’est alors, que la phase de séduction à proprement parler a réellement commencé.[/size]
Le cliché du peintre ne suffisant plus, il me fallait le faire évoluer. Petit à petit, mon responsable me laissant les mains totalement libres pour gérer mon emploie de temps à ma guise, je me montrais moins dans le couloir. Puis un jour, il m’apprit qu’il avait décidé de prendre ses vacances la semaine suivante, et que comme le précédent membre de son équipe avait été renvoyé, je serais le seul responsable de « l’équipe technique » de trois bâtiments.
C’était donc à moi que l’on faisait appel un peu partout, pour une ampoule grillée ou une photocopieuse en panne. Pour échapper totalement au cliché du peintre, je changeais radicalement de façon de m’habiller : j’arrivais quelques minutes en avance à l’heure où toutes discutaient dehors en clopant/gloussant, pour bien me faire voir avant d’enfiler ma tenue de travail.
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III) Etape trois : les faire fantasmer[/size]
Ainsi j’optais pour un slim noir que je remontais sur mes mollets façon pêcheur Irlandais, une paire de tongs très sex’ dont la superbe lanière de plastique blanche faisaient irrésistiblement penser à celle d’un string, et un haut blanc le plus fin possible afin de laisser voir mes pectoraux à travers - chemise fine ou pull à quatre sous, col en V 50% polyester 50% fil invisible.
L’effet fut immédiat. Je recevais des signes d’intérêt, des questions personnelles parfois plus que franches. Je me souviens en particulier de deux jeunes femmes, l’une légèrement plus âgée que moi, et l’autre aux environs de la trentaine, qui m’avaient isolé pour me harceler de questions très personnelles, ponctuées de l’éternel
[quote]Et tu as une petite copine ?
Question à laquelle j’ai pris l’habitude de répondre non, mais je pense qu’à l’avenir il faudra que j’improvise quelque chose de plus énigmatique.
Un jour même, pendant l’une des pauses rituelles, une responsable d’un autre service salua ma venue en expliquant à tout le monde comment, durant le week end elle m’avait reconnu alors qu’elle était chez le coiffeur, sans me voir, simplement en entendant le claquement de mes tongs dans la rue.
Si à chaque fois qu’elle entendait le claquement de tongs, elle pensait à moi, c’est que décidément elles les avaient marqué, mes tongs.
Par la suite, le nombre de remarques récoltées par mes pieds ainsi dénudés augmenta considérablement, certaines ne me parlant que pour les évoquer.
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A ce propos, petite parenthèse scandaleuse, il est un fait avéré qu’une paire de tongs à 14€90 vaut bien dix paires de chaussures à plusieurs centaines d’euros pièce, à condition que le climat s’y prête. Il n’y a rien de plus sex’ qu’une paire de tongs. Rien.
J’ai entendu mes pieds qualifiés de « sensuels » ou carrément « magnifiques » (non ce n’est pas une blague, même si c’est toujours le genre de compliment qui laisse perplexe voire tout à fait dubitatif) avec des tongs, tendis qu’avec des chaussures au mieux on qualifiera… les chaussures, qui je le rappelle accessoirement, même si elles sont superbes ne font pas partie de votre corps, hein. La où les chaussures masquent vos pieds, les tongs les magnifient dans l’expression même d’une virilité épanouie et assumée.__________
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IV) Dernière étape : le moment de l'action[/size]
L’étape suivante, logiquement, consistait à me rapprocher des dirigeantes : la directrice, la vice directrice, et la responsable du recrutement du personnel.
Une après midi, la responsable du recrutement me fit appeler dans son bureau, afin de me remettre mon contrat que je n’avais pas encore (l’établissement dépendant de la ville je ne m’en inquiétais pas). Tout en décochant mes sourires et mimiques les plus agréables, je cherchais dans chaque recoin de mon esprit comment créer la conversation, rebondir et broder. Ce fut facile lorsqu’elle m’apprit que sa fille était en passe de devenir infirmière. Aussitôt je m’insurgeais contre la non reconnaissance de ce métier terriblement difficile, lourd en responsabilités mais heureusement, tellement passionnant
Elle prit ensuite la parole pendant vingt minutes et je me contentais d’acquiescer gravement, tant j’étais touché par toutes les histoires intéressantes qu’elle me racontait avec tellement de passion.
Je procédais de manière similaire pour familiariser mes deux autres cibles, lesquelles étaient déjà très familières et abreuvées de mes épopées, chose qui m’a surpris.
La vice directrice par exemple, m’a un matin raconté toute sourire comment elle m’observait la veille par la fenêtre de son bureau arracher les mauvaises herbes dans le parc, m’expliquant en riant qu’à défaut d’être efficace à cette tâche, j’offrais au moins un spectacle intéressant par mes pérégrinations. Profitant de cette sympathie qu’elle semblait avoir pour moi, je lui demandais timidement (j‘aime jouer les timides, le monde appartient aux timides) :
[quote]Moi : Euh par contre, excusez-moi, mais je me demandais…
Elle : Oui ?
Moi : Eh bien comme je suis en médecine, ça pourrait être très intéressant l’année prochaine je puisse travailler ici à nouveau, mais dans l‘équipe médicale. (pas de médecins mais des psychologues, des infirmières…)
[ça simple bête, mais en réalité impossible d’y entrer sans être pistonné, et je ne connaissais personne qui puisse me faciliter la tâche, mis à part les contacts faits sur place. De plus il faut noter que les emplois de saisonniers l’été à la ville sont limités à un mois une seule fois, par conséquent il était théoriquement impossible qu’ils m’embauchent à nouveau l’année suivante. Cependant j‘avais fait exprès d’en parler à elle, qui n‘était certainement pas au courant de ce détail, plutôt que directement à la responsable du recrutement qui l’était]
Elle : Mais bien sûr, très bonne idée !
Moi : *sourire*
Elle : J’en parlerai à [responsable du recrutement]
Moi : Merci !
Deux jours plus tard, je jardinais paisiblement dans le parc devant l’entrée très fréquentée, m’affairant à saluer très poliment et avec force sourire chaque arrivant, lorsque par une fenêtre du ré de chaussée ouverte j’aperçus les dirigeantes de l’établissement, en réunion. L’air de rien, je m’approchais, mon piochon à la main, en sifflotant, faisant mine d’aller le ranger.
Alors que je passais juste devant la fenêtre en question, j’entendis la responsable du recrutement qui m’interpellait :
[quote]R. recrutement : Alors S n’ S, vous passez sans nous dire bonjour ?
Moi : *me retourne vers la fenêtre, l’air très étonné* Je ne vous avez pas vu ! Bonjour ! *sourire*
Elles : *sourires et salutations, puis discussion entre elles sur le fait que je sois en médecine*
Une femme que je n’ai croisé qu’une fois : Oui, d’ailleurs j’ai tout de suite ressenti une grande sensibilité chez lui. (phrase qui restera gravée en moi tant c’est ridicule)
Les autres : Oui, blablabla, proche des gens, sympathique, sensible, blablabla.
Moi, intérieurement : Si elles savaient…
Puis enfin :
[quote]La vice directrice à la responsable du recrutement : Au fait, il me demandait s’il pouvait revenir l’année prochaine du côté médical ?
Responsable recrutement : Aïe… On n’a pas le droit de prendre le même saisonnier deux fois… Tu as une équivalence de diplôme ? On pourrait te prendre comme infirmier ou aide soignant ?
Moi : Oui, l’année prochaine j’aurai l’équivalence.
Responsable recrutement : C’est sûr ?
Moi : Certain.
Responsable recrutement : Bon dans ce cas je te ferai un CDD pour la période que tu veux, à condition que tu passes nous voir de temps en temps !
Moi : *sourire gigantesque, au-delà des oreilles* Marché conclu !
Je suis déjà passé leur rendre visite au cours de l’année, et j’ai eu la confirmation de mon embauche l’été prochain.
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Conclusion :[/size]
Il y a différentes façons de triompher dans les milieux où les femmes sont reines, et ici cette méthode a fonctionné du fait de ma tranche d’âge. Mais je pense que le cœur est invariablement applicable :
1) Se faire remarquer,
2) Faire parler de soi,
3) Les faire fantasmer,
4) Agir.
Il faut insister sur le quatrième point. Remporter avec succès les trois étapes précédentes ne m’aurait servi strictement à rien, si je n’avais pas osé faire ma demande à la vice directrice. En l’occurrence elle était séduite et manifestement le fait de me voir à nouveau l’année suivante lui était agréable, par conséquent la demande, même timide - surtout timide - était d’autant plus efficace qu’elle était une alliée.
Si par contre il m’avait fallu la convaincre, cette même demande aurait été un échec, d’où le long travail initial.
En me relisant, je me rends compte, perplexe, que le personnage que j’ai joué ici ne correspond absolument pas à celui que je suis en réalité. Jouer les types humbles et sociables, ça va un peu, pour s’amuser ou obtenir un avantage quelconque, mais non, ça ne deviendra pas une habitude…
Remarque :
J’ai noté que souvent, dès lors qu’une équipe (de femmes, je ne sais pas ce que ça vaut pour les environnements où les hommes sont majoritaires) se trouve un « chouchou », eh bien un autre devient le souffre douleurs, avili, incarnation démoniaque d’une non coopération dont on l’afflige alors que trop souvent, c’était un individu parfaitement intègre et n’ayant rien à se reprocher sinon peut-être une certaine réticence ou de mauvais préjugés.
J’ai plusieurs exemples mais je me souviens en particulier de celui du saisonnier qui a pris ma suite, qui a vécu cette expérience comme un calvaire. Il a dû ouvrir la bouche trois fois en un mois, pour marmonner quelque chose que personne n’a compris. Le lot de petites histoires méchantes qui ont fleuri sur son passage était vraiment digne d’un premier prix. Le pire, c’est que c’était un « bon garçon », qui ne méritait pas ce déferlement perfide typiquement féminin.
Et encore, s’il avait su comment sa petite amie (saisonnière en même temps que moi, quand je parle de piston…) venait se réfugier dans mes bras…
Bon je précise que, fidèle à mes principes, je ne me suis pas laissé violer par cette - très jolie, au passage - demoiselle à la longue crinière brune ondulée, éthique oblige. ;D
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@ Ryo Narushima : Comme souvent, je suis d'accord avec toi. J'ai pu en parler avec mon frère, j'ai l'impression que ça nous a rapproché de partager certaines choses que chacun gardait pesamment pour lui. Noelle est grillée d'un côté comme de l'autre, désormais.
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@ Sophie Holmes : Bonjour.
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@ Jacktheheartless : Tu gagnes 50 points de karma pour ta réincarnation future, j'aime beaucoup ton commentaire