- Mer Fév 10, 2016 2:14 am
#176942
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Le patron"]
La réalité, c’est que tout comportement est une stratégie, qu’une stratégie est le choix d’une option en fonction d’un ratio coûts/bénéfices, et qu’à ce titre la stratégie de la Femme-Enfant est toujours une stratégie à brève-échéance, jamais de long terme
C'est suffisamment clair. J'ajouterais, étant concerné, qu'on peut remplacer "Femme-Enfant" par "Homme-Enfant", et faire le même constat.
J'ai longtemps cru que j'agissais sur des coups de tête. Mais en fait, pas du tout. Pourquoi serais-je différent ? Je calculais, je calcule, j'ai toujours calculé. A court terme également.
Alors puisque mon comportement résulte d'une stratégie minutieusement calculée, la conclusion, c'est que je veux réellement rester un enfant. J'ai fait ma petite opération et au final, j'y gagne, j'y vois un intérêt. Mais lequel ? Socialement, matériellement, dans n'importe quel domaine il n'y en a aucun. Tu passes juste, selon les personnes (intéressantes), au mieux pour un chieur, au pire pour un aimable loser, et entre les deux, pour un gros égoïste. Normal puisqu'en fait tu es les 3 à la fois.
Un enfant, quelqu'un qui voudrait n'avoir de comptes à rendre à personne, aucune obligation ; qui pense à lui avant toute autre chose et toute autre personne, ou presque (il me semble que c'est suffisamment visible), etc ... Un gosse quoi, un connard aussi.
J'arrive très bien à me dire que la vie est faite de contraintes. J'en suis également tout à fait conscient. Ca ne m'empêche pas de les refuser en bloc (je veux dire, quand ça devient vraiment chiant).
D'ici 10 jours j'aurai de nouveau quitté mon travail, 8 employeurs usés en 8 ans, ça va commencer à être compliqué de continuer à mentir sur les CV ... Impossible, en fait. Là j'ai tiré ma dernière cartouche, tout niqué sur un coup de sang débile. Mes concours sur lesquels je bossais depuis des semaines, niqués.
Qui pourrait faire confiance à un type aussi peu stable ? Mais personne, et c'est normal. Qui chercherait à comprendre le pourquoi du comment ? Je n'y arrive déjà pas moi-même, pourquoi donc le demander aux autres, ils n'ont pas que ça à foutre.
Et d'ailleurs pourquoi chercher, ou même attendre (ce qui est pire), une personne en qui j'aurais confiance, qui me ferait confiance ... pourquoi faire ? Cette personne, elle n'existe pas. Ca pourrait être moi. Ca règlerait le problème du CV. En fait, ça devra être moi, puisque je n'aurai bientôt plus le choix.
"Ne te gâche pas Julien", putain, elle avait tout vu avec 10 ans d'avance. Et elle n'était pas la seule. Tout le monde le voyait, me le disait. Même moi je le voyais, vraiment, fallait être con pour pas le voir. L'histoire cousue de fil blanc. Et qu'est-ce que c'était flippant ! Y a rien de plus flippant que ne pas voir à long terme, ne pas savoir où on veut aller. Demain est un autre jour, puis un autre mois, puis une autre année : voilà un projet bien bancal comme il faut. Ces connasses et leurs tatouages "Carpe Diem", laisse-moi rire. Et ces connards aussi, d'ailleurs.
Mais non, je ne me gâcherai pas, me disais-je. C'était décidé, je mettrais tout en oeuvre pour que ce ne soit pas le cas. Au final je n'aurai fait que gesticuler vainement et maladroitement, comme une tortue qu'on aurait placée sur le dos.
La différence c'est que la tortue elle, une fois sur ses pattes, elle trace, elle avance. Or en ce qui me concerne, je n'en suis pas sûr. Je suis pas sûr d'avoir vraiment voulu avancer : si je l'avais VRAIMENT voulu je l'aurais fait. Y a pas de raison. Donc en fait si, j'en suis sûr : j'ai pas voulu avancer. J'y perdais trop, ou alors j'y gagnais pas assez, j'en sais rien.
C'est très difficile de vraiment savoir pourquoi je reste les deux pieds dans le même sabot. Dur dur de ne pas se voiler la face.
J'aurais pu faire de longues études et suivre une voie correcte à défaut d'être royale. Pourquoi pas, rien ne me l'interdisait. J'aurais pu changer et devenir un séducteur. Pourquoi pas ? Qu'est-ce qui m'en aurait empêché.
Mais il faut croire que ça ne m'intéressait pas, que ce que j'avais à perdre était encore plus gros que ces trucs pourtant énormes à gagner.
C'est incompréhensible. Je suis là, le cul collé dans un seau de médiocrité, et je ne fais rien pour en sortir vraiment. Alors je me dis que c'est peut être ce que je cherchais, tout au fond : me retrouver le dos au mur, histoire de ne pas avoir de vrai choix. Mouais. J'en suis pas plus convaincu que ça mais bon.
Je pense à ça parce que j'ai jamais aimé prendre une vraie décision. Par peur de décevoir, principalement, du moins je pense. Ce qui nous ramène au gosse, d'ailleurs.