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By Estrelinha
#178386 [quote="JulienH"]

"séduire le toutou (?) féminin"



Je voulais écrire tout le "toutim" mais mes doigts ont fourché et ça s'est transformé en "toutou".

[quote="JulienH"]

Pas de perspective/projet => sentiment d'inutilité, de vacuité, de culpabilité même => je ne vaux rien => je ne mérite rien => je m'interdis tout

Quand tu as un projet, tout le reste suit, naturellement. Tu es dans l'action, fixé sur ton truc, détaché du reste, masculin : tu fais ta vie et ça suit.

Par moments, j'en ai eu. Et en effet tout allait bien. Là je sèche et ça dure. Donc je prends la chaîne par l'autre bout et me dis qu'il serait peut être judicieux dans un premier temps, de s'interdire moins de choses. Pas tout, car si je ne sais pas où je vais, je sais d'où je viens - et que je vais y rester (niveau csp). Avec tout ce que cela implique à tous les niveaux

S'interdire moins de choses, déjà, pour avoir au moins des sources de satisfaction / plaisir / ouverture d'esprit au lieu de s'appesantir sur le temps qui passe, sur ce qu'on a raté, sur toutes ces choses pour lesquelles il est trop tard (car il y en a, évidemment).

Aborder une jeune femme qui me plaît, qui vient d'où je viens, normalement et correctement, dans un endroit normal (mais on n'est certes pas obligé de croire en ma sagacité, surtout si on s'est farci les 10 pages précédentes), ça fait partie de ces choses que je ne veux pas, plus, m'interdire. Ca en fait partie, c'est tout. Ca ne consiste pas en ça uniquement.

Je ne veux pas attendre d'être un autre pour simplement aller lui parler. Comme je ne veux pas attendre d'avoir un super taf pour simplement vivre. Je ne dis pas que c'est votre propos, je précise mon état d'esprit.



Prendre la chaîne par l'autre bout est une fausse bonne idée dont la paternité revient à ton manque de réelle volonté ou d'acceptation de la réalité que tu as toi-même dénoncé plus bas.

Je pourrais écrire un roman pour t'expliquer en quoi c'est une fausse bonne idée mais dans ton cas c'est inutile car tu sais déjà ce qu'il faut faire mais comme ta volonté n'est pas assez forte, tu préfères faire ce que tu as envie. Tu dénoncais justement quelques attitudes anti-masculines de ta part notamment ta trop grande dépendance aux états d'âme, à tes envies, je rajouterai. A ce propos, un certain Stéphane Edouard avait dit ceci:

[quote="Stéphane"] Toute journée où vous avez vécu à 100% selon vos désirs est une journée perdue. Une journée de fille.
By jazzitup_
#178388 [quote]mais dans ton cas c'est inutile car tu sais déjà ce qu'il faut faire mais comme ta volonté n'est pas assez forte, tu préfères faire ce que tu as envie.

Haha, la vieille blague de la volonté. Pour 1 mecs qui n'arrivent pas à séduire, faute de volonté, il y en a 15 qui ont les mauvaises volontés.
By Estrelinha
#178389 [quote="jazzitup_"][quote]mais dans ton cas c'est inutile car tu sais déjà ce qu'il faut faire mais comme ta volonté n'est pas assez forte, tu préfères faire ce que tu as envie.

Haha, la vieille blague de la volonté. Pour 1 mecs qui n'arrivent pas à séduire, faute de volonté, il y en a 15 qui ont les mauvaises volontés.

Je ne parlais pas de la volonté de mettre des filles dans son lit mais celle de se donner les moyens de "d'être quelqu'un en faisant quelque chose qui le dépasse.", celle de se réaliser...ce qui aide un peu si on veut mettre des filles dans son lit à vrai dire.....
By jazzitup_
#178397 [quote]celle de se donner les moyens de "d'être quelqu'un en faisant quelque chose qui le dépasse

Totalement d'accord avec toi. Ce qui me fait tiquer, c'est qu'en terme de "projet qui le dépasse", Julien raisonne en terme de projet professionnel, de catégorie CSP, de "super taf"...

C'est dommage, parce que son "projet qui le dépasse" peut se situer sur un tout autre plan.
By JulienH
#178417 [quote="Stéphane"] Toute journée où vous avez vécu à 100% selon vos désirs est une journée perdue. Une journée de fille.
Et la suite était, à peu de choses près, "on travaille sa volonté en se refusant une chose par jour" (ça me disait quelque chose, j'ai retrouvé le post). Une certaine discipline de vie, en fait il explique juste qu'il ne faut pas vivre de façon trop conne et fuir la facilité / vulgarité, sans pour autant être un facho de la perfection car il ne te dit pas qu'il faut résister à 100% de ses désirs.

Bref sur le fond je pense qu'on est forcément d'accord, en soi, c'est juste, mais je ne me sens pas vraiment concerné.

- D'une part, je ne sais même pas si je désire une chose par jour

- D'autre part je distingue "vivre à 100% selon ses désirs", et "vivre à 100% selon les désirs des autres", ce qui a été mon cas. D'ailleurs Stéphane a également écrit (en citant quelqu'un sauf erreur) que si on ne disposait pas d'au moins 30% (je crois ?) de son temps pour soi-même, on était un esclave.

"Est-ce que je suis en train de faire ce qu'on attend de moi" : 100% du temps, 100% esclave.

Ce qui m'exclut de facto (cumulé à d'autres raisons) de la catégorie des entrepreneurs par exemple - puisqu'on parle d'acceptation de la réalité. Réalité qui n'est pas figée, mais pour le moment c'est ça donc on fait avec.


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Je ne vais pas (trop) m'étendre là dessus car j'en ai déjà parlé longuement, mais mon vieux a un modèle de vie, un seul : le sien. Un seul modèle, qu'il réécrit "légèrement" (à la bombe aérosol), et il te l'assène. Tu y crois, tu écoutes, normal, tu es un gosse c'est ton modèle. Il fait ça pour ton bien, un peu pour le sien aussi car il aimerait bien que tu l'admires comme lui, admirait son propre père. C'est très humain, compréhensible.

La plus grosse erreur de ma vie aura été d'arrêter des études que je suivais facilement, pour aller bosser en famille, et d'être resté soumis à cela entre 20 et 30 ans. A l'âge où on s'ouvre, je me suis fermé et ai pris 10 ans de retard. Ce n'est pas un drame, je ne dis pas cela. Et puis, je fais huit ans de moins donc ça va encore !

Bref, sorti du boulot, tout le reste ce sont des activités improductives, inutiles, des trucs de glandeur gaucho-décadent (et sûrement un peu pédé aussi tant qu'on y est).

Journalistes, profs, avocats : menteurs, parasites, planqués, fainéants. Enfant/ado, même pas le temps de t'y intéresser, tu lâches un mot à table et c'est parti pour la leçon.

Je caricature bien entendu. Un peu. Ce n'est pas loin de ce que j'ai entendu, ou, soyons magnanimes, ce que j'ai cru entendre étant plus jeune. Il faut faire gaffe à ce qu'on dit, quand on s'adresse à un gosse, on ne sait pas ce qu'il retient ni comment il le retient.

En tous cas, il n'y a qu'un seul modèle.


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On ne te dit pas : "je t'interdis de faire ceci, cela". C'est plus sournois, insidieux. Involontaire, aussi.

On te fait juste passer le message (au marteau-piqueur) que c'est nul, inutile, ou irréalisable. Et/ou que telle personne ou catégorie de personne, c'est zéro, des ratés.

Donc, tu es responsable de tout : hé oui, on ne t'a jamais rien interdit, donc si tu en es là, si tu n'as pas fait ceci, cela, c'est ta faute, t'étais libre ... A 15 ans je fumais, pouvais sortir, j'étais une star : mon père me disait rien !

J'étais libre ... Ou pas !

(Note aux plus jeunes : oui, en 1992, fumer des cigarettes à 15 ans, c'était un truc de bad boy)

Un de mes frère de ma mère jouait du saxo : mon vieux se foutait de sa gueule. Perso, je trouvais ça extraordinaire. Les frères de mon père eux, étaient tous géniaux, évidemment. Mais pas trop quand même : il ne doit y avoir qu'un seul modèle.

Dans ma tête, en gros ça a donné : "le saxo c'est nul". Tu adores ça, mais c'est nul. Ca ne "se fait pas" quand on est un homme digne, ça ne gagne rien, et en plus ça déforme la tronche.

Mais la cible des moqueries, c'était pas le saxo, n'est-ce pas. Le saxo c'était juste l'outil d'un possible modèle concurrent.

Le père de ma mère a eu un destin de roman. Pas "Bel Ami", plutôt "Les Misérables" - resituons : on parle d'un mec né en 1910. Un dur tendre, ou l'inverse, qui ne parlait pas beaucoup.

Mon père se foutait de lui (en son absence), de son mutisme surtout. Il ne devait rien à personne, il était inattaquable sur le travail, la droiture, la rigueur. Mais c'était un concurrent et il fallait saper son image. Je n'ai jamais éprouvé de vrai respect pour mon grand-père, ne lui ai jamais parlé, il aurait pourtant eu des choses à me dire si je les lui avais demandées.

Le père de mon père par contre, je connais jusqu'à la couleur de ses pantoufles : le mec, je le hais sans l'avoir connu.


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Gosse, tu ne sais pas; ado, tu as tes copains/copines, adulte tu fais encore autre chose, et au moment où tu comprends certaines choses ben le mec n'est plus là.

Aujourd'hui je me mets à la généalogie "à cause" de mon grand père, il avait 6 frères et soeurs, tous élevés dans des familles d'accueil donc très compliqué, ces gens sont morts, leurs enfants ont déménagé etc

Là je remonte mais c'est encore plus compliqué car son père, donc mon arrière-grand-père, était Corse. Je veux savoir des choses, donc dès que possible il faudra que j'aille en Corse, pas avant au moins un an malheureusement. J'ai dans l'idée de faire parler des Corses, comme quoi, je peux être un homme de challenge.

Je m'autorise à faire ça en attendant les résultats de mes concours. J'aurais pu chercher un petit boulot, ça aurait été plus "moral". J'ai préféré faire ce truc qui me chiffonne depuis presque 10 ans. J'aurais pu attendre d'être en retraite, sillonner les routes avec une jambe en moins ou myope comme une taupe. Ou attendre que vraiment tout le monde soit mort jusqu'à la 58ème génération, histoire d'être vraiment certain de ne rien trouver.

Se permettre, ce n'est pas faire une grasse mat' ou s'envoyer des choux à la crème en pleine après-midi.

La musique, je me le permets (depuis peu).
L'italien, je me le permets.
La danse, ce truc de pédé décadent, je me le permets.
Le sport aussi, oui même ça, c'était inutile : à quoi bon s'occuper de son apparence, à 20 ans on est un homme, ce qui compte c'est travailler - en fait, souffrir : le mérite, la morale. Et si on claque à 60 ans d'avoir une santé de merde, ben c'est la vie, c'est la fatalité, c'est vrai, c'est le Bon Dieu qui choisit.

Ces choses que je fais aujourd'hui sont pour certaines, dans un coin de ma tête depuis que je suis né. M'interdire, me priver, je sais ce que c'est. Pour moi, ces choses ne sont pas des moyens de jouissance immédiate et vaine.

Bref, "chez nous", on a le sens de la tragi-comédie binaire. Oui à ce niveau, c'est de l'art :wink:

Finalement, je me suis ré-étendu sur le sujet : si vous avez tout lu, alors je vous ai bien eus :mrgreen:


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Le boulot comme seul vecteur de "quête de soi", j'essaie de passer outre, oui. Bien que ce soit une valeur essentielle et un pilier, sans dire que je comprends, je commence à regarder les choses sous un autre angle. Priorité, oui, mais obsession non.

L'idée que l'on devient "quelqu'un" lentement, patiemment, en suivant plusieurs pistes, en passant des étapes. Qu'on en a déjà passées quelques unes, que tout n'est pas raté. Suivre une seule piste, obstruée, et essayer de la dégager au tractopelle ... ben ça n'a pas marché des masses.

En employant l'expression "super taf", je pensais à une forme d'épanouissement, pas à l'argent ou au pouvoir. J'imagine que c'est ce qui avait été compris, mais je précise au cas où. Etre "le coiffeur du quartier", à une période, ça m'allait très bien, je me sentais déjà plus "quelqu'un" que dans mon dernier boulot (de merde).
By JulienH
#178422 Suite et fin (?) de la non-saga familiale

[quote="JulienH"]
La plus grosse erreur de ma vie aura été d'arrêter des études que je suivais facilement, pour aller bosser en famille, et d'être resté soumis à cela entre 20 et 30 ans. A l'âge où on s'ouvre, je me suis fermé et ai pris 10 ans de retard.

Fermé, plutôt enfermé, car toujours sous l'influence des mêmes croyances et barrières, à un âge où on se fait ses expériences pro, sentimentales ... Or je suivais le modèle, aveuglément, à tous les niveaux.

Je n'ai rien appris, durant ces années-là. Sur moi, je veux dire - sur les gens, un peu, certes on ne vit pas non plus dans une grotte. Mais pas des masses non plus. Et j'ai appris mon métier, évidemment ce n'est pas rien.

Aucun recul, rien. Fermé, s'enfermer, tourner en rond à se chercher sur la base de principes dans lesquels on ne se reconnaît pas, ou qu'on ne comprend pas, ou que la réalité ne confirme pas.

Par exemple :

[quote]"Dans la vie on ne fait pas ce qu'on veut"
ou
[quote]"Dans la vie il y a les loups, et les moutons"

Mais ... si on ne fait pas ce qu'on veut, on est quoi ? Un loup, ou un mouton ? Un mouton non ? Donc je dois être un mouton, ou un loup ? Je dois mordre qui ? Me "laisser tondre" par qui, me plier à quoi ? Et quand ?

Bien sûr à l'époque je ne détricotais pas tout comme ça. Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'on s'y perde un peu. Non pas que ces maximes n'aient pas de sens, c'est juste que les accumuler comme ça, à l'arrache, ça donne un drôle de manuel de vie, un curieux abécédaire.

Si j'osais, je dirais que c'est un peu le cirque, ces maximes.


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Quand il ne veut pas faire un truc, mon père dit qu'il est "fatigué". Sa santé étant fluctuante, ça passe comme une lettre à la poste. La réalité est ailleurs mais passons.

Il n'était pas à l'enterrement du père de ma mère, il y a une dizaine d'années de cela. Il était "fatigué", donc il n'a pas assisté à l'enterrement du père de son épouse, du grand-père de ses enfants. Comme je vouais à mon père une véritable vénération, alors je m'étais dit qu'il n'avait pas eu le cran d'être aux côtés de sa femme, ses enfants. Qu'il n'avait pas voulu la voir pleurer, que sais-je. Attitude curieuse, venant de quelqu'un pour qui la famille est une valeur sacrée. Mais bon, pas de rancoeur ou quoi. C'était bizarre, dommage, mais bon, c'était lui donc tout était toujours acceptable.

Or il n'a pas été facile pour nous, de justifier son absence. Quelle image de notre famille donnions-nous ? "Il est fatigué", bonjour les regards, bonjour la honte.

Et surtout j'ai vu ma mère ce jour-là. Lui, quelle qu'en soit la raison, il n'avait pas voulu la voir.

[quote]"Dans la vie on ne fait pas ce qu'on veut"

Les mecs qui te disent ça, en fait, ils font exactement ce qu'ils veulent. Ils font ce qu'ils veulent et ils t'emmerdent, quand bien même tu sois leur fils ou leur épouse.


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Sur le coup je m'étais demandé : "Que vont penser les gens de nous, et de lui ? Pour quel genre d'homme va t-il passer ?"

La bonne question, que j'ai donc mis dix ans à trouver, était : "finalement, quel genre d'homme est-il ?"

La réponse est multiple, comme pour tout le monde. Il n'est pas un modèle infaillible en toutes circonstances, point, je m'en tiens à ce simple constat, c'est sain.

Par moments, notamment lors d'une journée à laquelle je pense en particulier, je n'avais pas été loin de le lui demander; il peut être odieux. "Mais attends, toi, quel genre d'homme tu es, au juste ?". Le si beau tableau qu'il se plaît tant à faire de lui, je me tenais devant, une allumette à la main. On aurait vu la fumée à l'autre bout de la ville.

Je ne lui poserai jamais cette question : pour beaucoup de raisons humaines, morales, éthiques. Il y en a une autre, moins "smart" : c'est que je sais que je peux la lui poser, et en soi, cela me suffit.

A ce que je sache, Clovis n'a jamais récupéré le vase de Soissons.
By Colin06
#178424 Ton récit est beau, il est un témoignage fort de l'identité que nous portons, et de celle que l'on hérite de sa famille. Finalement, être un homme, c'est peut-être, "simplement", de sortir de son carcan familiale...

Je note également ce passage terrible

[quote="JulienH"]
Il n'était pas à l'enterrement du père de ma mère, il y a une dizaine d'années de cela. Il était "fatigué", donc il n'a pas assisté à l'enterrement du père de son épouse, du grand-père de ses enfants.

Il faut à mon sens 2 raisons pour ne pas se déplacer à ce genre d'enterrement :
Un cas de force majeur, genre maladie invalidante.
Que le décédé est commis des crimes.

Sinon, c'est juste pas possible...A vrai dire, c'est tout, sauf le comportement d'un homme...
By JulienH
#178427 [quote] Sinon, c'est juste pas possible...A vrai dire, c'est tout, sauf le comportement d'un homme...
Il n'est pas venu parce qu'il a eu la trouille. Aurait-il fallu soutenir ma mère, la prendre dans ces bras, ce genre de truc ? Il a eu peur de ça. J'en mettrais ma main, et même ma tête, à couper. Il avait peur de ne pas savoir quoi faire.

Témoigner son affection, il ne sait pas faire. Une forme d'ultra-pudeur, mais alors, un truc de malade.

Difficile de lui en vouloir pour ça, c'est un trait de caractère qui résulte forcément de quelque chose. De quoi, je ne sais pas. Si j'avais connu le grand-père, je le saurais.

Tu peux pas lui en vouloir : il n'y est pour rien. Par contre, un tel comportement devrait lui interdire de donner certaines leçons, certes ... en théorie quoi ... mais il serait déplacé que je le juge. Lui aussi, on a dû lui bourrer le crâne avec des tonnes de conneries. Tout ce que je peux constater, sans passion et sans haine comme on dit, c'est que certains de ses actes ne collent pas avec certaines de ses leçons. J'aurais pu m'en douter, le voir, ou simplement accepter de l'admettre, qui sait de quoi il s'agissait exactement ? Maintenant je le sais, je le vois, tout ce qu'on veut.

Partant de là, tu peux remettre en cause à peu près tout, avec le discernement qu'il convient de garder - et ça aussi, m'octroyer cette capacité à discerner ce qui est bon/vrai, de ce qui ne l'est pas, je me le permets. Il était grand temps ?

En clair, il ne sait pas communiquer. Et c'est aussi pour ça qu'il ne sort pas : ce n'est pas parce qu'il est fatigué, c'est parce que socialement il est hyper mal à l'aise. Il fuit les gens, littéralement.

De là, tu peux comprendre qu'il enseigne que la vie, c'est la guerre, la lutte, l'adversité. Car il n'a pas d'autre choix, il ne va pas te parler de ce qu'il ne connait pas : c'est d'une logique assez redoutable. Quoique, concernant d'autres sujets, ça ne le gêne pas, mais bon. Là c'est bien particulier, impossible de le faire, bref il ne sait pas.

Quand il me disait : "ne te pose pas de questions, dans la vie faut avancer", je ne savais pas. Ca sert à rien de dire ça, "faut avancer". Il y a des gens qui ne comprennent pas en quoi ça consiste, ce qu'il faut faire, comment, etc ... Demande-lui de témoigner son affection, ben c'est pareil, il ne sait pas.

C'est très difficile à expliquer par des mots, ce genre de blocage. Mais je peux comprendre quand ça bloque, je sais ce que c'est.

Voilà.

Socialement, j'ai pu changer certaines choses (et c'est trèèèès loin d'être fini) parce que j'ai eu du bol : je suis tombé sur une punaise qui m'a envoyé ici.

Remarque lui, il est tombé sur ma mère, il a eu du bol aussi.

Tiens d'ailleurs, je ne vous ai pas parlé de ma mère ?

:mrgreen:
By jazzitup_
#178428 [quote]Par contre, un tel comportement devrait lui interdire de donner certaines leçons, certes ... en théorie quoi

Les petits chiens sont ceux qui aboient le plus fort. Compensation.
By Colin06
#178431 [quote="JulienH"]
Il n'est pas venu parce qu'il a eu la trouille. Aurait-il fallu soutenir ma mère, la prendre dans ces bras, ce genre de truc ? Il a eu peur de ça. J'en mettrais ma main, et même ma tête, à couper. Il avait peur de ne pas savoir quoi faire.



C'est donc ce que je dis : il n'assume pas, il a peur. Le contraire d'un homme, qui fait face. Si on doit reconnaître une qualité aux hommes, c'est bien celle d'assumer dans les moments difficiles non ?

J'ai un oncle, très H. Dur, très dur vis à vis de tout le monde, et de lui en premier. Il va aux enterrements. Et il pleure. Il dit, comme pour se justifier, tant son attitude est à l'opposé de ce qu'il est, "je n'arrive pas à ne pas pleurer aux enterrements, c'est plus fort que moi". Il assume.

La description de ton père me fait penser à cette ancienne génération d'homme, dur au mal, qui ne parlait pas ou peu, dont la quasi seule méthode d'éducation était de se montrer irréprochable, pour montrer l'exemple. Cette génération bien mal en point avec les sentiments, la communication, dont on rabâche aujourd'hui les oreilles aux jeunes générations. Cette génération dont le seul objectif était effectivement le travail, pour alimenter sa famille. Ton père, à tout hasard, il aurait pas fait l'Algérie non ? Quoi qu'il doit être trop jeune pour mais bon...

Tout cela pour dire que c'est assez logique que tu aies du mal à te "sortir" de ce carcan. Il faut une volonté de fer doublé d'un caractère fort pour dévier de la ligne que les parents ont tracé pour vous dans ce contexte.

Et j'imagine la mère au foyer, ayant donc reporté son amour sur ses enfants, les ayant porté à bout de bras.

Parce que bon, comme tu nous lances sur le sujet de ta mère ? :wink:
By JulienH
#178433 [quote]C'est donc ce que je dis : il n'assume pas, il a peur. Le contraire d'un homme, qui fait face. Si on doit reconnaître une qualité aux hommes, c'est bien celle d'assumer dans les moments difficiles non ?
Oui c'est une grande qualité que d'être capable d'assumer. Dans l'idéal on ne devrait même pas se poser la question de savoir si on en est capable, et le décréter. Certes.

Mais la trouille, c'est quand même un truc spécial. Il a la trouille, mais jusqu'à quel point ? Il n'y a que lui qui le sait.

[quote]La description de ton père me fait penser à cette ancienne génération d'homme, dur au mal, qui ne parlait pas ou peu, dont la quasi seule méthode d'éducation était de se montrer irréprochable, pour montrer l'exemple. Cette génération bien mal en point avec les sentiments, la communication, dont on rabâche aujourd'hui les oreilles aux jeunes générations. Cette génération dont le seul objectif était effectivement le travail, pour alimenter sa famille.

Ce mec à l'ancienne que tu décris, je le vois très bien, mais ça n'est pas tout à fait son portrait. Car il parle, beaucoup, trop. Parler et communiquer étant deux choses différentes ! Parler tout seul, c'est clairement pas un problème pour lui.

Quant au "sacrifice", le travail pour alimenter sa famille ... Ca, j'en suis revenu. Il l'a fait autant pour lui, que pour nous.

C'est comme ses leçons de vie : il veut ton bien, certes, mais il veut aussi que tu le respectes (et même plus que ça). Ca aussi, il le fait en partie pour lui.

Tout donner pour ses enfants, sa famille ? Alors comment expliquer cette absence à l'enterrement, par exemple.

Ce sens du sacrifice, ça me semble bien trop F pour lui. Il me donne plutôt l'impression d'un mec qui a toujours fait ce qu'il a voulu (au sens "important" du terme).

[quote] Et j'imagine la mère au foyer, ayant donc reporté son amour sur ses enfants, les ayant porté à bout de bras.

Parce que bon, comme tu nous lances sur le sujet de ta mère ? :wink:
:D je disais ça pour déconner.

Elle est comme tu l'imagines. Mais elle n'était pas une mère au foyer car elle travaillait au magasin, avec mon père. Elle bossait à l'usine dès 16 ans, milieu humble, famille très nombreuse également. A 20 ans c'était une très jolie jeune femme, elle est encore belle d'ailleurs.

C'est quelqu'un qui extérieurement, semble se poser très peu de questions. Elle a toujours suivi. La question du choix ne s'est jamais posée.

Une autre époque.
By Colin06
#178437 Ta réponse est intéressante : oui ton père a fait ce qu'il a voulu, dans les limites de ce que son époque offrait, à savoir la nécessité de bosser (la valeur travail) pour s'en sortir. De ce que tu en dis, je ne vois pas un homme ouvert au monde, ayant dépassé sa fonction de bosser,fonction reconnue, pour aller vers une autre dimension, que je qualifierais pour pomper sur les magazines actuelles et faire mon intéressant de "réalisation de soi". En gros : qu'a-t-il d'autre à proposer que son travail ? (et le discours qui va avec...)

Mais je vois ça de loin, je peux me tromper.

Quant à ta mère, c'était également une plaisanterie que de te lancer sur le sujet. Mais la petite description que tu en donnes sembles confirmer mes impressions. On glosse beaucoup sur la "libération de la femme", mais ton exemple, pourtant classique et "normal", est juste édifiant de ce que les femmes de l'époque ont vécu.

[quote="JulienH"]Elle a toujours suivi. La question du choix ne s'est jamais posée.
By Simon
#178441 Ouep intéressant. C'est ce que je pourrais dire de mes parents. Et c'est ce que je reprochais à mon père fut un temps, s'être contenté de ramener la pitance au foyer. Autre temps et autre manière de concevoir l'éducation.