- Lun Juil 21, 2014 3:20 pm
#155826
Comme elle était belle, cette fille qui s'assit presqu'en face de moi dans le RER D hier vers Evry.
Elle portait une robe à pois qui lui collait à la peau et donnait à sa pureté quelque chose de moite et de terriblement sexuel.
Elle avait les traits fins et la peau blanche, mais intimidé par je ne sais trop quoi, je n'ai absolument rien tenté et puis, trop jeune pour moi sans doute, car enfin elle n'était pas si petite, à moins qu'il n'y ait autre chose ?...
Elle sortit un livre de son sac et se mit à lire goûlument.
Il s'agissait des aventures profondes et vaguement nuancées de monsieur Gray et de sa cocotte, le volume 2.
Goûlument, c'est le mot : elle était tellement absorbée par ce texte qu'elle en marquait de manière fort originale la ponctuation.
Dès qu'un point surgissait à son regard de braise, elle portait sa main à un autre sac où était caché un sachet de chips Leader Price ou Lidle ou même Carrefour, sans doute du Premier Prix certifié 100% huile de palme 100% naturels et limite bio. En tout cas, le gros paquet : c'est plus économique.
Oui, à chaque point qu'elle enregistrait du regard, sa douce, délicate et chaude langue chipait une chips. Sans doute pensait-elle qu'ainsi elle paraissait une adorable chipie au reste du monde ?
A chaque changement de paragraphe, elle sortait de son sac une bouteille de Coca-Cola au sucre et s'en enfilait une petite lampée : ça donne si soif, les chips !
Elle lisait donc les aventures de monsieur Gray, qui est exigeant au dernier degré vis-à-vis de sa conquête, ce qui fait que sa lecture n'en est certes pas inutile - je ne regrette pour ma part pas d'avoir lu les
Nuances car j'y ai puisé une certaine énergie me permettant de vivre certaines aventures estivales agréables et amusantes, même si parfaitement superficielles.
Mais elle, elle lisait en faisant exactement le contraire de ce qu'ordonnait de faire monsieur Gray à sa chérie.
Sans doute, elle mouillait légèrement à l'évocation de scènes osées en rêvant de sa faire prendre pas un monsieur Gray - mais, lui, il saurait l'aimer comme elle est et ne serait pas aussi méchant quand même et comprendrait qu'elle a besoin de chips et de Coca-Cola pour son équilibre (car elle a été traumatisée par son enfance).
Oui, un monsieur Gray pas si extrême saurait sans aucun doute l'aimer comme elle est, il ne serait pas si parfait sans doute, mais elle a tellement bon coeur qu'elle le comprendrait, elle aussi (en tout cas, promis : elle essaierait !)
Oui, elle était belle d'une beauté intérieure que son monsieur Gray à elle saurait percevoir et puis elle avait la peau clair et les traits fins, et sa poitrine qu'un décolleté plongeant mettait en valeur ne pouvait pas laisser indifférent.
"Je suis moi, je ne suis pas parfaite et je veux qu'on m'aime comme je suis" : c'était son hymne nationale à elle.
Cinquante nuances de kilos de graisse certifiée NF enrobait le tout, tel un paquet cadeau pour le moins impressionnant, recouvrait ses traits fins d'un maquillage sans doute exagéré (et on me dit que le mot exact est "bouffi") tandis que ses formes généreuses étouffaient dans cette robe qui menaçait de craquer à chacun de ses mouvements.
Je sortis du train qui poursuivit sa route emportant avec lui cette sans doute auto-désignée princesse de Fessebouc ou d'Adopte un Mec en me disant qu'il n'était pas possible que la robe tînt le coup jusqu'à l'arrivée sous la pression lipidique de sa propriétaire en forme de cube.