- Dim Jan 30, 2011 6:22 pm
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L’érection matinale[/size]
Aborder une inconnue dans la rue, alors que la foule qui vous entoure ne fait que passer peut paraître intimidant, mais aborder une inconnue le matin dans le wagon d'un train de banlieue bondé où le silence règne et où les gens y sont quasiment les mêmes chaque jour l'est nettement plus.
Alors oui il est vrai qu'une bonne moitié de ces personnes sont dans leur bulle en train d'écouter de la musique et que l'autre rêve à ses prochaines vacances au camping de Palavas les flots.
Je ne sais pas pour vous, mais moi en grand curieux que je suis, les rares fois où j'ai vu un homme se lever de sa place, aller parler à une femme du wagon et s'assoir en face d'elle, et bien j'ai enlevé mes écouteurs et tendu l'oreille pour voir comment le bougre s'en sortait.
Cette situation du wagon bondé m'a longtemps intimidé, et même si je n'ai aucun problème dans un wagon à moitié vide ou sur le quai, le fait de m'exposer au jugement d'une belle inconnue devant un publique d'anonymes quotidiens au regard accusateur ne m'enchante guerre.
Ainsi, il m'est parfois arrivé de renoncer devant ce genre cas, de laisser passer de belles occasions, tout du moins jusqu'à récemment, alors que je m'apprêtais à monter dans le train, une jeune femme tout mignonne aux cheveux noirs et légèrement ondulés se pressa devant moi pour gravir la marche du wagon.
La vue de sa chevelure associée à l'odeur de son champoing éveillèrent mes sens et provoquèrent en moi un début d'érection.
Il fallait que je l'aborde.
A mon grand désarroi, elle s'assit sur une banquette presque pleine.
Le reste du wagon étant assez clairsemé et ne voulant pas dévoiler mes intentions en m'asseyant gauchement à côté d'elle le temps de réfléchir à la manière de l'aborder - car oui je voulais absolument trouver un prétexte indirect - je fis comme tout le monde et comblai le vide là où il y avait le plus de place.
Durant le trajet, je ne trouvais rien qui pourrait me permettre une introduction justifiée.
Ne voulant pas me donner en spectacle en l'abordant de manière directe, je renonçais et me dis que je la recroiserai surement le lendemain et que je pourrai l'aborder sur le quai, à l'abris des oreilles indiscrètes.
Mais c'eut été trop simple.
En effet, le lendemain, alors que l'heure du départ approchait et ne l'ayant toujours pas aperçue, je m'étais déjà installé.
Soudain, alors que la fermeture imminente des portes se faisait entendre, je la vis bondir dans le wagon et aller s'assoir a peu près au même endroit que la veille, entourée très certainement des mêmes habitués.
A ce moment là, deux solutions s'offraient à mois.
Repousser l'échéance jusqu'à ce qu'une occasion moins périlleuse se présente, au risque que cela n'arrive jamais, ou alors me lancer quitte à me prendre un vent glacial devant une trentaine de spectateurs.
Il fallu quelques arrêts pour que me revienne à l'esprit la conclusion à laquelle j'étais arrivé quelques jours auparavant, à savoir que la vie était trop courte pour ne pas assumer ses désirs.
Alors, je fis ce que je fais à chaque fois que je vais aborder une inconnue, j'ai évacué toutes les pensées que j'avais en tête, et le cerveau vide, je me suis levé et me suis dirigé vers elle.
Après lui avoir expliqué que je la trouvais toute mignonne et que c'eut été dommage de ne pas venir lui parler, la conversation s'enclencha naturellement et nous avons passé vingt bonnes minutes à discuter, discussion probablement suivie par nos cinq ou six voisins de banquette, mais absorbé dans l'action, je les avais oubliés dès la première seconde.
Alors que nos chemins se séparaient sur le quai de la gare et que je projetais une activité commune pour la revoir, j'appris qu'elle n'était pas libre.
Tant pis, l'action fut belle, j'avais repoussé un peu plus mes limites.