Avoir une vie stylée

Modérateurs: animal, Léo

By Synchronn
#99920 [quote="animal"]
C'est un trait commun aux diplômés des très grandes écoles, cette valorisation immodérée du travail, je gagne beaucoup plus d'argent maintenant que je travaille moins, c'est qui le plus intelligent au final???

Je pense que c'est plus une question d'étape. Quand tu sors de l'école, qu'elle soit grande ou petite, c'est le diplôme qui t'ouvre les portes dans un premier temps. Ensuite vient le moment de prouver ta valeur ajoutée et pour cela il te faut un minimum d'expérience et pas que des concepts et théories fumeuses, le plus souvent inadaptables dans la vie "réelle".
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By Elan
#99922 CQFD. La valeur ajoutée n'a rien à voir avec les horaires de boulot, c'est une croyance limitante qui n'est pas enseignée dans les écoles - en tout cas, pas quand j'y étais.
By Synchronn
#99924 Certains tentent d'innover et d'apporter des nouvelles idées, d'autres travaillent plus comme des acharnés. Chacun son trip et ça n'est en rien critiquable tant que la personne est en accord avec sa façon d'être et ses ambitions.

La pensée limitante est de vouloir jouer l'alpha sans prendre en considérations des facteurs bien plus complexes que le simple fait de dire "putain t'es con de travailler plus que ce que ton contrat de travail indique".
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By Elan
#99925 Faire de longues journées n'a rien d'une démarche complexe.

Tout au plus ça découle d'une ambition professionnelle et d'attentes quant à la bonne impression donnée aux autres.
Sur l'ambition, rien à redire, si ce n'est que la progression peut être totalement décorrélée des horaires.
Sur l'impression, c'est une affaire de choix. Faire des heures donne une impression de quelqu'un qui fait des heures. C'est donc positif pour ceux qui valorisent ce comportement, et sans effet sur les autres.
Les promotions et les attentes conséquentes à des journées laborieuses correspondent aussi à ce que vous avez démontré : vous serez donc orienté vers des postes où c'est une caractéristique importante.

À l'inverse, être vu comme un créatif, sans trop d'horaires mais qui a régulièrement de bonnes idées, incitera la hiérarchie à vous laisser la liberté allant de paire avec vos compétences.

Rien n'est critiquable en soit. Simplement, il ne faut pas s'attendre, en bossant comme un dingue, à un jour se voir proposer un poste qui laissera plus de temps. Il faudra en passer par le changement d'entreprise pour repartir sur un autre rapport à son travail.

Chacun son trip c'est certain, mais pour avoir quitté les bancs de l'école depuis 6 ans, je trouve simplement hallucinant le nombre d'anciens élèves qui à 30 ans en sont déjà réduits au métro/boulot/dodo en semaine, repos le week-end et 3 semaines de vacances par an à l'autre bout du monde pour se changer les idées.
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By wu-weï
#99926 Dans tout job, il y a un cadre.
Il est valable pour l'employé mais aussi pour l'employeur.

J'ai souvent été étonné d'une chose : le comportement du "petit chef".
J'aime beaucoup l'exemple du recruteur et sa tentative de manipulation en essayant de culapbiliser Gentleman. => s'il n'accepte pas les conditions du recrutement, c'est de la faute du recruté.

On retrouve ça dans le cadre du travail, au quotidien.
Un bon manager, n'a pas besoin d'en passer par là.

Pour en revenir au comportement du "petit chef", souvent il invente des règles.
Je m'explique : J'ai souvent défendu des gens ou les ai assisté au cours de conflits avec leur entreprise.
Quand on met le doigt sur le côté "hors cadre" dudit manager, la hiérarchie le désapprouve souvent.
Pourquoi? Parce que ça n'est pas légal.

La durée de travail hebdomadaire est fixée à 48h/semaine (par décret) pour une période de 10 semaines maxi dans le cadre de l'annualisation du temps de travail.
Ses heures (qui ne sont pas considérées comme "supplémentaires") ne doivent être "récupérées" lors de l'année (ce qui implique des ATT - et pas RTT).

Un manager qui abuse et manipule, il suffit de l'obliger à se repositionner.
C'est une technique puissante.
Je dis bien "obliger à se repositionner", ce qui est très différent de "recadrer".

Le truc, c'est de lui démontrer l'incohérence entre ce qu'il demande (et prétend exiger) et le cadre.
Ca le met en porte à faux.
Puis, de lui demander (assez hypocritement, d'ailleurs) ce que vous devriez faire car entre le cadre et ce qu'il exige, il y a une différence (démontrée et partagée si possible).

Il vous demandera sûrement de ne pas respecter le cadre au motif dune manipulation de vos croyances limitantes et de peur de l'autorité.

Ensuite, vous prenez position pour le cadre. Donc, vous affirmez votre désaccord.
Et vous poursuivez en disant que, ce que vous dites, vous êtes capable de l'écrire...d'ailleurs, il devrait en faire autant. Et vous prenez une feuille sur son bureau, un stylo et vous lui tendez...

Généralement, ils perdent pied. Ils tentent de faire pression.
Au prétexte que "ce n'est pas le genre de rapport que vous souhaitez avoir au travail" (dit le plus placidement du monde), vous quittez le bureau, la salle, le lieu et mettez un terme à la discussion.

Ensuite, faut bien garder sa trame et bien bosser en restant dans le cadre de son job.
Si lui n'y arrive pas : repositionner le à nouveau suivant cette grille :
- votre boulot/vos responsabilités.
- son boulot/ses responsabilités.

Il y a peu de managers qui résisten tlongtemps lorsqu'on leur demandent d'assumer leur part de responsabilités et de décisions à prendre. Décisions dont ils font souvent porter le poid à leurs subalternes.

Chacun son métier et les vaches seront bien gardées.

Un mail, un coup de fil à 23h.
Répondez-y le lendemain matin :
- "Vous m'avez appellé hier soir?"
- " Oui, blablabla"
- "Ah! Parce que j'étais [avec des amis, à une expo, un ciné, etc] et vous lui faites implicitement comprendre vous séparez bien votre vie privée (et ses plages de temps) de votre vie professionnelle.

Si jamais vous avez droit à un
- "mais moi aussi on m'appelle à cette heure là!" (justification),
un simple
- "ca vous regarde" suffit.(repositionnement, sa responsabilité s'il se laisse marcher sur les pieds)

...Parce qu'au fond, il aurait envie de savoir faire comme vous, qu'il se ment à lui-même en trouvant justification et excuses à ces comportements, il vous détestera ou admirera en lui-même. Finalement, vous savez être ce que lui, ne sait pas.
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By wu-weï
#99927 Pour marquer le différence entre temporalité professionnelle et privée :
Ou "une super blonde, rigolote et jolie"!
ByEquus
#99928 [quote="wu-weï"]...Parce qu'au fond, il aurait envie de savoir faire comme vous, qu'il se ment à lui-même en trouvant justification et excuses à ces comportements, il vous détestera ou admirera en lui-même. Finalement, vous savez être ce que lui, ne sait pas.
Exactement !! :)
Je pense aussi qu'il faut faire attention à ne pas céder à la tentation de lui mettre le nez dans ses propres contradictions, sous peine de sabrer tous les efforts accomplis.

Cependant, ça fonctionne dans une boîte avec une culture d'entreprise correcte.

Il m'est arrivé de bosser dans une grosse boîte où ça se passait bien avec mes collègues et mon chef directe, mais les supérieurs, les dirigeants et autres commerciaux avaient tous un comportement de petits chefs. L'ambiance était vraiment pourrie. Dans ces cas là, ça ne sert à rien de s'user à résister, il vaut mieux aller voir ailleurs.
By Sahnas
#99933 Ce que vous décrivez, je le vis quotidiennement. Dans ma boite, on "exploite a fond" les "Juniors" tout juste diplômés.

Ils appellent cela "des surplus d’expériences". En gros ils te font gérer des responsabilités en plus des tiennes parce que rien ne doit passer avant ta carrière. C'est la normalité de ma boite. Ils sont persuadés ( et donc te persuadent ) que c'est un service qu'ils te rendent en te faisant cela.

Problème générationnel, je veux bien, mais mon age n'est pas forcément synonyme de pourri/gaté/doré. Loin de là.

Maintenant, j'arrive pas trop bien a différencier le coup de pouce d'un "seniors", qui pourrait servir dans le futur ( engranger des nouvelles compétences pour la polyvalence), du dépassement du cadre ( qui te fait sans doute quelques fois perdre de l'efficacité et du dynamisme dans ton travail).

Je ne parle que de ce que je connais, mais j'ai l'impression que la gestion des ressources humaines est un espece de Bronx sans aucune valeur fixe.
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By Elan
#99935 [quote="wu-weï"]Pour marquer le différence entre temporalité professionnelle et privée :
Ou "une super blonde, rigolote et jolie"!Comme je disais plus haut, souvent le simple fait d'avoir de réels centres d'intérêt hors de son boulot est la motivation qui manque à beaucoup pour ne plus faire d'horaires à rallonge.

Ça me rappelle une période où mon couple était en train de se casser la figure, la demoiselle me saoulait tellement que je rentrais de plus en plus tard. Rien à voir avec le boulot donc, c'est toujours une histoire de distillation de son énergie au gré de l'importance qu'on donne à ce qui nous entoure.
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By wu-weï
#99936 Je lisais un résumé de thèse de socio, qui expose un schéma (qui ne reste qu'un schéma pour comprendre) :

Les cadres dirigeants imaginent un monde du travail idéalisé (process, normes, reporting, contrôle, etc...).
Les employés vivent le travail réel.

La thèse disait que le travail, c'est justement d'être confronté à sa réalité et en gros, que si il n'y avait rien à régler, il n'y aurait pas besoin de travailler.
L'idée est que travailler, c'est régler des problèmes. (Tout le contraire de "l'idéal")

Or, le fantasme d'un univers du travail où tout serait normé, huilé, normalisé, n'est qu'une illusion.
C'est souvent l'illusion qu'ont les dirigeants lorsqu'ils ne se confrontent pas à la réalité.
(Défaillance du reporting, critères, etc)


Par effet boule de neige, les cadres adhèrent à cet "idéal", s'en emparant et le revendiquant.
Au travers de leur management, ils font redescendre ce fantasme et le projètent comme l'image "idéale" de l'entreprise.
Plus on descend, plus on est confronté à "la réalité", très différente de "l'idéal".

Or, quand on adhère (bêtement?) aux valeurs d'une entreprise idéalisée, on vit alors d la dychotomie entre une réalité et un idéal érigé comme norme.
L'exemple du recrutement de Gentelman est bon : vous n'êtes pas mobile => vous n'adhérez pas à notre "idéal" => c'est de votre faute si nous ne vous recrutons pas.

Vous ne faites pas 20h supplémentaires par semaine => vous n'êtes pas motivés => vous n'adhérez pas à notre "idéal" => vous avez tort et nous raison, si vous progressez pas, c'est que vous n'en faite pas assez => c'est votre faute.

Poussons plus loin :
Vous faites 80h supplémentaires mensuelles non-rémunérées => c'est normal c'est notre "idéal" => vous n'y adhérez pas => c'est votre faute.


De ce fait, en adhérant à cet "idéal", le manager se dédouanne de la responsabilité sur le subordonné et ainsi de suite.
Plus la confrontation et la dychotomie entre "réalité" et "idéal", plus le malaise de celui qui travaille est grand.

...plus sa "culpabilité" est grande => plus c'est sa faute.
Vous voyez le schéma?

Soit l'employé comprend ce schéma et ne s'y plie pas, soit il rentre dans la trame et vit un mal-être.

Ce mal-être est parfois compensé par une bonne rémunération (rarement), par une valorisation sociale et hiérarchique mais si l'équilibre (précaire) entre compensation et culpabilité penche dans le sens du sentiment d emal-être, alors il y a rupture de l'employé => stress, burn out, crise existancielle, etc/

Quand ce type de management est fait "par inadvertance", incompétence ou idiotie, on peut l'expliquer.
Quand il est fait volontairement et en conscience, c'est de la perversion.
Dans tous les cas, on voit que c'est un moyen de maintenir l'employé à la limite de sa santé mentale pour le manipuler et le presser comme un citron.
Et, c'est très souvent répréhensible (au sens de la loi).

Normalement, pour qu'idéal et réalité soient en concordance, il faut un vrai système de reporting, de valeurs et des dirigeants qui ne soient pas "coupés" de la réalité par une hiérarchie schyzophrénique.
Une norme ou un procédé sont élaborés en partant de la réalité et pas de l'idéal.
By Synchronn
#99938 Ne pas tomber dans l'effet inverse en stigmatisant les managers ou patrons et victimiser les salariés.

Un mec qui taf 2 heures par jour de plus sans compensation, que la simple caresse de la hiérarchie, est un con et je pèse mes mots.

Le mec, patron d'une boite qui essaye de tirer le max de ses employés est un gestionnaire, peut être bête et autoritaire mais les intérêts divergent entre les positions. Quand on demande 300 à un salarié, il en fait 250, quand on lui en demande 500 , il en fait 350.(oui c'est très généraliste mais je suis la tendance du thread)

Le passage du management autoritaire à celui plus humain ne peut se faire partout, aussi rapidement.

Ça va pas, tu te casses. Je suis un adepte du "je suis pas content, je cherche mieux".
By Gorgon
#101558 Je n'avais pas pu retourner sur ce forum depuis quelques semaines faute de temps, mais je suis assez satisfait que mon sujet ait pu entrainer autant de réponses. Merci pour vos avis et contributions ;)