- Sam Sep 29, 2012 12:43 pm
#126688
[quote]Je la connais bien, la solitude. C'est la vieille copine de ceux qui on accepté de ne ressembler à personne, de regarder en face leur unicité à la fois comme force et comme vulnérabilité. C'est une amie pas facile, exigeante, un peu dangereuse, comme une haute montagne peut-être mortelle si on se met soudain à regarder en bas ou à vouloir redescendre dans la vallée alors qu'on est encordé à flanc de paroi. C'est une épreuve à laquelle on doit se mesurer un jour ou l'autre parce que, pardon pour le cliché, mais on naît seul, on meurt seul et foncièrement, essentiellement, là où c'est important, on vit seul. Sinon on ne deviendrait pas complètement dingue à chaque fois qu'on découvre quelqu'un dont on pense qu'il va comprendre ce qui se joue dans notre solitude. Je regarde le temps que je passe à inventer des ruses d'apache pour essayer de la contourner, les heures cramées sur les réseaux sociaux ou le net pédé, ou dépensées à faire des choses dont le but est au fond un jour d'atteindre quelqu'un qui me reconnaisse et me comprenne : c'est déjà un mode plus noble de gérer la solitude que le cumul d'amis bidons sur Facebook (pardon pour les quelques vrais), mais il y a encore derrière ça un désir fusionnel, l'illusion de pouvoir colmater la brèche, et toutes ces blagues platoniciennes sur la « moitié » égarée dont notre conditionnement est pétri. Il n'y a pas de « moitié », il n'y a que des autres, et aimer ce n'est pas chercher à remplir un vide, c'est aller vers un autre en acceptant de lui montrer la fragilité douloureuse et belle qui a poussé, justement parce qu'on a accepté que le vide soit notre inévitable trésor. Aimer ce n'est pas cesser d'être seul, c'est être assez réconcilié avec sa propre solitude, pour pouvoir en accueillir une autre, sans prétendre la remplir ou la supprimer.
[url]http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/1339-choisir-sa-solitude.html[/url]
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