- Lun Fév 16, 2015 1:38 pm
#164868
En essayant d'analyser ma relation à mon père j'ai relevé deux ou trois trucs.
"Analyser" oui, carrément, parce que ça m'intéresse vraiment, ça me concerne, j'ai envie de comprendre le mécanisme. Sans pour autant me farcir des bouquins sans aucune image à l'intérieur.
Ce que j'en ai conclu pour le moment c'est que c'est une histoire de trouille, et aussi un peu, d'égo. La trouille mon ami, la trouille. C'est un poison, l'origine de 99% des maux de 99% des gens. Source ? Je n'en ai pas, c'est juste pour forcer le trait.
Normalement, quand on te pose une question dont tu ne connais pas la réponse, tu le reconnais et tu le dis, "ah désolé je ne sais pas". A l'autre de se débrouiller pour trouver la solution tout seul, ou auprès d'autres gens.
Dans mon éducation ça ne s'est pas passé comme ça, c'était plutôt une espèce de matraquage, "fais ceci, pense cela, fais comme moi il n'y a pas d'autre solution".
Un exemple idiot mais tout simple : imaginez que vous demandiez à un gars "où se trouve le restaurant Marco Polo ?" et qu'il ne le sache pas. Il va vous dire "je ne sais pas". Mon père lui ça serait un truc du genre "faut vraiment être un drôle de type pour aimer la cuisine italienne, c'est dégueulasse". Il ne sait pas où c'est, ça l'emmerde de le reconnaître, de passer pour un ignorant. Donc il te tourne le truc de façon à t'imposer son avis, te rappeler que c'est lui le patron.
Je force le trait, toujours. Mais le fond est là. Ego démesuré. Et trouille, car finalement, laisser son fils se débrouiller à chercher ailleurs, ça revient à 1) le perdre et 2) à lui faire prendre des risques. Des risques à son échelle, ceux que peut prendre un gosse de 10-12 ans quoi, bref.
En quatre mots, égo + trouille = mur d'incommunicabilité. L'incommunicabilité, fléau de l'humanité.
10-12 ans, puis 12-14, etc etc, immanquablement le gosse se retrouve en permanence demandeur de l'avis du père. Puis il ne pose même plus de questions car ce sont toujours les 4 ou 5 mêmes trucs qui reviennent (c'est nul, c'est inutile, etc). Et comme la trouille est contagieuse, à la fin du bout du terme, il est complètement incapable de prendre une décision.
Il n'y a rien d'étonnant à ce que le gosse passe sa vie à se demander si ce qu'il fait est juste. Je ne dis pas que c'est inéluctable, 50% des pères doivent ressembler à ça, et tous les fils n'ont pas mon parcours. Donc c'est pas inéluctable. Mais c'est vraiment pas étonnant.
Ceci dit moi aussi j'ai des peurs et l'avantage de piger que tout le monde a peur de quelque chose, c'est que tu n'en veux à personne, tu sais ce que c'est, donc tu comprends. En fait j'ai une grosse peur, et quelques petites. J'ai voulu commencer par elles, c'était pas la bonne méthode. La grosse je l'ai ignorée, là je me suis attaqué à elle, c'est long mais ça se fait, bon bref j'en ai déjà parlé.
J'ai vu qu'un séminaire était programmé à ce sujet, "vaincre vos peurs" je crois, en Mars. Autant dire que j'ai hâte d'en connaître le contenu.
L'égo je n'en ai pas, ou très peu. Et je m'en félicite. J'ai aucune envie d'écraser celui ou celle à qui je devrai transmettre. D'ailleurs je pense que je vais essayer de ne rien transmettre, j'aiderai et c'est tout, je m'effacerai plutôt que chercher à me "voir dedans" si je puis dire. Je ne veux pas être un modèle et encore moins une icône. J'en suis pas là, mais j'y pense et ça m'aide dans mes rapports aux autres. Se sentir puissant c'est bien, se sentir peu de choses, je commence à me demander si c'est pas mieux.
Oui le top du "développement personnel" ce serait de se dire, ou plutôt de se rendre compte, qu'on est que dalle. Là encore je force le trait mais l'idée n'est pas loin de ça. Détachement maximum, un truc comme "je sais ce que je vaux mais j'en fais pas un sac, je fais juste ce que j'ai à faire". Dans développement personnel, après tout, il y a "personnel", ce qui sous-entend qu'on a chacun le nôtre alors que pourtant les mecs qui s'y intéressent font et pensent à 90%, les mêmes trucs (toujours pas de source, non).
Bon je n'arrive pas à bien exprimer tout ça, peu importe. Je me comprends à peu près.