- Dim Mar 06, 2011 1:40 am
#106322
L’homme idéal est un très bon titre, mais ce n’est pas le mien. Ou plutôt, c’est celui que j’ai fini par trouver, de guerre lasse, après avoir refusé la douzaine d’autres que Flammarion m’a proposés. Mon idée initiale avait de toutes façons été jugée trop littéraire et «jouant trop sur la connivence» par le premier comité de lecture, qui l’avait immédiatement évacuée comme on tire une chasse d’eau. Je sais, vous allez me demander en quoi elle consistait. Non, désolé je ne vous la dirai pas, j’ai besoin de sentir qu’elle m’appartient encore un petit peu.
Episode 1 : Sensations
Episode 2 : Occasion
Episode 3 : Réactions
Episode 4 : Rédaction
Episode 5 : Dépression
Episode 6 : Rédaction (bis)
Episode 7 : Expédition
[size=150]Episode 8 : Négociations[/size]
Episode 9 : Pulsations
Episode 10 : ... Séduction
La seule image que je me faisais (et que je me fais toujours) d’un comité de lecture vient du cinéma, c’est vous dire à quel point elle doit être vraie. Dans
L’homme qui aimait les femmes, Brigitte Fosset défend le manuscrit de Charles Denner devant une poignée de quinquagénaires rondement attablés, dans une ambiance de conseil des classes du dernier trimestre. Puis elle roule en taxi l’accueillir à l’aéroport et discuter le titre définitif - discussion qui ne dépasse pas la petite minute - avant qu’ils n’éprouvent le besoin de sceller le contrat qui les lie en allant au lit poursuivre leur débat. Je vous le disais, ma vision du comité de lecture est vraisemblablement quelque peu romancée. Tenez, prenez les propositions de titres, par exemple. Je connaissais le mien depuis près de deux ans (celui qui a disparu dans les toilettes, cf plus haut). En quelques secondes son éviction a laissé place à un grand vide sur la couverture. Enfin, à un petit détail près : la couverture n’existait pas encore, c’était donc un grand trou dessiné sur un grand vide. Tout cela avait de quoi stimuler l’imagination.
Et pendant que je cherchais des titres remplaçants (notamment grâce à vous, cf une newsletter de 2010, à laquelle je vous remercie encore une fois d’avoir répondu aussi nombreux), le
comité graphique planchait sur la couverture et pondait des propositions par paquet de quatre. Pour être franc, les deux premiers paquets étaient, hmm, comment dire... Disons que si je n’avais pas encore eu les idées bien claires sur tous les clichés qui se cachent derrière le mot
séduire, c’était maintenant chose faite. Une rose rouge, une voiture cabriolet de la même couleur, une veste de costume largement épaulée; non, tout ça n’était pas bien sérieux, il fallait négocier le principe d’une couverture sans dessins ni photos. Ouille, négocier, le mot est lâché.
[img]http://img847.imageshack.us/img847/3508/zz1aec570e.jpg[/img]
Je n’ai jamais aimé négocier un tarif, ça me rappelle la mascarade triste des taxis à Marrakech. Négocier
une idée, par contre : ça, ça a une autre allure. A condition de ne pas tomber dans le vice de l’époque consistant à tout faire par email. On m’a appris que l’on négociait comme on jouait aux échecs, et il ne me semble pas qu’Outlook express soit le meilleur moyen de faire roquer la tour avec le roi. C’est donc à plusieurs reprises que j’ai pris le chemin du bureau en verre donnant sur la Seine, et autant de soirées à préparer ces rendez-vous avec une méthode de ma concoction. Ceux d’entre vous qui ont fait l’atelier dream-job le savent : exception faite de ceux avec votre dentiste ou votre maîtresse, les meilleurs rendez-vous sont d’abord ceux qui ont été préparés.
La couverture que vous allez tenir entre les mains dans... moins de deux semaines maintenant (!) est l’objet d’une longue négociation entre le comité graphique, le marketing, la direction de collection, d’autres personnes que j’ai probablement oubliées, et l’auteur (bibi). De même pour le titre. De même pour le sous-titre. De même pour la police des caractères. Et sans oublier la quatrième de couverture. Le texte, en revanche, le texte a fait l’objet d’une surprise telle que je n’aurais pas même osé en rêver.
J’avais tout entendu. Qu’un auteur - a fortiori jeune et inexpérimenté - serait systématiquement réécrit ; ses phrases refaites ; ses idées réorganisées (pour ne pas dire reformatées) ; son champ lexical châtié ; son style émasculé. Euh, pardon, je voulais dire : son style
amélioré. Eh bien croyez-le ou non : il n’en a rien été. Les 313 pages sont
exactement ce que j’ai écrit, brutes comme une gitane sans filtre. J’ai «rangé» la plupart de mes récits de rencontre pour raisons personnelles. Mais si le ton vous manquait, alors vous allez pouvoir vous rassasier. Et sur un beau papier. Le fond non plus, n’a pas fait l’objet de négociations. J’avais voulu
50 chapitres courts (5 à 6 pages chacun), abordant séparément et bien distinctement tous les aspects d’une séduction naturelle, élégante et efficace. Ainsi en a t-il été. J’avais voulu qu’il soit possible d’entrer dans le livre par n’importe lequel de ses chapitres et d’y apprendre quelque chose en moins d’une minute. Ainsi en a t-il été. J’avais voulu que des exemples de situations vécues y figurent. Ainsi en a t-il été. Pas un prénom n’a été changé.
Une vidéo fait le tour du monde sur Youtube depuis quelques années, on y voit un professeur d’hec expliquer que la chance se travaille, qu’elle est le résultat d’un processus, qu’elle se mérite. J’ai dû être meilleur à l’école de la chance qu’en classes préparatoires alors, car elle est bien arrivée. Et au meilleur moment.
[size=150]A suivre : épisode 9, "pulsations"[/size]
Les 30 premières pages disponibles gratuitement à la lecture en devenant [url=http://www.facebook.com/pages/Lhomme-ideal/145260695535146?sk=app_4949752878]Fan de
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Modifié en dernier par Stéphane le Dim Mar 06, 2011 10:25 am, modifié 1 fois.