Les films que vous avez vus, à travers le filtre de la séduction, du lifestyle, et du look

Modérateurs: animal, Léo

By UnfixedCat
#152178 Je ne connais pas le film, mais c'est peut être volontairement qu'on lui fait porter des vêtements qui cassent son allure, lui donnant un air plus paumé que nature.
Les costumes doivent être étudiés pour aider à façonner le personnage.
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By coug
#152180 UFC ton message me rappelle l'interview de la styliste du film Fight Club. Elle racontait qu'ils sont allés acheter les costumes les plus miteux possibles, mais qu'ils allaient toujours trop bien à Brad Pitt, parce-que "tout lui va bien".

Donc ils ont été obligés de lui faire des costumes sur-mesure volontairement difformes, pour donner ce côté paumé, négligé, presque clochard.
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By Maurice
#152185 Le Procès Paradine aurait pu être un bon Hitchcock, mais c'est déjà un Hitchcock, donc, c'est déjà au moins correct. Une épouse blonde dévouée, une femme brune, fatale dans tous les sens du terme, et le très charismatique Gregory Peck se transformant peu en type complètement perdu, non seulement sentimentalement, mais aussi dans l'affaire qu'il plaide. A voir.

[img]http://p4.storage.canalblog.com/46/75/110219/35675180.jpg[/img]
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By Maurice
#152211 Moi, la petite brune bien apprêtée (oui, comme dans la photo)... impossible de m'ennuyer avec ça ! Je craque comme Gregory Peck. A chacun son style ;).

Il s'agit de l'actrice italienne Alida Valli, qui a tenté une petite carrière à Hollywood sans grand succès. Je la range volontiers dans mon paradis imaginaire des pin ups des temps passés.

[img]http://www.notrecinema.com/images/stars/cache/alida-valli-wallpaper_1721_7680.jpg[/img]

Ceci étant, je suis assez d'accord, il y a eu des moments plats et l'on peut s'y ennuyer plus que moi, en outre le comportement de l'avocat ne laisse pas d'être quelque peu étonnamment immature en faisant tout ce qu'il est déconseillé de faire ici - ou peu s'en faut !

***

Je voulais aussi répondre à Unfixedcat, peut-être a-t-il raison : c'est un film (Betty) où tous sont complètement tordus là-dedans... A l'occasion j'essaierai de repenser à la question en revoyant d'autres films.
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By Maurice
#152362 Je profite de mon arrête maladie pour continuer d'explorer ma vidéothèque avec vente à l'appui et avis donné ici.

Daredevil de Mark Steven Johnson. Quelques rares moments de beauté (le visage apparaissant sous la pluie) pour un film insupportable, filmé à la truelle, accumulant les musiques lourdingues en faisant un énorme clip pour adolescents... sauf qu'il est bien dommage de mettre des choses aussi violentes sous les yeux des adolescents. Et enfin, des invraisemblances scénaristiques effroyables. Et pourtant, je suppose qu'il existe une suite à cette cochonnerie là, et il me faudra bien la voir. Du cinéma Mc Do : plein de graisses trans, de glucides et de machins chimiques et pourtant, parfois, on y revient (une fois tous les trois mois pour moi). Ca fait passer le temps quand votre nez se prend pour une fontaine.

Buenos Aires zero degree de je ne vais même pas vous donner les noms des réalisateurs tellement c'est nul. C'est en quelque sorte l'opposé du précédent. Je pensais qu'il s'agissait d'un film de Wong Kar Waï, histoire de donner une seconde chance au réalisateur taiwanais, mais non : c'est un film sur le film qui devrait uniquement être distribué en (mauvais) bonus. C'est prétentieux au possible, comme le cinéma dit d'art et essai sait l'être trop souvent, chinois ou pas. Daredevil se laissait voir jusqu'au bout : j'ai ici arrêté les frais au bout de 10 minutes.

Quai des brumes de Marcel Carné
D'un côté une histoire qui tient à un fil, des situations extrêmement artificielles et puis des moments de magie - parfois même à l'intérieur de ces instants artificiels. Une langue permise par les dialogues de Prévert et le roman de Mac Orlan savoureuse. Oui, on est entre le rêve et la réalité, entre poésie et réalisme : un genre casse-gueule s'il en est, et dans lequel se casseront la gueule nombre de cinéastes d'hier et d'aujourd'hui. L'avantage du film de Carné, c'est qu'il est court, là où les films qui sont les héritiers de cette veine, et que généralement je n'aime pas, tendent à allonger inconsidérément les parties sans action.
Comme tout le monde je suppose connaît l'extrait qui suit, mais ne l'a pas forcément toujours bien regardé, il me semble qu'il y a là, pour l'apprenti homme séduisant, bien des leçons à retenir, notamment le fait que les femmes intéressées vous facilitent la tâche.
En dépit de mes réserves, c'est le seul film des six précédents que je vais conserver. Notamment pour les manières de parler de Gabin, véritable témoignage vivant d'une façon de parler disparue.
[video]http://www.dailymotion.com/video/x96b9q_gabin-morgan-quai-des-brumes-1938-e_shortfilms[/video]
By raph
#152402 Juste un petit hors-sujet pour poser une question:

Quand même, qu'est ce que vous leur trouvez à "ces vieilleries"?

Je veux dire, souvent le son est HS, la bande son est insupportable ( genre celle de Vertigo...) et en plus, les dialogues sont complètement dépassés ( s'est on déjà exprimé comme cela à cette époque? les "mon petit" etc pour parler a une jeune fille). Ne parlons même pas de la trame scénaristique/déroulement qui lui, est souvent KO technique...

Hormis quelques (trop) rares perles, qui ont un scénario/photo qui compense largement le reste ( Ex: Vertigo, un tramway nommé désir), je trouve le reste gnangnan au possible, à la limite du regardable.

Pour moi, 80% des films de Carry Grant par exemple sont vraiment ko. Quand je vois de nombreux avis ici complètement positifs, subjugués par le jeux d'acteur/charisme de cet acteur (qui se trimbale même à la campagne en costume 3 pièces en été), rire encore des dialogues ( à moins que ce ne soit un rire jaune?) des comédies qu'il a pu tourner ou bien leur donner le qualificatif de "délicieux" " jouissifs", je me dis qu'il doit y avoir un truc caché, un truc qu'on doit prendre a l'apéro juste avant de regarder le film, ou bien que "je n'ai pas le niveau?"

Est il possible d'avoir un avis averti sur ce sujet?
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By Maurice
#152403 Moi, je vais jusqu'au muet ;).

Toute sensibilité se développe et ne vient pas tout seul. Regarde le nombre de gens qui ne supportent pas la vost, alors que moi, je ne comprends pas comment on peut regarder un doublage et se satisfaire donc d'un son de merde (justement) car inauthentique.

J'imagine qu'une personne bercée par le cinéma américain à tendance épileptique pour adulescents des dernières années, doit avoir du mal avec un cinéma plus exhaustif et qui prend son temps de montrer les signes qu'il développe (sans pourtant rentrer dans la catégorie inverse qui existe actuellement aussi, celle du film contemplatif d'art et essai, assez effrayant).

Ta question, c'est un peu comme dire : mais qu'est-ce que vous lui trouvez à ce vin, à ce whisky, à 100 euro alors que je me torche la gueule aussi bien avec mon JB arrosé de coca light ?

L'avantage du grand cinéma, c'est qu'il n'est pas plus cher - voire est gratuit.

Il faut déjà passer par une phase de culture où l'on regarde un peu les grandes références. On évite le plan pop corn, copine, téléphone, on se met dans le noir et on transforme la chose en rituel. On privilégie évidemment la VO, toujours, toujours, toujours (et si on n'a pas l'habitude des sous-titres, on se force, la chose vient au bout de 3 à 10 films).

Dans ces grandes références, il y a sans doute des films qui ont plus marqué que d'autres et donc, on peut prendre comme référence le metteur en scène pour découvrir ses autres films - parfois cela marche, parfois non. (Sinon, bien sûr que le produit film est bâtard et que l'auteur est plus que jamais une notion douteuse, mais souvent le metteur en scène cache en réalité une équipe qu'on retrouve de films en films).

La tentation ensuite c'est la boulimie (je l'ai eu... ce qui fait que je me suis retrouvé avec 600 DVD... dont j'en ai heureusement déjà revendu 300).

Plus pertinent est d'arriver à la fin à des critères esthétiques personnelles. Voici les miens, qu'on m'a rappelé dans un message fort sympathique dernièrement :

"Ce que je demande à un livre ? Tout d'abord, d'une manière ou d'une autre de renforcer mon plaisir d'être de ce monde, de m'apprendre quelque chose sur le monde si possible, et si en outre il est écrit d'une manière harmonieuse, il y a toutes les chances pour que j'adore"

Tu remplaces "livre" par "film" et voilà.

Ensuite, si tu n'aimes pas le cinéma, ce n'est pas grave : moi je n'aime pas le fromage et le monde ne s'en porte pas plus mal ! ;)
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By Maurice
#152404 Ce qui est bien aussi, pour affiner ses goûts, c'est l'habitude de lire de bonnes critiques après un film qu'on a vu et d'essayer de comparer son point de vue avec celui du critique. "Bonnes critiques" ne veut pas forcément dire "critique positive".
Mais cette méthode est un peu casse-gueule, même si elle permet de bien développer cette sensibilité. Elle est casse-gueule car il y a énormément de copinage et d'idéologie dans le monde de la critique de cinéma, comme dans celui du cinéma.

Il est intéressant par exemple de se replonger dans ce qui est peut-être la plus grande bataille polémique du cinéma et qui a valu une guerre entre deux grandes revues : Positif et les Cahiers du cinéma. La Nouvelle Vague pour comprendre les enjeux esthétiques, mais aussi l'immense mauvaise foi qui pouvait animer ces critiques (Godard, Truffaut, Chabrol et Rivette).

Il est bon aussi d'avoir quelques notions : plan, séquence, plan-séquence, effet Koulachov etc.

Sur l'effet Koulachov :

[video]https://www.youtube.com/watch?v=PWEFzC1UFJ0[/video]

Bref, il faut aussi se renseigner par soi-même et lire un peu pour développer son goût (par exemple, lire une Histoire du cinéma). Et puis à la fin, on oublie un peu tout ça lorsqu'on a développé un goût personnel selon des critères personnels et qu'on n'est pas non plus un obsédé de cinéma (ce qui est devenu mon cas). Bref, chacun sa recette en quelque sorte au final !
By raph
#152405 Je te rassure, j'aime le cinéma, et mes films préférés ne sont pas des films récents. J'ai regardé pas mal de films anciens ( Hitchcock, Sergio Leone, Kazan etc) qu'on m'a d'abord prêtés en VHs, à l'époque :D .

Mais pour moi, 70% de ces films ( comme de nos jours?) sont tout bonnement à jeter... J'ai juste l'impression que beaucoup "se l'astiquent" parce qu'il y a Carry Grant ou James Stewart dedans, que ca fait bien... Et non pour le film en lui même. Sérieux, qu'est ce qu'il y a de génial dans "Arsenic et vieilles dentelles"?

Après, il est vrai que tout ce qui plait a A ne peut plaire a B.
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By Orphée
#152406 [quote="Maurice"]
Daredevil de Mark Steven Johnson.
Alors, non, il n'y a pas de suite vu le tollé qu'il s'est pris mais la version director's cut est amha bien meilleure (sans en faire un chef d'oeuvre, hein), en coupant dans la romance relou, en ajoutant toute une sous-intrigue du procès d'un drogué (avec Coolio, coupé au montagé ciné :o ) afin de faire de la place pour Murdock autant qu'à Daredevil. 30 minutes de plus, agencées différemment, il n'y a pas photo. Le problème, c'est que tout le monde regarde le theatrical cut.

Joe Carnahan, le réalisateur du Territoire des loups, voulait faire un film Daredevil, ambiance années 70, il y a une bande-annonce/montage sur youtube de l'ambiance qu'il aurait aimé développer et qui est assez chouette, mais le personnage est revenu dans le giron de Marvel faute d'avoir lancé le projet à temps. Marvel qui prévoit une série sur Netflix (House of Cards, Orange is the new black, Rectify...) sur le personnage (et une poignée d'autres héros ou super-héros urbains).

Après, si tu veux du film de super-héros, il y a aussi bien mieux. :mrgreen:
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By Maurice
#152407 @ Orphée
J'ai vu Daredevil en DVD selon la version du réalisateur... ;).

Je continue avec mon Koulechov...

Maintenant, illustration d'effet Koulechov dans une séquence de cinéma ultra connue (20 premières secondes, avec effet de rapprochement pour faire monter la tension).

[video]https://www.youtube.com/watch?v=g458w2X9uHc[/video]

L'effet Koulechov est plutôt condamné, en tant qu'effet de montage, par la Nouvelle Vague qui tend à encenser le plan-séquence (moi aussi je préfère). La Corde, film à voir d'Alfred Hitchcock se veut un film en un seul plan séquence (c'est à dire une seule prise de caméra pour tout le film, ce qui est normalement impossible, car il fallait recharger la pellicule toutes les 8 minutes si ma mémoire est bonne, mais par des tours de passe-passe, Hitchock donne l'illusion du plan-séquence).

A bout de souffle, fait à ce titre un usage particulièrement pernicieux du montage, puisqu'il tend à couper ce que l'on devine être du plan séquence : c'est pourquoi la Nouvelle Vague est importante dans l'histoire du cinéma (même si cette volonté trop formaliste est asséchante au final, ce qu'on d'ailleurs vite compris la plupart des membres de ce groupe plutôt hétérogène).

Avoir une approche purement formaliste du cinéma est un aussi desséchante qu'avoir une approche quant au contenu est plutôt pauvre, c'est personnellement par un mélange des deux que je me construis mon Panthéon.

Ensuite, c'est comme pour les dégusteurs de vin : on est plus analyste ou alors on connaît un peu les grands principes mais on est plutôt intuitif : je suis plutôt intuitif, je ne dissèque pas les films en les regardant car je considère qu'un grand film est avant tout un film fait pour le plaisir du spectateur et que si le spectateur se coupe de ce plaisir en faisant marcher sa machine à analyser, il se coupe du film et fait un lourd contresens (du même ordre que ceux qui vont voir un film en connaissant déjà l'histoire, choix que j'ai toujours trouvé parfaitement crétin quand on peut faire autrement - évidemment, si c'est la vie de Jésus...). C'est après plutôt, en y repensant, que je fais quelques réflexions personnelles qui valent ce qu'elles valent et que je fais partager ici d'ailleurs.
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By Maurice
#152409 En revoyant la séquence du film d'Hitchcock, on se rend compte qu'il utilise le montage pour faire monter la tension et que l'effet Koulechov se poursuit durant toute la première minute, mais qu'il est malgré tout contraint de mettre à un moment l'avion et le personnage sur le même plan pour que la scène soit totalement crédible.

Un mauvais réalisateur, un petit budget, un truc de télévision vous épargne généralement de voir l'un et l'autre en même temps, ce qui nuit à la crédibilité de l'ensemble : ce sont les limites de l'effet Koulechov ;). Souvent par exemple, dans des mauvais films avec des animaux, on voit les animaux sur un plan et les humains dans un autre et on ne les voit jamais ensemble. Ou encore une utilisation exagérée du champ / contrechamp (ou la personne parle à la caméra et où le spectateur s'imagine qu'il parle à une personne) : chose qu'évite totalement un Rohmer par exemple, à ma connaissance.