- Jeu Déc 15, 2011 12:49 pm
#116421
[quote="TANZAN"]Non non c'est pas le cas, j'en sais quelque chose, ça m'est déjà arriver une fois (la fille sur la photo était proche du mannequin pour te dire, c'était bizarre...)
Faire un peu de psychologie de comptoir semble nécessaire à ce stade. En général, c'est à éviter, parce qu'à trop fouiller leur fonctionnement, tu finis par excuser les plus terribles de leurs comportements. Je fais volontiers l'impasse sur le fait qu'elle peut se pousser au cul et surmonter ce problème d'amour-propre qui touche tout le monde, et même les plus jolies comme tu le rappelles. Je passe à côté pour deux raisons.
D'abord parce qu'une fille qui arrête de se mentir en portant un regard honnête sur sa vie, et qui agit en conséquence de manière intègre avec les autres, je n'y crois plus trop en ce moment. C'est ma phase amère, c'est pas tellement intelligent ni particulièrement chargé en espoir, je sais.
Ensuite, parce que le souci ce n'est pas tant ses défaillances que la racine du problème qui les déclenche. Elle se trouve suffisamment laide (peu importe qu'elle le soit vraiment) pour te faire des difficultés. La photo c'est la première des barrières à surmonter quant à son image, et tu peux être quasiment certain qu'elle se ramassera sur toutes les suivantes (j'essaie de nuancer un peu, mais là c'est très dur). Quand un coureur au 110 mètres haies se mange la première de toutes, c'est rare qu'il finisse la course en bon ordre...
[quote="TANZAN"]Si elle est réellement comme elle écrit, c'est pas le caractère qui lui manque, mais elle a aussi des doutes, et surtout, une sacré maturité pour son âge (19ans), d'ailleurs elle le dit elle même : "j'ai 19 ans je me sens souvent plus mure que certaines personnes de 40 ans".
Tu n'y crois pas vraiment, heureusement. En ayant l'opportunité de lire ici des gens qui ont une véritable expérience de la vie, tu as forcément constaté que le fossé est grand. Plus mure que des ignorants de 40 ans, ok, que de vrais adultes, j'en doute. Et puis le dire soi-même, bof bof. A la rigueur on nous le dit, et on y croit, ou pas, mais se le coller sur le front comme un timbre que tu devrais tamponner pour qu'il soit valide, c'est précisément de la recherche de validation. La compensation par une fierté exacerbée portant sur une vérité qui n'en est pas une, puisque c'est une opinion, tout ça pour étouffer ses nombreuses insécurités et regonfler artificiellement son ego, voilà le topo. C'est joyeux. Mais au fond, la façon dont tu tournes les choses induit que tu te laisserais bien convaincre par sa phrase. Je trouve ta naïveté touchante, et j'avais la même à ton âge.
Bon, je ne suis pas subitement devenu un vieux briscard qui a tout vu, tout fait, du haut de ses 26 piges, loin (très) de là. Quand j'étais plus jeune, j'étais certain d'être plus mûr que la moyenne, un peu parce qu'on me le disait souvent. Et puis j'ai fini par réaliser que la valeur de ça dépendait énormément de la personne qui le disait. En l'occurrence, on avait parmi ces gens là des pères de famille qui passaient cinq soirs par semaine sur un jeu vidéo à raison de 4 heures par soir. On connait mieux comme vie constructive et équilibrée. J'ai aussi fini par comprendre que leur remarque ne pouvait de toute évidence pas porter sur ma maturité sociale, puisqu'ils ne la voyaient pas, et là ils auraient déchanté.
Je raconte ça, parce que ta minette, là, elle est sûre d'avoir du potentiel, et elle croit que ça suffit pour parler de maturité. Elle a l'air de croire que se poser des questions dans la vie est une activité qui sublime la découverte des réponses, et qu'un esprit torturé par des questions d'un autre âge vaut mieux qu'un individu habité par la légèreté de l'adolescence. On ne va pas lui reprocher, c'est une grande adolescente. Oui, justement, c'est une adolescente, pas une adulte comme elle voudrait le croire. Ce n'est pas une adulte comme elle voudrait que tu le croies, ou plutôt comme elle voudrait te l'entendre dire pour qu'elle y croie elle même un peu plus fort.
Cette maturité c'est du pipi de chat, elle est perdue, comme toute fille de 19 ans est perdue. La différence avec elle, c'est qu'elle est dans le déni, big time. Elle peut avoir envie de progresser, et c'est beau. Je verserai même une larme commémorative en relisant ce soir les machins que j'écrivais en 2008. En attendant, si ça fait probablement d'elle quelqu'un d'intéressant (pour peu qu'on prête de l'intérêt aux personnalités torturées, et donc qu'on ait un vice pour les paumés), ça ne fait pas d'elle une fille heureuse. Une fille qui n'est pas heureuse ne peut pas apporter de véritable bonheur. Elle débarque, elle pose ses bagages, et elle en a beaucoup.
Donc, franchement, ces échanges certainement très rassurants sur ta capacité à sauver le monde, parce qu'elles te disent que tu es ttteeeelllement (prendre l'accent québécois de Céline) formidable, tu peux les foutre à la benne. Je ne dis pas que tu n'es pas formidable. Je dis que quelqu'un qui ne connait pas assez de gens formidables est forcément au fond du trou, et qu'elle te fera plonger avec elle.
Je dramatise, oui. Il y a de belles histoires qui passent par la compensation mutuelle des peurs de chacun, oui. Deux boiteux peuvent s'appuyer sur la même béquille à condition de marcher de manière synchronisée, ok. Maintenant, si tu as de l'ambition pour ton équilibre dans la vie, et que tu essaies vraiment de te débarrasser de ta béquille, évite de chercher du côté des unijambistes.
Alors je me doute bien que tu ne vas pas lâcher Internet dans la seconde. Si tu étais très volontaire dans l'affrontement de tes insécurités, ça n'aurait pas pris autant de temps à t'amener là. Ça m'a pris et me prend beaucoup de temps aussi, j'éprouve donc de la sympathie pour toi mon cher Tanzan. Mais dis toi bien que ce morceau de zone de confort que tu tiens là ne te satisfera jamais. Pas vraiment. Ne t'habitue pas à ses arômes artificielles. Vise le fruit, tu as toutes les ressources nécessaires (en toi, et ici) pour y parvenir.
Je n'ai pas de mépris pour les gens qui n'ont pas l'ambition d'être des individus entiers, sans besoin de compensation perpétuel chez les autres. Par contre, une fois qu'on a choisi d'avoir cette ambition, c'est malheureux de se contenter d'un ersatz pour se persuader qu'on a atteint son but. Tu as signé un contrat moral. Ne pas tenir une promesse qu'on s'est faite, c'est moche.