- Mar Avr 08, 2014 8:00 pm
#150079
[quote="Stan"][quote]C'est un peu ridicule d'avoir une répulsion pour les "poètes" quand on écrit plusieurs FR (assez bien foutu) sur Spikesed.
Il y a là un beau paradoxe à creuser.
Aucun paradoxe.
J'y vois là simplement une critique de celui qui devient poète parce que frustré, qui commence à magnifier la femme, son odeur, son corps, etc., le tout sans aucune activité sexuelle.
Mais ça n'empêche pas le même séducteur de se mettre à romancer sa rencontre avec la femme. On peut aimer séduire et aimer raconter.
Ah ? C'est ça le poète ? Et c'est dans le texte ? Bah il faudrait peut-être diversifier ses sources un peu, non ?
Je ne sais pas, lire un peu de poésie, au lieu d'ânonner son bréviaire. Tiens, par exemple, celui-ci qui te montrera à quel point tu dis n'importe quoi. Mais j'aurais aussi pu citer Ronsard. Faudrait peut-être arrêter de prendre les poètes (qui n'existent plus d'ailleurs) pour des cons... ça leur ferait des vacances, du moins pour leurs os.
Une Charogne
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
— Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!
Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!
— Charles Baudelaire
Il y a là un beau paradoxe à creuser.
Aucun paradoxe.
J'y vois là simplement une critique de celui qui devient poète parce que frustré, qui commence à magnifier la femme, son odeur, son corps, etc., le tout sans aucune activité sexuelle.
Mais ça n'empêche pas le même séducteur de se mettre à romancer sa rencontre avec la femme. On peut aimer séduire et aimer raconter.
Ah ? C'est ça le poète ? Et c'est dans le texte ? Bah il faudrait peut-être diversifier ses sources un peu, non ?
Je ne sais pas, lire un peu de poésie, au lieu d'ânonner son bréviaire. Tiens, par exemple, celui-ci qui te montrera à quel point tu dis n'importe quoi. Mais j'aurais aussi pu citer Ronsard. Faudrait peut-être arrêter de prendre les poètes (qui n'existent plus d'ailleurs) pour des cons... ça leur ferait des vacances, du moins pour leurs os.
Une Charogne
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
— Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!
Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!
— Charles Baudelaire