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Modérateurs: animal, Léo

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By Maurice
#148544 J'écoute (en préparant du travail pour demain) : [url]http://www.radiocourtoisie.fr/18351/libre-journal-des-belles-lettres-du-7-mars-2014-rehabilitons-les-auteurs-oublies-la-francophonie-la-passion-pour-marcel-proust/[/url]

Libre Journal des belles-lettres du 7 mars 2014 : “Réhabilitons les auteurs oubliés ; La francophonie ; La passion pour Marcel Proust”

Alain Lanavère, assisté de Jacqueline Loevenbruck, recevait Bernard Baritaud, directeur de la revue La corne de brume, Christian Pelletier, secrétaire général du Centre de réflexion sur les auteurs méconnus, Antoine Assaf, philosophe, écrivain, François Claudel, petit-fils de Paul Claudel, Pierre Labrousse, professeur de philosophie et Laurence Grenier, pharmacienne, écrivain, pour une émission consacrée à la réhabilitation des auteurs oubliés, à la francophonie et à la passion pour Marcel Proust.

Comme je suis en train d'écouter, je ne sais pas ce que ça vaut, mais c'est amusant car j'ai pour projet de lire quelques auteurs "oubliés" ce printemps.

En écoute libre pour deux ou trois jours encore (sur Marcel Proust, en deuxième partie).
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By Maurice
#148550 Autant la première partie de l'émission (qui dure bien 4 heures au total) est une aimable causerie - dont un éditorial contre la philosophie allemande qui ressemble à un truc que j'ai écrit ici, autant ceux qui ont lu Proust auront grand plaisir, sans doute, à écouter la deuxième partie, une petite merveille d'intelligence, sans le côté prétentieux du philosophe de la télévision. On retrouve avec bonheur le texte proustien et une analyse fondamentale de l'oeuvre très finement menée dans cette conversation entre le vieux professeur de la Sorbonne et cette pharmacienne totalement dans sa passion et dans le partage de sa passion.

Comme toujours, je tiens à préciser que cette émission contient des passages révélant trop de choses de l'oeuvre, et je trouve ça dommage : il faut rentrer dans Proust en en connaissant le moins possible.

Le blog de Laurence Grenier, "Proust pour tous" (bilingue franco-anglais) : [url]http://proustpourtous.over-blog.com/[/url]
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By Ventel
#148647 Découverte d'un grand auteur allemand : Jakob Wassermann, avec L'or de Cajamalca.
Une prose étonnante et d'une qualité à ... ne pas s'en remettre.

Petite biographie sur wiki :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jakob_Wassermann

J'ai été ému de savoir qu'il a commencé sa carrière de romancier en étant juif errant (et qu'il l'a terminée en étant juif traqué).
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By Maurice
#148668 J'ai compris un truc Ventel.

Je ne sais pas si tu te souviens de cette vidéo où on voyait Stéphane en train de filmer un couple à la terrasse d'un café jouant (ou pas) un premier rendez-vous. Si ma mémoire est bonne, le constat avait été que les choses étaient trop factuels entre ces deux-là. A savoir que chacun racontait des petits trucs de sa vie, des petites pensées, demandaient à l'autre la même chose, mais qu'il n'y avait aucun ressenti dans ce qu'ils disaient : autrement dit, ce n'était pas séduisant.

Ton propos sur ce "grand" écrivain allemand est "encyclopédique" et donc ennuyeux et ce que tu en dis ne donne absolument pas envie d'aller voir du côté de cet auteur-là. Moi-même je dois bien faire pareil parfois. Quant à ta certitude que c'est d'une qualité à ne pas s'en remettre, c'est emphatique mais ça ne nous dit rien sur l'essentiel : toi en tant que lecteur, qu'est-ce que tu lui trouves à ce Wasserman, qu'est-ce qui te touche, en quoi tu le juges aussi important ? La culture que tu peux avoir ne doit rentrer que dans ce cadre subjectif là, car en fin de compte, il s'agit de nous faire partager une expérience de lecture.

Oui, c'est à travers ton expérience de lecteur que tu dois nous transmettre en quoi Wassermann pourrait nous apparaître comme une promesse de grandeur. Le reste, c'est du genre : "achetez la lessive Balcon qui lave encore plus mieux que toutes les autres réunies".

L'autre jour, à la terrasse d'un café, j'écoutais une fille raconter son voyage à Lisbonne à une autre. C'était exactement pareil : factuel et "trop génial", aucune expérience de vie, et mes oreilles indiscrètes en bâillaient avec son amie. Elle faisait manifestement partie de ces gens qui se font payer un voyage par leur petit copain comme un dédommagement de l'ennui qu'elles subissent et qui est juste un petit peu trompé à l'étranger (l'ennui, pas le copain) - cas très courant par ailleurs.

De toute façon, je crois que pour elle, c'était sans espoir : j'ai ma petite conviction que pour bien raconter un voyage, il faut aller une première fois dans la région qu'on veut visiter, prendre une sorte de guide pour ensuite se remémorer et apprendre à partir de souvenirs d'impressions brutes dont on n'a en réalité pas grand chose à dire, et pour finir, y retourner et mêler délicieusement aux souvenirs de ses premières impressions le fait de comprendre ce que l'on a sous les yeux. (Les collectionneurs de destinations à faire me semblent avoir tout faux en ceci, car la forte impression de dépaysement... est toujours la même où qu'on aille. Ce qui est bien plus intéressant, bien plus bouleversant, bien plus enrichissant, c'est la période de familiarisation, d'appropriation réciproque entre toi et une région).

A la limite, tu nous copies les premières lignes de ce que tu lis, sur un air de "lisez-moi donc un peu ça !"
Ceci étant, il est des situations où cela peut fonctionner : tu es un leader et tu as une sorte de "cour", à ce moment-là, nombre de tes suiveurs iront voir les yeux fermés sans doute ou alors ce que tu fais (parce que tu as des goûts qui ont rarement déçu aussi dans ses recommandations), c'est une sorte d'appel du pied pour qu'on vienne discuter avec toi de Wassermann (ce que j'ai d'ailleurs fait sans doute il y a deux trois jours avec cette émission sur Proust).

Donc, ton propos n'est pas intéressant, mais il est en même temps très intéressant car de ceci tu peux tirer une leçon qui peut valoir dans bien des intéractions humaines, y compris de séductions d'homme à femme (et vice-versa)...
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By Ventel
#148675 Je ne vais certainement pas écrire une critique* alors que je n'ai lu qu'un ouvrage de Jakob (L'or de Cajalmanca).
D'ailleurs, je vais essayer de me procurer en librairie L'Affabulateur, L'affaire Maurizius, et Gaspard ou la paresse du cœur, car je pense qu'il y a de la matière à creuser dans les livres de cet auteur oublié.
Promis, j'en dirais plus sur lui dans les deux semaines à venir.

Petit passage de L'or de Cajalmanca pour vous montrer la beauté de la prose de Wasser (j'avoue m'être un peu emporté en écrivant mon dernier message) :

[size=85](C'est un conquistador qui s'exprime dans son journal après avoir participé aux massacres des Incas).[/size]

"J’ai vu la mort sous toutes ses formes qu’elle prend sur terre ; j’ai vu les amis s’en aller, les chefs tomber, les peuples disparaitre : j’ai vu l’inconstance de tout bonheur et la duperie de toute espérance ; j’ai gouté le dépôt amer de toutes les boissons et le poison secret de toutes les nourritures ; j’ai souffert de la discorde dans les communautés, de la folie, y compris celle des gens éclairés ; j’ai subi la cruauté tranquille du Temps qui passe sur cette terre de douleur ; j’ai reconnu la vanité de l’avoir et l’éternité de l’être, et je me suis mis à désirer au plus profond de moi-même l’existence d’une étoile meilleure, que le soleil, dans sa magnificence, irradierait d’une lumière plus pure et d’une âme plus noble.
Peut-être que celle sur laquelle je vis a été abandonnée de Dieu."


****

*Je ne suis certainement pas comme toi, Maurice, qui lit pour se délecter et apprécier comme on apprécierait la cuillerée d'un sorbet glacé sur le milieu de la langue.
En fait, j'en viens même à me demander si ça ne doit pas être une tradition française (ou gauloise) de consommer pour ensuite prononcer, sous la forme d'un compte-rendu, une évaluation de quinze pages, souvent agrémentée de vingt formules de politesse.
Une appréciation du style : « Oh c'était très délicieux ! Oh je me suis régalé ! Le parfum à la fraise fondait sous le voile du palais ! Néanmoins, moi, à la place du préparateur, j'aurais mis un peu de raisin sur le dessus des boules et un peu d'alcool sur le bord du bol pour atténuer le sucré du fruit ! Oh oui ! Ça aurait été excellent ! Qu'en penses-tu, Ludivine ? (Et là, Ludivine répond : oh oui Francis, une petite larme d'alcool sur le bord du bol ! Ça aurait été sublime ! Ah là on aurait payé pour quelque chose ! Quel dommage, enfin ! Nous repasserons dans un mois pour voir si le restaurateur a changé sa recette ! Qu'en dis-tu Francis ?) ».

J'ai une approche plus célinienne des choses (c'est étonnant puisqu'il était gaulois).
Je recherche les styles et la crème chantilly m'embête. Je n'aime pas les analyses, les appréciations ou les évaluations d'une œuvre qui deviennent encore plus romancées que le roman lui-même.
Lorsque je visite un livre, je regarde comment le type s'y est pris pour faire avancer son histoire, et puis je sors en essayant de retenir, avec quelques mots clés, ce qui m'a le plus marqué dans ses réflexions. De la sorte, je vois si je continue l'aventure avec un autre bouquin du même bonhomme ; mais, commencez à répertorier les métonymies, les chiasmes et les écarts de langue, ainsi que les particularités scénaristiques de l'auteur me tueraient l'esprit.
La preuve, je crois que je n'aurais jamais deviné que Victor Hugo était un auteur de l'antithèse si tu ne me l'avais pas écrit ici. Pourtant, j'ai lu tous ses romans et j'ai lu 3/4 de sa poésie.


En bon Germain qui se respecte, j'ai une certaine retenue, voire une éventuelle froideur, qui me pousse à me taire après un repas ou une lecture.
En faire des tonnes m'exaspère.
De même que lire lire lire, avoir une belle bibliothèque, être passionné de littérature, s'extasier devant des scénarios romanesques sans jamais écrire une seule page de sa vie est... presque tragique en soi.


*[size=85]Il suffit de regarder l'émission "Bienvenue chez nous" avec les tables d'hôte pour voir que le français de base est bien comme je le décris plus haut : un goûteur qui le fait savoir à ses voisins de table.[/size]
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By Maurice
#148676 Ventel, tu te trompes totalement sur ce que j'ai dit.

Le ressenti pour quelque chose n'est pas forcément sur un mode emphatique, j'ai d'ailleurs dit que ce mode là n'allait nulle part.

Tu dis que tu détestes l'analyse et en même temps tu t'es délecté pour ce très prétentieux philosophe. Je t'ai proposé l'écoute de cette pharmacienne, et je t'assure qu'en deux heures, tu serais bien surpris ce qu'une personne qui n'a pas étudié les Lettres peut sortir avec passion des choses autrement plus intéressantes que le pédant télévisuel.

Je n'aime pas non plus les exagérations sentimentales et la flatterie : c'est dans le VIème arrondissement qu'on procède ainsi (et dans le IVème un peu aussi) :mrgreen:

Mais enfin, ce que je te dis, c'est de nous dire en quoi ce livre t'a intéressé, par rapport à toi ! Moi, par exemple, j'ai dit pourquoi, par rapport à moi, les histoires de Monsieur Gris et de sa soumise m'avaient intéressé : j'avais besoin d'une littérature "tourne-page", d'un truc pour me changer les idées, d'un bidule "estival" et en outre, j'étais curieux de ce succès féminin sulfureux. Ensuite, la qualité littéraire laisse évidemment à désirer, mais justement, ce qui est intéressant, c'est que si d'autres personnes ont lu le même livre, cela permet non seulement d'échanger des points de vue, mais aussi parfois d'approfondir son propre point de vue sur l'œuvre - ce qui est aussi une manière de la relire.

Tiens, Stéphane va te l''expliquer mieux que moi ^^
http://www.youtube.com/watch?v=u5c41hRb5yI
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By Maurice
#148679 A partir de 6'. C'est l'état d'esprit qu'il convient d'avoir à mon sens.

En quoi le XVIème arrondissement fait sens pour toi, qu'est-ce que ça t'évoque etc (vidéo) (ici par rapport au contexte de la rencontre) : et tout de suite, c'est plus vivant et donc plus intéressant.
En quoi ce livre fait sens pour toi. qu''est-ce que ça t'évoque etc : et idem, c'est plus vivant et donc plus intéressant.

Et comme toujours, c'est à partir de ce qui nous est personnel, et dans cette (petite) analyse de ce qui nous est personnel (car dans la vidéo, il y a analyse de ce qu'évoque le XVIème arrondissement en ce qui concerne les rencontre) qu'on touche ce qui est personnel en l'autre et que les expériences personnels peuvent se croiser, engendrant la vraie rencontre. Et ainsi, du "personnel", tu touches peut-être bien ainsi à quelque chose qui relève d'une certaine forme d'universalité de ceux qui partagent (ou pas) cette expérience.
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By Ventel
#148681 Oui, j'ai bien compris le message, Maurice.
Il faut partager son intérêt en donnant envie aux autres.
Je sais que c'est une règle d'or pour créer de l'attrait, mais disons que je suis à veille d'un stage en milieu professionnel, que j'ai plusieurs leçons à donner à des élèves de terminale demain matin (des élèves, précisons-le, d'une école réputée difficile), et que le temps me manque un tout petit peu pour justifier mes choix de lecture.
:mrgreen:

Bientôt, je ferai une critique personnelle sur Wasser et un thread sur Hugo (que j'avais commencé à écrire fin février). C'est promis. :mrgreen:
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By Ventel
#148809 Petite pensée du soir.

En 1960, Céline disait qu'écrire était une maladie et qu'il fallait être bien écœuré pour se mettre devant une feuille de papier.
Heureusement, Deleuze, le philosophe des cinéastes et de la théorie des plis, avait une approche différente. Il pensait que l'art était une résistance et que l'artiste devenait, par conséquent, lui-même un résistant...
Un résistant contre la honte d'être un homme et contre "l'Emprisonnement" de l'homme...

Je vous laisse saisir l'idée générale :

[video]https://www.youtube.com/watch?v=mEkeplwsrWg[/video]

Quelque chose me pousse à croire qu'il avait raison...
Il y a une grosse part de vérité dans cette vidéo de 8 minutes...
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By Maurice
#148827 Bavardage ou philosophie ?

Lacan disait, avec son cynisme habituel, que mai 68, c'était une génération d'esclaves (issus de milieux bien bourgeois) qui cherchaient leurs maîtres. Lacan a été un des maîtres des jeunes classes aisées des années 70.

Deleuze en a été un autre, avec Gattari.

Il y a eu aussi Althusser (le premier à avoir été presque complètement oublié), Foucault, Derrida et Roland Barthes aussi.

Peu à peu cette génération sombre dans l'oubli. Et certes on tente actuellement de faire un massage cardiaque à la pensée de Foucault, mais quelque chose me dit que ça ne durera pas longtemps.

Deleuze est le moins antipathique de tous en ce sens que son bavardage est peu dogmatique et demeure relativement compréhensible. Pourquoi je dis bavardage et pas pensée ? A mon sens, toutes ces personnes ont été bien plus charismatiques et manipulatrices qu'elles n'ont réellement pensé, qu'elles n'ont réellement cherché à penser le vrai. Leur charme opérait par les paradoxes énoncés voire par une parole totalement hermétique (pour Lacan). L'attitude des étudiants sous leur pouvoir, c'est de toujours être en retard d'une compréhension : on peut mettre en esclavage par la raison. Le professeur dit une chose, à l'étudiant de débrouiller tout ça s'il s'y retrouve !

Il est manifeste par exemple que Deleuze opère par comparaison - qui comme chacun sait n'est pas raison - et abatârdit sa pensée de considérations personnelles du dernier trivial (j'aime, j'aime pas).

Je connais peu de gens qui lisent ces auteurs... en finissant leurs livres. Ils écrivent souvent fort mal, et Deleuze ne fait pas exception à la règle : il est très pénible à lire et il ne me reste rien des livres que j'ai tenté de lire (que ce soit sur Nietzsche, le cinéma ou Proust : c'est assommant). Tous ont surfé sur l'air du temps en adoptant les postures vulgaires qui convenaient à leur auditoire - jamais avant 1968, un professeur ne se serait permis de parler comme le fait Deleuze dans cette vidéo - Sartre ayant été en quelque sorte l'initiateur. C'étaient des vieux qui empruntaient des tics de jeunes : on a l'impresssion qu'ils n'ont jamais été des hommes (Montherlant par exemple reste homme).

Avantage sexuel certain par ailleurs pour certains de ces gens-là (leur modèle en ceci ayant été Sartre dans les années 50, Sartre qu'ils détestaient d'ailleurs tous pour la plupart).

Les méfaits de ces "penseurs", en concurence les uns par rapport aux autres, se perpétuent encore de nos jours, et leurs disciples n'ayant pas le savoir que leurs maîtres se sont bien dispensés de leur donner - car eux avaient eu une formation parfaitement classiques - sont terriblement ennuyeux : il existe une décadence, y compris pour la décadence, et plus personne n'est intéressé par les affabulations des disciples de Foucault, Deleuze, Derrida etc (sauf dans la théorie des genre pour certains cercles, grotesque avatar et grosse mode qui devrait disparaître comme elle est apparue) alors que ces gens-là étaient souvent des succès de librairie (Foucault notamment, dont les ouvrages me tombent pourtant toujours des mains).

On lit sur Wikipédia que tel ou tel penseurs a eu et continue d'avoir une grande importance pour la philosophie ou les Lettres, sauf qu'on oublie de préciser que grâce à ces penseurs et à leurs disciples, la philosophie et les Lettres ont fini par ne plus avoir d'importance pour personne (ou presque).

Ces Abécédaires demeurent une curiosité historiquement marquée du bavardage d'un vieillard en insuffisance respiratoire dont il reste cependant trace du charisme monstrueux qui émanait de ses cours. J'ai eu des professeurs de philosophie un peu comme ça : c'est vrai, c'était assez facile pour coucher avec les étudiantes, grâce à ça - mais d'autres du même genre ne faisaient déjà plus illusion.

[video]http://www.youtube.com/watch?v=b-REtQABUGU[/video]
[video]http://www.youtube.com/watch?v=r5pMFnXfzQ0[/video]

Ceci étant, je m'en vais poursuivre la réécoute de Deleuze à travers ces Abécédaires... on ne sait jamais, j'ai peut-être vraiment raté quelque chose. C'est donc un avis provisoire.
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By Ventel
#148831 C'est parfaitement vrai.
Mais, en citant Deleuze, et en proposant une vidéo de lui, je ne voulais pas faire l'apologie ou une angiographie du personnage.
Ce qui est plus intéressant, c'est de s'intéresser aux moments de lucidités des penseurs qu'on a pu filmer de leur vivant (je ne dirais pas le mot philosophe, car pour moi, la philosophie s'arrête à Spinoza). Par exemple, nous savons tous que Céline a publié de grosses conneries et qu'il mériterait d'être renié pour ça ; il a été un poison, un mauvais empoisonneur pour la littérature ; pourtant, son interview enregistrée par Pauwels, sur les Lettres, est prodigieuse. Pareil pour Ce Deleuze. Son style est peut-être lourd et fastidieux à lire, mais ce qu'il nous dit en vidéo est marquant dans le sens où tout artiste qui verra cette interview filmée se retrouvera dans les idées proposées. Cependant, il y a, comme tu le cites, un effet « maître-gourou-professeur » qui opère et qui fausse le jugement des étudiants et des néophytes ; je confirme ton idée).

Et puis, pour faire un peu de défense de ce monsieur Deleuze, je pense que cette manière d'écouter un penseur, grâce à une vidéo enregistrée à un moment où le bonhomme est quasi tout seul, c'est, selon moi, un bon moyen de renouer avec la vraie philosophie (celle où on se pose sur un divan avec un pot d'olives en se questionnant, avec les camarades du quotidien, sur le sens commun).
A titre anecdotique, c'est marrant parce que j'ai sous la main Gorgias et ton message me fait clairement penser que nous vivons dans une époque où les Calliclès, les Polos et les Gorgias sont surévalués et surreprésentés dans la sphère des intellectuels.
Je rigolerai quand un deuxième Socrate — forcément ironique — débarquera dans ce milieu pour faire le ménage et ensuite s'en aller en sifflotant comme un vieillard heureux.

PS : Le concept de maître-élève est fort déplaisant - surtout lorsqu'on veut être un peu pédagogue avec son auditoire.
Avec mes élèves, je préfère insister sur le concept de "passeur-suiveur". Le rapport d'autorité et de dépendance est largement atténué. Le suiveur est là pour cartographier la route tandis que le passeur ne fait qu'offrir un service sans essayer à se fabriquer une influence ou de l'admiration.