Itou

Modérateurs: animal, Léo

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By Ventel
#148446 Vidéo très intéressante d'une Aspi qui nous parle du syndrome d'Asperger.

[video]https://www.youtube.com/watch?v=AztIvuJ9WK0[/video]

"Une sensibilité artistique à fleur de peau..."
"Maladresse psychomoteur (difficulté à conduire)"
"Particularités sensorielles..."'
"Des réactions qui vont dans les extrêmes..."
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By Maurice
#148448 Merci Ventel. En tout cas, c'est comme ma petite soeur ! Tout pareil. Sauf les maths. Je fonctionne comme ça, sur un mode obsessionnel. Un centre d'intérêt va complètement me remplir, et il ne restera plus de place pour pas grand chose à côté.

Fin décembre, j'ai eu un centre d'intérêt très particulier. J'ai voulu savoir s'il était possible de gagner contre les sites de paris en ligne et de gagner de l'argent dessus. J'ai été très méthodique. J'ai pris 100 euro, et j'ai essayé différentes stratégies avec les sommes minimales, c'était très sérieux, avec historiques etc etc. J'y ai passé un temps fou (tout mon temps libre). A la fin, je crois qu'il y a une possibilité, mais au bout d'un mois, j'ai trouvé ça tellement con de me mettre à regarder du foutrebol, que couic ! J'ai complètement arrêté du jour au lendemain. On est très facilement dépendant de ce qu'on fait. Le "geekisme" est notre mode d'être, non pas pour fuir le monde, mais parce qu'alors on vit pleinement - avec de grands risques, comme on peut le voir (beaucoup doivent être accrocs au jeu, au casino...)

Certaines passions sont pas terribles, comme celle ci-dessus, mais lorsqu'elles sont positives, vous pouvez emmener votre compagne avec vous et lui faire vivre des choses qu'elles n'imaginaient pas si agréables - comme par exemple, parcourir l'Espagne ou la France (presqu') au hasard des petites routes en été. En outre, notre calme est souvent apprécié, pourvu qu'il ne vire pas à l'apathie (le risque).

Lorsque je commence à faire quelque chose, je peux ne plus m'arrêter. Mais si j'arrête, c'est difficile de m'y remettre. Pour les pics de compétence, c'est exactement ça. Actuellement, travailler m'ennuie (sauf quand je suis dans l'action mais je n'arrive pas à ne pas arriver 10 minutes en retard...), à d'autres moments, j'adore ça. Ce qui fait qu'actuellement, je ne cherche pas de nouveaux clients, alors que je devrais, pourtant (mais c'est une partie de mon travail qui ne me passionne pas non plus, j'ai toujours détesté me vendre).
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By Maurice
#148449 Le rapport à l'argent est étrange aussi.
J'ai des périodes de grandes économies et on pourrait croire que je suis radin dans ces moments. "1 sou est 1 sou", "les petits ruisseaux font les grandes rivières" telle sont mes devises. (Surtout que j'ai été à deux doigts de connaître la galère, comme on dit).
Et puis, à d'autres moments, je peux me montrer très généreux - comme mon dernier repas avec mon américaine... 250 euro je crois, non pour la séduire ou je ne sais quoi, mais parce que je voulais faire ça avec elle - ou dépensier, relativement à mes revenus, très variables.
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By Ventel
#148453 [quote="Maurice"] (mais c'est une partie de mon travail qui ne me passionne pas non plus, j'ai toujours détesté me vendre).

Vendre, c'est devoir se conformer à des codes sociaux que nous devons mimer, acquérir et exploiter sous la forme d'une méthode — ce qui est très fatigant, car nous ne sommes jamais dans l'authenticité avec autrui. D'où l'intérêt qu'on porte à vouloir améliorer nos rapports avec les autres, car, en arrivant ici, on cherchait surtout à comprendre pourquoi nos rapports aux autres manquaient de saveurs et pourquoi ils nous paraissaient si factices. Au fond, ce n'était que notre sensibilité qui détectait une incohérence dans ce processus de socialisation qu'on essayait de mettre en place.
Puis, il ne faut pas oublier qu'un Asperger a avant tout un cerveau systémique, et non un cerveau empathique.

Maintenant, je note aussi d'autres caractéristiques qui pourraient appartenir aux Aspis (peut-être que tu te reconnaîtras aussi dans la liste) :
— Une mémoire d'encyclopédiste qui étonne les gens et qui fait de nous des « Pic de la Mirandole ».
— Un rapport très intense avec la musique (je peux écouter des chansons durant des heures, m'évader complètement, et apprécier, avec un plaisir ineffable, l'enchaînement des sons que j'ai jugé bon d'écouter — comme si tout se passait dans la structure et les combinaisons de notes).
— Une étrange fascination pour l'architecture classique, les clochers pointus, les dômes, les ogives, les ornements, les différentes couleurs de la pierre, et les bas-reliefs. Si quelque chose tourne, c'est encore mieux (un train qui se met en marche ou un avion qui décolle, c'est le bonheur).
— Une indifférence totale pour la vie en groupe (par contre, les apartés, c'est un régal).
— Des expressions verbales très formelles avec les amis et les connaissances (presque comme celles d'un diplomate ou d'un officier qui discuterait avec son supérieur hiérarchique).
— Des rapports sexuels toujours très « sensoriels » et fusionnels avec les femmes.*

*Je pense qu'un Asperger n'a pas la même sexualité qu'une personne « normale ». Il cherchera d'abord à caresser longuement le corps de l'autre, à l'embrasser, à l'effleurer, à le sentir, à le toucher de plusieurs manières, à le regarder, à écouter la respiration et les soupirs de l'autre avant de rechercher l'orgasme (ou la vidange comme certains pourraient le dire).
En fait, j'ai l'impression qu'il y a comme une recherche esthétique et sensorielle dans le rapport sexuel de l'Asperger. Il se comporte comme un véritablement passionné de la plastique du corps. C'est comme s'il recherchait à faire de la sexualité une vraie poésie des sens.
Personnellement, mes petites amies étaient toujours émerveillées lorsque je les câlinais des heures, avec une générosité presque singulière (alors qu'habituellement, leurs autres partenaires, sous l'empressement d'entamer le coït, négligeaient, peut-être trop facilement, cet échange "subtil" des sensations).

Tu vis ça aussi ou c'est mon âme de rêvasseur qui s'exprime ? :mrgreen:
By JulienH
#148455 [quote="Ventel"]Je pense qu'un Asperger [...] cherchera d'abord à caresser longuement le corps de l'autre[...] avant de rechercher l'orgasme (ou la vidange comme certains pourraient le dire).

Donc un Asperger prend son temps avant d'asperger, en somme.

Ne poussez pas, je sors, je sors.
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By Maurice
#148457 Tu es en forme Triumph ! :mrgreen:

***

Oui, je me retrouve. Mais comme elle dit, c'est pareil et c'est pas pareil. Chacun est unique. C'est compliqué tout ça ! Le bruit et les néons sont deux choses qui me tuent, oui.

"— Une indifférence totale pour la vie en groupe (par contre, les apartés, c'est un régal)". Oui. Je crois que c'est une tendance lourde. "Three is a crowd" disent les Anglais, sans doute pour un autre contexte, qu'on pourrait traduire par "trois : c'est déjà la foule".
En groupe, j'avais toujours tendance à me donner l'impression d'être le monsieur Patapouf de la bande - celui qui a toujours l'impression qu'il va ou qu'il a sorti une grosse gaffe. A contrario, si je suis le centre du groupe, ça passe mieux, bien mieux même. Mais oui, c'est épuisant.

Le reste ressemble mais est plus personnel. Par exemple, la musique, oui, jusqu'à 34 ans environ, j'ai fait silence autour de moi depuis (sauf à de rares occasions, où alors je fais une orgie musicale : comme l'autre jour que tu avais mis du Debussy sur le site et que j'ai enchaîné toute la soirée en m'en mettant pour moi !)

Je n'aime pas ce mot "asperger", et je n'aime surtout pas son diminutif "aspi"... En fait, j'avais parlé à mon ex de cet automne de mes doutes. Elle a commencé à m'appeler "aspi" et j'ai rompu.
By JulienH
#148460 [quote="Ventel"]C'était fin
N'est-ce pas ? :wink:

Je viens de vous signifier finement que je vous lis.

Et toujours en finesse, d'instiller dans vos esprits l'idée que je ne suis pas le seul, et que donc, il pourrait être judicieux d'ouvrir un journal ; cette partie du forum étant moins visible, vous perdez des opportunités d'échanger et de partager.

Je dis ça je dis rien, je (re)sors et vous laisse continuer.
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By Ventel
#148533 En 1830, on tombait parfois sur des portraits d'auteurs encore assez neutres :

[img]http://3.bp.blogspot.com/-ttekbdtRfVw/T6f4cKKRO2I/AAAAAAAANRM/BK1ExoaOiOE/s1600/hugo%2Bnotre%2Bdame%2B010.jpg[/img]

Et maintenant, on en vient à voir ça :

[img]http://www.francesoir.fr/sites/default/files/imagecache/article_image/000_dv434421.jpg[/img]

Ou :

[img]http://referentiel.nouvelobs.com/file/5682882.jpg[/img]

Ou encore :

[img]http://www.lerideau.fr/wp-content/uploads/2013/04/houellebecq.jpg[/img]


Pourquoi tous ces auteurs à succès (ou connu dans la sphère médiatique) se défilent en posant comme des mannequins de la couverture de "People" ? Suis-je le seul à trouver ça totalement stupide et arrogant de prétendre à rentrer dans le show bizz de l'image retouchée ?
Que je sache, quand on écrit, et quand on appartient au monde littéraire, on a suffisamment de recul pour refuser de poser comme Kate Moss ou Paris Hilton.
A chaque fois que je rentre dans une librairie, il y a toujours ce gros support en carton qui contient des livres et des photos imprimées d'auteurs pas connus qui posent limitent en rue (ou chez eux) avec le veston ouvert, la boucle de ceinture mise en valeur, et le col de la chemise bien ouverte.
Ou mieux, vous avez la psychothérapeute qui a écrit un bouquin sur les maladies alimentaires et qui posent sur un divan ikea en mettant la main droite sur ses tempes (façon Hugo sur certaines photos).
C'est d'un ridicule et d'un égocentrisme à vouloir se défiler parce qu'on a pondu 30.000 mots sur 200 pages de 20 cm de hauteur. Le métier d'écrivain doit garder une certaine modestie et une certaine pudeur dans l'approche, car les auteurs ne valent pas mieux que l'électricien du coin ou l'épicier du centre-ville. Ils restent des artisans et des manufacturiers.

Enfin, néanmoins, j'essaie un peu de m'imaginer auteur à succès pour essayer de comprendre le but de cette démarche. Mais, très franchement, ça me parait idiot. Je refuserai catégoriquement d'avoir à poser, à me la jouer ou encore pire à me faire passer pour le nouveau petit génie aux inspirations romantiques et proustienne façon Marien Defalvard.
Pour ça, j'aime encore bien la démarche de Milan Kundera. Il ne donne plus d'interview télévisée depuis 1947. Il refuse catégoriquement de se montrer ou de divulguer sa vie privée. En somme, il a tout compris. Ou plutôt, il a décidé de faire résistance à ce monde des strasses et des paillettes qui tentent même les plus intelligents (et qu'est-ce que ça fait plaisir).
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By Maurice
#148536 Depuis disons entre 1918 et 1939, nombre d'écrivains ont choisi de vivre de leur plume, ils sont donc en quelque sorte obligés de se transformer en produit commercial en se mettant en scène - à l'égal des chanteurs de rock, si l'on veut. Ca s'est fait petit à petit, doucement, mais sûrement.

Ceux d'avant 1918 n'ont souvent pas besoin d'écrire pour vivre : ce sont des rentiers (soient des rentiers de la finance, soient des rentiers de l'Etat (professorat notamment)), rares sont ceux ayant vécus de leur plume au XIXème siècle. Et avant le XIXème siècle, ce sont le plus souvent des protégés de puissants. La notion de droit d'auteur apparaît dans la loi en France en 1793, mais il faudra attendre 1886 pour une protection mondiale des auteurs.

***

Le marché du livre est tel actuellement que les ventes se font essentiellement la semaine ou au mieux le mois de la sortie d'un livre. Avec internet, c'est encore pire, de plus en plus d'acheteurs se fournissant sur le marché de l'occasion, d'autant plus attractif qu'il s'effondre du fait que la génération qui est en train petit à petit de disparaître était sans doute la génération qui lisait le plus : d'où avalanche de produits et effondrement des prix.

Les temps sont relativement difficiles pour les éditeurs car à cela s'ajoute la crise économique qui dure et s'aggrave et je ne leur jetterais pas la pierre.

***

En regardant la photo de Kinkielkraut, je me rends compte à quel point les bibliothèques de livres modernes sont atroces (comme chez moi, bien que j'en ai moins) :mrgreen:

Certes, les livres ci-dessous pourraient être rangés, mais...

[img]http://andrebourgeois.fr/ImageBibliotheque.JPG[/img]

J'ai eu la chance de pouvoir me porter acquéreur des oeuvres complètes de Molière, état neuf, édition Imprimerie nationale, relié en cuir pour une bouchée de pain... et ça a vraiment une autre gueule (et une autre odeur) (Seul truc, il faut couper les pages si on veut lire : c'est vraiment "état neuf" :mrgreen: )

Un truc agréable avec ces livres anciens, c'est qu'on n'a pas besoin de pencher la tête pour découvrir de quel livre il s'agit.

Pour ceux qui seraient tentés d'acheter des belles éditions anciennes, je conseillerai d'éviter absolument les livres abîmés; il faut que la tranche soit vraiment agréable à regarder.
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By Maurice
#148538 (Cependant un avantage pour certaines éditions de poche : l'appareil critique, des documents complémentaires, certains très intéressants - comme le Rouge et le Noir chez Folio -, d'autres facilitant la lecture - je pense aux petits classiques de type Larousse ou Bordas...).
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By Ventel
#148540 Oui c'est vrai.
Cependant, n'est-ce pas un peu facile de les défendre en ayant de tels arguments ? Le métier d'écrivain peut être une profession secondaire, car il ne réclame pas à son travailleur un rythme de rédaction "régulier et formel".
Rien n'empêche à Levy d'être professeur de français, éducateur, ou poissonnier pour avoir son pain quotidien. Il écrirait après le boulot et ses éditeurs ne ronchonneraient pas.
Onfray est resté prof 20 ans dans le même lycée avant de se retirer pour profiter de la vie.

L'idée que la profession "d'auteur" puisse être un métier qui se vit à temps plein est selon moi une tartufferie qui plait à ceux qui en profitent. Mais si on réfléchit à la question, l'acte d'écrire une comédie, un roman ne demande pas 38 heures/semaine, mais peut-être 15 heures/semaine, à tout casser. Je n'inclus pas l'essai ou le livre pédagogique, car il requiert, en amont, un travail de documentaliste ou d'expert.

Néanmoins, en tenant compte qu'un livre moyen fait +/- 50.000 mots (soit 300.000 caractères), écrire 1000 mots par jour (soit 2feuillets recto/verso A4) revient à boucler un livre en 3 mois (mois de correction compris pour l'écrivain en progression).
Cette mathématique de production,bien comprise des auteurs à succès, prouve qu'il est possible de sortir deux livres par an en travaillant à une cadence assez légère.
Et encore, là c'est la gestion du temps qui est en cause, mais il existe aussi une mathématique du texte pour favoriser la rentabilité et l'attrait du public visé. Le genre de rentabilité qui respecte bien la phrase d'un célèbre linguistique (je ne sais plus si c'est Chomsky ou Saussure qui disait "Le locuteur est paresseux et cherchera toujours la facilité").
L'homme d'affaire à compris tout ça et en joue habilement. De plus aussi, il sait que la durée de vie d'un livre qui marche est de 3 semaines. Donc, pour être dans la vague, il doit être fertile, parfois absent, trouver ce qui parle aux gens (soit 90 % d'intérêt pour les questions existentielles relatives aux problèmes affectifs si l'on veut écouter Maslow), et avoir une patte (un nom et aussi un style reconnaissable).

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Cette bibliothèque est magnifique... Les odeurs du bois et des pages... ça doit être une expérience fabuleuse... :mrgreen:
Je crois que dans vingt ans, j’investirai, moi aussi, dans ces beautés ... :mrgreen: