- Ven Mar 14, 2014 12:18 am
#148453
[quote="Maurice"] (mais c'est une partie de mon travail qui ne me passionne pas non plus, j'ai toujours détesté me vendre).
Vendre, c'est devoir se conformer à des codes sociaux que nous devons mimer, acquérir et exploiter sous la forme d'une méthode — ce qui est très fatigant, car nous ne sommes jamais dans l'authenticité avec autrui. D'où l'intérêt qu'on porte à vouloir améliorer nos rapports avec les autres, car, en arrivant ici, on cherchait surtout à comprendre pourquoi nos rapports aux autres manquaient de saveurs et pourquoi ils nous paraissaient si factices. Au fond, ce n'était que notre sensibilité qui détectait une incohérence dans ce processus de socialisation qu'on essayait de mettre en place.
Puis, il ne faut pas oublier qu'un Asperger a avant tout un cerveau systémique, et non un cerveau empathique.
Maintenant, je note aussi d'autres caractéristiques qui pourraient appartenir aux Aspis (peut-être que tu te reconnaîtras aussi dans la liste) :
— Une mémoire d'encyclopédiste qui étonne les gens et qui fait de nous des « Pic de la Mirandole ».
— Un rapport très intense avec la musique (je peux écouter des chansons durant des heures, m'évader complètement, et apprécier, avec un plaisir ineffable, l'enchaînement des sons que j'ai jugé bon d'écouter — comme si tout se passait dans la structure et les combinaisons de notes).
— Une étrange fascination pour l'architecture classique, les clochers pointus, les dômes, les ogives, les ornements, les différentes couleurs de la pierre, et les bas-reliefs. Si quelque chose tourne, c'est encore mieux (un train qui se met en marche ou un avion qui décolle, c'est le bonheur).
— Une indifférence totale pour la vie en groupe (par contre, les apartés, c'est un régal).
— Des expressions verbales très formelles avec les amis et les connaissances (presque comme celles d'un diplomate ou d'un officier qui discuterait avec son supérieur hiérarchique).
— Des rapports sexuels toujours très « sensoriels » et fusionnels avec les femmes.*
*Je pense qu'un Asperger n'a pas la même sexualité qu'une personne « normale ». Il cherchera d'abord à caresser longuement le corps de l'autre, à l'embrasser, à l'effleurer, à le sentir, à le toucher de plusieurs manières, à le regarder, à écouter la respiration et les soupirs de l'autre avant de rechercher l'orgasme (ou la vidange comme certains pourraient le dire).
En fait, j'ai l'impression qu'il y a comme une recherche esthétique et sensorielle dans le rapport sexuel de l'Asperger. Il se comporte comme un véritablement passionné de la plastique du corps. C'est comme s'il recherchait à faire de la sexualité une vraie poésie des sens.
Personnellement, mes petites amies étaient toujours émerveillées lorsque je les câlinais des heures, avec une générosité presque singulière (alors qu'habituellement, leurs autres partenaires, sous l'empressement d'entamer le coït, négligeaient, peut-être trop facilement, cet échange "subtil" des sensations).
Tu vis ça aussi ou c'est mon âme de rêvasseur qui s'exprime ?
"Tout finira par la canaille."
Nietzsche.