Itou

Modérateurs: animal, Léo

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By Maurice
#148833 Effectivement, comme Deleuze n'est pas dogmatique - ou moins dogmatique, ou si l'on préfère : c'est du Spinoza mis au goût du jour de manière pas forcément toujours pertinente - son bavardage (et parfois son beau bavardage) peut trouver des échos en chacun de nous.
Ce qu'il dit sur la rencontre est très vrai : on ne rencontre en définitive jamais personne, on rencontre toujours des choses et toute rencontre est décevante au final.

Ce n'est pas seulement une femme que j'ai rencontrée tout à l'heure... c'est un regard bleu profond, c'est l'Italie dans ce qu'elle a de plus rayonnant, c'est une manière de voir les choses que je trouve intéressante, c'est une promesse de bonheur vague et diffus, bleu et vert des pins du Sud. Et de tout ceci, il reste bien peu de place pour la femme réelle. C'est le délire de la personne désirante que j'exprime ici, autre mot pour l'amour, non, ou pour son ébauche.

C'est d'ailleurs quelque chose qui me fait penser que lorsque je "délire" moins, par volonté de me protéger, lorsque je mets à distance une personne qui m'attire, lorsque je la désenchante de tout ce dont je la revêt pour la paraître désirable... et bien, effectivement, elle en devient moins désirable.

Toute la leçon du site, c'est de se donner les chances de susciter en celle que nous convoitons, les mêmes délires que certaines peuvent faire naître en nous - c'est un peu tard pour moi, mais il ne faut pas désespérer.

En tout cas, ces vidéos, dont j'avais oublié un peu le contenu ne cessent de parler de désir et de séduction, à leur manière, et ne peuvent qu'intéresser les lecteurs de ce site, à leur manière aussi !
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By Maurice
#148836 J'ai oublié la vidéo intermédiaire... diable, ça nous fait plus de 8 heures de causerie tout ça ! En fait, c'est très intéressant... bien mieux que lorsque ça passait saucissonné par Arte le samedi soir... Entre un téléfilm franco-allemand médiocre et une émission sur le rock n' roll et la house musique.

Lettre G à M
[video]http://www.youtube.com/watch?v=8pQDtmswmJo[/video]
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By Ventel
#148838 Ah ben je vois que Maurice trouve son bonheur dans mes liens youtube...
Quelle surprise... :mrgreen:
.
Tout compte fait, le jeune padawan (que je suis) ne dit pas que des choses inintéressantes. :mrgreen:
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By Maurice
#149033 Vous vous souvenez peut-être que je lisais un guide touristique ambitieux - pas le guide du routard.

[img]http://pmcdn.priceminister.com/photo/557368588_MML.jpg[/img]

Je dois dire que je suis enchanté de mon choix. Cet Espagne chez Odé (1951) vaut non seulement par ses dessins, comme je l'ai montré auparavant, mais encore par la qualité de ses textes, qui sont parfois décidément remarquables.

Il était très amusant de constater que les auteurs les plus cités aient été Barrès et Montherlant, ceux justement de du Sang, de la Mort et de la Volupté (lecture qui restera en dépit de quelques faiblesses) et des Bestiaires. La bouche était bouclé pour une saison de lecture d'une rare cohérence en ce qui me concerne.

Sans vraiment le vouloir, j'aurais revécu en Espagne par procuration littéraire. Quel merveilleux cadeaux qu'offrent ainsi les mots, et comme je plains mes voisines du métro avec leur Candy Crush Saga en train de leur bouffer le dernier neurone valide qui leur reste après une journée de travail.

J'ai fait une lecture d'un nouveau type aussi, allant chercher sur internet les images de descriptions de villes que je ne connais pas (je connais environ la moitié des villes d'Espagne)

C'est vraiment quelque chose que je conseillerais à tout voyageur pas trop mobile et surtout à tout expatrié, que de se procurer au retour un guide de qualité, qui lui servira non seulement de mémoire, mais encore affinera les perceptions, expliquera avec le recul ce qu'il n'avait pas forcément compris et enfin, donnera envie d'y retourner pour découvrir ce qu'il a manqué.

Pour la première fois de ma vie, j'ai eu envie de Barcelone, des Baléares, de Murcia, de Jerez alors que mes regrets étaient jusqu'à présent de ne pas connaître la Galice et l'Espagne dépeuplée, sauvage et impressionnante de la région de Soria - juste effleurée.

Voici un extrait de ce que dit Henri Danjou des Baléares, de Majorque, et qui rejoint cette impression que m'ont laissée tous les Espagnols qui m'ont parlé des Baléares, bien qu'en passe de devenir un territoire anglo-allemand, et surtout allemand, si ça continue comme ça. ([size=85]On m'a parlé aussi des problèmes de cafards qui règnent là-bas, une plaie dans un paradis, semble-t-il et qui m'a découragé de m'y rendre, ne supportant absolument pas ces animaux-là[/size])

[quote]Au seul prononcé de ces mots, presque magiques : les Iles Baléares, l'imagination de tout Européen aussitôt s'illumine et se représente les tableaux les plus doux de la vie telle que nous devrions la vivre si nous étions plus sages, de la vie telle que nous la supposons aux temps patriacaux, de la vie simple et naturelle, en paisible accord avec les saisons, avec les éléments, avec l'atmosphère. Et même si ce n'était là qu'une illusion, il faut bien admettre qu'une telle illusion comporte une grande part de vérité, car tous ceux qui ont fait l'expérience de passer, ne fût-ce que quelques jours, dans cette heureuse contrée, en gardent un souvenir absolument à part, qui ne doit rien aux émotions si je puis dire "rapportées" que leur ont données ailleurs les vestiges de l'art ou de l'histoire, un souvenir où il entre surtout de l'éblouissement d'une révélation. Et il leur en reste dans l'esprit une sorte de nostalgie, comme s'ils avaient enfin trouvé, dans cette contrée unique, la patrie de la douceur de vivre.
De quoi provient cet éblouissement, de quoi est faite cette douceur de vivre ? Il faudrait expliquer ce qui, par définition, est inexplicable : le Charme.
Nature et lumière. - Les Baléares, et en particulier Majorque, qui en est l'île la plus grande et la plus caractéristique, exercent depuis près de deux siècles une attirance extraordinaire sur tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, recherchent la solitude : que ce soit, comme George Sand et Chopin, pour mettre leur amour à l'abri du monde indiscret, ou comme l'archiduc Rodolphe pour y cacher une douloureuse misanthropie. L'immense fortune de ce dernier put le préserver des déceptions que les deux autres, dans leur tragique imrpudence, ne surent éviter. Mais il est impossible, quand on est en présence des sites de Valdémosa ou de Miramar, de ne point partager les sentiments d'admiration qu'ils durent y éprouver; Merveilles de la nature. Merveilles de la lumière.
C'est peut-être en effet la lumière qui est le suprême élément du charme des Baléares : d'Iviça et de Minorque comme de Majorque. Une lumière qui semble faite de vermeil en fusion, qui recouvre d'une impondérable couche de miel la pierre rosée des édifices, qui baigne de je ne sais quelle onction suave le dur profil des montagnes, qui emplit les vallées, qui épouse toutes les anfractuosités d'un rivage dont la courbure est une perpétuelle surprise, et qui fait de la ligne d'horizon à toute heure du jour je ne sais quoi d'infiniment lointain, d'inaccessible et de si doux à l'œeil, cependant, qu'on a l'impression de le toucher au moyen de ce plus sensible des organes. La lumière des Balérares ! Il y a des moments où l'on voudrait croire que ce ne sont pas les seuls hasards géologiques qui ont construit la planète mais qu'une intelligence artiste a présidé à certaines de leurs convulsions pour placer certains sites dans tel éclairage favorable, dénié à d'autres.

Quel meilleur texte que celui-ci pour clôturer l'hiver ?

[img]http://www.best-of-european-union.eu/wp-content/uploads/2010/05/Serra-de-Tramuntana-Majorca-Spain.jpg[/img]