- Lun Mar 24, 2014 7:18 pm
#149150
Dialogue par courriel entre moi et une jeune bachelière (hors tout contexte de séduction), fautes non corrigées :
Elle - Excuser moi de vous déranger mais vous connaisse un bon auteur de Madame Bovary c'est pour la lecteurs personnelle.
Moi - Un bon auteur de
Madame Bovary ? Mais
Madame Bovary a été écrit par Gustave Flaubert, il en est le seul auteur !
Elle - Il on pas fait une réécriture une reprise quoi ?
Moi - Vous plaisantez ?
)
Madame Bovary est le chef d'œuvre de Flaubert, dans le monde de la littérature, ça n'existe pas, un "remix".
Par contre, pour vous imprégner de cette œuvre que vous semblez trouver un peu difficile, je vous suggère de regarder le film de Claude Chabrol :
Madame Bovary puis de lire le livre (que pour ma part j'ai lu 2 fois avec plaisir).
En littérature, il faut se forcer un petit peu, le plaisir vient en lisant, petit à petit. Mais vous devez accepter de vous ennuyer parfois un peu au début d'un livre, lorsque vous êtes perdue dans un univers nouveau.
Elle - Bien au faite j'aurais préfère lire le livre en premier car les film ne peu pas tout refléter.
............................ ( <---------- ce sont des points de suspension personnels)
***
Je partage entièrement l'avis d'un lecteur qui a écrit ceci sur Amazon :
http://www.amazon.fr/Autant-en-emporte- ... 2070367401[quote] Pour un roman romantique, c'est bigrement profond !
"Entre la perception que j'avais de ce Autant en emporte le vent - dont j'avais vu le film il y a quelques années mais tout oublié depuis - et ce que sa lecture m'a effectivement fait vivre, il y a un décalage important - et très fortement positif !
Contrairement au roman vaguement historique à l'eau de rose auquel je me préparais, je me suis rapidement aperçu que le compte-rendu du déroulement de la Guerre de Sécession, et de la période de Reconstruction qui a suivi, est vraiment bien documenté et donne un point de vue prenant sur la vue par le Sud - les vaincus - de cette guerre que nous voyons souvent, comme la plupart des guerres, du point de vue des vainqueurs.
Quant à l'eau de rose, l'histoire d'attraction / répulsion entre les immortels Scarlett O'Hara et Rhett Buttler est loin d'être le jeu gentillet sans trop de conséquences auquel nous sommes habitués dans les comédies romantiques américaines dont nous sommes baignés. Bousculés par les circonstances, leur relation évolue considérablement au cours des 1500 pages du roman, tout autant que leurs caractères personnels.
Caractères qui sont à mon sens la plus grande force de ce roman : Scarlett elle-même semble être sans nuances et brute de décoffrage, mais l'évolution de son personnage est loin d'être stéréotypée et en soi constitue un fil qui se suit avec beaucoup de plaisir. Mais surtout, pour moi, c'est le personnage de Rhett qui est le plus intéressant et le plus haut en couleurs. Par son cynisme et son excellente habitude de démontrer crument les incohérences du système de valeur de la haute société du Sud, et par ses faiblesses toutes humaines derrière une image d'homme qui a tout vu, c'est un plaisir exquis de lire ses répliques acérées à l'encontre des hypocrites qui l'entourent. Et cela seulement justifierait à ce roman 5 étoiles. Alors en additionnant les autres éléments... on a là une excellente lecture, et pas seulement pour les femmes en mal de romantisme !"
Je regarde des petits extraits du film sur Youtube, concernant des moments que j'avais lu. Sans doute devrais-je acheter le DVD - ça fait tellement longtemps que je n'ai vu le film.
Le film, bien que fort long déjà - ne dit bien entendu pas tout du livre et ce qui est un peu agaçant, ça va trop vite et on ne peut que difficilement saisir toutes les subtilités du personnage de Scarlett O Hara. Et enfin, il est dommage que des bruits de violons viennent s'emmêler à chaque fois dans les dialogues, comme c'était un peu l'habitude à l'époque (un peu comme maintenant, on met des bruits partout, de poum, des chtacs, des ziou etc. souvent totalement irréalistes).
Il va de soi qu'avant toute autre adaptation, c'est le film de 1938 qui vaut d'être regardé, la version de Victor Flemming avec Vivian Leigh et Clark Cable.
Et malgré tout donc, si vous réussissez à passer outre cette musique omniprésente et agaçante, le film se laisse tout de même regarder !
*****
Et donc, je dois dire que la séquence du pique-nique (dans la traduction française du livre), du barbecue, est un joyau absolu de la littérature mondiale.
Jamais personne à ma connaissance n'avait écrit de manière aussi convaincante, sur les forces en présence lorsque jeunes gens et jeunes filles se font face dans un but de mariage à moyen ou long terme.
Vous avez la "première de la classe" (ou plutôt la "première du lycée") autour de laquelle tournent tous les garçons communs, vous avez les autres filles, la Rivale, vous avez l'élu de son coeur, l'étrange monsieur Butler et enfin le Timide.
Qu'est-ce qu'un Timide pour une "première du comté" ? Il n'existe tout simplement pas ! Sauf que... Ah ! Vous devez lire ça, mais c'est trop long et je ne peux évidemment pas tout recopier ! C'est tellement rare qu'on ait un point de vue de "première du groupe", que je crois que rien que pour ça, ça a son prix.
Voici donc la scène de la première rencontre entre Rhett Butler et Scarlett O Hara, à l'occasion du barbecue :
(Scarlett cherche Ashley (l'élu de son coeur)...)
[quote]Scarlett essaya de découvrir Ashley, mais il n'était pas sous la véranda. Une douzaine de voix lui crièrent bonjour et Stuart et Brent Tarleton se portèrent au devant d'elle. (...) elle fut bientôt le centre d'un cercle de gens qui parlaient tous plus fort les uns que les autres afin de se faire entendre par-dessus le vacarme. Mais où était donc Ashley ? (...) Tout en s'efforçant de ne pas se trahir, elle chercha autour d'elle et plongea son regard dans le vestibule où discutait un groupe joyeux.
Tandis qu'elle bavardait, riait et n'arrêtait pas de regarder à la dérobée tantôt à l'intérieur de la maison, tantôt dans la cour, ses yeux se posèrent sur un inconnu. A l'écart dans un coin du versibule, il la dévisageaut avec une insolence qui lui procura en même tems ce plaisir qu'éprouve toute femme remarquée par un homme et la sensation gênante que sa robe était trop décoletée par-devant. Il avait l'air vieux ; il portait au moins trente-cinq ans. Il était grand, bâti en force. Scarlett pensa qu'elle n'avait jamais vu d'épaules si larges, si musclées qu'elle en étaient presque trop fortes pour appartenir à un homme du monde. Lorsque ses yeux rencontrèrent les siens il sourit et découvrit des dents dont la blancheur animale était rehaussée par une moustache noire coupée court. Il avait le teint hâlé d'un pirate, le regard conquérant et sombre d'un boucanier jaugeant le galion qu'il va aborder ou la jeune fille qu'il va enlever. Il souriait avec une telle effronterie, sa bouche avait une telle expression d'ironie cynique que Scarlett en eut le souffle coupé. Elle se disait que son attitude aurait dû l'offenser et elle s'en voulait de ne pas ressentir cette offense. Elle ignorait qui il pouvait bien être, mais quelque chose dans son visage indiquait qu'il était de bonne naissance. Cela se voyait dans le nez mince et busqué au-dessus des lèvres rouges et pleines, dans son sourire et lui-même fit volte-face en entendant appeler "Rhett ! Rhett Butler. Viens ! je veux te présenter au cœur le plus dur de toute la Géorgie."
(...)
[Voici ce qu'en dit ensuite une amie de la famille, Catleen Calvert, de ce Rhett Butler, durant ce même barbecue] :
- Tu ne sais donc rien, ma chérie ? Caro m'a tout raconté l'été dernier (...) Eh bien, ce M. Butler a emmené une jeune fille de Charleston en buggy. Je n'ai jamais su qui c'était, mais je devine. Elle ne devait pas être très comme il faut, sans quoi elle ne serait pas sortie avec lui vers la fin de l'après-midi sans chaperon. Et alors, ma chère, ils ont passé presque toute la nuit dehors. Enfin, ils sont rentrés à pied et ils ont prétendu que le cheval s'était emballé et qu'il avait brisé la voiture et qu'ils s'étaient perdus dans les bois. Et devine ce qui s'est passé...
- Je donne ma langue au chat. Continue, fit Scarlett qui, transportée d'aise, s'attendait au pire.
- Il a refusé de l'épouser le lendemain.
- Oh ! fit Scarlett, ses espoirs déçus.
- Il a dit que... heu... qu'il ne lui avait rien fait et qu'il ne voyait pas pourquoi il l'épouserait. Alors, naturellement, le frère est venu lui demander des explications et M. Butler a dit qu'il préférait être tué plutôt que d'épouser une oie stupide. Ils se sont battus en duel et M. Butler a tué d'une balle le frère de la jeune fille. Alors M. Butler a dû quitter Charleston et maintenant personne ne le reçoit. (...)
- A-t-elle eu un bébé ? (...)."
Cathleen fit un non énergique de la tête "mais elle a tout de même perdu sa réputation", répondit-elle d'un ton sifflant. "Je voudrais bien qu'Ashley me compromette, pensa soudain Scarlett. Il serait bien trop homme du monde pour ne pas m'épouser". Mais, malgré elle, elle ne put se défendre d'un sentiment de respect pour Rhett Butler qui avait refusé de se marier avec une sotte.
Pour le reste, j'arrête là les longues citations !