- Dim Avr 19, 2015 6:53 pm
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[size=150]Saison II : immondizia[/size]
[size=125]Chapitre iii[/size]
[quote]“ I know that I’m dealt with for what’s between my legs, but at the same time, there’s something to being cherished, to being the desired one, even as you know you’re filling a stereotype" — Lexingon Steele, “The Hung List”
[img]http://www.webandluxe.com/wp-content/uploads/2011/07/Lancel-GIF-Anim%C3%A9-mail.gif[/img]
Le cv amoureux d'une femme est une triste plaisanterie où se côtoient créativité et capacité à s'auto-illusionner, dans l'unique but de redistribuer les rôles sur la carte des responsabilités, attribuant toujours ses errements, paradoxes et faiblesses à une contrainte extérieure, une conjonction astrale ou tout autre événement quasi-mystique. Ou bien encore à une indécelable stratégie de manipulation d'un homme, qui aurait scrupuleusement tout mis en place pour débaucher les intentions de cet ange perdu sur terre (le fameux "pervers manipulateur", ou "pervers narcissique"). Raison de plus pour être complètement désarçonné par les élans de sincérité qui, une fois n'est pas coutume, émaillent leurs histoires (ps : quand une femme est trop sincère avec vous sur sa vie passée, c'est qu'elle ne cherche rien sur le long terme*).
Questionnée sur sa plus longue relation amoureuse, l'une d'entre elles m'a lâché, en toute simplicité, qu'après un certain temps de vie commune, le désir tombe et que l'unique raison de rester ensemble est de (je cite) "fabriquer un enfant", ou d'être contrainte par les liens de l'union civile (et donc par les conséquences du divorce). Moravia n'aurait pas dit mieux**, j'en suis resté un peu bouche bée. Si la vie sexuelle prend congé en même temps qu'arrive le congé maternité, c'est justement que les enfants incarnent les sédiments d'un désir qui a vécu et qui n'est plus.
Mais pour l'instant, embarrassé d'un désir qui me tourmentait autant qu'il me fuyait, je répétais à l'infini l'erreur qui jusqu'à cet hôtel helvétique m'avait mené :
chercher à comprendre. La beauté est un piège de Dieu, mais un piège dont j'ai toujours su me garder ; nulle n'a pu prétendre m'avoir à elle par les simples traits de son visage, ce serait trop facile. Mais l'incertitude et l'incohérence d'un comportement peuvent me plonger dans une perplexité qui finit par exercer sur un moi un attrait véritablement fascinatoire. Donnez-moi une femme belle, je choisirai sa robe, la sortirai un peu jouer au triangle du désir***, puis me lasserai de jouer à combler des stereotypes. Donnez-moi en revanche une souris imprévisible, évanescente et incompréhensible, je jouerai au chat le temps qu'il faudra pour la comprendre. Et la prendre. Dans cet ordre****. Et à ce jeu là, j'ai "un peu" de niveau. Mais quand rien, rien, non rien ne fait aucun sens, quand nulle action ne emboîter correctement avec la précédente, quand tous les moments passés ensemble forment un puzzle de pièces respectivement rondes et carrées et que nul magicien ne semble en mesure de rassembler, alors je
buggue.
Pour ceux qui n'ont jamais vécu de [url=http://www.spikeseduction.com/articles/seduction-avance/10806_ne-pas-sortir-filles-est.html]relation destructrice avec une femme russe[/url] et qui se demanderaient en quoi le bug peut bien consister, demandez-vous quelle serait votre réaction si une personne, confrontée à la même question, trouvait une réponse différente à chaque occurence. Et loin d'être gênée par son absence de logique interne, était plutôt gênée que vous osiez lui reposer encore et encore la même question. Comme si seul comptait le moment, le présent. Comme si les attaches logiques avec t-1 et t+1 étaient des entraves à la liberté de dire ce qu'on veut, à qui on veut, c'est à dire pour une femme "d'être vraiment libre".
Si vous repérez, dans la bibliothèque d'une femme, les mots-clés ("être libre", "moment présent" ou "anna karenine"), vous êtes en présence d'un beau spécimen de n'importe quoi. Augmentez la dose de n'importe quoi, ajoutez une couche de mensonge, un brin de démence et un fond d'impassibilité, et vous aurez une idée de la teneur des conversations avec Vanessa, qui m'aura surpris strictement et rigoureusement autant de fois que nous nous sommes vus.
Pour l'instant, nous avions quitté l'hôtel et nous dirigions vers ce fameux club sur le lac. Je me souviens que les artères de la ville étaient presque vides, presque lavées de toute humanité, et que pour un samedi soir c'était vraiment étrange. A l'entrée du parking des invités, un gardien a bien malgré lui dû ouvrir le cordon rouge à ma Fiat Punto de location à l'écoute du nom du maître des lieux. A l'intérieur une foule bigarrée, mais dont émanait une surprenante homogénéité de chemises blanches et de robes noires, commençait de s'entasser impatiemment devant la porte avec moulte contorsions et discussions de circonstance, que Sartre aurait appelées le Néant. Un sentiment proprement masculin de fierté possessive me rappelait que la belle à mon bras avait eu "l'intelligence" (voir chapitre précédent) de choisir une robe rouge vermillon, et je commençais à divaguer sur la couleur et la nature de ses sous-vêtements. Que celui qui n'a jamais passé la moitié de la soirée à deviner la nature des sous-vêtements de la fille qui est à son bras... pense à en changer.
Ce constat défie le plus souvent l'entendement féminin (ou plutôt, l'entendement des femmes les moins apprêtées), mais les rares spécimens de nos contrées qui ne parviennent pas à séduire un homme n'ont qu'une étape à franchir pour s'affranchir de leur pesante invisibilité : dépenser 1000€ en lingerie une bonne fois pour toute, et laisser la magie de la transformation opérer*****.
Je fus un peu surpris quand notre hôte nous convia à dîner, mais entièrement par ma propre distraction. Il m'arrive fréquemment d'oublier de manger, surtout le soir, et de m'en souvenir au milieu de la nuit, tiraillé. La table, au format table d'hôtes, était large et, ajoutée à la musique ambiante, mettait
de facto les femmes presque hors de portée de voix, sauf à crier entre deux morceaux d'entrecôte argentine, ce qui au vu de la probable réponse qui en aurait résulté, ne valait pas la peine. Ces femmes ne s'apprécient finalement que dans l'observation silencieuse et, comme j'allais le comprendre de nombreux mois plus tard, creuser n'avance jamais à rien. Comme le dit Moravia dans une nouvelle que je n'avais pas comprise à l'époque : n'approfondis pas.
En sortant, il me semblait qu'une soudaine migration de population avait porté en ces lieux l'intégralité des 18-35 ans du pays. Le hall, l'entonnoir de l'entrée, le bar, la salle, tout était plein à craquer de jeunes citadins (et ruraux) venus transformer leur labeur de la semaine en bouteilles, qui sont autant de minutes d'attention des filles venues s'amuser. Quand une fille vous dit qu'elle sort s'amuser, n'oubliez jamais que c'est avant tout de l'attention que les hommes vont leur porter, qu'elles s'amusent. Sinon, elles resteraient à danser chez elles, entre copines, sur le balcon, avec la musique de leur choix. Le simple fait que cette éventualité soit proprement impensable signifie déjà, en soi, quelque chose.
Notre hôte étant le directeur des lieux, se battre dans la foule pour subsister n'était pas une option et le "carré v." nous attendait, surplombant le dance floor d'une bonne hauteur d'homme. Vue sous cet angle, la foule des danseurs, des dragueurs et des amusées (voir plus haut) semblait soudain homogène, compacte, liée par une invisible force oppressante, comme si chaque tiers n'existait que par la présence des deux autres. Chez nous, dans notre petit carré à l'entrée sévèrement gardée, le champagne coulait à l'infini, tout le monde parlait fort en se touchant le torse ou l'épaule, les boutons de manchette rutilaient et Vanessa, moulée dans sa robe dont les flashs révélaient une transparence dont je me demande toujours si elle avait conscience, Vanessa lançait sur la foule dansante et ondulante de longs regards immobiles, de ses grands yeux bleus impassibles, qui ressemblaient à deux lacs artificiels.
A suivre* cf séminaire [url=http://www.spikeseduction.com/articles/9672_seminaire-relations-longues-ii-typologie-femmes.html]relation longues ii[/url] : typologie de femmes : metteur en scène, actrice, scénariste, dialoguiste, etc.
** pour être précis, il a presque dit aussi bien : "les unions libres ne résistent jamais très longtemps aux agacements passagers, à la colère et/ou à la lassitude"
*** mot-clé à taper dans un moteur, pour ceux curieux de ce sujet en particulier : désir+triangulaire+rené
**** les hommes qui insistent pour comprendre les femmes avant de les prendre (dont moi) se compliquent beaucoup la vie. Fait mainte fois vérifié par l'expérience et la comparaison.
***** cf séminaire [url=http://www.spikeseduction.com/actualite/5665_sexe-devenir-amant-ideal.html]connexion sexuelle / amant idéal[/url], partie "valeur subjective et sentiment de valeur perçue"