- Mar Fév 11, 2014 7:11 pm
#146075
Pour le moment, cette idylle supposée est démentie, mais... le mieux est de lire cet article par exemple :
[url]http://www.lalibre.be/light/people/l-idylle-beyonce-obama-le-washington-post-dement-52f8e6563570c16bb1c9f5c6[/url]
On peut percevoir cet ennui que l'on nomme aussi lassitude du pouvoir chez Obama depuis quelques temps, et bien que je ne sois guère passionné par la politique américaine, j'ai moi aussi cru surprendre quelques regards fatigués.
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Exercice de style : ma 6ème partie à l'article de Stéphane.
Il est formellement interdit à Stéphane de lire ce qui suit avant qu'il n'ait mis en ligne sa propre 6ème partie ! 
Depuis quelques temps, j'ai des lectures de coincidences. J'aime lire
un peu au hasard de ce que propose à la vente mon brocanteur à 1 euro le livre, et le fait est que si j'ai toujours été malheureux au jeu et pas franchement chanceux en amour (mais cela tient aussi à ma constitution psychologique un peu particulière), tout ce qui me tombe sous la main trouve un profond écho en moi et souvent correspond particulièrement à des questionnements que je peux avoir ou à des problématiques développées ici et là, mais beaucoup ici, et qui m'intéressent.
Et voilà que juste après avoir lu la 5ème partie de la très intéressante chronique de Stéphane concernant les aventures hollandiennes, je lis une autre très jolie chronique de Maurice Barrès dans son décidément très intéressant
Du Sang, de la Volupté et de la Mort, qui s'intitule "Le secret merveilleux" et qui porte en exergue cette très jolie phrase, reprise de son livre
L'Ennemi des lois :
"Elle le reçut avec l'air d'une femme qui possède le secret merveilleux : le sérieux qui couvre et permet toutes les fantaisies".
Il m'est certes pour ma part relativement difficile d'écrire sur l'ennui car, bien qu'ayant bien des défauts, je m'ennuie très très rarement. En réalité, les journées ne sont pas assez longues. En outre, je suis loin d'être un spécialiste de la tromperie.
Ennui et normeHollande, c'est doublement la Norme.
C'est la Norme en tant qu'il est - bien que ce soit bien entendu très schématique - la Loi (une loi considérablement
castrée qui plus est, non seulement par les pouvoirs législatifs, mais encore par Bruxelles voire Washington - cf la pitoyable affaire syrienne où notre Président a été laissé à lui-même du jour au lendemain là où la veille on le poussait à la guerre).
C'est aussi la Norme en tant qu'il s'est présenté comme Normal (auto-castration) au point qu'on l'a raillé comme étant Normal Ier.
La Norme d'une "présidence exemplaire", comme l'a noté Stéphane, il y a eu plus passionnant comme programme et j'en vois quelques uns qui répriment maladroitement un bâillement.
Pour ma part, je suis pour la Norme, et je suis même relativement vieux jeu dans ce domaine, on l'a vu dans certaines de mes interventions... Car je trouve qu'une Norme fixe et assurée, pour peu qu'elle ne soit pas trop contraignante - pas une norme à l'iranienne non plus, certes, car n'oublions pas que dans un pays comme l'Iran ou chez ses amis saoudiens, monsieur Hollande serait condamné à la lapidation, non pour avoir couché avec Julie Gayet qui ne me semble pas être mariée, mais pour avoir couché avec une femme mariée non divorcée, madame Trierwieller, qui se refuse à reprendre son nom de jeune fille - une Norme claire, simple, issue surtout de la Société - et plutôt de la société provinciale - et moins de la Loi, offrant la sécurité (et certes l'ennui) mais aussi une Norme permettant des possibilités de jeu hors de celle-ci, avec des risques mesurés.
(Et je reprends mon petit jeu fait dans le salon littéraire, tellement j'aime cette toile, que je rebaptise ici pour les besoins de mon propos).
La Norme :[img]http://artifexinopere.com/wp-content/uploads/2011/04/Rolla_buste.jpg[/img]
Rappelez-vous comme les jeux interdits peuvent être d'autant plus délicieux qu'ils sont interdits... Votre maman vous a interdit d'ouvrir la boite de bonbons pour en piocher un avec délice en y allant sur la pointe des pieds dès qu'elle a eu le dos tourné, puis on vous a interdit de fumer... Un des mes meilleurs souvenirs de lycéen est lorsque nous avions ramené une bouteille de whisky et des bières dans l'autocar qui nous amenait pour deux jours de sortie en Normandie pour visiter les plages du débarquement et la tapisserie de Bayeux. Deux jours d'orgie (l'alcool d'abord, les filles ensuite - nos copines de classe, oui ! - dans l'auberge de jeunesse) mais avec tenue. Sans doute les profs se sont rendu compte qu'on avait une haleine de marin irlandais, sans doute se sont-ils rendu compte que ça sentait la fumée, et pas que de cigarette, au fond de l'autocar, sans doute aussi se sont-ils rendu compte qu'il s'en passait de belle au fond du car, petit à petit, entre filles et garçons, puis que l'auberge de jeunesse était devenue subitement mixte... Mais ce qui se passait, c'est que nous avions conservé, même au pire de l'ivresse, de la tenue, de celle qui sauve les apparences, et que par peur du scandale, et par une sorte de contrat implicite, les professeurs nous faisaient confiance pour que nous sachions jusqu'où ne pas aller trop loin, ils feraient semblant de ne pas voir que nous avions un comportement hors-norme. De fait, j'ai aussi un excellent souvenir pédagogique de cette sortie : j'ai encore un parfait souvenir de cette impressionnante tapisserie de Bayeux, en dépit de la gueule de bois phénoménale que j'avais alors. Au retour, tout était redevenu comme avant, parfaitement normal dans un esprit studieux de préparation au bac de Français. Pas de honte (nous avions aussi su jusqu'où ne pas aller ou oser aller trop loin avec nos copines, pour ma part j'en avais fréquenté deux cette nuit-là), pas de regrets non plus. Juste une délicieuse parenthèse qui avait tué l'Ennui qui nous menaçait alors.
Dans le plaisir qu'il y a à adopter des comportements hors-norme, celui de faire ça en secret et de préserver les apparences n'est pas le moindre. A partir du moment où ce qui est hors-norme est normé, outre que cela peut être discutable du point de vue de la société, que cela conduit à ne plus mettre de limite par ailleurs, cela confère à ce que l'on devrait persister d'appeler "vice" une place moins intéressante et inciterait presque à adopter un comportement vertueux, par plaisir là aussi et certes différent, d'aller vers quelque chose d'interdit, par cet esprit de contradiction sans lequel on ne fait que suivre le troupeau.
Un Président doublement normal, ça ne se rend pas comme un lycéen à un rendez-vous galant en scooter alors qu'on partage en outre publiquement la vie de quelqu'un. Quel bonheur a dû trouver le Président a faire quelque chose de totalement interdit, de totalement en contradiction à l'image qu'il donnait ! Comment résister ? Quel plaisir que celui doublé ainsi du secret, du secret qui poétise tout... Quels frissons de plaisir ont dû parcourir son échine sur son scooter, en se disant : "si elle savait, si tous ils savaient... qu'est-ce que je prendrais, certes, mais comme ils me verraient sous un jour différent" Peut-être, du fait de cette dernière phrase, n'a-t-il pas su prendre toutes ses précautions tant il est vrai que parfois, on est tellement heureux, qu'en dépit du bon sens, on ne peut plus garder son secret pour soi et on menace ainsi de tout faire s'écrouler pour que ça se sache. Pour qu'on sache qu'on est autre que cette Norme asexuée, qu'on n'est pas cette double caricature terriblement ennuyeuse. Grave erreur cependant que de ne pas avoir montré un casque d'où on ne pouvait pas voir son visage, grave erreur que de ne pas avoir été Fantomas jusqu'au bout et d'avoir prêté son visage au photographe.
Barrès écrit : "Un homme déréglé se doit entourer de la plus sévère correction".
Il cite Saint-Simon, à propos de l'aventure d'un archevêque avec une duchesse :
"... Il voyait tous les jours de sa vie sa bonne amie, la duchesse de Lesdiguières, ou chez elle ou à Conflans, dont il avait fait un jardin délicieux et qu'il tenait si propre qu'à mesure qu'ils s'y promenaient tous deux, des jardiniers les suivaient à distance pour effacer leurs pas avec des râteaux"
Et il ajoute :
"Râteau admirable qui symbolise délicieusemet la culture morale des sociétés vraiment civilisées : dans l'âme, le bohémianisme ; à l'extérieur, l'austérité !"
Puis :
[quote]"Cléopâtre (...) aurait pu, courtisane et reine, graver au coin de ses papyrus, ce râteau symbolique.
On admet, en effet, que pour une nuit de son lit, elle prenait la tête de son amant passager, s'il était du commun. Et cette exigence n'était pas chez elle un caprice de femme sensuelle, mais la volonté réfléchie de maintenir l'étiquette. Ces esclaves noirs qui décapitent le témoin de leur reine en folie, font, avec les différences de temps et de milieu, exactement le même geste que les jardiniers de l'archevêque quand, derrière lui, ils effacent ses pas mêlés aux pas de son amie. Ce sabre et ce râteau signifient une même méthode de vie.
(...) Nos moeurs, d'une douceur jusqu'ici inconnue, réprouvent les pudeurs excessives de Cléopâtre. Cependant, aujourd'hui encore les être nobles voilent leurs passions. Le cynisme a toujours quelque basse allure. Nous aimons que derrière nous on efface.
Ce n'est point hypocrisie, pharisaïsme :
c'est instinct supérieur de la véritable volupté, qui réclame le secret. (...) Être et paraître ! Les grands aventuriers affirment qu'ils y trouvent une intensité de plaisir nerveux qui triple les domaines du vivre. (...)
Il s'agit moins de faire un personnage dans beaucoup de milieux différents, que d'avoir une vie intérieure secrète. (...)
Combien il doit être vif, le frisson de ces aventureux qui, tout en s'accommodant de leur milieu ordinaire, goûtent et réalisent les voluptés de deux ou trois vies morales différentes et contradictoires ! C'est peu vivre de ne faire qu'un personnage.
(...) il possède le don précieux, qu'on peut blâmer, mais qu'il est difficile de ne pas admirer :
le sérieux qui couvre et permet toutes les fantaisies.
Car ce n'est pas tant une erreur quant à sa carrière et à l'Opinion qui a été commise là, même si ce n'est sans doute pas ce succès peut-être inconsciemmment espéré d'une reconnaissance de sa Virilité, trop souvent moquée, et même pointée du doigt par Trierwieller, qui en se comparant à Marie-Antoinette, épouse du peu viril Louis XVI, a décidément elle-même creusé sa propre tombe.
Ce qui a été commis, ce qui a été tué là, c'est la possibilité de la Volupté vécue dans les bras de l'actrice interdite et qui ne l'est plus, c'est le bonheur du secret qui prend fin, de ce bonheur qui pousse tant d'hommes et de femmes à tromper leurs conjoints, et dont le manque de lucidité fait qu'ils confondent ce bonheur avec l'amour, ce qui les pousse à avouer, puis à divorcer pour se retrouver dans la même relation institutionnelle qu'auparavant, simplement avec un conjoint différent. C'est la possibilité d'une relation qui tout à coup n'a peut-être plus de sens. C'est le retour à l'Ennui, sans concubine et sans maîtresse, dans un air de fin de règne. Ou alors d'une nouvelle concubine, tout aussi ennuyeuse que la précédente au final...
Ne trompez pas, dit Stéphane. Ne trompez pas, dis-je aussi. Mais si vous trompez, goûtez ces amours clandestines et faites en sorte qu'elles demeurent clandestines, non tant par crainte du scandale, non tant par peur de peiner votre conjointe même, mais parce que vous goûtez à ces amours clandestines avant tout parce qu'elles sont clandestines, comme ce bonbon volé subrepticement et qui était le meilleur bonbon que vous ayiez jamais goûté.
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Qui d'entre vous avait remarqué que le mot "amour", était masculin au singulier et féminin au pluriel ? Ce qui est peut-être la preuve ultime que le français est la plus belle langue du monde !
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La Volupté :[img]http://artifexinopere.com/wp-content/uploads/2011/04/GervexHenri_Rolla.jpg[/img]
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