- Sam Mar 21, 2015 9:03 pm
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Il est sans doute difficile d'exprimer et résumer en quelques mots les subtilités d'un cas général, et les tiroirs que peuvent contenir des mots comme "laide" ou "devenue" sont multiples.
Pardon donc d'avoir cédé à la tentation salivante de simplifier une observation récurrente pour en faire quelque chose qui puisse devenir trop global.
Néanmoins, pour détailler un peu ma pensée, répondre à John Dilinger, prolonger l'observation de Bent et sans vouloir pour autant nier l'observation d'Animal, je suis amené dans mon travail à rencontrer de façon hebdomadaire des dizaines de femmes dont une majorité vit ou aspire à vivre le modèle simple et classique d'une vie à deux avec mari, maison, enfants.
Dans cette poursuite d'objectifs relativement communs et partagés au sein de ce milieu (ou en tout cas imaginé partagé par l'ensemble de celles qui le visent, puisque ce "rêve" est celui auquel la société actuelle nous pousse globalement, même si on peut aussi discuter de l'écrasante préférence de la société marchande de ces trois dernières décennies pour le célibataire plutôt que le couple), l'enfant se révèle souvent comme la cerise sur le gâteau, le "boss de fin" du jeu, le trophée de la victoire.
Dans ce contexte maintenant clarifié (et qui ne s'applique certainement pas à tous les milieux féminins, mais qui me semble néanmoins une bonne représentation moyenne de la société actuelle), j'observe toujours trois récurrences :
- la corrélation entre difficulté à atteindre ce stade de mère (un peu rapidement résumé en "laideur", mais qui correspondrait plus simplement à "temps à comprendre et maîtriser les subtilités de l'apprêtement afin d'accéder à la position d'objet de désir masculin"), et rapidité à placer dans une conversation sa situation de mère. Dans un contexte professionnel, cela passera par l'évocation d'un congé maternité, de crèche, d'école, d'une difficulté quelconque causée par la double journée, et ce de façon souvent très dénuée de lien réel avec la conversation.
- la propension de ces dames à utiliser cette raison à la fois pour prouver leur force morale et justifier des éventuelles erreurs ou limites professionnelles, et particulièrement face à leurs collègues féminines qui n'ont pas d'enfant (exemple de phrases entendues encore et encore : "c'est aussi en tant que maman que moi je m'exprime", "tu ne peux pas réellement comprendre cet aspect de la question parce que tu n'as pas d'enfant"). Ce qui transforme souvent des réunions de travail en véritable guerre des mots, faisant d'ailleurs parfaitement écho à la théorie de Frédéric Delavier sur le positionnement hiérarchique des femmes entre elles basé sur les joutes verbales.
- et surtout, leur effroyable capacité à brandir ce trophée préférentiellement sur leurs congénères qui s'efforcent de suivre un chemin de vie différent (donc socialement minoritaire, donc facilement disqualifiable) ou celles qui aspirent au même chemin, mais n'ont pas encore maitrisé l'art de l'apprêtement. Une sorte de revanche divine sur la jeune fille qu'elles étaient, qui ne jouait que le rôle de faire-valoir, et que leur congénère incarne désormais.
Voilà pour la justification de ce SCEX, loin d'avoir été observé une seule fois.
Toute question est idiote pour celui qui sait. La vraie qualité du pédagogue est de répondre sans faire passer l'élève pour un imbécile.